26 décembre 2012

Bref, je suis devenu stagiaire Archiball



Le mot du Président, assemblée générale 2012 :

[…]
C'est avec plaisir et fierté que nous nous réunissons ce soir dans notre terrier, notre antre, notre chez nous. 2012 est l'année du changement. Notre président « normal » nous l'avait annoncé. Votre président « hors normes » lui, il l’a fait : la rénovation du trou. Tel un bon troufion, en un seul mot, […] je me suis entouré des meilleurs, c’est-à-dire de vous, pour redorer notre blason. Notre trou aime qu'on le pénètre, comme un verre à pied  aime qu'on le remplisse, qu’on le prenne par la main pour en goûter le contenu. Notre trou sentait vraiment la merde (n’est-ce pas mon Zeille), une odeur  proche du pet, cette odeur qui annonce la merde. Ah ! L’innommable pestilence  de notre antre. Alors, vous me direz, un trou, ça doit sentir le trou, mmmm, et non la violette. Mais pour notre trou à nous, notre orifice, nous ferons une exception. Et je puis le déclarer officiellement, la larme à l’œil : le Trou 2012 est ouvert !!!  
[…]
Nous voici donc réunis ce soir, à la veille de la fin du monde, de la disparition de la race humaine, surtout  de celle des cons et des trous d'uc. Une nouvelle saison se profile, plus riche encore et joyeuse.

Mais avant de vous parler des choses qui m'ont un peu gêné cette année, je voulais revenir vers les tristes nouvelles qui ont égrené cette saison. […] Tout dernièrement le décès de Notre castor et frère Coutenuit, fondateur du lancer d'assiettes et ami de tous ceux qui l'ont connus. Je n'ai pas eu ce plaisir mais je souhaitais lui rendre hommage en présence de tous ses frères castors. Paix à son âme et que le cul lui pèle une dernière fois sur terre. Que nos mots soient des assiettes volant dans la constellation des castors où il repose.

Un mot sur l'éthique de notre sport et de notre association. Je vous rappelle, pour ceux qui l'auraient oublié, que lorsqu'on rentre aux Archiball, c'est tout d'abord pour jouer au rugby (à plaquer d’abord et à toucher, les deux n’étant pas dissociables). C’est  pour partager les valeurs de ce sport avec ceux qui ont fait de ce club ce qu'il est. Ainsi, un stagiaire a pour mission de jouer au rugby, de ne jamais se dérober, de prouver qu'il est  prêt à donner, à partager, à être disponible et solidaire, à s'investir  pour le club. On ne vient pas aux Archiball pour se servir. On ne vient pas aux Archiball pour prendre. Ce qui vaut pour le ballon vaut pour le reste, je reçois, je passe et je donne. 
Un stagiaire, je le rappelle pour ceux qui l’ont été dernièrement, et pour ceux qui le deviendront, est avant tout un joueur de rugby qui vient renforcer l’équipe, dont il partage les valeurs de ce sport avec des hommes devenus Archiball par mérite. Car je considère que le statut de membre archiball se mérite, et que pour devenir un des 50 membres, il est du devoir de stagiaire de s’intégrer, de se fondre, de respecter ses pères, de fermer sa grande gueule, sur le pré comme dans notre maison, car le statut de stagiaire ne débouche pas forcément à un statut de membre actif au bout de 2 ans, si le contrat n’est pas respecté. Il est de bon ton de faire redoubler certains le nombre d’années nécessaires, si ceux-ci ne nous ont pas convaincu dans leur promesse d’engagement de départ, tant dans son comportement sur le terrain que dans sa vie en communauté. 
[…] 
Je souhaite revenir sur quelques règles et l'état d'esprit qui m'ont un tantinet déçu cette année. Je m'explique par un exemple : ne vous parait-il pas logique et de bonne éducation de dire bonjour lorsqu’on se retrouve, au trou ou ailleurs. Et bien Il arrive encore aujourd'hui de voir certains débarquer la gueule enfarinée sans saluer le moindre d'entre nous. Une petite main tendue, un bref baiser, c’est si peu de choses et pourtant. Mais c’est le b.a.-ba.  Corrigez ce travers ;  l'impolitesse et le manque de savoir vivre ne sont pas de mise chez les castors. 

J'ai l'impression qu'il y en a qui se servent beaucoup et qui servent peu. Quand on devient Archiball, on reçoit de la part de ses pères un titre honorifique. Ça se gagne. On doit se sentir fier, c'est un titre qui se mérite, on fait partie des quelques privilégiés. Et ce titre ne doit pas être galvaudé par des comportements indécents ou un état d'esprit dégradant. Portons haut nos couleurs, soyons fiers de notre histoire, et ne salissons pas la mémoire de nos anciens. 
Ce club ne doit pas devenir une cour de recréation pour certains (je m’adresse aux jeunes recrues) où tout serait permis, où on se jette des verres de vin sur les fringues, où l’on casse des assiettes à tout va, on se jette de la bouffe à travers la gueule. 
Il est tellement bon de se retrouver dans ce trou à boire des bières et pousser la chansonnette sans systématiquement tout casser. 
Je ne condamne pas le fait de festoyer jusqu'à l'excès si celui-ci est fait dans l'esprit de notre club. Il est parfois bon de se lâcher. Mais attention aux déviances trop récurrentes qui peuvent amener à lasser. Continuons à prendre du plaisir à se retrouver avec respect, celui qui donne à ce club toute son âme depuis 43 ans.

Revenons au rugby et à sa pratique : je souhaite dès cette année mettre en place une obligation supplémentaire dans notre association : je souhaite que chaque joueur potentiel, jeune et moins jeune, me fasse parvenir avant la fin janvier un certificat médical vous qualifiant d'apte à la pratique du rugby loisir. Notre assureur nous a simplement alerté et confié qu'il est important de joindre au contrat les certificats médicaux de chacun. Merci à tous pour votre compréhension et du temps que vous allez prendre pour passer chez le médecin. C'est pour le bien de tous, je vous l'assure.

Je voulais remercier mon vice président et tendre JP, dit Humphrey Bogard, pour son active participation à la vie du club. Grâce à son énergie, son dynamisme, il nous a permis de vivre un très grand moment de golf.  Car les archiball, c’est aussi ça. A travers son franc parler que nous lui connaissons bien et qui fait de JP : JP, c est un irremplaçable dans notre famille. Merci également d'avoir accepté ma requête présidentielle, mon cher JP, de bien vouloir reconduire avec une équipe de pro, l'open de golf pour l'année 2013, après avoir gouter aux difficultés d'organiser un tel événement, surtout d'obtenir des Archiball leurs réponses de participation. Quel labeur... Tu reviendras sans doute sur ce point et je me joints à toi dans les remerciements de nos partenaires et de ceux qui sont allés les chercher.

Pour l'année 2013, j'aimerais vivement que nous puissions nous mobiliser dans les prochains rdv rugbystiques avec plus de ferveur et, de nouveau, honorer nos matchs et déplacements,  en si petit nombre mais pourtant si importants dans la vie de notre club.  
[…]
Je vous embrasse très fort, je vous souhaite à tous de très bonnes fêtes de fin d’années et comme la tradition le veut : que le cul vous pèle.

12 décembre 2012

Le cuistot de la semaine, le confistador

Par Le Barde


Il y a ceux qui se gaussent du froid, qui viennent tousser leurs tracas sur le terrain annexe, et s'en font un petit coin de paradis. Et il y a les autres, ceux qu'un peu d'hiver laissent à demeure, au coin d'un feu imaginaire. La première demeure des castors, c'est le pré. Le trou n'étant qu'une résidence secondaire.

Nous étions quinze. Une poignée certes, mais une poignée céleste. (Je devrais dire trois poignées! Mais, comme me le souffle Lolo, c'est une image.) Les élus en somme, ceux que Dieu reconnaît au jugement dernier et qui savent que la grâce est d'abord une affaire de présence. Nous étions quinze, le hasard n'existe pas. Puis quatorze, treize, dix pour faire la nique au hasard.
Au trou, pas de faux bond à l'abécédaire. Hervé (Delage) était là. Sur la nappe blanche : du pâté avec ses petits oignons et ses lamelles de cornichon. Du basique. Hervé ne fait pas dans la dentelle, il ne brode pas des entrées délicates. Il y a du pâté dans Hervé. Pas de fanfreluches, de guipures. Non, rien que du pâté. Le pâté, c'est un peu comme la solitude, il y en aura toujours pour ceux qui en sont dignes. 
O Hervé, accorde nous les bienfaits les plus simples. Qu'un peu de cochon suffise à nos désirs. Foin des foutaises asiatiques, des prémisses maraîchères.
Après, parce qu'il y a toujours un après, le confit baignant dans sa graisse. Le confit ne tient sa grâce que de sa graisse, c'est bien connu. Et je sais Pascal pensant la misère du confit sans sa graisse. Confiner le confit à sa seule graisse ne saurait pourtant suffire. Il lui faut du fayot. Et du fayot nous eûmes. En abondance. Le confit baigné dans son frais fayot blême. Et c'était bon. 2012 fut l'année du haricot, du mojette piat. Il fallait l'achever comme tel. Hervé le fit. 
Il y eut deux lancers. Celui des assiettes : correct. Et celui du Cœur de lion. (Le Cœur de lion est une variété de camembert). Hervé n'a rien de Robin des bois. D'ailleurs, il ne ressemble pas à Errol Flynn. Un peu à Russel Crow. Pas du tout à Kevin Costner. Ni le trou à la forêt de Sherwood. Le calendos jamais n'atteignit sa cible. Des mains éparses se tendaient impuissantes à saisir le missile. Pire, l'un d'eux renversa verres et bouteilles et le mur fut maculé de vin. Hervé se prenait pour Jackson Pollock. Et le mur devint sa toile en attendant d'accueillir le divin écran. En quoi, Hervé aurait pu faire sienne l'éloge de Manny Farber qui définissait  la peinture murale de Pollock comme « masterful and miraculous » : « Le mural est… un presque incroyable succès. C'est violent dans son expression, continuellement fascinant dans le détail, sans superficialité, et si bien organisé qu'il forme le mur dans une paisible, contenue et allègre expression. » Pépé n’entendait pas en rester là. Et reprit les propos que Robert M. Coates lorsqu’il affirmait que Pollock est le plus complexe des artistes de New York, parlant d'« une impression d'une vertigineuse énergie ». Il le cita  : « Un tel style a ses dangers, car que les liens de communication entre l'artiste et le spectateur sont si ténus que le plus haut degré d'attention est requis pour en recueillir le message. » Tcho fut foudroyé. « Putain, et dire que je croyais le connaître » dit-il. 
Enfin, vinrent les éclairs. Au chocolat et au café. La Piballe, citant René Char, dit : « L'éclair me dure ». « Et toi, tu me les gonfles » répondit Perdigue alors que Walid engouffrait éclairs sur éclairs. La Piballe servit le café. La Piballe, c’est What Else II. Ou si l’on préfère Jacky Junior. 

Une belote de comptoir s’improvisa. Walid l’emporta. Hamilton fut défait. C’est rare. Pas que Walid l’emporte mais qu’Hamilton soit défait. La nuit, elle, chassait ses derniers nuages.

05 décembre 2012

Le cuistot de la semaine, allo pizza !

Par Le Blogueur

Que s'est-il passé hier soir ?
Guitou s'est retrouvé dans l'équipe qui n'a pas gagné, pour ne pas dire qui a perdu, pour ne pas dire qui a marqué le moins d'essais. Il faut reconnaître que c'est assez étrange pour quelqu'un qui a toujours su s'entourer pour avoir le meilleur score à son actif.
Il a beaucoup plu, je ne vous apprends rien.
Mais ceci n'explique pas cela.
Ceci explique peut-être la petite assemblée de courageux que nous étions. Une quinzaine. Comme au bon vieux temps où, licencié, il fallait être sur le pré, par un temps froid et humide, un temps anglais, comme le rugby, où on se donne à fond, volontaires et combatifs, jusqu'à faire fumer tous nos muscles chauds.
Non, je déconne. C'était pas du tout ça. Il a plu, c'est vrai. Beaucoup de poulets qui n'aiment pas se mouiller ne sont pas venus, c'est vrai. Mais rien de bien folichon, à commencer par le ballon.
Le ballon, c'était celui qui traîne dans le coffre de la Toyota Celica de Dudu. Un ballon mal gonflé et flasque. Mouillé, c'est plus un ballon, c'est une prothèse PIP que Dudu aurait récupéré sur une mammographie. Le ballon a Dudu va bien à Dudu. Son ballon est dressé pour faire des en-avants qui ne sont pas des en-avants. Un ballon équipé d'un correcteur électronique de trajectoire, comme l'ESP sur les bagnoles modernes. On peut le jeter en avant et il revient en arrière. Comme ça, ses passes ne sont jamais des en-avants. Oui, que ses passes.
Les passes de ses collègues ne sont pas des en-avants non plus, pour une autre raison. Dudu, qui arbitre à ses heures perdues des vieux qui ont arrêté leur carrière en 68, potasse régulièrement les règles du rugby dans un manuel de... 68. Mais on ne va s'éterniser là-dessus.
Je vais m'arrêter là, je me sens déjà mieux.

M'enfin, que s'est-il passé hier soir ?
Arrivés au trou, quelques choses clochent. En franchissant la porte, aucune odeur de cuisine ne nous prend le nez. En descendant l'escalier, on aperçoit les tables nues, sans nappes, ni assiettes. Arrivés en bas, la gueule déconfite des vieux.
Elémentaire mon cher Watson : Pas de cuistot.
Ce soir là, c'était le tour de l'Amiral. Rassurez-vous, l'Amiral va bien. Il se trouve que l'info n'a pas fait son chemin et l'Amiral n'a pas noté son tour. Une piqûre de rappel aurait fait du bien.
Nous étions, là aussi, une quinzaine. Le nombre étonnement bas d'Archiball présents a fait courir le bruit d'un délit d'initiés. Certains le savaient et ils ne sont venus. On ne va pas dire qui, on sait jamais.
Parmi ceux présents, il y avait Dudu mais sans son ballon ESP. Il y avait surtout la Fée, l'homme de toutes les situations, l'homme des moutons à cinq pattes. Sauf que là, un mouton serait passé à la casserole. 
La Fée ferait un bon candidat dans Koh-Lanta. Je suis sûr qu'au fin fond de l'Amazonie, il est capable de faire livrer une fournée de pizza.
En deux temps trois mouvements, la Fée prend la situation en main. La défection du cuistot est devenue une tapette dans un verre d'eau. Toute la carte du pizzaïolo du coin est passée en commande urgente. Dans 15 minutes, tout sera prêt. En attendant, on s'est nourri de bière. En attendant, je vais vous faire une petite leçon wikipédienne chère au Barde.

Musique du générique de début.
Un pizzaïolo, ou pizzaiole (mot francisé qui tombe de plus en plus en désuétude, remplacé par son original italien), est un chef cuisinier ou artiste qui prépare les pizzas dans une pizzeria. 
Certains pizzaioli (masculin pluriel de pizzaïolo) se livrent à des acrobaties lorsqu'ils malaxent la pâte à pizza, lançant la pâte et la rattrapant de manière spectaculaire. Des compétitions sont organisées ; à l'origine, on les recensait surtout en Italie et aux États-Unis. Certains pizzaioli acrobatiques (ou voltigeurs de pizzas), à l'image du Sicilien Paolo Bucca, champion du monde en 1998, 2001 et 2002, ou du Franco-Allemand Tangini Vernini, double champion d'Europe, sont parvenus à se faire une renommée mondiale en la matière.
Il est à noter que dans une pizzeria, en plus de la qualité du produit lui-même, un pizzaïolo sachant exécuter différents jonglages et voltiges donnera à l'établissement une ambiance de qualité, qui lui permettra d'avoir une certaine « cote » auprès de la clientèle. C'est une tradition qui, de nos jours, est devenue un argument commercial.
Musique du générique de fin.


Non seulement les pizzas sont arrivées à l'heure, mais la Fée a même négocié le dessert à l'œil. Une flopée de petits pots de Häagen-Dazs. Le temps d'engloutir la pizza, en beaucoup moins de temps qu'il a fallu pour la préparer, je vais vous faire une autre petite leçon wikipédienne chère au Barde à propos de Häagen-Dazs...
Comment ça non ?!
Le lancer d'assiettes n'eut pas lieu, Häagen-Dazs à même le pot avec sa petite cuillère en plastique. Pas de lancer d'assiettes, pas de casse. Il nous a manqué ce petit bruit de fracas d'assiettes sur le carrelage qui fait que le trou soit un trou et que le mardi soir soit un mardi soir. Je me suis dit qu'en rentrant chez moi, j'allais en casser une, histoire de ne pas chopper un acouphène. On sait jamais.

Une petite belote de comptoir où Dieu rappellera à Dudu par une magnifique branlée qu'il y avait une justice (et que les cartes ne sont toujours pas équipées d'ESP) et le trou a retrouvé son calme dans un état presque impeccable. C'est Maria qui va être heureuse.

30 novembre 2012

Contre les Ruines, Les Archiball ne construisent pas la victoire

Par Le Barde


Mais pourquoi donc les Vieilles Ruines ? Si au moins, on avait eu droit à un oxymore du genre les Jeunes anciens. En puisant dans Le petit Robert, j’ai  trouvé deux définitions du mot ruine : 
- débris d’un édifice ancien dégradé ou écroulé.
- Personne qui du fait de l’âge, des chagrins a perdu la plus grande partie de ses forces, de sa beauté, de ses facultés.

Laquelle a incité les anciens de Gradignan à accoler au mot vieilles celui de ruines comme pour accentuer l’effet du second sur le premier ? Allez savoir. Toujours est-il que les vieilles ruines se portent plutôt bien à en juger par l’opposition qu’elles proposèrent mardi soir. Sans doute est-ce un excès d’humilité ou une manière de faire la nique au temps qui les a poussés à s’affubler d’un pareil sobriquet. Allez savoir. 

Il y avait du monde à Musard. Et du beau monde. Tout commença par un toucher. Il permit aux vieilles des Archis de fouler le pré. Car des ruines, mêmes vieilles, il y en a partout. Aux Archis comme ailleurs. Les jeunes trépignaient. Vint le temps du plaquer. Gwen était aux anges. Deux mi-temps de 15 minutes orchestrées par l’homme à la valise, la divine Amélie. La partie fut équilibrée. Walid fut féroce en défense et cueilleur en touche. Chasseur et cueilleur en somme. Walid, il applique Lévi-Strauss à la lettre. Jusque sur le pré. Léo fut admirable de vigueur, de pénétration, d’énergie. Gwen avait quelque chose de la bûche, et Arnaud de Jauzion. Benoît, futur Archiball, a montré ce que défense veut dire, et l'invité, Bouscaille, arrachait les ballons comme on cueille des mûres. Rien n’y fit cependant, les vieilles ruines l’emportèrent. 

Pour les Archi, le Toulousain fut le premier à franchir la ligne et ramener le score à égalité. Toto y alla aussi de son essai. Mais les ruines l’emportèrent. Quatre essais à trois. Rien à dire. Pourtant le Général était là et quand le Général est là les frivolités ne sont plus de mise. Le Général, il apprécia tout particulièrement le dernier essai des archis. Tout en puissance avec Domi à la clé. Mais voilà, les ruines n’avaient rien de ces vestiges que l’on croise à Agrigente ou à Baalbek. Baalbeck ou Baalback ou Balbeck ou Balback ou Baalbec, en arabe بعلبك est l’ancienne Héliopolis des Romains. Aujourd’hui, la ville moderne, chef-lieu du district de Baalbek, au Liban, compte environ 80 000 habitants, majoritairement chiites. La température la plus élevée du Liban y a été recensée avec 47°C. La ville antique, située dans le nord de la plaine de la Békaa, est composée de ruines de l’époque gréco-romaine, avec des traces plus anciennes de l’époque sémitique. Le site figure sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Le complexe de trois temples géants laissé par les Romains comprend :
- Le temple de Bacchus, un des temples les mieux conservés du monde gréco-romain,
- Le temple de Jupiter dont il reste six colonnes de granite,
- Le temple de Vénus.

Quelques ballons tombés, une erreur de défense, et la raison prenait le dessus. Quelle première ligne cependant. Pendants quelques minutes, les deux Jérôme (de Carvalho et Baudet) entourèrent Léo. C’est vrai que notre Baudet a pris du poids et qu’il a quelque chose en lui de Debaty. Mais notre douanier, que venez-t-il faire dans cette galère ? La polyvalence a ses limites. Le douanier, néanmoins, s’acquitta de sa tache avec l’humilité qu’on lui connaît. La Piballe fut un parfait demi-de-mêlée, secondé en seconde mi-temps par Hervé (Delage). Seb se prenait pour Michalack et  Peyo pour Casanova en nous chantant : Les vieilles ruines c’est comme les cochons, plus ça devient vieux, plus ça devient… Puisqu’il faut un castor d’or, ce sera Léo. Mais avec une pointe de Walid. Sur le terrain de Bergonié, les vieilles des archis poursuivaient leur toucher. 

Au trou, Pioupiou jouait les maîtres-queux par traiteur interposé. Nous fûmes dans l’abondance. Pioupiou avait mis un tablier blanc et des lunettes d’intello. Il était très mignon Pioupiou avec son tablier blanc et ses lunettes d’intello. Et quelle bonne idée de commencer avec une soupe à l’oignon. Un hommage indirect à Pépé puisque Pépé est le fils de Soupalognon Y Croûton (cf. Asterix en Hispanie). 

Périclès dit Pépé, à droite, fils de Soupalognon Y Crouton, à gauche.

Puis :  taboulet, charcutailles, salata di pasta. Puis la viande rouge pioupioutesque : fondante sous la bouche.  Puis lancer d’assiettes improvisé et très destroy du Préside. Une avalanche, une cascade, un tsunami. Du jamais vu. Puis  fromage de brebis. Et surtout le dessert : Neptune poire confite au four, biscuit noisette, et caramel salé. Ni plus, ni moins. Pioupiou le servit avec une rare componction. Ca dévorait, ça bâfrait. Une orgie. Le trou était aux anges. Malgré la fausse note des ruines. Pas de match retour nous fut-il annoncé. Les vieilles ruines n’accueillent que les clubs licenciés. En quoi les vieilles ruines ne  sont guère licencieuses et, en cela, portent bien leur nom. Le monde bouge, change et se défie de plus en plus de la norme. Il faut savoir rester jeune même lorsque l’on est vieux. Ce n’est pas la faute aux joueurs mais à leur président. 89 n’a pas eu raison de toutes les bastilles. Il faut réécrire l’histoire. 

What Else était là. Il y eut du café puisqu’il y avait What Else. Certes, il y a aussi du café quand What Else n’est pas là. Mais le café sans What Else, c’est un peu comme la Bohème,  ça ne veut plus rien dire du tout.

23 novembre 2012

Le cuistot de la semaine, rougaillard !


Par Le Barde



Ce n'était pas un temps déraisonnable, on ne prenait pas les loups pour des chiens. Non, c'était un soir de novembre où l'automne joue à cache-cache avec l'hiver. Un temps pour taquiner la gonfle, pour musarder sur le pré. La trentaine de castors qui avaient décidé de déjouer les affres de la vie ordinaire  s'en donnèrent à cœur joie. Et les quelques ballons tombés ne pesèrent pas lourds face à la beauté de tant de gestes. Il est vrai que JB était là. Il y a du Mozart dans JB ; c'est comme ça ; on y peut rien ; il y a une fatalité de la grâce même en rugby. Le jansénisme se niche partout. Côté Mozart, c'était merveille que d'écouter la Piballe chantait l'agnus dei de la Messe en ut dès que les siens avaient franchi la terre que l’on dit promise. Messe en ut, messe en rut rouspétait Perdigue, et pourquoi  pas la pute enchantée tant que tu y es mon barde. 

Au trou, la soupe au potiron de Croucrou ouvrit le bal, douce, onctueuse, ronde. Une soupe ronde, je sais, ça ne veut rien dire mais je m’en branle. Avant que de déposer la soupe dans nos assiettes, Croucrou rappela l’identité du potiron. Il prit une pose professorale, demanda à Amélie de se tenir à carreaux et, appuyant chaque mot d’un ton docte et sentencieux, il débita ses litanies maraichères. « Mes castors, le potiron ou Cucurbita maxima est une plante de la famille des Cucurbitacées originaire du sud de l'Amérique du Sud et plus précisément de l’Argentine, de l’Uruguay, de la Bolivie ou du Chili. Cette  courge a été introduite, comme toutes les courges,  en Europe et en Chine, par les Portugais au XVI siècle ». (Jérôme éprouva à ses mots une émotion considérable et essuya quelques larmes). Pépé s’en prit à la cucurbite maxima de Croucrou qu’il jugea factice. Dédaigneux, Croucrou poursuivit sa mélopée. « On confond souvent les courges avec les gourdes (Lagenaria) ». Il ne put s’empêcher de lancer alors un regard dédaigneux vers Pioupiou. Puis, il reprit le fil de ses pensées cucurbitaciennes. « C'est à Charles Naudin que l'on doit, en 1860, la distinction entre les différentes espèces de Cucurbita maxima. Attention précisa-t-il : il ne faut pas confondre les potirons et les citrouilles. La citrouille est de forme ronde et de couleur orange. Son pédoncule est dur et fibreux, avec cinq côtés anguleux, sans renflements à son point d'attache. Sa chair est filandreuse. Le potiron est plus ou moins aplati, sa couleur va d'un orange rougeâtre au vert foncé. Son pédoncule est tendre et spongieux, cylindrique et évasé près du fruit. La chair du potiron est plus sucrée, savoureuse et moins filandreuse que celle de la citrouille ». Et de conclure : « tout, oui tout me prédisposait au potiron ». « Tu nous les gonfle avec ton pédoncule, est-ce que j’ai une gueule de pédoncule moi ? » asséna Pépé. « Oui, répliqua le Tcho, et ta gueule de pédoncule, je me la coltine depuis mes premiers jours ». 

Après la soupe au potiron, le grenier médocain et du pâté. Vint l’essentiel et l’essentiel, c’est le Rougail saucisse. Là, Croucrou fut plus synthétique. « Le rougail saucisse est un plat réunionnais, à base de saucisses créole coupées en morceaux, accompagné de riz et de rougail (tomates coupées en petits dés, petits morceaux de mangue verte, gingembre pilé, oignons émincés et piments) ». Il récita la préparation du Rougail saucisse comme s’il déclamait du Racine : 
Dans une cocotte faites dorez les oignons avec l'huile et ajoutez les saucisses coupés en morceaux.
Puis ajoutez l’ail et le gingembre, les tomates. Mélangez bien.
Ajoutez le thym et le curcuma, plus le piment et un petit peu d'eau.
Couvrez et laissez cuire à feu doux pendant 1/2 heure environ.
La sauce devra être très rouge et épaisse, ce qui indiquera la fin de la cuisson.
Accompagnez avec du riz.
Nous étions très nombreux au trou hier. Mais Croucrou avait anticipé. Il sait son charisme. En sorte que nul ne fut lésé. Il resta de la Rougail saucisse. Croucrou, il est généreux. Et c’est d’ailleurs à ça qu’on le reconnaît. Kiki déposa sur le bout de son doigt une sauce au piment vert et offrit une bouche curieuse à l’épice redoutée. Il fit comme si de rien n’était. Reste que sa gueule devint plus écarlate qu’à l’accoutumée. Alain-Charles s’inquiéta de sa métamorphose. Kiki resta de marbre. D’un marbre rouge vif. 
Puis ce fut l’Apocalypse, l’Apocalypse crouseillenne. Car Croucrou « entendait soutenir l’espérance des persécutés, ranimer la vigilance des tièdes et solliciter la conversion des égarés ». En hommage au regretté Coutenuit, inventeur du rite de l’assiette,  un orage s’abattit sur le trou. « Et ce furent des tonnerres, des voix, des éclairs et un tremblement de terre. » Titi qui s’était rapproché de moi-m’aime vit les goulots des bouteilles de Jean-Phi décapités un à un à mesure que l’obole, pareille à un disque lancé par un athlète sparte, se rapprochait de ses mains. Il ne parvint pas à la saisir et son corps fut constellé de vinasse. Alléluia, alléluia cria-t-il. « Et sa voix était comme la voix des océans ». Pépé, le regard tourné vers le ciel, eut une pensée émue pour celui qui fut des nôtres et qui le restera. 
Le dessert apaisa nos corps éprouvés. Assis à côté de Croucrou pour une raison que j’ignore, Jean-Phi était aux anges. Lolo le moqua ; il n’en avait cure. Chacun d’apaiser son palais meurtri par la chair suave d’un entremet enfantin. « Ah ! les doux entremets des délices enfantins » dit Perdigue dans une indifférence générale. Dépité, il murmura : « La chair est triste hélas et j’ai lu tous les livres ». « Et mes burnes, avec la gueule que t’as, tu ne vas pas nous la jouer conquistador des bibliothèques » lui dit Pioupiou. « Tant que t’y es, t’as qu’à te prendre pour Borges. Que ta chair soit triste, ça saute aux yeux, mais que tu aies lu tous les livres, à d’autres. » Perdigue rendit les armes, comme un enfant livré à la vérité de sa faute. 
La nuit accueillit des castors repus. Comme je rentrais dans mes foyers avec Eric (Léonard) et que nous croisions Hamilton, il avoua son admiration pour sa ligne sur laquelle le temps ne semble pas avoir de prise. Et d’ajouter que le temps est une teigne sauf pour de rares élus. Nous reprîmes en cœur quelques chansons du grand Jacques avant de rejoindre nos pénates. Gémir n’est pas de mise aux archis.

14 novembre 2012

Le cuistot de la semaine, cancre de Chine


Par le Barde


Alors Loulou s'approcha de Musard. Il vit Pascal et lui dit : « Pascalou, tu n'es qu'un enculou. » Loulou a la rime riche. Puis, engoncé dans sa moumoute en Loup – la moumoute en loup à Loulou –, il se dirigea vers le vestiaire, se changea, pénétra sur le terrain annexe, taquina la gonfle et inscrivit un essai de rêve sous l'oeil dépité de Dudu qui geignait : « Je n'y arriverai jamais. » Pour une raison inexplicable, Lolo dit à Loulou : « Et gros tu le sens ton anneau. » Lolo feignit une réponse et poursuivit ses courses dévastatrices sous l'oeil énamouré de Kiki. Yannick, pareil à Pioupiou occupait une aile. (L'aile est une occupation comme une autre). On eût dit un menhir à bras se contentant de tendre une main coupable pour stopper de manière illicite les initiatives adverses. Las, Arnaud le contournait à l'envi. Et Yannick était pareil à un épouvantail inoffensif qui, tournoyant sur lui-même, ne brassait que du vent. Arnaud en passant lui chantait la chanson des courants d'air sur l'air de Singing in the rain.

Au trou, What Else était là. Quand What Else est là, le trou redevient vraiment le trou. Il y avait aussi Poulet. Le trou était plus trou que jamais. En cuisine : Jean-Louis (pas Valadié : Corsenac). Il assura, comme d’ordinaire, sur le mode asiatique. Tout commença par des nems sis sur un tapis de menthe et de salade. Le nem (Vietnam du Nord) ou Chả giò (Vietnam du Sud) est un mets festif traditionnel du Vietnam. Très apprécié à l'ancienne cour impériale du Vietnam, ce mets est communément appelé Pâté impérial ou Rouleau impérial en France et Spring Roll ou fried Spring Roll ou Vietnamese Roll dans les pays anglo-saxons et à Hong-Kong et Rouleau de printemps en Suisse. Au Vietnam du Sud, l'appellation « nem » réfère à des morceaux de porc de forme carrée fermenté (nem chua) ou une brochette de boulettes de viande de porc, cuite au barbecue (nem nuong).
Alors, Titi chanta nuit de chine. Il a l'antienne orientale Titi. Exit Marcel Amont et ses foireuses calembredaines mexicaines. Walid se sentit obligé de chanter Si tu vas à Tokyo et fit un bide sous l'œil goguenard de Jean-Phi. Les géographies culinaires de Walid font fi de la géographie réelle. Assis en face de Seb, je contemplais admiratif son art  de la baguette. Un as.  Tout le contraire de Kiki dont l'embarras me tira des larmes. Pépé, lui, il s'en branle des baguettes. La fourchette, rien que la fourchette. Orient ou pas. 

Nous eûmes deux plats. Boeuf au saté et son riz cantonais et porc au caramel avec son riz nature. Loulou démontra que ses séjours en Chine ne furent pas vains. Approchant son assiette de ses lèvres goulues, il poussait les grains de riz dans sa bouche comme autant de victimes promises à son orifice. Pour une raison obscure, il fut question de nos établissements scolaires. La guerre des écoles en somme. Avec une invraisemblable fierté Lolo s'en prit à Pascal : "Moi, j'ai pas fait dix ans de médecine. J'ai fait dix ans à la Sauque. On a les internats qu'on peut." Tivoli fut mis à l'index. Pioupiou se haussait du col avec ses marianistes. « Grand-Lebrun est une illusion, un mirage, une vue de l'esprit lui asséna Hamilton. Et question rugby, c'était le degré zéro ». Pioupiou se redressa. On craignit un père Abraham. Pour prévenir toute manifestation biblique, Lolo prit la parole : "Commencé dans la chambre froide, Pioupiou a été achevé sur le billot. Alors ses marianistes, il peut se les foutre où je pense." "Justement à quoi penses-tu, hi !hi !" lui demanda Jean-Phi en plissant les yeux. Et pendant ce temps-là, Pépé y allait de sa fourchette,  imperturbable, désespérant le Tcho, impuissant à capter le moindre grain de riz, le plus petit morceau de viande.

Il n’y eut pas de fromage. Le fromage n’appartient pas à la culture asiatique. « La culture asiatique, c’est une culture de merde dit Pépé ». Un pays sans fromage, c’est comme un cardinal sans son  toutim. Adoptant un air guilleret, Pépé ajouta : Connaissez-vous cette maxime de Chamfort : « Qu’est-ce qu’un cardinal ? C’est un  prêtre habillé de rouge, qui a cent mille écus du roi, pour se moquer de lui au nom du pape. » « Putain Pépé, dit le bon docteur, Putain, tu es vraiment céleste. » 

Une salade de fruits vint conclure nos ébats. Bien sûr, le litchi, ou letchi, était de mise. Jean-Louis tint à parler en profondeur des litchis. Le litchi, ou letchi est un fruit comestible. Il est produit par Litchi chinensis, une espèce d'arbre tropical de la famille des Sapindaceae. La partie consommée est l'arille juteuse qui entoure une graine unique. Le litchi ressemble, par sa structure, à d'autre fruits tropicaux de la même famille : le longane (ou longani), le ramboutan (ou “litchi chevelu”), la quenette. Le nom provient du chinois 枝 ou en pinyin lìzhī. L'arbre est originaire de Chine.Le fruit est une petite sphère de 3 à 4 cm de diamètre, parfois un peu en forme de cœur, entourée d'une enveloppe assez coriace d'aspect écailleux qui prend une couleur rose à rouge à maturité. Les fruits sont portés par des grappes pendantes. Chaque grappe compte quelques unités à quelques dizaines de litchis. Chaque petite sphère est généralement unique, mais comme le fruit provient d'une fleur à deux carpelles, il arrive assez souvent de trouver des litchis doubles à deux sphères égales ou dont l'une des deux est présente mais atrophiée. Après cueillette, la couleur de la coque brunit assez rapidement mais la saveur et la qualité du fruit se maintiennent au-delà de ce brunissement. L'intérieur du fruit contient une partie pulpeuse, de couleur blanc vitreux, parfumée et juteuse, riche en vitamine C, qui est en fait une arille, une excroissance produite au niveau de la bordure du hile, la cicatrice nourricière de la graine. Bien qu'il y ressemble, le litchi n'est donc pas une drupe car le mésocarpe, au lieu d'être développé et charnu, ne forme que la mince pellicule médiane de la coque. Au centre du fruit se trouve la graine unique, de forme oblongue, de couleur brun vernissé, qui ressemble à un petit marron d'Inde allongé. Cette graine est toxique et ne doit pas être consommée.

« La quenette, ça me connaît, hi ! hi ! » fit Jean-Phi. Et d’ajouter « Jean-Louis, hi ! hi ! t’es qu’un ramboutan, hi ! hi ! Et toi Arnaud, hi ! hi !, Et toi Arnaud, tu es mon arille hi ! hi ! ». Pépé, médusé, prit ses cliques et ses claques, suivi comme un seul homme par le Tcho, What Else et le bon docteur. La soirée touchait à son terme. Une belote de comptoir s’improvisa. Yannick était à la tireuse. Lolo et Loulou conversaient. Ainsi que Léo et Jean-Louis (l’autre). Minuit sonna. Le trou se vida peu à peu. La nuit était belle. Le trou, c’est un conte de fées.

11 novembre 2012

Le cuistot de la semaine, ça garbure à sec !

Par Le Barde


Novembre à Musard a des relents de printemps. Les vieux sont en forme. Leur toucher de balle fait merveille. Il y avait Loulou, Dudu, Hamilton, Kiki et moi-m'aime. Titi, il n'a pas encore franchi le seuil de la vieillesse. L'épopée d'Aguilera en témoigne.
Ce fut un festin de passes et d'essais. Avec, ça et là, quelques ballons tombés. Mais si peu, si peu. Bien sûr Dudu râlait. Un peu moins que de coutume. Et Loulou rayonnait. Il avait retrouvé ses petits. Il fallait les voir s'agglutiner autour de leur mère poule. La Piballe jouait de sa crête pour faire l'intéressant. Loulou le tança. Puis tout fut calme, luxe et volupté. Dudu caquetait encore un peu.
JP était aux fourneaux. Plus poivre et sel que jamais. Même quand il est aux fourneaux, JP a la classe. De l'ordinaire, il fait une action de grâce. Ainsi de cette garbure sèche qui conjuguait tout ce qu'une salade peut offrir de bienfaits : pommes de terres, lardons, tomates, jambons... Une douceur exquise.
JP, c'est un gentleman. Ce qui ne l'empêche pas de taquiner l'Italie. Nous eûmes ainsi des lasagnes à foison. De tendres lasagnes. Pour une raison inconnue, Lolo entreprit Jacouille. « Le père Abraham, c'est Guitou » lui asséna-t-il. Guitou démentit sans conviction. En sorte que la danse frénétique de Pioupiou n'est ni plus ni moins qu'un hommage à l'habitant du cours Clémenceau. Rien à voir avec les lasagnes me direz-vous. Et c'est vrai. Sauf à ce qu'un apprenti écrivain se lance dans un roman dont le titre pourrait être Les lasagnes d'Abraham. Il y serait question du sacrifice d'un agneau au doux nom de Pioupiou. Juste avant d'être sacrifié, l'agneau se lancerait dans une danse frénétique. Et au moment où le couteau menacerait de s'abattre sur le pauvre Pioupiou, le père Abraham (Guitou), suspendu aux lèvres du Très Haut, lui laisserait la vie sauve en lui disant : « Va mon agneau, retrouve tes cruches fécondes, ainsi m'a parlé le Seigneur ». Et de rajouter : « Partageons un plat de lasagnes pour fêter ton salut. » L'ambiance était paisible. Sans doute est-ce la cause de cette parole de La Piballe : « Une Soirée Maigret en somme : une soupe, une pipe et au lit. » Pourtant, il n'y eut ni soupe ni pipe. Par contre, il y eut des cigares. Au grand dam du grand Tom qui était là et c'était bien. Alors Titi chanta du Marcel Amont. Pourquoi Marcel Amont et pas François Valéry. Nul ne le saura. Marcel Amont, c'est une vraie pipe et François Valéry aussi. Et pourtant Titi chanta un mexicain basané. Et fit un flop. Les flops, cela évite d'avoir le cigare. Titi,  de toute manière, il n'aura jamais le cigare.
JP lança les assiettes, la main ferme et précise. Deux tomes de Saint-Nectaire furent livrés à la convoitise de l'assemblée. Puis, un fondant au chocolat avec sa crème équivoque nourrit nos estomacs chancelants et des pensées séminales. Avant que des clémentines n'apportent leur fraîcheur bienvenue.
Le café vint. Du café Trémulus, « le café qui déborde par là où nos us s'expriment ». Ce n'est pas moi qui le dit, c'est Léo.  Un petit verre de Manzana et nous regagnâmes un ciel bleu nuit qui n'attendait plus que nos rêves. La Piballe sans doute se transforma en Fikou et Lolo en Maestri.
Quant à JP, je suis certain qu'il se voyait en Gary Grant dans Elle et moi, le film sublime de Léo Mac Carey. Mais peut-être était-ce La mort aux trousses ou Arsenic et vieilles dentelles. JP, il a tout d'un Grant.

31 octobre 2012

Le cuistot de la semaine et l'abat si j'y suis

Par Le Barde



Les premiers froids sont gages de beau jeu. Le rugby fut d'abord pratiqué dans un pays de pluie, de vent. Le ballon quitta bien de temps en temps les doigts gourds de Peyo, Régis and Co ; n'importe, le jeu fut alerte, vif et les vieux surent distiller des passes pleines d'à propos aux jeunes pousses en cannes. La partie fut  équilibrée. Dudu, de prime abord, payait guère de mine ; peu à peu, il recouvra de l'allant et, s'abstint de tout commentaire. Non, j'exagère. Dudu sans commentaires, c'est un peu comme si la Vénus de Milo avait retrouvé ses bras ou Pépé perdu sa langue.

Au trou, il y a de nouveaux bocks. Ils sont bleus et frappés aux armes des castors. Au trou, Hamilton redonnait au B sa juste place. La première. Tout abécédaire est arbitraire. Le B est  A ; c'est ainsi et pas autrement. Hommage au bêta grec en somme. Et lorsque j'écris cela, je ne pense pas à un benêt ou un niais du pays d'Homère mais à la deuxième lettre d'un alphabet dont il demeure le maître inégalé. Est-ce pour cette raison qu'Alain avait préparé le b.a.-ba des abats ? Il y avait là, en effet, de petits coeurs de canard, de foie, de gésiers. Mais seul, un abat n'est rien. Ce n'est pas s'abaisser que de penser de la sorte, ni s'abandonner  à une herméneutique arbitraire. Hamilton, avec une délicatesse toute japonaise, avait ainsi réparti dans de petites assiettesdes pignes de pin, de fines lamelles d'oignon. Il n'y avait plus qu'à ajouter des feuilles de salade et la sauce vinaigrette. L'ABC d'une entrée réussie en somme. Passé l'ABC, Alain déposa une longue marmite sur la table légèrement dégarnie. En son sein, des pommes de terre marinait dans une sauce au curry avec de petits lardons, du céleri, et un veau tendre à souhait. Un régal. Il faut savoir rompre avec le cassoulet.  Alors qu'il allait entamer sa première pomme de terre, avant de l'avoir introduit dans sa bouche, pour une raison indéterminée, obscure, Bernard s'adressa à Guitou en ces termes : « T'as déjà tiré un travelo ? » Et Guitou de répondre : "Non jamais, moi je file droit, je n'emprunte jamais les chemins de traverse. Sauf pour atteindre l'Acongagua." Jacouille resta de marbre.  Et  récita les Évangiles. Les miasmes de ces pensées putrides ne l'atteignaient pas. Jacouille, c'est un pur. Je sais bien qu'il faut se méfier de la pureté, que « la pureté c'est le vitriol de l'âme » ; n'empêche, Jacouille c'est un pur, et je ne dis pas cela par esprit d'escalier. Pendant ce temps-là, Hamilton conversait avec un Pépé particulièrement remonté contre le changement horaire. « On ne badine pas avec le temps. On peut badiner avec l'amour. Pas avec le temps. Les saisons nous dictent le temps. Ceux qui  tripotent le cours du temps sont de gros enculés. Dommage que le père Heideger ne soit plus de ce monde. As-tu lu L'être et le temps mon petit Hamilton ? » Alain dévorait Pépé des yeux et lui déclama le premier vers d'Elsa : « Je vais te dire un grand secret, le temps c'est toi. » « Merci mon petit. Permets-moi de te répondre avec du René Char : "A tout effondrement des preuves, le poète répond par une salve d'avenir."  Si je suis ton temps mon petit Alain, sois ma salve. » Et Alain d'opiner du chef lors que deux petites larmes sillonnaient les joues de Pépé.Donc Alain se fit salve et lança les assiettes. La première, bien sûr, fut pour Pépé. Alain lança Zen. Pas de casse. Pour chanter le fromage : du camembert. C'est mieux que de la vache qui rit, on en conviendra. Il n'y eut pas de chant, mais il y eut du camenbert. Enfin ce fut le temps des compotes. D'une compote de pommes dans laquelle se prélassait des bâtons de cannelle. Avec des langues de chat en sus. Ce qui fit dire à Lolo : « Y'a les langues de putes et les langues de chattes ».

Toujours pas de What Else. Florian assure et assume. Florian n'est pas What else, ça saute aux yeux. Mais Florian fait le café quand What else n'est pas là. La soirée pouvait donc s'achever avec une belote de comptoir. Seuls Hamilton et Don restèrent. De quoi conversèrent-ils ? Seule la nuit le sait. Une nuit de novembre étoilée.

24 octobre 2012

Le cuistot de la semaine carrossé au Brésil

Par le Barde


Le redoux aiguise les ardeurs printanières. Une vingtaine de castors étaient au rendez-vous de Musard. JB en tête, mais aussi Corsenac, Dudu, Alain, Titi ou moi-m'aime qui étions un peu la vieille garde. Seul Alain taquina le cuir auprès des jeunes. Il ne dépareillait pas. L'objectif préserve, c'est entendu. Ça galopait, ça commettait des maladresses mais ça s'amusait. Léo était particulièrement affûté, enquillant les intervalles et les essais comme autant de pierres précieuses. C'est un romantique de la béchigue Éric (Léonard, pas un baroque. Baroque, mon Perdigue, vient du portugais baroco : perles irrégulières. Le Portugal, j'y reviendrai, comme l'on revient à Ithaque. O toi mon Homère, le premier des bardes, je chante l'Iliade des près et l'Ithaque du trou.

A Ithaque, Yannick était commis d'office par un abécédaire qui fait des siennes. Le B n'est pas encore épuisé que l'on passe au D en faisant fi du C. Il est temps de recouvrer l'ordre et les rigueurs de notre langue. Et par parenthèses, le d d'Homère (pas le dé) ne vaut pas ; le G  l'emporte. Un point c'est tout.

Tout commence avec des gambas. Yves Coppens l'a dit. En bon disciple, Yannick s'en remit à la Genèse. Et les gambas furent. Exquises, craquantes, délicieuses. Il y a de l'Ève dans la gambas et de l'Adam chez Yannick. Pour donner une suite au cassoulet de Toulouse, Yannick avait concocté un cassoulet portugais : La feijoada. Petit cours :  la feijoada  est un plat très populaire au Portugal, et au Brésil, à base de haricots noirs (feijão : haricot en portugais), de riz et de viande de porc. Le riz, il s'en branle Yannick.


La viande salée et la viande séchée, ainsi que les diverses parties du porc (queue, oreilles, peau, pattes, os...) sont cuits ensemble. Les haricots noirs sont cuits à part. Puis le tout est mélangé dans un grand bouillon avec des herbes afin qu'un échange de saveurs s'effectue. La viande et les haricots sont ensuite séparés (ou non) à nouveau avant d'être servis.

Jean-Phi s'écria :  « Yannick, tu me fais voyager » après avoir entamé sa feijoada sous l'oeil circonspect de Croucrou et de la Fée.  Alors Corsenac, s'adressant à Titi, dit : « les carottes sont fermes ». Titi gigotait, insensible à ce parti pris. Il conversait avec JB ; lorsque l'on converse avec JB, l'on déserte le fortuit, l'accessoire, le futile. Il ne faut pas faire de faux pas ici asséna JB à Corsenac. Et il loua la Castafiore tout en picorant dans la fiojada  pour en extraire les haricots et les pétales de chou. Pour JB, la fiojada, c' est le jardin des délices ou le jardin d'Oronte. D'un air docte et supérieur, Tcho psalmodia une sentence assez éloignée de la conversation qui portait, à cet instant précis sur la Jaguar XJ8 de Jean-Louis : « Le grouin est dans la touffe ».  A quoi Corsenac répondit an citant la  Ceausescu : « Tout corps plongé dans un liquide finit par avouer ». Eric (Léonard) se gratta le bout du nez et dit : « Mais oui, mais c'est bien sûr : tout porc plongé dans le liquide finit par avouer. » JB acquiesca : « la carosserie, ça me connaît. »

Les assiettes volèrent sagement. On s'attendait à pire. Yannick a gagné en sagesse. Il nous concocta des fromages royaux avant de passer à la tarte. « Mets-lui un doigt à la tarte » recommanda Titi comme Yannick coupait en tranches le dessert éponyme. Corsenac d'ajouter : « Il  va falloir remettre de l'ordre dans le jeu de boules. » Jacouille était aux anges, il se reconnaissait dans ses propos épars dont il pressentait le dessein exclusif.

Reviens Jacky entonnèrent  les castors la larme à l'oeil en chantant une 4RL que Corsenac répudia d'une pichenette. « Ma XJ8 emmerde la 4RL de Jacky, ma XJ8, elle est pas pourrie comme la 4RL de Jacky ». Il s'attira les foudres de JB : « Tout carosse est d'or ». JB, c'est le Jean Renoir de la
tôle.

Puis les castors se dispersèrent dans la nuit printanière, le cœur serré et le ventre plein. 2012 est placée sous le signe du cassoulet. Le haricot est éternel, le haricot est une action de grâce.

22 octobre 2012

Le cuistot de la semaine, le Saint-Esprit


Par Le Barde


Les scooters en rang d'oignons garés devant la grille de Musard augurent de la présence de Walid, Titi, Jérôme... Musard n'est pas Rome pour autant. Pas de Vespa. Par contre, il y a le petit scooter de Jérôme, celui plus traditionnel de Walid et le gros scooter à deux roues de Titi, engin hybride s'il en est que Titi chevauche avec une classe rare, un peu comme Nanni Moretti dans Journal intime. Il y avait un quatrième scooter ; j'en ignore le propriétaire. Pas de motos, par contre. Lolo revient à peine de Chine et Peyo, crachin oblige, avait pris sa voiture. Pas de Croucrou non plus. Croucrou, il était à New York avec un autre Éric (pas moi, Léonard). Il y croisa Sarko faisant son jogging, posa pour une photo souvenir et lui dit : « Elle va bien la petite ? » Croucrou sait parler aux grands de ce monde. Quant à l'autre Eric, il faut l'entendre parler de Manhatan, la voix nouée par l'émotion : « Putain, c'est grand, c'est grand New York USA ».

Retour au pré. Toujours autant de maladresses. Surtout dans l'équipe à Guitou. De beaux essais dans l'équipe à Jean-Phi qui foulait de nouveau l'herbe chiche de Musard après ses petits tracas de cheville. L'ambiance était bon enfant. Quelques râles émanaient ça et là de corps en détresse, ceci compensant cela. Peyo, quand il ne vient pas en moto, il courre plus vite. Mardi, il était particulièrement véloce et triomphal. Pas Yannick, mais ça viendra. Moi, je m'ennuyais, rêvant au cassoulet du toulousain. Et du cassoulet, il y en eut. J’y reviendrai.

Pourquoi bordel oppose-t-on les deux cités de la Garonne ? Le Toulousain, il va de soi dans la cité de Montaigne. Bon d’accord, il a son accent. Mais un accent, c’est comme un acte de naissance, une marque de fabrique. Et puis qui n’a pas d’accent n’est pas toulousain. D’ailleurs, ce n’est pas Bordeaux qui a mis à mal le XV de la ville rose mais une banlieue de cheminots, de morutiers, de maraichers : Bègles bien sûr. Et ce en 1949 (coupe de France), 1969 et 1991 (Brennus). Ne m’en veux pas Guitou, l’histoire s’est écrite ainsi. Mais tu peux te rattraper avec ton vieux stade, il fut le premier à damner le stade Français. C’était avant l’avant-dernier siècle. 

Le toulousain commença soft. Le plus lourd était devant nous. Et il y alla de sa petite salade. Philippe c’est un sensible, un tendre. Il sait les préliminaires végétaux. Alors vint le cassoulet, celui dont je rêvais lorsque je m’ennuyais sur le pré attendant l’improbable offrande de mes partenaires. Un petit cours sur le cassoulet.
La légende, rapportée par Prosper Montagné, place l'origine du cassoulet dans la ville de Castelnaudary, durant la guerre de Cent Ans (1337-1453). Durant le siège de Castelnaudary par les Anglais, les assiégés affamés auraient réuni tous les vivres disponibles (haricots secs et viandes) pour confectionner un gigantesque ragoût ou estofat pour revigorer les combattants. Ceux-ci purent alors chasser les Anglais et libérer la ville. Cette légende qui conforte le sentiment nationaliste et fait du cassoulet un défenseur des valeurs françaises ne résiste cependant pas vraiment à l'analyse. Certes la ville de Castelnaudary a grandement souffert pendant la guerre de Cent Ans. Elle fut d'ailleurs partiellement brûlée par les troupes du Prince Noir le 31 octobre 1355. Cette légende reflète ainsi le désir de prendre une revanche sur l'histoire. D'autre part, les haricots, originaires du continent sud-américain, n'ont été introduits en Europe que beaucoup plus tard (XVIe siècle), il s'agit donc plus probablement de fèves ou de doliques (moujette ou mounjette en occitan) qui étaient consommées à l'époque en ragoût.

Le cassoulet, qui s'appelle encore au XVIIe siècle estouffet, prend au XVIIIe siècle, le nom de cassoulet du nom du plat dans lequel il mijote, la cassole. La querelle sur le pays d'origine du cassoulet apparaît dès la fin du XIXe siècle quand la revue méridionale publie en 1890 un article affirmant que le seul cassoulet authentique vient de Castelnaudary. Anatole France appuie cette version quand il écrit « II ne faut pas confondre le cassoulet de Castelnaudary avec celui de Carcassonne qui est un simple gigot de mouton aux haricots. ». La question se nationalise vers 1900 quand le critique gastronomique Edmond Richardin lance un débat sur ce sujet dans la gazette parisienne. Chacun prend alors parti pour un pays (Castelnaudary, Carcassonne, Toulouse) en oubliant l'existence de versions locales comme Villefranche-de-Lauragais, Narbonne, Montauban, Pau ou Pamiers. En 1911, Le cassoulet est chanté par le poète félibre Auguste Fourès qui retranscrit un chant anonyme de 1850. Ce plat s'invite sur la table de l'Élysée par le biais d'Armand Fallières.
Il est l'objet d'une querelle ancestrale entre trois villes : Castelnaudary, Carcassonne et Toulouse. La controverse porte sur l'origine du cassoulet, sa composition et les qualités gustatives des cassoulets préparés dans chacune des villes.
Le cassoulet de Castelnaudary est fait à partir de haricots blancs du Lauragais, il contient du confit d'oie, du jarret ou de l'épaule de porc, de la saucisse et de la couenne de porc, une carotte, un poireau et une branche de céleri. Il finit sa cuisson dans un four de boulanger dans lequel brûlent des ajoncs de la Montagne Noire. Le cassoulet de Carcassonne peut contenir de la perdrix rouge et un morceau de mouton. Le cassoulet de Toulouse contient du confit de canard et une saucisse de Toulouse, de la carotte et de l'oignon. On le recouvre parfois de chapelure avant de le passer au four. Le nombre de fois où il faut durant la cuisson au four, casser la croûte qui se forme à surface du plat est l'objet de grandes querelles d'experts (entre 6 et 8 fois selon les versions).
Pour arbitrer cette rivalité, Prosper Montagné (Carcassonne, 1865-Sèvres, 1948), un gastronome languedocien devenu cuisinier à Toulouse, a recours à une métaphore :
« Le cassoulet, c'est le Dieu de la cuisine occitane ; Dieu le Père, c'est le cassoulet de Castelnaudary, Dieu le Fils c'est celui de Carcassonne et le Saint-Esprit celui de Toulouse. »

Donc le Toulousain, c’est le Saint-Esprit. On le savait. Mais un Saint-Esprit sans carottes. Quand il lance les assiettes, Philippe, c’est un ange noir. Le trou ne fut que fracas. Les assiettes sifflaient dans tous les sens ; nous étions tous aux abris. Guitou tança le Toulousain qui n’en avait cure. Le cassoulet, ça donne des ailes. Ce qui, on en conviendra, n’a rien d’évident. Sauf pour le toulousain. Normal pour un ange, fût-il noir. Après le fromage, il nous offrit une salade de d’oranges. Retour à la délicatesse de ses  débuts. Philippe, il est mi-ange mi-démon. On l’aime sous ses deux versions. Rien de plus authentique que notre Toulousain. Et c’est pourquoi nous chanterons sans fin son cassoulet. Dire qu’il avait attendu tout ce temps pour nous le livrer. A Walid de nous la jouer sur le même tempo côté Liban. C’est pas pour tout de suite. Abécédaire oblige. On attend avec impatience.

11 octobre 2012

Le cuistot de la semaine et la quiche à Luc

Par Le Barde


Les castors sont en jambes même s'ils vendangent toujours autant de ballons. C'est l'automne, le cuir est pareil aux feuilles mortes. Il a pourtant je ne sais quoi de printanier cet automne-là ; une sève vigoureuse irrigue les corps, jeunes ou vieux. Il n'y a plus de saisons.
Au trou, Luc y allait de son évangile : « Sois sans crainte, petit troupeau » dit-il aux brebis rentrant au bercail. Et Luc « a comblé de biens les affamés ».
Tout commença par une quiche. La quiche est rare au trou. Par lui, avec lui, et en lui, elle abonde. O mane providentielle d'une quiche d'octobre. Mais une quiche sans salade, c'est le trou sans What Else, Poulidor sans Anquetil, Loyola sans Ignace. La salade, c'est l'alliée substantielle de la quiche, l'âme sœur. Ainsi parlait le seconde latte du Vaucluse, le sus-nommé René Char.
Côté plat du jour, un rôti de porc et sa sauce forestière. Avec son riz. Rizière et forêts ont toujours fait bon ménage. Comme la quiche et la salade. Un riz compact certes mais un riz quand même. Fini les mets de l'enfance, steaks hachés ou nouilles torsadées ! Encore que la quiche possède d'indéniables relents du paradis des temps jadis.
Alors Jacqouille arriva. De son pas leste, il descendit une à une les marches. Et, d'un air dédaigneux, il se dirigea vers la tireuse. « Je tire donc je suis » dit-il d'un air satisfait. Il se servit une mousse, posa ses lippes de charcutier sur les rebords de la pinte et gloussa de plaisir sous l'œil effaré de Lolo. Puis, levant les yeux vers le ciel à damiers, il récita les Béatitudes. Le temps du lancer était venu.
Il est adroit Luc. Le lancer fut sans fautes. N'était sa fin. Il fallait bien qu'une assiette tomba comme tombe le cuir à Musard le soir. Le fromage comme Mimi ne payait pas de mine. Ce qui n'enlevait rien à ses chairs. Enfin, le temps du dessert arriva. Un gâteau basque. Hommage à la quiche qui tire son nom de küchen, mot alsacien qui signifie gâteau. En sorte que nous eûmes l'Alsace et la Lorraine.  Les vieilles antiennes n'ont plus cours. N'en déplaise à Barrès. Oui, par la grâce de Luc, mardi, le trou était inspiré.

06 octobre 2012

Le cuistot de la semaine et les bienfaiteurs du trou

Par Le Barde



Il crachinait encore sur Musard mardi. Nous étions nombreux pourtant. Le crachin est plus redoutable certains mardis. Allez savoir pourquoi ?  Guitou mena d’emblée ses troupes au sommet. Depuis qu’il a franchi l’Aconcagua, Guitou n’a plus les pieds sur terre. Il tutoie les cimes. Les cimes aussi connaissent des faiblesses. Et Guitou revint sur terre. Après une ribambelle d’essais, les siens subirent la loi des autres, une loi terrible, implacable. Guitou est humble et, se tournant vers Gwen, il lui chuchota ces versets du Psaume 119 : « Combien j’aime ta loi, /tous les jours je la médite. » Gwen le moqua, et d’une main auguste lança ses hordes à l’assaut de la terre promise. Frôlant Guitou, il lui asséna d’un ton aigre : « Des laboureurs ont labouré mon dos,/ils ont tracé de longs sillons. (Ps.129) Le temps de la vengeance est venu. » Guitou ne lui en tint pas rigueur et d’un large sourire, ruisselant d’amour, il dit : « Ta parole est une lampe pour mes pas,/ une lumière pour mon sentier. »(119). Epuisés, fourbus, les castors regagnèrent les vestiaires, Guitou et Gwen bras dessus bras dessous. Seul Dudu regimbait. « Je t’en foutrais des psaumes maugréait-il. S’ils en veulent du psaume on va leur en donnait. Tiens, prenez celui-là dans la gueule : « Jusqu’à quand jugerez-vous de travers/en favorisant les coupables ? » (Ps 82), moi, j’en ai plein le cul des travers. Au rugby, comme dans la vie, il faut filer droit. »

Arnaud avait convié les bienfaiteurs du trou à son repas. Il dit : « Si le Seigneur ne bâtit la maison,/ses bâtisseurs travaillent pour rien. » (Ps127). Je suis le Seigneur, les bâtisseurs n’ont pas travaillé pour rien et par la grâce de nos bienfaiteurs, le trou nouveau est arrivé. » Et c’est tout naturellement qu’il nous servit des melons en entrée. Il y a comme un parfum d’été en ce début d’arrière-saison. Dans le prolongement du repas du Tarbais, Arnaud offrit en plat principal des nouilles, des nouilles torsadées, des nouilles torsadées carbonara. Et c’était bon. Jean-Pierre (Campech) en reprit, et Titi aussi. Il flotte comme un parfum d’enfance en ce début d’arrière-saison. Il est vrai que les jeunes pousses sont toujours plus nombreuses. Et c’est bien. Lolo était aux anges et poussait la chansonnette.

Vint le temps du lancer. Et ce fut le déluge, un fracas sans fin, l’Apocalypse. Il a un côté distroy le Président. Les bienfaiteurs étaient aux anges. D’autant que Lolo poussait encore la chansonnette et entonna l’hymne des castors. Les bienfaiteurs n’en pouvaient mais. Alors Arnaud prit la parole : « Oh ! quel plaisir, quel bonheur/de se trouver entre frères !/C’est comme l’huile qui parfume la tête,/ et descend sur la barbe,/sur la barbe d’Aaron, /qui descend sur le col de son vêtement. » (Ps.133) Pioupiou buvait les paroles d’Arnaud et me dit : « Mes couilles, tu ne m’avais pas dit que tu t’appelais Aaron. » « Mon Pioupiou lui répondis-je, si ce n’est moi, c’est donc mon frère, tourne-toi vers Perdigue. » « Ta parole est une lampe pour mes pas,/ une lumière pour mon sentier. » (Ps119) murmura un Baudet dévot en se tournant vers son président.

Après le bruit, le brie. Il se répandit sur les tables, un bon vieux brie de famille, coulant à souhait, onctueux, odorant en diable (le malin se niche jusque dans le brie). Et ce fut le temps des glaces, enfance oblige. Chocolat, vanille, rhum/raisin. C’est amusant : un trou neuf exaspère le retour à l’enfance. Pioupiou en profita pour se lancer dans un Père Abraham repris par l’assemblée. Les bienfaiteurs étaient heureux, certains d’avoir dispensé leurs bienfaits à bon escient. Le champagne coula à flot. Jacouille servit le café. Toujours pas de What Else. Le trou sans What Else n’est pas tout à fait le trou, fût-il remis à neuf. What Else revient !

A la semaine prochaine. Avec What Else.

26 septembre 2012

Le cuistot de la semaine, "Menu enfant"


Par Le Barde



Il crachinait sur Musard hier soir. Nous étions peu nombreux sur le pré. On se comptait sur les doigts de la main. Les cinquantenaires abondaient : Lolo, Hamilton, Gary Grant (cf.abécédaire des Archiball) Dudu, JB et moi m’aime. Je sais, je sais, JB et Dudu ils sont plus que cinquantenaire. Mais je m’en moque. Après tout un soixantenaire est un cinquantenaire qui a passé le cap de la soixantaine. On a l’arithmétique qu’on peut. Toujours est-il que les vieux étaient plus nombreux que les jeunes. Comme quoi, les vieux ils taquinent la gonfle même quand il crachine alors que les jeunes ne s’emploient que si le ciel leur sied. Je veux bien croire que le trou soit plus accueillant lorsqu’il crachine mais un trou sans préliminaires n’est pas un trou, et il n’est de bons préliminaires que sur le pré.  

Il flottait un parfum d’enfance au 1, rue de Bègles. La faute au Tarbais. Sur la table, des bouquets de sucettes. Pas des Pierrot Gourmand, ô enfance, mais des sucettes chimiques à l’excès, qui vous titillent le palais, des sucettes comme on les aime maintenant, rondes et sans chichis. Alors que la Pierrot Gourmand était plate et effilée (comme la queue des castors). Il fallait voir les larmes de Pépé lorsqu’il mit la délicate petite confiserie dans sa bouche après avoir ôté le plastique superflu. « Putain c’est loin mais c’est si bon dit-il » sous l’œil ému du bon docteur. Etonnamment, Lolo n’entama pas la chanson éponyme de Gainsbourg. A côté des bouquets de sucettes, des œufs mimosas. Comme à la cantine. De bons œufs mimosas dont les jaunes étaient répartis en fines « boules duveteuses ». Jean-Phi était aux anges et Lolo se gavait.  

Seb prolongea sa suite enfantine par de la purée, de la vraie purée, pas de la mousseline. Il traînait même des restes de pommes de terre dans la marmite. De l’authentique vous-dis-je, comme dans les écoles d’antan. Et avec la purée, pas du jambon, non, des steaks hachés, des steacks hachés de chez Pioupiou, délicat, moelleux, fondant dans la bouche. Une première. Jamais castor n’avait encore osé. Le Tarbais, il l’a fait. Enfance oblige. On eût aimé une salade pour célébrer « le vert paradis des amours enfantines ». Mais il n’y eut pas de salade. On en voudra pas au Tarbais.

L'ambiance cantine a réveillé le gosse qui sommeille en Lolo (c'est pas pour dire qu'il est enceinte, il est gros mais il n'est pas enceinte. C'est une expression). Qui ne le sait pas encore ? Lolo était la terreur des dames de cantine. Ce mardi, il fut la terreur des castors. Il a versé de l'eau sur le tabouret de celui qui se lève, il a enfoncé la main dans l'assiette de celui qui y a mis les doigts... Un vrai morpion. Mais comme il y a une justice, Lolo a fini par se perdre et a du attendre ses parents toute la soirée au comptoir. 

Le lancer d’assiettes fut chaotique. Jean-Phi, dont la cheville a été endolorie et malmenée par une de motte de terre, reçut quelques éclats d’une assiette qui ne lui était pas destinée et qui venait de ricocher sur quelques verres. Il a la poisse Jean-Phi. Rien que de petites égratignures, certes, mais il a la guigne notre Jean-Phi. Les oboles tombaient drues. Le Tarbais est plus à l’aise balle en mains. En fromage, du Kiri of course, «le fromage des gastronomes en culottes courtes ». Encore que le Tarbais il officia en culottes longues. L’enfance a ses limites. Et de petites tranches de Port Salut emmaillotées dans du plastique. Dudu eut alors cette phrase si profonde : « Je préfère un port salut à un mauvais brebis ». 

Enfin, en dessert, des pêches Melba ―du nom de la cantatrice Nelly Melba (1861-1931) ―, dressées dans une coupe en plastic sur une couche de glace et nappées de crème Chantilly (L'invention de la crème Chantilly est fréquemment attribuée – à tort et sans documentation contemporaine – à Francois Vatel, maître d'hôtel du Château de Chantilly un siècle plus tard. Un siècle après Vatel, la Baronne d'Oberkirch a loué la « crème » servie à un déjeuner au Hameau de Chantilly, mais sans l'appeler « crème Chantilly ». Cet épisode est parfois cité comme la « naissance de la crème chantilly ». Les noms « crème Chantilly », « crème de Chantilly », « crème à la Chantilly », « crème fouettée à la Chantilly », ou bien simplement « la Chantilly » apparaissent au début du XIXe siècle. La première édition (1806) du Cuisinier impérial de Viard ne mentionne ni la crème fouettée ni la crème Chantilly mais l'édition de 1820 en mentionne toutes les deux. La référence à Chantilly vient probablement de l'association du château éponyme à la bonne cuisine). On est à l’école ou on ne l’est pas ! 
Quelques castors traînèrent un peu autour du bar new look entamant la première belote de comptoir du nouveau trou. Une première ça se fête. Un petit Champagne rosé accompagna les ultimes récalcitrants. Dehors, il crachinait encore. Et Seb dansa sous la pluie.

(SMS à 7h13 ce matin : Le petit Lolo a retrouvé sa maman à l'entrée du parking.)

21 septembre 2012

Le cuistot de la semaine...

Par Le Blogueur



Ah, je ne vous l'ai pas dit, j'ai découvert les points de suspension !
Je parle pas des suspensions de ma bagnole, je parle de ces trois points qui se succèdent en tapant trois fois sur la même touche du clavier où il y a un point. Généralement, ils évitent de rentrer dans les détails et vous permettent d'imaginer la suite. Donc, pour moi, c'est moins de boulot, et pour vous, ça fait un peu d'exercice pour le cerveau… (là, les trois points vous laissent rêveurs).
Parce que mine de rien, internet rend vraiment fainéant.
D'abord il y a ceux qui reçoivent des mails et qui ne répondent pas en se disant que si c'est important, l'expéditeur renverra un autre mail de rappel, et ainsi de suite. Le mail qui a été envoyé par exemple pour avoir les coordonnées de tous pour la mise à jour du fichier des Archiball est un excellent exemple, n'est ce pas… ? (les trois points là m'évitent de faire la liste de ceux concernés parce qu'elle est longue.)
Il y a aussi ceux qui n'ont plus de mémoire et qui préfèrent muscler Google sur leur Iphone plutôt que muscler leur cerveau. « Mais si comment il s'appelle l'acteur qui a joué dans le film de machin avec l'actrice blonde là ? » Là, t'as pas besoin de chercher longtemps parce que Google est là et l'affaire est résolue. Comme les scores d'un match, même si tu l'as lu, quand on te pose la question et ben tu ressors l'appli de l'Équipe pour le retrouver. C'est pas bien ça… (cherchez pas, les points de suspension là m'évitent de réécrire ce que j'ai dit plus haut.)
Et puis il y a des études scientifiques qui prouvent qu'internet dérègle le cerveau comme l'OGM dérègle un rat. Sur scienceshumaines.com une étude démontre que « le public féminin a tendance à magnifier ses rencontres virtuelles. Ces femmes dissocient le sentiment amoureux du désir sexuel […], les hommes, par contre, sont nombreux à rechercher des aventures rapides qui, éventuellement, déboucheront sur l'amour. Car presque toujours sont dissociés pour eux le sexe et la flamme. » Hummmm, c'est grave docteur ? Oui, un peu ! Parce que dissocier le sexe de la flamme pour ceux qui ont le sexe en feu, il faut m'expliquer comment on fait… (là, les points supposent des explications en attente.)
Sans oublier qu'une autre étude précise qu'avec internet les sextoys sont rentrés dans les mœurs ! J'ai cherché dans tous les dicos, je suis formel, les mœurs ne signifient ni con ni anus. Je ne vois pas l'intérêt de fourrer des sextoys dans les mœurs… (là, les points sont censés vous donnez du temps pour comprendre la blague, sinon, laisse tomber).

Bon, allons-y. Je me sens plus léger.

Parlons peu, parlons rugby.
Voilà qui est fait.

Au trou, le monument rénové attire de plus en plus de touristes curieux, le Général était là. Le Général s'est dit qu'après un week end « journées du patrimoine », autant faire le pont jusqu'à mardi et faire une visite de plus le mardi soir. Accompagné de l'Amiral, ils ont décidé de se payer un guide local pour faire le tour, ils ont fait appel au Barde, déjà guide spirituel à ses heures. Comme le Barde a vu venir l'arnaque, parce que les vieux touristes discutent toujours les prix et ne laissent jamais de pourboire, il s'est retourné au bar picorer des cacahuètes… (là, les points c'est pour dire que les cacahuètes étaient abondantes).
Toujours est-il que ça ne débande pas, Poulet a même délaissé sa blonde pour une petite érection devant la qualité des travaux. A sa décharge (mais non madame Poulet, c'est une expression), Poulet manquait à la famille souterraine. Guitou aussi était heureux comme un gamin. Certes, le damier dessiné au plafond lui rappelle des mauvais souvenirs mais Guitou avait le sourire quand même, et pour ne pas gâcher la soirée, il a décidé de ne pas lever la tête et de garder les yeux rivés sur son assiette… (là, les points coupent court toute tentaive d'imagination, parce qu'il n'y a rien de nouveau en soi).

Au trou, si quelqu'un mérite nos applaudissements, c'est sans nul doute, notre vigneron en chef. Jean-Philippe a pris son mal en patience et s'est rendu au trou avec un héroïsme dont peu sont capable en ces temps de démission. Jean-Philippe s'était déchiré un ligament externe, tout seul comme un grand, qui lui a causé une entorse du pied à la veille des vendanges clopin-clopantes. Jean-Philippe ne s'est pas plaint, il a bu pour noyer son chagrin au bout du bar. Il s'est pas plaint mais il était plein. Le repas se faisait attendre. C'était le repas de Jérôme, qui voit venir l'hiver tranquillement, aussi bien gainé qu'un morse… (les points, c'est pour faire chier Jérôme qui doit se demander mais qu'est ce qu'il veut dire par là ?).

Justement, un coup d'œil sur votre sextoy – appelé aussi Iphone par les névrosés – vous permettra de découvrir sur Google que le morse a « un régime alimentaire diversifié se nourrissant de plus de 60 genres d'organismes marins, comprenant crevettes, crabes, divers mollusques et petits poissons. Sa source d'alimentation de prédilection reste toutefois les mollusques bivalves, en particulier coques, clams, moules et palourdes ».

Voilà le menu mes amis ! Un régime morsique…

Le régime en question a quelque chose de Dukan. Il s'agit précisément d'un régime Ducon. C'est à dire que si tu bouffes au bar et que tu ne bouges pas ton cul pour attraper une crevette ou deux, un bulot ou rien, tu as l'air con avec ton assiette vide. Parce qu'il faut imaginer la table comme un bloc de glace qui s'est détaché de la banquise sur lequel se trouve une horde de mammifères marins qui ont décidé d'éradiquer toutes les crevettes et tous les bulots servis avant que les mouettes du bar viennent en piquer. Moralité, on agrandit le bar pour rien. Tous ceux qui s'y collent attendent la deuxième criée. Mais Jérôme ne cria qu'une fois. J'ai bouffé un bulot, j'ai même gardé la coquille pour en faire un souvenir de cette espèce subitement menacé.
Le courant suivant nous apporte une paella/risotto. Ce n'est pas une critique ! Le plat avait tout l'air d'une facture maison et c'est vrai. Fait avec des crevettes, des carrés de seiches, des carrés de poissons et des moules toute en fraîcheur, le plat du jour était délicieux et justement cuit et assaisonné.
Devant son succès, Jérôme fait tressaillir les poils de sa moustache, bien drue chez les morses, et se rapprocha du bar. Il n'était pas venu pour voir si les mouettes du bar avaient bien mangé, il était venu parce que Jérôme aime bien se rapprocher du bar.
Le fromage et les tourtes flambées sous les yeux des mammifères marins sur le bloc de glace, ont vite fait oublier les ravages du lancer d'assiettes. Après tant d'assiettes cassées, Arnaud, perplexe, se retourne et me dit un truc du genre : « Il y a quelque chose dans le nouvel espace particularisé du trou qui empêche le lancer d'assiettes. Notre rapport à l'espace, rapport conçu comme dominé par la dimension du sens, change incontestablement. Non pas un sens individuel et idiosyncrasique, mais un sens culturellement déterminé, historique et géographique. En d'autres termes, à travers la perception, le niveau du sens donné à l'espace et aux choses tant dans la matière que dans l'espace immatériel, leurs structures sociales d'une part, et de l'autre, les valeurs abstraites, hiérarchisées, opposées et articulées,  donne forme à un univers mental qui est le lancer d'assiettes. »
J'ai cherché et je n'ai croisé le regard de personne…
Un grand moment de solitude…
J'ai rien dit…
Vive les points de suspension…
Je me suis senti comme une merde…
Je n'ai pas dormi de la nuit…

13 septembre 2012

Le cuistot de la semaine a un trou tout neuf

Par Le Blogueur


Ça y est. C'est fait. On est rentré.
Comme chaque rentrée, il y a les surprises qui défilent. Comme chaque rentrée, on ne sait pas vraiment ce qui nous attend.
La première est une surprise sans vraiment l'être. A Musard, la lumière ne fut pas. L'heure d'été a juste permis une partie d'une demi-heure. C'est bien pour une reprise diront certains, c'est frustrant diront les autres. Les certains jouent devant, les autres jouent derrière. Ceci explique cela.
En tout cas, si quelques maillots été mouillés, c'est parce qu'il a plu.
Sous la douche, les gros et les arrières batifolent avec leurs corps halés et leurs marques du maillot. Il y en a quelques uns que la marque du maillot ne connaît pas. Les coquins.
Mais le roi des coquins est blanc comme un cachet. Si on vous dit qu'il habite le Bassin, on se demandera bien si c'est le bassin à flots de Bordeaux ou le bassin minier du Nord Pas-de-Calais. Kiki est un anti-UV indice 100.

Sans doute que l'éclairagiste de Musard savait que les Archiball avaient tout intérêt à retrouver le trou. Parce que si vous étiez sur Mars, ou si vous êtes là quand on a besoin de rien, vous n'avez peut-être pas su que le trou s'est refait une beauté cet été. Bichonné comme un monument historique, tout a été rénové dans les règles de l'art et sous les règles des architectes que connaît si bien le trou.
L'émotion était à son comble. L'excitation aussi.
Les premiers pas de la découverte avaient le tâtonnement d'une intrusion dans la grotte de Lascaux. Les yeux balayaient les murs à l'affût de toutes les retouches et les nouveautés. Il y a de quoi, le trou est méconnaissable. Devant l'émerveillement, la tour Eiffel peut débander. Les grands artistes se sont donné rendez-vous pour faire du trou la chapelle Sixtine : Zeille a plâtré, Léonard a plombé, Tomtom a vitré, Campese a climatisé et Fayou a supervisé. Sans oublié ceux qui ont déposé, débarrassé, déménagé et emménagé. Sans oublié non plus ceux qui ont inspecté et donné leur avis. Ce qui fait de tous des gens utiles. C'est bien connu, la création n'existe pas sans la critique.


L'heure du nouveau trou a sonné.
Pour l'occasion, il fallait l'approbation des sages et les sages ont jubilé.
Pour l'occasion, il fallait une Babette pour le festin et il y eut Amélie. 
Pour l'occasion, il fallait du con, du lourd, de la grande gueule et Yannick s'est dévoué.

Open bar et le fut fut. En avance sur le 22h officiel, on tue le temps à coup de demi. Un ti-ponch s'est invité au bar en zinc rutilant, il est passé comme un ange et reparti le fion en fleur. Cette bouteille de rhum était envoyée comme une pensée ou encore une manière que Coco a voulu pour être en quelques sortes avec nous, pour fêter son anniversaire.
L'éclairage neo-néon crache sur nos gueules un blanc de bar Pmu trash et Gwen s'y plaît avec son iroquois. C'est au son de la voix qu'on devine l'intensité de la lumière. Les carrés de leds plus loin réchauffent le cœur des romantiques qui se sont tassés dessous pour se chuchoter leurs histoires de vacances. Il y en a pour tous les papillons.
Au pied du bar, une barre fait sensation. Les petits pieds s'y posent douillets. Pas de barre pour le lap-dance dans les nouveaux aménagements et pourtant nombreux ceux qui s'y seraient jetés. Le président le premier pour un discours de circonstances. La quarantaine d'Archiball applaudissent de joie et pas une goutte de sueur. La clim tourne à fond et tempère les ardeurs. Les assiettes de cacahuètes sont pliées.


L'heure du premier repas de la saison a sonné.
Les uns se calent sur les nouvelles chaises, les autres sur les nouveaux tabourets. Le comptoir est accueillant et les places y sont chères. Cambot dispose son entrée : des cakes de poissons à la sauce légère faite maison. Pendant ce temps, les rôtis sont enfournés dans un four dernier cri. Mais les réglages tardent à ajuster le préchauffage. Le temps s'écoule en attendant les premières tranches,  personne ne s'énerve. Il y a un damier au plafond et de quoi passer un moment à compter les carrés.
Fayou rectifie le thermostat et les rôtis ficelés crépitent. Le service démarre avec des haricots verdoyants. Cambot sourit, la viande trouve le succès escompté. L'assemblée est heureuse et chantonne le "montre nous tes fesses" à un Hervé séduit par le chant des sirènes. Mais pas de lune à l'horizon, Cambot se retient. Une salade accompagne le fromage jusqu'aux assiettes, en prélude aux festivités d'anniversaire.


Le lancer d'assiette ne mérite aucun commentaire, Cambot est un artisan qui pourrait bosser pour Gaudi chargé de la mise en morceau des faïences avant la composition des mosaïques.
La suite promet des gâteaux de toutes sortes et un champagne de formule 1. Le vainqueur est Hervé et ne manque pas de bien secouer les bouteilles avant de servir une douche de bulles. Il n'en faut pas moins pour mettre Yannick en mode grosse connerie. Il plante un Baba au rhum dans le bec du président qui, après un moment de flottement durant lequel il s'est demandé ce qu'il pouvait bien raconter à Laurie le lendemain pour expliquer l'état de son polo, s'est mis à rire et libère l'assemblée qui se met à rire aussi.
On ne va pas gâcher une telle fête. C'est l'anniversaire de Cambot, dieu de la connerie, et ça valait bien un petit hommage.