02 juillet 2015

Le cuistot de la semaine : Coco en César et Sénèque un au revoir… mes frères !

Par Le Barde et Réglisse


C'était la dernière. Nous n'étions qu'une douzaine. La chaleur sans doute. Je ne sais plus qui avait un ballon de foot dans son sac. Toto peut-être ? Lorsque nous attendions le Tarbais et les clés, nous decidâmes de nous transformer en pousseurs de citrouille. En hommage sans doute aux racines de notre sport. Longtemps le rugby répondit au nom de football. Ce ne fut qu'au moment de la séparation définitive entre le hacking et le dribbling qu'il acquit ses lettres de noblesse et épousa le nom de rugby. Et se dota de règles propres. On parla d'abord de football rugby. Le collège de la ville éponyme laissa peu à peu toute la place à son seul nom. Un hommage donc.

Et nous voilà de pousser un ballon rond, à chercher désespérément une issue heureuse dans une cage. Croucrou, qui l'eut cru, se révéla agile. Sauf pour marquer. La plupart de ses tentatives flirtèrent avec les barres sans jamais prendre le chemin des filets. Il possède une frappe puissante mais orpheline. Dans l'équipe adverse, le Tarbais manquait rarement la cible. Dominer n'est pas gagner. Le Tarbais et les siens l'emportèrent.
Conclure une saison dans l'enceinte d'un lycée en pratiquant le football n'a donc rien de farfelu et témoigne de notre respect pour les racines de notre sport. El Poulpo, Réglisse, le Tarbais, Toto, Hamilton, Dudu, le préside, tous de taquiner la balle sous la canicule. Peu importait le résultat au bout du compte. Seul valait ce clin d'œil à notre destinée heureuse.

Au trou, ceint d'un collier de lierre sur le front, vêtu de blanc, le chairman était promis aux délices de la table. Pour le dernier repas, nous étions nombreux. Franck était là, parmi les siens. A sa place. Nous étions heureux de le retrouver. Le temps recouvrait un cours qui ne devrait jamais s'interrompre. Le temps du trou est le seul temps qui vaille. La troupe des castors entendait être présente à la conclusion de sa saison par son mentor. Une bonne quarantaine. Avec Amélie requinqué.

C'est par un menu choisi en fonction de la canicule, avec Minou et notre Coco aux manettes, que les hostilités commencèrent en douceur : un gazpacho (sic) à la température idoine accompagné d'une sangria blanche.

Il était beau coco, paré de sa toge blanche et de sa couronne de triomphateur. Il ne siégeait point en bout comme cuistot mais bien au milieu entouré de ses disciples. La cène et son paradis me diriez-vous ?
Le sacré coco comme tout conquérant de saveurs nouvelles lança son expédition culinaire cette fois-ci dans le solide. Il doutait de toutes ses masses en présence. Ces castors en nombre, il ne les craint plus. Coco connait leurs forces bien éprouvées au trou par l’organe insatiable de leurs prouesses stomacales. La qualité nécessite parfois le sacrifice de la quantité. Le cuistot en laurier prit les devants en haranguant la troupe réunie pour la dernière occasion. Ce soir pourtant nous étions bien en nombre et le partage de raison. Point trop n’en faut dans l’estomac pour éveiller les humeurs heureuses et amicales. L’homme aux lauriers reprit sa place. Les autres à ses mots levèrent leur verre en s’écriant « ILLIS, QUI MANDUCABIT TE SALUTANT ». C’est un peu long pour dire en latin qu’on a faim surtout quand un castor a un appétit de lion. Les jeux de bouche sont officiellement lancés.
 
L’arène est pleine. Les serviteurs de l’ovalie organisés sur deux phalanges se déployèrent en formation parallèle, une assise à table et l’autre debout au bar. Des tirs légers s’échangeaient de part et d’autres pour tester les défenses respectives. Croucrou hésita un moment avant de rejoindre les vieux. Il n’était pas facile de trouver une place pour débuter les hostilités. Tout en sachant que certains colosses nécessitent bien peu de place pour trouver cette fameuse assise. Nous nous serrâmes au bar, pour dégager une petite place où seul notre Cruchot aurait pu s’emboiter. Le gendarme est prudent et avait déjà sa chaise près du césar du soir. De Guillaume à Crou Crou, l’emboitement est délicat. L’intelligence prévaut à l’expérience, l’homme de taille préféra retrouver les autres sages au bout de la tablée.
Les premières festivités culinaires surprirent plus d’un par l’originalité des couleurs proposées. Le pulpo s’interrogea un instant sur l’intérêt d’avoir une salade de fruit après le gaspacho. Ce n’est pas sans connaitre notre architecte de tête fleurie. Ce dernier cherche en vain à enivrer les sens de ses hommes et éveiller leur âme d’enfant et de Bacchus réunis. 
 

Les légumes sont fruités et colorés, betteraves et oranges, le tout relevé d’herbes épicées. C’est à ce moment que Yannick tomba la chemise. Les couleurs, les parfums, l’ambiance ne s’apprécient que torse nu et les poils au vent. Ben et Gwen gardèrent la leur. Elles n’en furent que plus colorées aussi. Le partage des sens se reflétait tant dans les plaisirs en bouche que sur les traces fruitées des tenues outragées. Tous mets furent appréciés dans leurs caractéristiques gustatives, olfactives, tactiles, et balistiques. La betterave et l’orange ont passé avec brio la certification de vol au trou et réception au col. Les cahuètes et les chips n’avaient qu’à bien se tenir.

L’expérience aurait pu s’arrêter là si la résonnance phonologique d’une poule ne s’était rapprochée d’un pull balltrappesque. La volaille libérée de sa chair présente à s’y méprendre certaines qualités aérodynamiques que JB pourrait nous expliquer à l’occasion. La poule vole sans plume et sans chair. L’expérience amena certains à tomber sur un os. N’est pas chasseur ou pilote qui veut. Dans tous les cas, l’envol fut aussi dans le plaisir en bouche. Les épices dont la coriandre subtile et le soupçon de safran laissant à ces poules pilotes en avant gout des délices suprêmes nous rapprocha du divin. C’est à ce moment d’extase que Yannick desserra sa ceinture. L’orient n’est il pas le berceau des religions ? Les lauriers de Coco ne sont ils pas sur sa tête ? Le point commun vous l’avez effleuré se sublime dans la présence des épices. Gloire pour certains et piquants pour d’autres. Le trou est mis à rude épreuve. Car même la salade vole. L’amiral chante, joue du biniou et ouvre les bouteilles comme les huîtres c'est-à-dire avec son couteau. Il n’est pas nécessaire pour le marin de partir avec un tire-bouchon, le Sabite et son couteau suffiront amplement à la survie des copains.

Le dit vin est fait pour se savourer et être comblé au trou en rincée de Sabite. L’homme aux raisins n’est pas encore remis de sa journée et soirée sponsorisée de potion magique à volonté. Il digère sa mise en quarantaine. En revanche un vin de concurrence se contenait entre un Réhoboam et un mathusalem, cuvée méritée des castors enrubannés. La transformation du trou en scène de vie projetée n’est qu’une trace éphémère sur les murs de nos passions. Elle offre un ancrage solide de souvenirs heureux qui en castor se partage en génération. L’homme n’est qu’homme et le féminin bien éloigné de nos contrées enfantines et ludiques. La prière et le respect sont d’ordre quand la joie du vivant fait désordre. Nous lançâmes l’ave Maria pour exorciser nos pêchés sur l’autel de nos plaisirs. Seule sa clémence peut absoudre nos créations orgiaques. Le chant apaisa Coco qui en trouva d’autres. Il lui en faut peu pour pousser la chansonnette.

Avant que de lancer les assiettes, après une hésitation passagère, Coco s'en remit à Sénèque : " Quand on est bienfaisant envers soi-même, on est utile aux autres en ceci qu'on se met en état de leur être utile." Coco fut adroit ; le fracas fut rare. Point de fromages en ces temps de chaleur. Les desserts de Minou : œufs au lait et babas au rhum. Au comptoir, l'on s'excitait. Surtout Yannick. On ne le changera pas.

Alors les chants se levèrent. Les castors reprirent en chœur leur répertoire. Ils menèrent la vache au taureau et honorèrent la fille du bédouin, sous la conduite de l'amiral qui les avait préparés à l'aide de son biniou. Coco était aux anges. Le Tcho se dressa sur un tabouret et nous gratifia de ses trilles incomparables. Le bon docteur savourait les saveurs du trou.


Une belote de comptoir, d'heureux conciliabules et la soirée toucha à son terme. Coco partit, le devoir accompli. Il songea à Sénèque : "Que tous les jours marchent à souhait, que de nouvelles actions de grâce se greffent sur les précédentes." (De la vie heureuse).

Mardi prochain, nos activités estivales prennent le dessus : pétanque, pala et golf à volonté.

Bel été à tous. 

01 juillet 2015

La vie à la campagne

Par Le Barde


Nous avions rendez-vous à Saint-Laurent des Combes vers 11:00.
A 12:30, nous n'étions encore qu'une toute petite poignée. La perspective d'un toucher champêtre s'éloignait. D'autant que les premières bouteilles de Biérote circulaient.
Le temps n'était pas encore au beau pourtant ; de longs nuages gris dispensaient le soleil de ses bienfaits.

Peu à peu, la troupe s'étoffa. JP, Réglisse, Titi, Bernard, la Piballe, Arnaud, Pascal, Peyo, el'Pulpo, Gwen, Stéphane, Perdigue arrivaient enfin. Seul le Toulousain et sa saucisse étaient à l'heure. D'un coup de Ducati, ils avaient respecté les rectitudes du temps. En fait, la Jacouille était aussi à l'heure. Il était venu avec sa camionnette réfrigérée qui ne réfrigère plus. Qu'importe la mécanique, la Jacouille lui a substitué des bacs de glace. "Le moderne se contente de peu" écrivait Paul Valéry.
Tous de venir en famille. Saisissant effet générationnel ! La petite famille des castors dans toute sa splendeur. Loué soit Jean-Phi de nous avoir permis ce rassemblement retrouvé, au cœur des vignes et des vieilles pierres.

Un apéritif à l'italienne distillait ses charmes. Le pré demeurait orphelin.
Kiki avait apporté des huîtres de saison, baveuses à souhait. (Quel bonheur de retrouver notre Kiki), Gwen des gambas. Tout ce petit monde, lentement, paisiblement, s'adonnait aux plaisirs d'un repas éparpillé et serein. Le toulousain improvisa un barbecue de fortune pour sa saucisse, aidé par la Piballe. Il flottait je ne sais quoi de septentrional dans cette atmosphère d'été. Le soleil, peu à peu, étendait son emprise. Les douces collines serties de vignes apportaient une douceur Toscane à nos agapes culinaires. Le Tcho et Pépé s'abandonnaient de bonne grâce aux grâces de la vie à la campagne. On papotait, refaisait le monde, étirait le temps avec gourmandise.

On buvait. Du Saby et du Haut-Carles. Mais aussi un Corbière assorti à la saucisse de Toulouse. Un clin d'œil à cette bien improbable région en devenir ? Non, les affaires de ce monde n'entrent pas dans nos mœurs. Même si l'on peut se sentir légitimement du Sud-Ouest. Sentiment géographique oblige. JB et Suzy nous manquaient. Encore qu'ils fussent là. Certains êtres sont toujours présents, où qu'ils soient. C'est peut-être cela la grâce. Pascal, qui s'y connaissait en grâce, écrivait si justement : "La vertu d'un homme ne se mesure pas par ses efforts mais par son ordinaire."

Faute de se tenir avant, le toucher se tint après. Un toucher intergénérationnel. Les petits de Réglisse et de Perdigue en furent. Ce fut un bon toucher, vif, sans chamailleries où Titi montra toute sa verdeur et Gwen ses talents de pédagogue. Nombre de joueurs étaient pieds nus. Le pré était sec. Comme nos gosiers qu'une pierre rédemptrice réconforta. La piscine sobre de Jean-Phi accueillit les belligérants. Perdigue et Gwen assumaient avec délicatesse et attention leur rôle de père sous l'œil attendri de Pépé. L'après-midi touchait à sa fin. Arnaud alla quérir le cadeau des archi pour les quarante ans de Jean-Phi. Une lampe. Belle idée, n'est-ce pas. Chaque fois que Jean-Phi actionnera l'interrupteur et s'offrira un peu de lumière, il pensera à nous. Le Préside avait bien fait les choses. D'autant qu'il y ajouta une pointe d'enfance. Dans la poche en papier qui accompagnait la lampe, une multitude de petites choses propres aux jeux de l'enfant. Gamins nous sommes et entendons le demeurer. Jean-Phi en tête.

L'on se délassait, buvait un peu. La soirée Astérix s'annonçait.

La troupe des castors se dispersait. La jeune génération prenait la relève. Rien que de très banal. Ainsi va la vie. Et la vie est belle. Elle tient en peu de choses. Et ce peu de choses est de l'or. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est JB. Quand je vous dis qu'il était là avec sa douce Suzy.

plus de photos :
https://picasaweb.google.com/lh/sredir?uname=115678230212122489473&target=ALBUM&id=6165484112322319809&authkey=Gv1sRgCODO-NvYzuD2KQ&feat=email