21 mars 2016

Le Cuistot de bouffe, Léo en affiche commande chez Pizz....

Par Le Barde et Bardibulle
 

Il y avait abondance sur le pré. Le printemps promet. Encore une poignée de jours. Point de vaines remontrances, à peine quelques râles. Comme une antienne oubliée. Un vieux refrain suranné.

Le ballon allait de main en main. Parfois, il s'affalait comme un malpropre. La faute à une passe mal ajustée. Mais, pour l'essentiel, le cuir tenait son rang. Serge et le Tarbais officiaient ensemble. En sorte que leurs adversaires souffraient. La vie est injuste, mais la vie est la vie. Seul JB aurait pu contrarier cette suprématie. On l'attend de pied ferme. Sans Mozart, le toucher est à la peine. Le ballon est une clarinette dans les mains de JB, sa passe un adagio.

Titi recouvrait la vigueur d'Aguilera. Une percée plein champ et le bonheur d'une terre promise. Ou Croucrou filant droit depuis son aile, décalé, empruntant le chemin du salut. Quand ce n'était pas Stéphane dont les quelques nouveaux qui parsemaient le pré admiraient les cannes. Toto rééquilibra la donne et mit un semblant d'équilibre entre les deux camps. Pour le plus grand bonheur de la Piballe qui pouvait égrener sa comptabilité arbitraire, comme on égrène un chapelet.

Les soixantenaires ou presque tenaient leur rôle, ajoutant à la partition, la sûreté d'un geste éprouvé par le temps. Dudu et Hamilton étaient l'expression même d'une histoire qui ne finira jamais. Une passe n'est pas autre chose, une manière de prolonger la vie, de n'accorder point d'importance au temps et de poursuivre, vaille que vaille, une épopée.

Au trou, il n'y avait personne. Je veux dire qu'il n'y avait pas de castor ceint du tablier nécessaire à la confection d'un repas. L'absence était là, en personne, nous la vîmes pour la première fois. Un moment rare, et, somme toute, peu banal. Comment donner corps à ce qui n'est pas et entreprendre quand même une besogne dont l'impétrant s'est évanoui ? Heureusement, il y a des pizzas. La pizza est l'une des réponses possible à l'évidence d'une absence. La pizza est l'incarnation de l'absence. Nous mangeâmes donc des pizzas qui furent au goût du Tarbais. L'absence a du bon murmura-t-il et de faire un clin d'œil à Serge qui opina du chef. Perdigue faisait la moue. Il n'a pas la fibre napolitaine. "Ici on est au trou nom de Dieu" éructa-t-il sous le regard dépité de la Jacouille qui lui demanda ce qu'il entendait par là. "Pour moi, l'absence ne saurait se transformer en pizza. Cette immanence ne me convient pas. Je dirai même plus qu'elle me gonfle. Si absence il y a, elle doit être plus en chair. Nous sommes au cœur d'un leurre. Et l'absence de s'y engouffrer." Jacouille but une gorgée, puis une autre et se tourna vers Régis. "C'est un point de vue là où précisément il n'y en a pas. Perdigue a sa façon de penser ce qui n'est pas visible et qui, tout d'un coup, s'incarne. Il y a chez lui une incontestable défiance napolitaine." Jacouille demeura dans ses incertitudes.


L’incertitude ne se définit pas en informatique. La probabilité a son équation mais le doute ne se numérise et ne connait de mathématique. L’ordinateur ne désire pas au contraire de l’homme son créateur et manipulateur. Stephaninio ne le sait que trop. Pour lui, tout est sous contrôle. Il prédit les absences en quelques clics. Un comble pour un trou sans cuistot. Le hic est que le chercheur sur le pré ne joue pas avec son portable. Il prévient son doute avec un protège dent. La machine est encore trop éloignée de l’ovale, en particulier celle de Turing qui n’a plus de secret pour lui. Le google n’est pas un simple jeu de dé pour nostalgiques. La pomme n’a qu’à bien se tenir. L’homme sans son protège dent est orateur et tel un prophète annonce au trou l’apocalypse du numérique. L’informaticien est un oracle dans l’art de la décode. Tout comportement est devenu modélisable et prédictif. Toujours facile de prédire dans l’après coup. Au trou, l’heure n’était pas à l’écoute, chacun est face à sa pizza de suppléance et survit déjà à l’impensable. Le réseau et le moderne si nous nous y penchons un peu est fait pour être dans le prédictif. L’informatique est une pythie en somme et nous sommes en appétit. Le Stéphaninio couple a son discours logique, l’analogie enfouie de son désespoir. Car ce soir, son laïus, son crédo ne trouva son léo.

Nous eûmes deux expéditions une italienne, et l’autre internationale. Le fromage resta sur la tomate et à côté des olives. Point de lancer sans lanceur. Tristesse demeure. Le dessert fut espagnol pour devenir portugais et sa prononciation se facilite la bouche pleine. « Pasteis de nata », Dudu en raffole. Le e est de trop mais bon la savoure est exquise. Le Tarbais se l’ibère pour la Lusitanie. L’autre est offrande est moins dans les parts individuelles et proposent les grosses parts collectives. La « forêt noire » n’est pas espagnole et se dit en allemand Schwarzwälder Kirschtorte. Des desserts qui se prononcent aussi la bouche pleine. Il en fallait pour combler le vide. Il faisait faim. Nous trouvâmes réconforts dans l’internationale. L’évasion est de mise. Le Barde, homme a tout faire se pencha sur les comptes. Le Trez sortit son jeu. Stephaninio compensa sa prophétie en mouillant le café. « S’ils ne m’entendent pas au moins ils seront éveillés. » Il rajouta une cuillère dans la mixture. Il en fallait pour nous remettre les esprits en place. Certains castors fixaient le siège abandonné. L’animal est ainsi, il a ses codes. D’autres repus se refugièrent dans les probabilités. Il en est ainsi. Il y a ce qui se programme et ce qui est de l’aléatoire. PiouPiou aurez chanté la monotonie d’un Allez A Touars. Mais bon nous plongeâmes dans les dès. Le Barde se prêtait à l’annonce. Les cartes en main, il défiait en riant le sort.

Les dès ne sont pas binaires sinon nous jouerions à pile ou face. Nous finîmes les comptes à rebours. Nous quittâmes le trou en silence. Point de bruits sous nos pas. Le sol est vierge de toutes vaisselles. Ca ne craquelle pas sous nos pieds ni dans l’escalier. Les jambes tirent un peu c’est ainsi. La porte s’ouvre. La nuit et sa lune nous attendent. Ces deux là ne ratent jamais leurs rendez-vous…

14 mars 2016

Le cuistot de Bouffe, Yann en sacré poulet!

Par Le Barde et Bardibulle




"Moi j'aime le synthétique, ses castors, ses passes légères" chantonnait Léo en trottinant. Et de poursuivre : "Le pré qu'on voit chanter, à Musard au printemps." Il a l'âme buissonnière Léo, et s'il devance le printemps, c'est parce que les saisons n'épousent pas les états de l'âme. Ainsi peut-on être au printemps en hiver, à l'hiver en été, etc,. Ce matin, en se levant, il salua le ciel et sut que le vie serait belle. Le chant du merle peut-être, d'un carillon. Et la perspective d'un toucher, de cette relation épidermique à la gonfle, à l'autre, qui est d'une altérité sans pareille.

Par miracle, nous étions tous sur la même longueur d'onde. Et le toucher fut un chant. D'autant qu'Amelie avait renouvelé sa présence. Et que Cary Grant étrennait, pour la première fois notre nouveau tapis. Le cuir chante, fut-il synthétique. Le cuir est un merle aux modulations infinies. Un merle moqueur parfois. Seuls les sots jugeront futiles ce jeu qui détournent l'ordinaire et offre un peu d'art au temps qui passe.

Nous fûmes plus sages que la semaine dernière. Disons qu'en bon nietzschéen nous pratiquâmes l'art de la nuance qui nous épargne d'être arbitraire. L'arbitrage fut tournant, de moi-m'aime à Hamilton en passant par Léo. Une expérience voulue par notre saint bureau qui avait décidé derechef l'interdiction de l'en-avant volontaire, cette peste du toucher, cette dérogation à l'esprit du jeu.

Don avait du Jean-Phi dans les jambes et Jean-Phi du Don. Ils serpentaient. La partie fut équilibrée bien qu'elle connut quelques déséquilibres. L'humeur était guillerette et de fines gouttes de pluie taquinaient nos museaux. Cary Grant rayonnait. Regis filait droit, Jeff itou. Il ne manquait que JB pour que ce toucher fut une action de grâce. Quelques genoux s'élimèrent sur le synthétique. La douceur de Victor Louis est lointaine. Mais qui dira les charmes de Musard et de ses vestiges, de cette histoire de damiers, de peupliers.

Au trou Yann (Larroumecq, pas Detrieux) avait enfilé le bleu de chauffe. Un deuxième mardi avec lui est une chance. Le trou sans Yann avait perdu de son charme. Par contre, pas de Pépé, retenu à Lyon par des histoires de famille. Alain Charles nous parla Dada, sa dernière marotte et l'Amiral de la Lusitanie. Que du beau monde.

L’entrée débuta en salade. Les hommes sont prêt à réceptionner la mise au vert. Il reste de la place au fond. La saison se prête volontiers à la fonte. Que cela ne tienne les absents ont toujours tort et les présents font toujours corps. Pépé bouchonne et cherche Gergovie. Le bouclier Arvernes est cette semaine devenu son Saint Graal. Le Tcho est à l’office, Jacquot à la supervision. L’équipe entoure le cuistot. Sous la salade, une composition faite pour dissimuler toute trace animale. La chair est faible et se dissimule derrière tout pignon. La cache est fragile pour atteindre au bout de la table. Le castor est carnassier et bienheureux quand il tombe sur la fève. C’est ainsi ! La verdure reste un art du pré. Les tranches de canards confits seront à l’honneur pour les veinards.

La Messe s’annonce riche. Yann est de retour, il officine à la rigueur qui le caractérise. Les gros sont mis à contribution pour ce début d’année qui n’en est plus un. Mars est déjà là et bien avancé. L’organisateur des tours de Bouffe en Grant homme qu’il est a dispersé ses trois quarts pour une autre saison. Le repas du soir est fait pour combler les sportifs au fond du trou. Après l’effort, le riz est un reconstituant de fond. Le riz bien cuit et non celui qui fait juste trempette pour croustiller sous la dent. Nous parlons du riz qui aime l’eau, s’engorge, se gonfle et ne lâche pas la cuillère. Un riz de combattant. Il joue groupé et soudé. Il en faut de l’huile de coude pour désagréger la structure. Un riz fait par et pour les gros. Il éveille en certain des souvenirs et des jeux d’enfance. La madeleine de Proust n’a rien inventé. Le riz de Yann en revanche nous redécouvre à chaque bouchée. Il en dit gros. Yann a la connaissance d’un avant. Il sait que le riz qui accroche est une métaphore culinaire à des défenses d’acier. Le riz qui colle est une base. L’envoi de la sauce en est l’extase. Pour se faire des tirants d’aile et de cuisses volaillères feront religion. La sauce est magique. Elle vise le palais des dieux. Son nom est tiré des Moines. La nature de l’homme est fragile, elle ne résiste à la tentation. Le pardon de chacun se fera avec une certaine réserve dans la resserve. Un poulet des Moines est un hommage aux seins que nous chérissons. Il est une offrande à la régression. La cuisson, la couleur, les épices, et la sauce qui délie le fameux riz sont des manifestes pour rassasier une nostalgie collective. L’enfant qui sommeille en nous n’a qu’à bien se tenir lui aussi. Ses cages s’envolent en grattage et en partage. En même temps le poulet de Yann éveille des états sublimes dont toute régression se fera monnaie du plaisir en déguste. La douceur est dans le fait maison. Point d’azote, point de gélatine, point d’artifice dans la cuisine qui hume le foyer et alimente le bonheur du plus gros au moins gros. Piou Piou se fait mince pour profiter un peu plus du moment. Sa passion de l’âme se lie un instant dans le poulet des Moines. L’enfant est un tout puissant qui s’ignore…

C'est derrière le comptoir que Yann s'exerça au lancer d'assiettes. Il fit mouche, à l'exception de Léo. Un peu de casse mais pas de blessés. Pioupiou entonna, hélas, sa chanson monotone. Complétée par quelques couplets à la poésie grivoise que Jeff semblait apprécier. Don un peu moins. Alors, il songea à la mer.

Le fromage était abondant et probe. Nous étions un peu las du palais. Mais nous ne rechignâmes pas. Du bout des doigts pour certains. Cary Grant louait les vertus de l'UBB et une conversation rapide se noua sur les élections à la FFR. Pour Amélie, comme le vent, Camou l'emportera. Advienne que pourra pour Bernie. On moqua un peu les impétrants. Puis les échanges revinrent sur le sel du rugby, l'évidence du talent d'Ashley Cooper, le jeu retrouvé de Pierre Bernard.

Une glace au café en dessert avec sa tarte tatin. Un mariage heureux. Regis, dorénavant, est le roi du petit noir. Il y a du What Else chez notre Bardibule. Un passage générationnel en douceur. L'assemblée était paisible. Et pas assez nombreuse. Il faut recouvrer les nécessités du trou. Notre communauté doit se ressourcer en son antre.

Une belote de comptoir fournie se dressa. Peu à peu, nous quittâmes notre nid. Comme des oiseaux aux ventres replets. La nuit était chafouine. Et peu importe. Léo pensait à la Callas et à Médée. La faute à PPP. Mais qui pour lui en vouloir. Mardi prochain, c'est lui qui s'y colle. A bon entendeur salut.

07 mars 2016

Le cuistot de Bouffe : La Piballe grave un commandement de plus sur nos tables « Ton boudin tu sortiras, le trou tu chériras ! »

Par Le Barde et Bardibulle
 


Nous étions nombreux sur le pré synthétique de Musard.
Le printemps approche à grands pas. Le castor devient grégaire à proportion des saisons de son choix ; l'hiver est son printemps. Sans doute est-ce la raison qui poussa notre Amélie à faire son retour. D'autant que notre éducateur était à demeure. Il en fit voir de toutes les couleurs à ses adversaires. Notre homme a du toucher, la main leste et sûre. Comme Serge. D'ailleurs, ils étaient ensemble. Avec un Croucrou impérial. Il y a du nem chez Croucrou. Chez Pascal, il y a autre chose, une délicatesse innée, une manière d'être là avec d'infinies précautions et beaucoup de savoir-faire. Nous, en face, on se les gonflait. Ainsi va la vie. Il y a des mardis avec et des mardis sans.
 
Et pourtant Simon était parmi nous. Le double de Walid. (Simon est l'un des frères de Jésus cités dans l'Évangile de Marc (Mc 6,3) et de Mathieu (Mt 13,55), au même titre que Jacques, Joset et Jude. Il est souvent identifié à Siméon de Jérusalem, cousin germain de Jesus de Nazareth, puisque fils de Clopas, ce dernier lui-même frère de Joseph, le père de Jésus) qui a pris la succession de Jacques, à la tête de l'Église de Jérusalem.)

Il en fallait plus d’une bible en ce premier jour de Mars pour apaiser le courroux de notre Barde. Ses prières du bon jeu se confrontèrent aux absences de sa muse. Belle étourdie pour se plaire aux dieux de l’ovalie. Le monothéisme n’est pas fait pour le pré. Le rugby se joue en collectif. Un dieu pour chaque camp, un juge est arbitre. L’homme seul dans l’adversité n’est rien sans sa capacité de croire. Pour ce soir, la lumière était dans un camp et la solitude de ne plus croire retranchée dans l’autre ! Les maux s’expriment à chaque chute et s’entendent dans les mots du Barde. Une voix accompagne le jeu. Ca Bombarde (en deux mots pour les puristes) de tous les côtés. Les lamentations se confrontent à un mur. Le Barde le clame mais en vain. Sa colère suit le mouvement, le décrit et l’annonce. La machine infernale est lancée, le barde annonce la passe, la chute, l’en avant tout se confirme et se destine. La balle n’atteignait mains réceptrices. Les soufflantes accompagnaient toutes initiatives. Le Barde est un commandeur, arbitre à ses heures mais surtout fidèle et amoureux du bon jeu. Dieu de l’ovalie nous pardonne. Toute croyance a ses tables de références et son barbu. Le notre lâcha sa plume pour se mettre au burin. Les règles sont faites pour laisser une liberté au jeu et limiter les chansonnettes du désespoir. De mémoire de castor un toucher sans cri c’est comme dans l’amour, le silence est un écho qui nous situe au mauvais endroit. Lolo a animé des joutes et mit en résonnance de nombreuses cloches dans l’ovalie. Dudu nous rappelle que la sautée se respecte mais toujours en tant voulu sur le pré. Tout cela pour dire qu’un toucher sans parole ne serait plus une messe pour nos dieux de l’ovalie. En revanche elle mérite un rappel des tables de la loi. Ce n’est pas pour rien si notre Barde troque sa plume pour le burin. Les esprits sont durs. Un commandement supplémentaire se fera à partir d’aujourd’hui sur le synthétique. Nul n’est censé ignorer le Barde ! Le réel est ainsi. « L’interception tu tenteras, l’en avant volontaire tu éviteras » autrement dit « L’anti jeu tu négligeras ou sur la touche et à 10 mètres tu réfléchiras. »

L’heure de la messe est fixée à 20h30 sur le pré de Musard, révisez vos prières, sinon ça va continuer à barder. Le Barde est notre gardien.

Au trou, Guitou était venu prendre l'apéro. Il ne put rester pour les retardataires du pré. C'est bon de revoir Guitou au trou. La Piballe qui était de mets en fut tout ému. Nous étions aussi heureux de retrouver notre Laroumecq. Léo et moi-m'aime l'entourèrent à peine l'escalier descendu. Et nous dialoguâmes en oxymores. 

- E : Ah ! Cette obscure clarté qui tombe des étoiles. Ilo me vient ces vers en buvant cette bière auprès de toi mon Yann. 
- Y : Ce qui tombe, cher Léo, se redresse, et une humidité sèche vaudra toujours mieux que des eaux brûlées. Désaltère-toi au cœur du feu. Je suis revenu pour épancher ta soif. 
- E : Ma petitesse est grande, je sais désormais la force de mes faiblesses puisque tu es là dis-je. De ma fragilité, je ferai une poutre.
- E : A bien y regarder, je n'y vois rien. Plus rien du tout. Suis-je dans la lumière ? Éclaire-moi Yann. 
- Y : Non, tu es tout simplement au fond du trou. Une simplicité difficile en somme. Rien que de très ordinaire. Comme tu le sais, l'ordinaire nous blesse. Mais le trou est là pour panser tes blessures les plus profondes.
- E : Le manque comble donc le plein lorsqu'il se métamorphose. Allez retournons près des nôtres. 

C'était bon de deviser de la sorte. Léo tint à un acrostiche en alexandrin pour clore cet échange :

Étrangers à nous-mêmes, nous sommes sans demeure,
Yseult est notre nid si le cœur nous entraîne,
Et sans contrepèterie, notre âme est à la peine.

Le trou se garnissait, sous le regard énamouré de Guigui. Une quarantaine de castors. Il y a belle lurette que nous nous n'avions été si nombreux. L'effet Piballe sans doute. Conjugué à ce premier jour de mars. Normal, nous sommes sous le signe du poisson. Et qui dit poisson dit potiron. Ainsi, nous profitâmes d'une soupe éponyme, douce et onctueuse.

La piballe n’est pas fourmi mais bien une anguille en devenir. Elle garde son entrée pour une seconde. La soupe n’est pas de grimace mais à la citrouille. Le Barde se retrouve dans la masse. Il a retrouvé une poésie plus clémente et caresse du coup sa plume. Le potiron est fait pour nous préparer aux pieds de cochon Marie Madeleine. Les osselets s’amassent. Les plus nostalgiques se prêtèrent à des jeux de lancer. Il en faut peu pour amuser les castors. Pépé lorgnait le burin du Barde à peine remis de ses gravures. Nul n’est censé ignorer Pépé. La chansonnette se pousse devant les pieds de cochon Marie Madelon. Certains sont au bar, d’autres à table. La chanson trouva bâbord et tribord. La Piballe attire la foule. Les docs en général et les dentistes sont de sorties. Il y en avait à s’en mettre sous les dents. Dans le cochon tout est bon, le menu pousse à chaque fois la chansonnette. Jean Philippe est heureux, il lui suffit de peu pour se transformer en baryton. Nous voilà aux gardes à vous, le boudin fait légion. Et le Mardi c’est patate Tambièn ! Le vieux 4 est aux anges. Une purée à la patate faite maison sera de la 7ème compagnie. L’assaut est lancé nous voilà dans la purée.

La Piballe a des mains qui sont autant de dons. Lorsqu'il lance l'assiette, tout n'est plus qu'abandon à la grâce tactile de son toucher si juste. Et chacun d'attraper l'obole comme Procuste. N'était notre Léo qui chut de tous ses membres sur le sol carrelé au doux parfum d'ambre. Vint alors le fromage, de l'époisse et du chèvre, emmailloté, le chèvre, dans un fin camembert. L'époisse est d'un parfum qui procure la fièvre, et le nez de Walid en connut les impairs. D'aucuns s'émurent un peu de revenir chez eux, porteurs de senteurs qui font fuir les pieux. Je veux parler du lit où se reposent les corps, des castors fourbus par leurs moult efforts.

Vint alors le temps d'une mousse divine. La Piballe sait l'art des desserts onctueux, la mousse était superbe et nos palais heureux. Le Tarbais savourait cette manne féminine.

Il ne nous restait plus qu'à rejoindre la nuit. Léo jetait un œil vers les constellations. De sa main délicate, et sans ostentation, il traçait dans le soir quelques belles de nuit.

Ah ! Qu'en alexandrins, les mots ont de douceur, et que le cul vous pèle ô mes fiers branleurs.