26 juin 2015

Le cuistot de la semaine : Le Tarlousain… Non ce n’était pas le ragout de la Méduse ce gigot ! Mais bien les copains d’abord !

Par Le Barde et Réglisse
 

Il est de tradition que la conquête de grandes causes se fasse en fanfare. Le Tarlousain amateur de son stade n’aime pas se retrouver seul pour les rencontres sportives et culinaires. Il est ainsi ! Point de rubans ou de match à toucher, l’homme se déplace uniquement pour plaquer et à ses heures pour nous faire à manger.
Pour éviter tous lapins, l’homme est prudent est joue pêle-mail l’appel des troupes. C’est une habitude de toulousain, qui n’aime pas rater les grandes occasions. Quand il monte sur Bordeaux, de Toulouse à Bordeaux nous montons, nous ne descendons pas c’est purement géographique sans aucune allusion à quelques querelles puériles et stériles de ces grandes villes qui se partagent le même fleuve. Mais bon… l’homme est compétiteur et désire remplir sa table de tous castors motivés. Et comme tout, les réponses se font au code de chacun. Il eut la joie de quelques missives dont il fallait déchiffrer le contenu. Pour compter ses convives, il n’en fallait pas plus pour sortir la calculette à Pépé et se dire que la racine carré des réponses négatives multipliées par la constante de planck est égale à des lapins potentiels. Bref, la surprise sera pour les présents. Tout ça… comme qui dirait c’était après. D’abord il y a le pré. Nous étions assez pour retourner l’aire de jeu sur sa longueur. Le soleil est de la partie, l’arrosage aussi. Le jeu lui, se cherche. Nous retrouvâmes avec grand plaisir, les consonnes expérimentées JB et JP, il ne s’encombre pas dans le jeu d’un j’y vais ou j’y vais pas. Nous retrouvons leur savoir du jeu à la couleur grisante de leur cheveu. « Tout se paie ! » dirait le père Escassut à la fin de sa séance d’analyse hebdomadaire. Il n’est pas amateur des capucins pour rien… Mais bon certains savoirs et prouesses rugbystiques s’acquièrent par l’expérience qui se paie en temps. Dudu a notre niveau joue maintenant gratis, en même temps il porte des voyelles.

Les lignes en opposition étaient par nature non homogènes et par conséquent chirales. Cette configuration crée en miroir des hommes « qui râlent ». Cette proximité phonétique à nos oreilles d’érudits, d’une configuration géométrique non égalitaire et la présence de castors qui mettent en corps et en mots leurs perceptions contrariées se condense comme par magie dans un langage d’espace inconscient et sublime dans sa correspondance analytique. L’hypothèse se confirmerait si dans la présence de lignes homogènes, nul ne râlerait. Mais bon, après réflexion, ça n’a rien à voir avec la chiralité des choses, le ballon est ovale et les caractères en osmose avec la situation. Le score au final compté par la Piballe, chanté par le Barde et poursuivi par les autres évoque une symétrie parfaite. Point de « qui râle » sur ce sujet. Un match se joue jusqu’au bout. C’est bien beau de mener 9 à 1 pour terminer sur un 10 à 10. Les castors travaillent leur physique d’été et leurs mentales divers. Les manteaux sont vraiment de trop en cette période. Titi brilla à son habitude, il a un truc à lui, la bienséance et le cadre confidentiel du blog ne me permettent pas de le divulguer. La seule chose qui peut se partager c’est qu’il ne mouille pas uniquement le maillot quand il rentre dans l’arène. Il cloua Maxime par son jeu de pénétration. Il n’en fallait pas plus à notre aligot de service pour accélérer à son tour son jeu de canne. Bref c’était ce mardi du donnant-donnant. Un jeu en miroir en somme. Jean-Phi évita la mise en quarantaine avec ses courses puissantes qui le caractérisent mais bon la mécanique de ses chevilles est par conséquent mise à rudes épreuves. Le vieux Escassut de rajouter « Putain, quand je vous dis que tout se paie !! » Bref, Piou Piou lui il s’en fout il se fait des ronds autour de nous.

Chassés par l’arrosage, rafraichis par la douche, savonnés par nos paires, habillés pour l’été nous pointâmes notre nez au trou. Une arrivée à l’heure d’été pour se désaltérer avant le cassoulet. Il faisait chaud au pré et Tcho au trou. Les ballonneurs méritèrent plusieurs tournées appréciées, 22 heures ne sont pas encore passées. Peut-être la magie de se découvrir dans les mets d’une ville en rose. Notre trésorier accompagna notre hôte d’un sublime blason stadiste bien éloigné des sangliers auvergnats.

C'est par des œufs mimosa que le toulousain ouvrit le bal. Rien n'est plus simple que l'œuf mimosa. On prend un œuf dur, on enlève le jaune, on le mélange avec de la mayonnaise et des herbes. Puis, on le replace dans le blanc. Enfin, on émiette le jaune. D'où le nom de mimosa. L'œuf ose mimer le mimosa et c'est pour cela qu'on l'aime. Le toulousain en sait quelque chose. Et c'est pour cela qu'il nous le proposa. Le Toulousain, on est toujours heureux de le retrouver. Avec ou sans œufs mimosa. 

(Saviez-vous qu’il existe plus de 400 espèces de mimosa, que la sensitive (ou Mimosa pudica) est nommée ainsi en raison des mouvements de rétractation de ses feuilles lors d'un frôlement. Que la même sensitive est à l'origine du mot mimosa, utilisé par les botanistes du XVIe siècle (herba mimosa) et dérivé du latin mimus (mime) afin d'exprimer l'idée de mouvement).

JB et Bernard Palanqués abusèrent de l'œuf mimosa. Guitou aussi. Les quelques feuilles de salade déposées sur le long plat argenté restaient à quai. Un ornement, rien de plus. Mais un ornement nécessaire. De temps en temps, le Tarbais prenait délicatement une feuille, la portait à ses lèvres et soupirait de plaisir. J’ignore la nature du lien qui s’est établi entre le tarbais et les feuilles de salade, mais il est profond. Maxime était admiratif. Qu’une feuille de salade puisse aboutir à tant de béatitude l’émerveillait.

Vint alors le gigot et son « ail frais de Garonne » (l’expression est du toulousain). Le gigot, soit dit en passant qui doit son nom à un instrument de musique dont la forme lui ressemble : la gigue. La gigue, mes castors, dont la mélomanie est bien connue, est un instrument médiéval à corde frottées. Elle est de la famille des Vièles ; elle en est même le membre le plus petit avec le rebec. 

En élisant le gigot pour un soir, le Toulousain montrait que la saucisse n'a pas le monopole de la cité de Nougaro. Cette ouverture d’esprit ne nous étonna guère. Le gigot était accompagné d’une ratatouille. Un compromis culinaire et saisonnier. Le gigot est de toutes les saisons, la ratatouille est d'été. L'être de la ratatouille ne s'exprime qu’aux beaux jours. Si le vieux quatre découpa le gigot en tranches, c'est Guitou qui servit la ratatouille. Quelques mauvaises langues s'en donnèrent à cœur joie. Les mauvaises langues, il s'en fout Guitou. Il faut le voir, serti d'Hermès, plonger dans la marmite une louche généreuse. C'est aussi cela l'élégance, mêler la ratatouille à Hermès.   

Hermès/Guitou 

Une longue conversation suivit entre Hamilton et Guitou sur la démocratie tunisienne. Titi tendait l'oreille. Il se permit une affirmation à fleur d'oxymore : " Le meilleur régime, c'est la dictature humaniste." La Piballe s’en branlait. Et de citer Audiard dans Le cave se rebiffe : « Dire qu'il suffit de mettre un gigot au four pour voir venir les emmerdeurs. » Cette intervention mit un terme au débat.

Le lancer d'assiettes fut parfait. Avec une délicatesse et une précision inouïes, le toulousain trouvait toujours sa cible. Et le fromage vint. 
L’homme est délicat dans ses choix de fromage. Il expérimente l’ivresse des sens dans la diversité qu’il propose. Le Sabite alimentera la discussion. Les hommes à table et au comptoir étaient heureux dans cet accueil Tarlousain. L’ambiance est à la magie du gigot proposé. A la lumière tamisée, chaque homme imprégné et reput brillait de répliques médusées. Magie du gigot, alchimie du Tarlousain, détournement scientifiques du vivant. Pour ma part je parie sur la mayonnaise sans OGM, il est vrai que la soirée est partie sur des œufs. Mais quand les ingrédients sont réunis, la mayonnaise ne peut que prendre à la force des coudes en mouvements.

Les oranges saupoudrées d’épices du fameux port de Toulouse, cannelle et plaisirs chocolatés. L’expatrié est délicat, le dessert fin et subtil à l’élégance de notre hôte. Le café coula, point de Régus depuis que Guitou écoute le père Escassut. Ce sera donc une recette de grand-mère. La réception se fera jusqu’à tard, le toulousain parle de bonne choses et offre de bonnes choses à l’image de ce plaisir des îles qui vénèrent la canne à sucre comme nous, nous prions le raisin. La cuvée est vieillie, fumée, tourbée, si surprenante et si familière. Le vieux4 fit de nouvelles rencontres pour alimenter ses anciennes. Le père Escassut rappela comme il se doit que « tout se paie », l’analyse lui réussit bien, Donatien philosophe aussi se chargea du rappel des sous.

Le partage des sens se diffusa au lanceur des dés. Le partage des pensées, la nuit bien avancée nous nous quittâmes sur les lancers.

22 juin 2015

Le cuistot de la semaine, le retour de Luc... L'axoa est avec toi !

Par Le Barde et Réglisse


Le temps était couci couça. Quelques nuages jouaient au chat et à la souris avec le ciel. Encore une poignée de mardis et les castors prendront leurs quartiers d'été. Pour l'heure, la gonfle est toujours de saison ; nous étions une petite vingtaine. Les jeunes l'emportaient en nombre. Titi, Hamilton, Dudu, Cary Grant rappelaient ce que nous devons au temps qui passe. Croucrou itou. Mais avec plus de vigueur. Il balance entre deux âges, si l'on veut. Lorsqu'il saisit avec hargne le ballon, qu'il dresse ses ergots, baisse légèrement ses épaules et affronte sans détours la ligne adverse, il demeure ce qu'il fut : un taureau de la plus belle race, un miura.

Nous nous installâmes sur une bonne moitié de terrain avant que des gouttes d'eau inopportunes ne nous en chassent. La faute à l'arrosage. Pas à la pluie. Nous occupâmes donc l'autre moitié. Les jambes étaient lourdes et les bras peu amènes. Les passes trouvaient trop rarement preneurs. La béchigue tutoyait le pré plus que de raison. Oui, la saison touche à sa fin. Et le toucher devient approximatif. Qu'importe, il ne s'agit que d'un jeu, un lien, un trait d'union. Et cela suffit à nous rendre heureux.

Las, fourbus, nous rejoignîmes les vestiaires.

Au trou, Luc, appuyé par la Jacouille, était commis d'office par notre abécédaire.

Il y a du skywalker dans notre luc à nous. Il a du bionique dans cet homme en un seul mot. L’homme comme dans la saga a su user quelques ménisques et rotules pour se décider à s’occuper uniquement des fourneaux pour satisfaire ses castors. Lorsque il joue, Luc il compose, son domaine n’est pas la dentelle, même si sa précision dans l’arraché du ruban est dévastatrice pour l’audacieux qui s’oppose à lui. La force est présente mais les genoux ne suivent plus. C’est ainsi, la sagesse supplée à la Force pour se mettre en cuisine. Il est ainsi de tradition dans cette quête de devenir rugbystique de s’affilier à un père du côté os dur pour guider l’art de la gonfle à la sagesse de la tablée. Imaginez le père Escassut dans sa cape noire et son masque à oxygène répliquant : « Luc, Luc, je rajoute du sel ! ». La réponse se fera en goutant la salade piémontaise. Jeunesse ingrate et insouciante ! Le lien est complexe mais nous savons tous que nous jouons le mardi et pour le retour du jedi c’est un peu trop tôt. Donc Luc lança les hostilités offrant à ses padawans, le plaisir d’une salade sans verdure. La tablée est remplie. Point d’homme au comptoir. Le trou est ainsi, les hommes se font rares en cette fin de saison. Heureusement CrouCrou et Lolo sont de la partie pour représenter et encadrer les ultimes liens de la force. Les Sages aussi sont présents, omniprésents. La force tu chériras et à 22 heures tu mangeras. Pépé quand il parle a les oreilles qui bougent, un vrai maître Mardaïe !

Lorsque la gamelle vint et que nous la scrutâmes, nous crûmes reconnaître une sauce bolognaise. Le riz qui la prolongeait fit dire à Lolo que nous allions goûter du riz bolognaise. Une variante aux relents asiatiques de la botte. La réalité était tout autre. Luc avait concocté une axoa, plat typique du pays basque, que l’on sert les jours de foire et que l'on réalise à sa façon, bien qu’il contienne toujours les mêmes produits de base comme la viande de bœuf -ou de veau- émincée, les épices, les piments et les oignons. Luc avait pris ses aises avec la tradition. Il marquait son territoire. Rien à voir avec l'axoa du vieux quatre. Pas d'attentat, pas de piments. Beaucoup de douceur. Et chacun d'apprécier a sa juste valeur ces libertés prises avec les règles culinaires d'un pays où la fusion est toujours improbable.

La discussion tourna longtemps autour du départ de Vincent Etcheto de l'UBB. On restait en Pays Basque. Cary Grant nous donna les explications du divorce. La folie ne se prête pas toujours aux nécessités du résultat. La messe était dite depuis quelques mois. La vie continue. Sans Vincent. On ignore qui le remplacera. Prions pour que la flamme du beau jeu ne s'efface pas, et que l'efficace ne l'emporte pas sur la beauté. Un juste équilibre sera le bienvenu.

Amélie avait les traits tirés. Il est fatigué Amélie. Pépé était en pleine forme. Et Pioupiou toujours aussi monotone dans ses chants. La jeune garde suivait ses rengaines répétitives. On ne lui en tiendra pas rigueur.

Luc rompit le jeune pour se prier aux rites du trou. Le Dark Escassut abandonna son fils spirituel pour retrouver un autre plus spiritueux. Même si pour le lancer d’assiette sa concentration nous laissa imaginer que la force reste bienveillante pour la survie de ses satellites immaculés. A chaque lancer de Luc, l’homme de l’Os Dur clignait des yeux. Son vrai fils fredonnait. Lolo a confiance dans la force. Il lui tourne même le dos pendant que pioupiou lui donne le La. Quelques assiettes ne purent être sauvées. Il en va ainsi des forces démesurées en présence. Le Bien et le Mal, la Force et l’Obscure, ont brisées bien des envols pour trouver un semblant d’équilibre. Le poulpe lui, est au dessus de tout ça, il a ses huit bras. Mais bon, le fromage prit la suite, le plaisir lacté est ainsi fait. Une régression du trou aux instincts oubliés d’un monde sans féminin. Nous n’habitons pas la voie lactée pour vivre un dessert sans fromage.

Le dessert sans café. C’est ainsi, les habitudes sont rudes et tous ses combats mythiques ne pourront rien changer. Le titi par la pensée réclama le café. La porte du frigo s’ouvrit mais point de café, point de get non plus. Point de remarques ce soir Luc est avec nous. Nous profitâmes des présents et nous prîmes rassasiés la direction de nos planètes respectives.

La nuit nous attendait. Les étoiles au ciel faisaient un doux froufrou. Le trou se vidait. Un à un les castors regagnèrent leurs pénates. Lolo chantait la Norma en pensant à sa Sarah Bernhardt.

13 juin 2015

Le Cuistot de la semaine, Le Bon, La Truffe et D'Artagnan

Par Le Barde et Réglisse


Le temps était lourd, la pelouse sèche. Une douzaine de joueurs tout au plus. La troupe se raréfie. Cela sent la fin de saison. Pourtant, le plaisir se moque de l'été, de l'automne ou du printemps. Et n'a jamais renié l'hiver. C'est un brin tristounet. Sauf pour ceux qui sont de pré. Car la partie fut belle. Bien sûr, les passes manquent encore de certitude, et l'on oublie que l'art du décalage est la quintessence de ce jeu. (En quoi, le rugby ne saurait être un jeu comme les autres). Une banale affaire d'apprentissage en somme. Donatien, que son art poétique promenait du côté de la place du Parlement, prépare, paraît-il, une lettre à un jeune rugbyman. "Tout apprentissage est un temps de clôture" serait son incipit. Il détourne la phrase de Rilke, enlève la clôture et loue l'air du pré. Le décalage vous dis-je.

Je crois que le score fut de parité. A vrai dire, on s'en branlait un peu. Sauf la Piballe avec son art de compter inique et arbitraire. Les lacaniens diraient y niquent, mais jamais les lacaniens ne s'intéressèrent à la gonfle. Un tabou peut-être pour les membres de cette diaspora. Un totem infranchissable.
Pioupiou qui se contenta de quelques tours de terrain ne me contredira pas.

La gonfle est une sublime métaphore du noyau névrotique. Quand l’intérêt se fixe dans la psychose autant s’éloigner de tout ce qui se rapproche des balles. La gonfle n’est pas en effet un sujet de prédilection dans la psychanalyse même si pour Lacan, l’intime du vivant se dissimule pour lui derrière un gros révolver. La preuve en est dans « L’origine du Monde » propriété temporaire de ce penseur. Pour caresser l’analyste « Tout acte manqué est un discours réussi ». Ainsi il fut décidé qu’il n’y aurait point de douche pour les sportifs. Ce soir, seul le terrain sera mouillé. Le robinet pour les douches restera fermé. Comme quoi, le plaisir de la gonfle est plus sujet à la castration qu’à la jouissance. Le lavabo analytique peut suffire à Piou Piou mais semble trop réduit au nombre de joueurs de gonfle. Cette fois-ci chaleur oblige seul le terrain sera arrosé. Et les castors en sueurs ne se feront pas attendre pour fusionner quelques minutes de plus avec la pelouse.

L’habillage, le coiffage, la poésie du Barde qui transforme le vulgaire en sublime et le salaud en beau et nous prîmes la direction du trou.

Le trou avait des airs d'Italie. Sur le devant de la porte, Guigui avait affiché ses intentions.

Point d’inquiétude à celui qui ne sait lire, la feuille est bien remplie. Notre tropézien sait accueillir ses troupes. Les tables du trou ont été confiées pour la soirée à Guillaume. Il lui manque juste la barbe pour se rapprocher de Moïse. En revanche il porte le képi pour se confondre avec Pépé. « Bien avant 22H la porte du trou tu franchiras ». La troupe s’attacha à répondre à cette loi pour rapidement se poser à l’autel des spiritueux. L’humeur est bonne, l’entrée en matière de notre hôte a fait déjà ses premières victimes. Les vieux sont à table devant le plat de charcuterie en taille fine. Plus c’est taillé fin et plus les ventres sont gros. Ca pépé ne l’a pas marqué sur ces tablettes. Le Guillaume est bon. Généreux par ses tranches de cochonnailles qui allient aussi bien le jambon à la mortadelle. Pour sûr les clés du divin dans la cuisine du cochon s’inspirent de l’Italie dans sa vraie renaissance.
Le poulpo à son habitude mange le cochon en tapas. Il est comme ça ! Il s’est entouré pour se faire de sa promo, et profiter debout de ces délices en bouche. Le calamar se marie très bien avec le cochon. Il n’en manquait qu’un pour faire de ce noyau un rappel aux trois mousquetaires de Dumas. Pas celle avec son divan, mais celui qui se confond avec son fils. Nous avions réparti les rôles pour que chacun se complaise dans son personnage de prédilection. Bernachatte et Poulpo se retrouvèrent par bienséance dans le personnage principal, D’Artagnan et sa constance. Il fut délibéré après recherche généalogique que Guitou en est l’unique héritier. Guitou était là ! Heureux le Bel homme. Il choisit Jean François du même nom comme gascon de référence qui prit en retour Bernachatte pour Constance. Athos, Porthos et Aramis se complaisaient à ripailler comme amateurs émérites des bons plaisirs de tablée. N’ayant point d’eau pour se doucher ils profitèrent de chaque occasion pour baptiser tout inconscient. Les baptêmes du Sabite se firent en secret en revanche le Jacouille mouilla par rigole. Point de Mardi sans douche. Le cri du gendarme rappela le décalogue sacré. Pépé était apaisé de voir son trou respecté, le tcho heureux sifflait un air de Saint Tropez.

En guise de plat principal, une spécialité d'Emilie Romagne revisitée façon landaise. Un clin d'œil à Helena et au Général. Guigui aime mêler les mondes. Et le monde, on l'aime mêlé. Ses lasagnes ponctuées de miettes de canard confit avait beaucoup de grâce. Nous n'étions qu'une vingtaine. Guigui avait misé sur une trentaine. Il ne resta rien. L'hommage du trou fut unanime. Guitou et sa parure Hermès se régalait. L'hommage de la Grèce à la botte en quelque sorte. Alors s'éleva l'hymne au gendarme éternel, celui que Jean Giraud éternisa sous les traits de de Funès. Le gendarme au trou a de la gueule. Il manque à la série. Les trous du septième art demandent réparation.

Le lancer d'assiettes fut parfait. N'était Jean-Phi hélas. Guigui s'inscrivait dans la tradition. Point trop de dommages pour notre fée Maria. Qu'il en soit loué. C'est alors que Jacouille ressentit le besoin, guerre du collège oblige, de nous faire part de ses lettres latines et de citer son Juvénal :

"Ainsi que le castor qui se châtre lui-même, heureux de s'en tirer
Au prix d'un testicule - il connaît la vertu
De son aine ! "Jetez tout ce qui m'appartient !". "Putain, Jacouille, tu m'épates" s'exclama le Tcho. Jacouille joua l'indifférent ; Pioupiou pleurait des larmes belles et filiales. Et Guigui de le remercier en lui glissant, tu sais ma Jacouille que mon amour pour la botte doit beaucoup à Juvénal et à Catulle." Oui lui répondit Jacouillle sous l'œil hébété de Pépé.

Il en faut peu pour rendre les gens heureux. Un sandwich fera l’affaire pour le fromage. Nous ne le répéterons jamais assez, mais notre hôte est Bon. Le Sandwich il l’accommode à sa manière. Les lasagnes sont une superposition de bonnes choses. Il est vrai, elles se sont évaporées à la vitesse de nos estomacs démesurés. Le sandwich sera par conséquent lacté et ne mangera pas de pain. Un mélange subtil est raffiné, d’un brie coupé à sa moitié farci à la truffe dans son interstice. Loi numéro 4 du décalogue « Le palais de tes aimés tu combleras ». Sur ce, le silence se fit. La truffe est au brie ce que le sourire est à la Joconde. Les deux nous rapprochent par l’essence du féminin dans la béatitude. Le silence n’est pas d’or mais de brie. Le Jacouille ne pouvait dire mot, son silence parlait pour lui. Il fallut l’intervention de son fils pour nous ramener à la répétition d’une chanson monotone. Pour que le plaisir s’apprécie, besoin qu’il soit éphémère autrement il ne peut se vivre et se redécouvrir. Piou Piou l’a bien compris pour nous ramener à chaque instant aux plaisirs du trou. Quand Piou Piou chante, le trou est heureux.

Ce soir, c’est décidé Guigui superpose. Le désert est un Tiramisu. C’est un dessert d’Italie qui reste dans les superpositions dans le thème italien de la soirée. Cela vient de « tirami sú » littéralement « tire-moi vers le haut ». Notre Barde associerait à volonté dans son parlêtre sur ce dessert de prédilection. De nombreuses légendes en effet entourent l’origine et l’intérêt portés à ce dessert italien. L’hypothèse la plus probable pour les amateurs d’eau que nous sommes, reste néanmoins liée à la cité des gondoles très éloignées des steppes. Les vénitiennes faisaient le tiramisu pour en manger avec leurs amants le soir, croyant qu’il leur donnerait plus d’énergie pendant leurs relations sexuelles. Ceci pointe la légende à défaut d’autres choses. Nous ripaillâmes de ces entre-jambes pour mieux nous resservir de ce qui nous tire vers le haut.

Le café coula, les ventres retrouvèrent leurs jambes pour s’asseoir au comptoir. Les glaçons se réchauffèrent dans la menthe.

La soirée languissait vers son terme. Les quelques castors de comptoir étaient heureux. Guigui prit le chemin du retour. Sitôt la porte fermée, songeant à Helena, il revint à Catulle :

"Sois, sous quelque nom qu'il te plaise,
Sainte, et protège avec bonté
Notre race de Romulus
Comme aux époques anciennes."

06 juin 2015

Le cuistot de la semaine, Hamilton tient l’asperge par le bon trou…

Introduction Par Le Barde

Je n'y étais pas. Ni sur le pré, ni au trou. La faute à Mozart. Pas JB, mais le salzbourgeois. Et à sa grande messe en ut mineur. Je laisse donc la baguette à Réglisse, le gendre de notre Mozart. On reste donc en famille.
Ce n'est pas bien, je l'avoue, de faire faux bond à Hamilton. Le temps est une garce. Mais étais-je si loin d'Hamilton. S'il possède la grâce en photographie, comme Wolfi pour la musique, c'est aussi un mélomane averti. Comment ne pas voir, en outre, dans les herbes folles auxquelles il donne une présence d'art, une correspondance avec le plus humain et le plus délicat des musiciens ? Il y a une musique de la photographie, une mesure, qui enchante. Hamilton est un enchanteur. Je ne doute pas que sa cuisine fut aussi à la hauteur de ce qu'il est, sobre et juste.
En fait, j'étais donc un peu là. Même si l'auditorium n'est ni un pré, ni un trou, il n'en est pas moins une scène où bien des émotions circulent. Et Wolfi n'aimait rien tant que rire et faire des bons mots. Ce qui ne l'épargnait pas de mettre de la grâce dans chacune de ses compositions. Comme JB avec la passe ou Hamilton avec ses objectifs.
 
 
Par Réglisse
 
L’herbe pousse sur le pré. Le tapis de chlorophylle commence à perdre de sa splendeur aux brûlures estivales. Maintenant nous sommes bien loin de l’automne et si proche de l’été. Les jours passent, les saisons se suivent et l’appel du ballon reste. Il y a toujours des absents et toujours des présents. Des départs, des retours, des permanents sont les principes d’une vie en mouvement. Sans entrée et sans sortie le système est fragile, principes d’entropie obligent. La nature est ainsi faite à l’image de l’homme, elle ne supporte pas le vide et s’arrange pour que chaque chose est une place. Nous, le vide nous le prenons à notre compte. Pour nous, le vide c’est le trou. Prendre le trou est une base du jeu du Mardi soir. Sans trou, pas de vide et le mouvement n’a pas de sens. L’équilibre est dans le trou. On croirait entendre Pépé dans une préparation d’avant match. Le jeu est rôdé. Les hommes miment une danse immuable d’ouvertures et de fermetures qui ne laissent que prières à la volonté divine. Même si tout mouvement se rapproche par essence de la création. Vu d’en haut, les lignes sont faites pour se croiser. L’une perpendiculaire aux côtés ou parallèle à la ligne de marque, l’autre est en pointe, parfois en triangle. C’est le ballon qui décide de la bonne configuration. Son absence rend la ligne droite, sa possession crée la bascule. Pour en revenir au trou, nous le retrouvons dans la ligne qui géométriquement parlant est la plus identifiable. Celle qui se segmente quand le jeu s’étire. Pourtant le toucher est ingrat car un effleuré, voire un souffle au collet interrompt la prise qu’il faut alors recommencer. Le mouvement reprend et se perpétue jusqu’à ce que trou se fasse.
Serge a pris ses repères de filou. Le tarbais n’est pas le dernier à animer la prise du trou. Dudu reste dans le jeu, se contentant à chaque rencontre d’aplatir le ballon derrière la ligne. Maxime, Jeff, la Piballe brillèrent dans leur jeu de ligne. Walid est de retour sur le pré ! Pour sa reprise il n’épargna pas ses adversaires de sa nouvelle feinte. Ce n’est pas celle à l’aile où son cadrage retourné triple axel crée le trou. Il s’est fait cette fois-ci au centre, Walid joue au centre, c’est bien connu. Pas besoin de créer un trou au centre lorsque tu sais le faire à l’aile. Mais bon Walid est comme ça. Le trou, il le prend un point c’est trou !
Il n’y a pas de trou dans le tennis, sinon les balles traverseraient les raquettes. C’est logique, la prise de trou par la balle ne serait alors pour ainsi dire qu’un basket à deux joueurs. D’où l’intérêt du filet et des règles qui ne respectent pas le trou. Mais bon, Roland Garros oblige ! Nous arrêtâmes le score à un parfait début de jeu de set. 15 à 15 fut notre exploit. A ce propos, ils ont une drôle façon de compter les tennismen. Chez nous, c’est le tarbais qui compte. Les essais comptent 1 point après il faut compter sur ses doigts, d’où l’intérêt d’être nombreux pour marquer les essais. Plus il y a de mains, mieux c’est ! Sinon nous sommes limités aux appendices pyrénéens.  
L’appel du dernier, la direction des vestiaires, les douches toujours chaudes, l’habillage, le coiffage et la direction du trou.
Ce soir c’est Alain qui est de bouffe. Alain a l’habitude d’être de bouffe quand il n’est pas sur le terrain. Il y a cette constance en lui qui le rend indispensable et permanent sur le pré. Les mathématiciens utiliseraient une équation à entrées multiples pour réfléchir sur la probabilité des raisons de son absentéisme et le résultat en serait limité à celui de son tour de bouffe. C’est un artiste dégagé notre cuistot du soir pour reprendre du Desproges en herbe. Pourquoi se lancer dans le superflu quand l’assiette d’entrée peut trouver son âme d’accueil dans la simplicité. Le vert sied à nos plaisirs de coureurs des prés. Par conséquent l’ouverture se fera en salade. Une assiette blanche et de la salade verte. L’art trouve sa sève dans le sublime de la transformation. La sauce vinaigrée sera un plus qui se passe de mains en mains pour arriver au bout de table. Nous étions pour ainsi dire mis au vers du poète et mal dans nos ascètes. Il a fallu garder foi en notre Hamilton, et il nous en servit avec un « e ». L’art s’enrichit de l’extase qu’il procure. Ce n’est pas Boudha qui me contredira. Il lui a fallut un temps de diète et de salade pour découvrir le noyau des choses. L’attente pour nous fut moins longue, entrainement du castor oblige pour trouver les foies. « Le foie transforme la salade ! » comme « la foi transporte les montagnes ! ». Nous nous rapprochâmes des saints et en particulier de Matthieu dans cette entrée en matière.
Le vin était du Sabite. Pour éveiller la foi le vin est bon ! Mais bon l’attente mobilisa les saintes paroles, n’est-ce pas lorsque l’estomac est vide que l’âme se grandit. Jean-Phi en transe libéra des paroles mystiques dignes de la Pythie. Nous savons tous que « La pythie vient en mangeant ! ». Le parler est compréhensible, point nécessaire de prêtres traducteurs. « Le prix s’oublie la qualité reste » s’écria le prêtre de la vigne. Le silence se fit. L’oracle avait parlé et lâcha l’entrée pour se replonger dans son ascète.
La suite se fit attendre. Le poète cuistot est sage. Le temps il a déjà pensé et donc apprivoisé. Point d’accélération, c’est le cuistot qui tient les rênes. La surprise fut dans le choix des légumes. Le castor joueur est carnassier à ses heures et patatophile par excellence. La patate, le riz, les pâtes dans le style féculent pour le sportif c’est du garanti satisfait. Notre hôte nous surpris dans sa mise à plat de son œuvre du soir. Le tableau tient dans la cocotte, « petits farcis aux asperges ». La sentence est tombée. L’illumination se poursuivra avec le plat. La quête spirituelle ne trouve dans la chair que frustration. Le silence se fit, les castors jésuites évitèrent de justesse la tonsure. Seul Tcho et Pépé brillent par nature de cette coupe. La mise en bouche permit en effet de renouer avec le monde des repentants du jardin d’Eden. La recette est du coin. Alain a la qualité de nous faire découvrir les plaisirs du monde qui sont paradoxalement si proche de nous et si loin à la fois. N’est-ce pas là, la substance originale de l’artiste. Son style nous donna à sa manière la fameuse patate.
C’est bien beau la quête spirituelle, il est venu le temps de lancer les assiettes. Le fromage ne fut pas du « chaussés aux moines », cette appellation d’origine contrôlée qui fait naître systématiquement une larme à l’œil chez nos anciens piliers de table. Il parait que certaines douleurs élèvent l’âme. Nous eûmes du Brie. Les hommes dans leur quête retrouvèrent leur âme d’enfant. Les fraises en dessert armèrent certains d’une crème chantilly projetable à souhait. Les pénitents se libérèrent de leurs chemises. La quête du paradis n’est pas une tâche comme les autres. Elle ne laisse normalement pas de trace comme la crème. Le cérémonial terminé, Titi l’âme libéré de tous pêchés, le cœur purifié prononça la prière du café.
Maxime s’occupa de la quête. Point de bonheur qui se paie.