La Chalosse est un monde. Cédric est de ce monde, comme le Bardibulle, Alexandre, Joël. Le chalossais n’aime rien tant qu’exprimer sa terre natale par ses mets. Cédric en fut la parfaite illustration. Ne fit-il pas un rapide aller-retour vers son pays bien-aimé, mardi, pour aller chez Lafitte quérir le meilleur du canard ?
Il était entouré par trois affidés bien que le coup fut bon. Sans doute avait-il prévu que la tablée soit particulièrement garnie car nous étions une bonne quarantaine. La Chalosse attire le castor.
Sur la longue table du trou, des assiettes garnies de feuilles de salades, de petites tomates, de cous farcis délicatement posés sur un toast. Et, au dernier moment, des éclats de gésiers de canard, cela va de soie. Sur la longue table, un patchwork de vins, plutôt rive gauche.
Cédric trônait, inquiet, jetant un regard ça et là pour vérifier qu’il avait satisfait ses pairs. A ses côtés, le Prez d’avant le titillait et développa sa conception de la démocratie avec le barde en soutien. « La démocratie, c’est moi et moi seul. Ainsi ai-je décidé d’octroyer ou pas la cuillère que l’on dit de bois selon mon seul et bon vouloir ». Fayou, le Prez d’après gloussait de plaisir. Amélie opinait sûr qu’un jour, ce sera le temps des plâtriers, avec sa zeille à ses côtés.
Ensuite du confit, du confit de canard, bien sûr, du canard de Chalosse, avec ratatouille et pommes de terre rissolées. Pioupiou, démangé par la chansonnette, tue jusqu’alors, y alla de sa chanson monotone et triste, pour le plus grand bonheur de Jeff et l’affliction du barde. Rien de chalossais dans cet air répétitif que n’aurait pas renié John Cage.
Le lancer d’assiettes atteignit des sommets. Pas un fracas. Rien que le sifflement de l’ustensile dans le trou silencieux. Une leçon. Le chalossais a la main experte ; c’est le pays des Boniface. Quant au fromage, gruyère, brie, camembert.
Ce ne pouvait être qu’une tourtière pour achever nos agapes. Avec sa boule de glace à la vanille. Le Prez d’avant l’eut bien fait flamber. D’autant que Sandro avait apporté un Armagnac. La tourtière fut sans flammes hélas.
C’est donc au comptoir que l’on but l’eau de vie. D’aucuns maintinrent la tradition du Jet et du Passe-menthe. La soirée s’étira. Hamilton et le Barde n’attendrirent pas les douze coups de minuit pour filer à l’anglaise qui sur son Peugeot rouge, qui sur son Motobécane, rouges comme il se doit.
Il crachinait en ce premier mercredi d’automne. Pioupiou se mit au cœur du cours de la Marne et entonna sa chanson monotone. Jeff faisait des claquettes et le Prez d’avant chantait sous la pluie.
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