27 mars 2015

Un déjà vu printanier : le Guitou à son zénith…

Par Réglisse et Le Barde

 
Il sentait bon le déjà vu sur le bord du pré des écoliers. Les mélanges des sens, par ses silences invisibles, ses goûts multicolores, ses senteurs équilibrées de cette période printanière sont propices au changement et interfèrent à l’occasion avec la magie de nos attentes de joueurs. L’interprétation en psychanalyse Castorienne est un temps subtil de lâcher prise entre l’inconscient porteur de balle et l’inconscient non porteur de balle. La catharsis nécessite un cadre défini et immuable dans sa nostalgie libératrice. Le tapis vert parait suffisant et nécessite pourtant des limites dans ses lignes blanches. L’absence du divan est symbolique. Pourquoi s’allonger alors que l’on peut toujours courir. Les hommes s’entretiennent et le cadre s’entretient. Les habitudes sont pourtant bien prises et bien appréciées. Mais comme toutes habitudes elles ne se pensent plus. La routine rugbystique s’oppose à la routourne footballistique. Pourquoi revenir au début de toute chose lorsque la question du devenir s’interroge. Le sens est toujours de la partie, le déjà-vu aussi. Le déplacement quand le conflit se prononce est de rigueur. L’œil devient nez, l’oreille bouche et les jambes mains. C’est le corps du castor qui parle. Il se retrouve en effet dans ce déplacement subtil et la confusion de nos capteurs d’espace. Le mélange de l’olfactif et du visuel en témoigne. Le déjà vu sur le bord s’est fait une nouvelle fois dans l’attente des clés, un rituel immuable depuis que nos membres joueurs ont investit comme il se doit cette aire magique de nos foulées héritées et irritées dans l’ovalie. Pied de nez aux sens du temps qui court sans rhumatisme. Le déplacement est un mécanisme de défense du moi en psychanalyse qui s’inspire toujours dans cette confusion de sens. Le déplacement en psychologie évoque de même le mouvement et sur le terrain il en existe toujours. Les archis transforment en effet la ballistique en plaisir, la rhétorique en ballistique et la boucle est bouclée. Du déjà vu par excellence. La répétition en effet se vit, se revit sur ces lieux du jeu. C’est pourtant si familier et si étranger à la fois. Tout plaisir s’apprécie car nous savons qu’il peut durer dans l’éphémère et disparaitre dans son éternité. Tant que le déplacement se joue sur l’aire d’un parfum d’école tout va.

Point de déjà-vu pour Guitou puisqu’il est de bouffe ce soir, pour déplacer le saint homme, Guitou se met ce soir en cuisine. Point de bonne équipe sans Guitou. Puisque la bonne équipe c’est la sienne. Dans l’art du déplacement, notre sélectionneur est exigent et ce soir les équipes seront toutes les deux bonnes. Un point sans Guitou c’est tout !

Notre Prez a fait lui en revanche le déplacement. Son jeu est dans le mouvement et dans la réflexion. Ses courses s’éclipsent (clin d’oeil au soleil de ce mois guerrier), s’accélèrent, et transpercent par ses contre pieds les lignes défensives désespérées. Nous eûmes la spéciale du bloggeur, qui conforte de même ma théorie de la soirée du déjà vu. Il la place en permanence dans l’imprévu. Un régal pour les yeux. J’ai le sentiment que l’hiver n’est pas loin puisque les hauteurs de notre équipe ont gardé leur bonnet. Les fameux petits gros non susceptibles et qui courent vite et qui ne sont pas gros n’en déplaisent à certains, n’en portent pas puisqu’ils profitent de la chaleur du sol. Les grands de la soirée au nombre de deux portaient bonnets. Jean Phi ne porte pas de bonnet il se situe entre les petits et les grands en revanche son déjà vu s’est porté sur la synchronisation des jambes en course et des bras en réception. Il se rapproche peu à peu de l’extase, celle de courir après avoir attrapé la balle. L’énergie sur l’instant est impressionnante puisque la gonfle ne la ramène pas ni le joueur d’en face. Un neuf contre neuf, un huit contre huit, un sept contre… tout le monde à la douche. Les essais sont déjà égarés dans nos pensées de ripailles.

Au trou, Guitou mitonnait. Quand Guitou mitonne, il rayonne. Guitou, il rayonne un peu partout ; c'est même à ça qu'on le reconnaît.
À peine avais-je descendu l'escalier qu'il me harponnait précautionneusement pour me faire goûter sa daube. Sur sa daube, je reviendrai plus tard. Car il faut une entrée en toutes choses. En la matière, Guitou nous la joua fraîcheur. La fraîcheur : quelques carottes finement taillées, de petits bouts de chou-fleurs et de menues tomates en grappes. Avec ce qu'il faut de sauce pour tremper les légumes. En rajoutant la tarte aux poireaux et la salade verte, vous aviez un bouquet. C'était léger et craquant, comme Guitou (pour le côté craquant pas le léger : Guitou est tout sauf léger. Non pas qu'il soit lourd. Bien au contraire, il est délicat et la délicatesse n'est en rien légère : c'est une certaine façon d'aborder le monde, avec un large sourire, et beaucoup d'attention.

Arborant un sourire d'enfant, Guitou apporta sa daube. Une daube de rêve. Il craignait à tort d'avoir été chiche. Il y en eut pour tout le monde et il y avait beaucoup de monde. Bien entendu, la daube était accompagnée de pommes de terre. Une daube parfaite que Bernard (Palanquès) apprécia à sa juste valeur. Le Général et Lolo itou. La Jacouille ne put s'empêcher d'avoir un trait d'esprit : "Putain, Guitou, ta daube, c'est pas de la daube", sous l'œil navré de La Piballe. Comme je l'avais déjà évoqué dans un lointain blog : le mot daube qualifie ce qui est de piètre qualité. Il semble qu'il y ait eu confusion phonétique (paronyme) entre la daube et l'adobe dans l'origine du terme argotique : "cette maison est de la daube" pour "c'est de l'adobe". L'adobe étant un mot arabe et berbère, assimilé en espagnol, désignant des briques de terre crue séchée au soleil. Une construction en adobe est de mauvaise qualité. En anglais, a daub peut signifier une peinture de mauvaise qualité, faite grossièrement et to daub signifie barbouiller. Ce mot vient en fait du vieux français dauber (latin dealbare) qui signifie "enduire de chaux"[5]. L'origine de l'expression "c'est de la daube" est peut-être là ...

Il y avait du Saby rouge et du Saby rosé, mais aussi un château Blaignan (Haut-Médoc) et un vin assez étrange du Languedoc mêlant grenache et syrah. Au trou on mêle les êtres et les vins. Même si les vins de Jean-Phi ont notre faveur. Et qu'ils l'emporteront toujours. Les vins de Jean-Phi, c'est Chopin et de Falla réunis.

Le lancer d'assiettes fut juste et précis. Sans fioritures. Le fromage : brie et gruyère. Quant au dessert une variété de clafoutis, tous onctueux. Alors Guitou entonna Quand vient la fin de l'été. C'était de circonstance puisque nous sommes au début du printemps. Et que le printemps est toujours la promesse d'un été, fut-il finissant. Le début du printemps qui, le 24 mars, correspond aux anniversaires du Tarbais, de Titi et Dominique. Le champagne coula à flot sous œil énamouré du Libanais et du Préside. Le trou est notre bulle.

Guitou avait bien fait les choses. La nuit pouvait être grise et pluvieuse, nous étions bien. Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est bien, on est bien. Ce 24 mars, nous étions bien. Par la grâce de Guitou. Notre gersois a du cœur, c'est tout sauf une surprise.

18 mars 2015

Le cuistot de la semaine, l'appel de l'Irlande selon Saint Patrick

Par Le Barde
 

C'était par une douce soirée de mars. Nous étions une vingtaine. Il y avait beaucoup de jeunes. Nous fêtions le retour de Walid. Le Libanais a retrouvé son aile. Et c'est bien. Le ballon joncha le sol plus que de raison ; une pluie imaginaire faisait des siennes. La partie fut équilibrée. Disons qu'elle fut un peu plus équilibrée d'un côté que de l'autre. L'équilibre est un point de vue, un parti pris. Surtout lorsque Perdigue joue. Notre pinson taquina les ramiers et fut victime d'un œuf de pigeon. La faute à Jeff. Pas celui de la chanson, le nôtre. Zeille eut des doutes sur l'en-avant : où commence-t-il, où s'arrête-t-il ? Une métaphysique de l'en-avant, en quelque sorte, qui le plongeait dans des gouffres. Nous eûmes alors un long conciliabule pour dissiper ses ombres. La partie continuait, nous, nous philosophions. Puis nous reprîmes le fil du jeu après avoir interrompu celui de notre conversation. J'ignore si Zeille avait recouvré la vérité.

Saint-Patrick oblige, c'est le Maître (Trassard) qui était de cuisine. Le Général était là. Il entama les hostilités (Patrick Trassard, pas le Général) par une soupe de la couleur de son pull-over. Un joli vert. La soupe était faite de brocoli, de pommes de terre et de jaunes d'œufs. Je ne crois pas qu'elle contenait du trèfle. Rien de bien irlandais au bout du compte si l'on excepte la couleur. N'importe, la soupe était aussi douce que le temps et annonçait la fin de l'hiver. Pépé était aux anges. Pour Pépé, un repas sans soupe, c'est comme La fureur de vivre sans James Dean, La Prisonnière du désert sans John Wayne. John Wayne, l'incomparable acteur de L'Homme tranquille qui se déroule en Irlande. Avec Maureen O'Hara et ses cheveux de feu. Croucrou, il a quelque chose de John Wayne. Surtout lorsqu’il joue (John Wayne, pas Croucrou) Sean Thonrton, le boxeur de L'Homme tranquille.

L'Irlande, ce fut pour le coddle. Le coddle ou marmite de Dublin est un mets de saucissons, bacon, oignon et patates ragoûté en bouillon de poulet, très populaire dans la capitale de l’Irlande. À défaut de poulet, nous eûmes droit à des saucisses. Ou, plutôt, à défaut de saucisson, de la saucisse. Un coddle gascon en somme. Mais un coddle tout de même et de belle facture. Un régal. Ce n'est pas le Tcho qui dira le contraire. Le Tcho, il a une tête d'écrivain. Ces cheveux en bataille se dressant sur son crâne lui donnent un air profond et spirituel. Il n'y a pas besoin d'écrire des livres quand on a une gueule d'écrivain. Tcho, c'est un écrivain sans livres (l’expression n’est pas de moi mais de Paul Valéry, en quoi Valéry annonçait le Tcho).

Coddle et Hauchat faisaient bon ménage. Sans Jean-Phi parti rameuter de la clientèle en Allemagne. Le Préside discutait avec Zeille qui remit le couvert sur l'en-avant. Non, ses ombres ne s'étaient pas dissipées. Même Amélie ne parvint pas à le rasséréner.

Le lancer d'assiettes fut vigoureux et sédentaire. Sédentaire par ce que Patrick ne bougea pas d'un pouce de sa place, à l'extrémité de la table, entre le Tcho et Pépé. Debout, il projeta les ustensiles à tout un chacun avec plus ou moins de bonheur. Le pari était risqué et plein de panache. Il s'en tira avec les honneurs. Il y eut bien quelques éclats d'assiettes, ça et là.

En dessert, le Maître nous gratifia de son traditionnel riz au lait, parfumé, of course, au whisky irlandais. Un compromis entre deux civilisations. Un dessert mêlé que n'aurait pas désavoué Montaigne.

Une belote de comptoir à neuf s’improvisa. La dernière place se joua entre Bernatchate et Jeff. Jeff perdit. La nuit nous attendait. Douce et accueillante. En quittant le trou, je murmurais ces vers de Yeats :

Through the great song return no more
There’s keen delight in what we have :
The rattle of pebbles on the shore
Under the receding wave.


Même si le grand chant ne doit plus reprendre,
Ce sera pure joie, ce qui nous reste :
Le fracas des galets, sur le rivage,
Dans le reflux de la vague.

17 mars 2015

La retraite commence… ça c’est Flag Gueules Rock !

Par Réglisse


Au fait, où étiez vous ce vendredi 6 Mars 2015 ?

Nous ne le rappelons jamais assez mais Peyo s’évertue à trouver des rendez-vous sportifs pour préparer ses troupes au combat. Il est jeune dans la confrérie des G.O. de la commission sportive. Et pourtant, il ne manque pas d’idées et de projets pour faire bouger ses castors. Il doodelise à fond pour rameuter ses hommes de la gonfle. Point de son de cloche, point de rappel au micro dans l’antre de la bouffe, point de messagers pigeons, Peyo est un homme du doodle. Le rugby se modernise comme la communication se doodelise. N’en déplaise à Dudu, qui rata pour ce coup ce rendez-vous. Il n’était pas le seul, car vous le croirez ou non, Dudu est de l’ancienne école. Une époque sans smartphone, sans internet, sans 06. (Ils jouaient à 14 et sans remplaçants…)

La communication se faisait sans support technique, il suffisait simplement d’une interface invisible dans une parole directive pour que tout le monde sache de quoi il en tenait. Le rendez-vous se figeait dans l’inconscient collectif de chacun. Il ne s’annonçait pas, il se transmettait par la pensée. La case à droite des rendez-vous à ne pas rater, dans le système limbique de notre cortex. Un système bien alimbiqué me rappelle notre bloggeur, non avare en jeu de mots… Un rappel n’est jamais de trop. Dans la communication, il vaut mieux une personne sur-informée qu’une personne non informée. Dudu fait partie d’une génération qui profite encore d’une anisette dans les chopes à bières. Le rugby a ses codes. Et nous pouvons observer que les générations trinquent, et certaines plus que d’autres. Ce n’est pas Jean Jacques Goldman qui me contredira. Mais bon, le rugby évolue, son jeu est devenu plus rugueux, non dans la puissance et l’ambition du joueur à marquer mais rugueux dans le choix devenu impossible d’une prise d’intervalle. La passe avant contact s’est modernisée en une passe hasardeuse après contact. Ce que le jeune apprécie, le vieux l’a apprécié. Mais comme toute bonne chose a une fin, il faut penser à plaquer le plaquage cette fois-ci bien à retardement. Comme toute découverte de soi, il est une constante bien ingrate et pourtant fondamentale que nous payons par l’âge. L’expérience de la jeunesse est nécessaire pour s’éprouver dans les plaisirs de la prise d’intervalle. Pour le découvrir il faut d’abord en tester et toucher les limites. Un intervalle nécessite deux joueurs adverses. Ca aussi c’est une constante.

Le trou peut être plus ou moins serré, plus ou moins mobile plus ou moins faux. Il existe en effet des faux trous. C’est dans l’après coup que nous nous en rendons compte. L’impact du faux trou est dévastateur mais bon, le vieux 4 l’a plusieurs fois testé et ne le sait que trop bien. La décision appartient au porteur de balles. Le vieux 4 est à ce niveau sur le même réseau que Dudu. Il n’était donc pas là !

Ce laïus est nécessaire pour introduire comme il se doit le changement de jeu qui peu à peu se prononce dans l’évolution du rugby des anciens. L’ère du flag est là !

Le flag est une variante du rugby qui se joue sans le plaquage. Pour rappel wikilien : le flag c’est toute une histoire. Le rugby foulard, également appelé Tag rugby dans les pays anglo-saxons pas pour les Gueules… ou flag rugby parfois en France, est un sport d’équipe sans contact basé principalement sur le rugby à XIII dans lequel chaque joueur porte deux rubans (ou tags en anglais) attachés à une ceinture ou directement à son short par des patchs en velcro. Les joueurs attaquants, porteurs du ballon, esquivent les défenseurs, se passent le ballon, et marquent des essais. L’équipe adverse doit, pour l’en empêcher, arracher un des rubans au porteur du ballon.

L'intérêt principal du Tag rugby est de pouvoir pratiquer le rugby sans contact direct et avec un jeu au pied plus restreint. Toutefois, sachant que parmi les règles et principes fondamentaux du rugby à XIII et du rugby à XV on trouve en bonne place le contact et le jeu au pied, certains définissent le Tag rugby comme un sport ayant ses caractéristiques propres. D'autres personnes le voient comme une étape intermédiaire dans la progression éducative vers le rugby contact, ou comme une version plus ludique à pratiquer pendant l'intersaison pour proposer une activité rugbystique sans trop charger les organismes des joueurs avec les impacts. Ou encore une retraite douloureuse pour les nostalgiques de la gonfle et des mêlées.

Ce sont les Gueules amateurs de flag qui sont passées depuis quelques temps à ce jeu. Leurs organismes comme les nôtres ont trouvé des avantages non négligeables à la pratique de ce sport. Le rendez-vous était fixé à 19h30 au pré des écoliers. Les Gueules sont venus équipées. Le projet était de mettre en place 4 équipes de 7 joueurs. Cependant les Archiball receveurs étaient 9 au total. Les Gueules en revanche étaient en nombre. Bref, un arbitre au centre, la moitié du terrain comme aire de jeu et la beuchigue en place, le coup d’envoi est lancé. Ce sera quatre mi-temps de 15 minutes.

Point de vieux sur la piste, seul un homme d’expérience d’origine fidjienne son surnom Titinaplatipalabal dit Titi pour les intimes. Son échappée, cloua sur place la jeune défense adverse. Nous reconnaissons la course de notre recrue d’expérience. Son épouse supportrice le portait dans son élan. Son toutou arrêta même de bavouiller et leva la tête tant la course de son maître était belle. Le temps se ralentissait, symptôme d’un moment pas comme les autres même si le rapport au temps canin est 7 fois supérieur au notre. Mais tout le monde s’arrêta même si deux défenseurs qui ne pouvaient rattraper l’échappé, courraient toujours vers l’espoir. Quand le trou est fait, il est fait ! La course fut longue, tout le monde dans l’attente de l’exploit. L’homme derrière la ligne dans l’extase de l’aplatir. Le geste complexe mais ultime de haut en bas pour terminer la charge fut transformé en jeter horizontal d’avant sur le côté. Le jeu est puissant, l’homme est rapide et le ballon non aplati. O Rugby moderne. Le toutou de Titi hurla à la mort, même la lune dans son croissant de nuit montrait que la beauté du geste n’est rien à côté d’un honneur qui s’envole. Le ridicule fut vite oublié car l’homme des îles se racheta dans l’action suivante par une interception dévastatrice et sans en avant pour enfin marquer son essai. Le chien cessa de pleurer le satellite, et repartit dans sa promenade lever à son tour la patte de la délivrance. L’honneur du maitre est sauf.

Notre Tarbais à son habitude trouva rapidement ses marques, aux plaquages ou sans le plaquage. Lui, les intervalles, il les maitrise, à l’affut des interceptions ou meneur d’un jeu de contre attaque. Le jeu tarbais était rôdé. Et en plus il compte, un vrai métronome.

L’équipe de la vitrine brilla dans ce jeu de ruban.

Le score final était en faveur des Archiballs à quatre ou cinq essais prés. Tout le monde était satisfait du jeu proposé. Nous courons, nous attrapons les flags, et surtout nous jouons. Il manquait seulement les vieux au balcon. Certains cherchaient les flags aux oreilles, n’est pas dingo qui veut. D’autres se rendirent vite compte que quand le flag ne se détache pas, c’est que ce n’est pas le flag qui est en main. Bref, c’est plaisant nous courons et les adversaires se prêtent au jeu.

La réception était au trou. Nous reprenons le même nombre de joueurs pour les Archi avec autant de Gueules pour boire. Le plaisir de vanter les mérites et les subterfuges du rugby moderne et celui d’un jeu en écharpe. Le flag est bien là. Piou Piou, lui n’était pas là pour flagger mais pour nous régaler. Une réception à l’ancienne, puissante diverse et variée à la fois. Rien ne manqua, hormis Pépé qui se désespérait dans son chez lui de penser qu’un jour le rugby sans mêlée puisse exister…

12 mars 2015

Le cuistot de la semaine, Domi dans l’arène : Morue tu ris te salutant !

Par Réglisse

Les vacanciers sont encore enneigés. La météo se morfond dans les giboulées de saison, même si le soleil se défend admirablement de tous ces passages cotonneux. Bref, nous sommes mardi, j’ai fini ma journée et tel un castor, l’appel du gazon se prononce. Ce soir la pelouse sera parfaite. Un brin mouillée pour nos foulées de castors en cannes. Le rendez-vous à cette saison est toujours nocturne mais bon le code est partagé et je serai au rendez-vous pour courir. Nous étions une petite vingtaine à avoir entendu l’appel des copains. La semaine dernière, certains s’étaient égarés et n’avaient pas traversé les grilles fermées. Les défenses sont ainsi faites pour barrer aux ambitieux les petits plaisirs qui nous éloignent de quotidien. Il faut tenir l’adresse code ! Maintenant c’est chose faite, nous pouvons toucher la « green zone », si enviée et si dangereuse à la fois. Dangereuse par tout le plaisir qui lui correspond. C’est le propre de toutes névroses qui lie tout plaisir à son interdit et inversement. Le plaisir de se retrouver, de papoter, jusqu’à ce que nous nous rendions compte qu’un rien peut tout changer. Et le rien des semaines passées tenait dans une clé. La définition d’une clé est pourtant simple. Elle prend souvent peu de place, elle crée des liens, elle maintient des édifices, elle entame les symphonies et parfois ouvre les vestiaires. Mais pas de « sésame ouvre toi » qui tienne. Les vestiaires sont restés fermés. La tragédie des vestiaires inaccessibles hante encore les premiers arrivants. Le souvenir du Barde se réfugiant dans ses symphonies, Mozart louant chaque note de cette prière dédiée aux amoureux d’échappées lyriques et Crou Crou battant la mesure, n’eurent point d’effet sur l’ouverture. Wagner, Brahms couchent les clés comme les castors les semaines passées ont couché dehors. L’image de ces incantations nocturnes pleurant l’absence des clés, pour espérer les fameuses chevauchées des « Castor qui rient » n’est heureusement plus qu’un mauvais souvenir. Notre sauveur de rêves ou plus précisément notre gardien des clés, en toute innocence sortit le fameux trousseau pour permettre la mise en tenue. Bernachatte dans ces moments là nous l’aimons.

Le jeu fut périlleux. Nous passâmes rapidement sur grand terrain. Nous entendîmes notre Barde, homme d’expérience et philosophe à ses heures nous rappeler en vers… et contre tous, sa pensée de protéger un espace limité aux hommes de doigté plutôt que des espaces dilatés aux jeunes en canne. Il est maître des mots et par conséquent gardien du temps. En effet, l’écrivain, dans la solitude des lettres, assume de l’être et le fait savoir. Le jeu lui donna raison. Le ballon s’est aplatit douloureusement derrière les lignes. Les défenses usées par l’effort des assauts des attaques fougueuses et vaines des troupes en culottes courtes. Il y en a eu des mouvements, du construit au moins construit, de l’opportuniste au moins opportuniste. Nous eûmes dans ces assauts des blessés même si la masse des Ricous sur le pré nous autorise un quota de pertes non négligeable. Nous en perdîmes un ! Blessé dans son orgueil au genou. L’hypothèse de situer l’orgueil au genou ne me parait pas dénuée de tous sens. Le courage est au cœur ce que l’orgueil est au genou. Même si pour l’homme en question, il s’arrêta plus par défaut de genou que d’orgueil. La psychologie du castor est ainsi faite : elle débute systématiquement par le physique. Pour équilibrer les forces en présence, les Ricous résistants prouvèrent leur sens du groupe dans la vengeance nécessaire à l’affront. La bande des Ricous, il ne faut pas y toucher. C’est Jean-Phi qui en fit les frais. Tétanisé dans sa course, il comprit dans l’impact qu’il ne faut taquiner un gars de la bande. Je crois que Jean-Phi situe l’orgueil au niveau de l’épaule qu’il ne cessait de frotter suite à la charge héroïque du dernier Ricou. La Bande poussant alors son fameux Crou Crou Ricou…

La douche, la route, le retrait de sous et au trou. Ca en fait des ou dans une phrase qu’en dites vous…

Le moderne appartient à Pépé. Les clés de celui-ci sont magnétiques et bien efficaces pour nous autoriser le plaisir de se retrouver dans le trou. C’est Domi qui cette fois-ci est de bouffe. Fatigué par nos joutes rugbystiques, le rendez-vous des gastronomes nécessita un moment pour se désaltérer au comptoir. Malgré le temps qui tourne. Notre cuistot du soir sait se faire attendre et entendre. Domi profite de l’ambiance. La cuisine peut attendre. Seul Pépé avait son assiette de prête. Un mélange de fraicheur de tomates et de mozzarella. La découpe est Dominicale. C’est à dire épaisse et puissante comme le découpeur. Domi l’a joué fin sur ce coup, il nourrit les anciens pour se permettre une pause au comptoir. Le Tcho et Jacquot sont loin d’être miros et firent le raffut nécessaire pour rameuter la masse à la bouffe.

Nous eûmes nous aussi nos tomates et la mozzarella. Directement dans le plat, n’est pas Pépé qui veut. L’entrée annonce le printemps. Point de soupe mais bien en mélange estival qui lie la tomate à la mozzarella. Mozart est là aussi. La différence est que la mozzarella prend deux « z » et deux « l » et incite à se servir deux fois. L’origine de ce fromage est comme son nom l’indique italienne. L’Italie et ses saveurs se tirent aux pis des bufflonnes. C’est comme ça que l’on nomme les vaches en Italie. Dans tous les cas La bufflone est la femelle du buffle dont il faut en revanche se méfier de tirer le lait. Le nom vient du bufalo, c’est de l’italien je le rappelle qui vient de boubalis en grec. Bref dans l’assiette, du rouge et du blanc. Une légère vinaigrette et voilà c’est simple, copieux et agréable en bouche. Les discussions allaient bon train, l’appel de la suite nécessita quelques frottements de vaisselle. Et voilà la débandade de brandade. C’est le dada de Domi. Là aussi Domi prévoit large. De l’Italie, le passage par la méditerranée et ses ports français nous rapproche du trou bordelais. La brandada de bacalhau est un met à base de morue, spécialité de Nîmes et du Pays Basque. Apparemment le mélange morue et pomme de terre navigue de port en port. Les morutiers basques, ne voulant pas perdre leur cabillaud après leur salaison inventèrent le piquillos farci à la morue et la brandade de morue parmentière. La morue se cuisine et apprécie les salades. Le sabite de la soirée s’est fait dans le rince dent. Nouvelle appellation contrôlée validée par les hautes autorités sanitaires bucco-dentaires. Les débats s’articulaient autour de l’organe de prédilection pour profiter comme il se doit des saveurs d’un vin de renom. Le sabite, lui, s’apprécie avec les dents. Les papilles sont facultatives. Le Reindent de son vrai nom se boit avec les dents. Notre dentiste approuve et notre viticulteur acquiesce. Peyo désespéré, montrait ses dents à chaque gorgée. Notre Sabite fait du vin et bientôt il va en faire le double. L’annonce est faite. Le nouveau sabite va fêter ses 40 ans. Putain 40 ans, c’est un bon cru de l’année 75. Et je crois qu’il a encore toutes ses dents. Les Archiballs motivés pour inspection dentaire en règle doivent se réserver le samedi 27 Juin. C’est facile à se rappeler c’est une semaine après Lacanau.

Nous voilà au lancer d’assiettes et de mémoire de jeune archi, celui-ci a été dantesque et abracabrantesque. Notre Domi siégeait derrière le bar. Les épreuves, il les affronte. Le lancer minimum était au-delà de 3 mètres. La puissance du tir bien réglée, la visée approximative et le bal attrape est lancé. Le silence qui flottait dans la brandada party fut vite oublié suite à ses exploits ballistiques. Nous observons le silence quand le plat est bon. C’est vrai mais le moment mérita de pousser la chansonnette. Les exploits se chantent, la brandade se mange.

Le fromage le pastis landais, le café. L’affaire est bouclée.

04 mars 2015

Le cuistot de la semaine, Lolo et les lasagnes annoncent le printemps

Par Le Barde



Le pré est un régal en cette année 2015. On joue, on s'amuse, on courre, on rouspète juste ce qu'il faut, pas plus. La rouspétance est affaire de mesure. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est Dudu. Il en sait quelque chose Dudu de la rouspétance, pas de la mesure.

On est toujours une petite vingtaine ou une grosse quinzaine. On marque des essais, on fait tomber des ballons, Jean-Phi zigzague, les jeunes trottent comme des lapins, Perdigue est rétif à l'évitement et file droit, JB assure, Titi à quelque chose en lui de Conrad Smith, etc,. Oui, le bonheur est dans le pré. Le bonheur, c'est un état d'esprit, une manière d'être, une filouterie contre le désenchantement du monde. Ce n'est pas JP Campech qui dira le contraire. Quatre essais et un castor d'or. Le temps est une chimère.

Au trou, Lolo régalait. Il n'y avait pas Pioupiou. Par contre, il y avait beaucoup de charcuterie et beaucoup de monde. L'une ne va pas sans l'autre. Pâtés, saucissons, chorizo, etc… Que du léger. Et en abondance. Lolo, ceint d'un tablier emmaillotant une chemise vichy aux carreaux innombrables rayonnait, entouré de son petit d'homme, Thibaud. Lolo, c'est un astre, une étoile. D'ailleurs, il chantonna : I'm born on a running star alors que Léo sifflotait les moulins de son cœur.

Après la charcutaille, les lasagnes. Le général qui était là, adore les lasagnes et il prit des airs de Castafiore pour chanter la grâce d'un plat d'hiver, arrosé d'un Saby rosé. Jean-Phi adopte l'air du temps avec goût. Ce n'est pas Guitou qui dira le contraire. Guitou qui disait son amour pour l'Union, le beau jeu, et tutti quanti sous le regard approbateur de JP Campech et du President. Nous avions tous les dents arrières qui baignaient. Surtout Gwen et Dudu. Nous étions repus et comblés.

Lolo rayonnait un peu plus. Il craignait de ne pas avoir préparé assez de lasagnes. À tort. Sa générosité ne fut pas prise en défaut. Il n'avait plus qu'à préparer son lancer d'assiettes. Parfait. Maria aurait peu de besogne. Lolo, c'est un mature, un cougar, il assure. Son Loulou lui manquait. Mais il fit contre mauvaise fortune bon cœur. Même s'il lâchait de temps à autre : "Gros, tu me manques" sous l'œil néandertalien de Perdigue. Perdigue a recouvré ses vertus capillaires, à défaut d'être callipyges.

Il y eut assez de fromage et assez de salade de fruits. Bien sûr, nous chantâmes la chanson éponyme. JB prit des airs de Bourvil. Il y eut aussi de la manzana et du Cognac. Oui, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Car le trou est un monde, et le meilleur.

L'assemblée fut longue à se séparer. Lolo regagna son nid en récitant des vers de Bérénice. Normal, il rejoignait sa Sarah Bernhardt. Il n'a rien de Titus Lolo, mais il s'en branle. Je suis ce que je suis se disait-il, je suis fait comme ça. Prévert n'est pas Racine. Mais ça aussi on s'en branle. Il aménagea un peu l'œuvre de Jean Racine en pensant à sa Maillan : "Depuis de longues années chaque jour je la vois/Et crois toujours la voir pour la première fois."

Louons notre mentor adoré. Ce premier mardi de mars était déjà à lui seul tout un printemps. Le printemps ne s'invente pas, il naît d'un petit bout du monde sis au 1, rue de Bègles. Il suffit de peu de choses pour être heureux et ce peu est de l'or. 

Le cuistot de la semaine, c'est kiki ki avait la clé

Par Le Barde



Les clés se font toujours attendre. Pire, elles ne viennent pas. Sans clés pas de pré, sans pré, pas de paradis. C'est une suite, d'un mardi à l'autre, une suite musicale. Mais personne pour nous donner le la. On se morfondait, on se gelait un peu et, de guerre lasse, nous prîmes la direction du trou. Nous,  c'est-à-dire une toute petite poignée  d'indéfectibles  trousseurs de béchigue. Quel est le con qui a dit : "Tout vient à point à qui sait attendre "? C'est cet enfoiré de Rabelais. Dans la langue d'origine cela donne : « Tout vient à poinct, qui peult attendre ». (Pantagruel, Livre IV, chapitre 48).

Au trou, il y avait un peu de monde. Peu, ce n'est jamais beaucoup mais c'est toujours mieux que rien. En sorte que Kiki n'était pas suspendu à lui-même. Sur la table, des huîtres du Bassin. Kiki s'est amouraché de ce bout d'un monde. Il y vit, y cultive ses rêves, et n'aime rien tant que contempler le soleil se levant sur cette baie (baie, c'est plus joli que bassin, vous ne trouvez pas ?).

Les huîtres de Kiki étaient délicieuses. Il y en avait à foison. C'est normal puisque nous étions peu. Moi, quand je mange des huîtres, je pense à Walid. Walid, c'est le Balzac de l'huître. Donc Walid était là par la grâce des huîtres. Un peu, ce n’est pas assez, mais c’est tellement mieux que pas du tout. Les huîtres de Kiki étaient accompagnées par de longues saucisses. D’ordinaire, elles sont courtes.  Mais avec Kiki, le court fait toujours dans la longueur. C’est comme le peu et le beaucoup. Sauf que là, le beaucoup se substitue au peu. Vous me suivez ?
 
Tout le monde de goûter le mollusque avec avidité. Surtout Pépé, et, dans une moindre proportion, le Tcho. Le Zeille et Gwen n’étaient pas manchots.  Alors, Maxime se leva et avoua son amour pour Francis Ponge. Amour qu’il doit à l’huître du Parti pris des choses. Et de réciter par cœur : « A l’intérieur l’on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d’en-dessus s’affaissent sur les cieux d’en-dessous, pour ne plus que former une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l’odeur et à la vue, frangé d’une dentelle noirâtre sur les bords ». «  Et mes burnes, tu flues et tu reflues, toi ? » lui demanda la Jacouille. Il n’eut pour toute réponse qu’un silence dédaigneux.
 
Pas de Saby blanc mais un Entre-deux-Mers de bonne facture. Le Saby, c’était pour la suite. En l’occurrence, de la pintade avec un gratin  de je ne sais plus quoi. J’ai la mémoire qui flanche. Sans doute était-il de pommes de terre. Oui, il était de pommes de terre. Enfin, à ce qu’il me souvient. L’essentiel était le contentement de tout un chacun. Et tout un chacun était satisfait. Il faut dire que la pintade du boulevard de la plage était bonne. Ce n’est pas Bernard qui dira le contraire. Bernard qui avait décidé de rendre hommage à Michel Audiard. Sans doute à cause des pintades. On eut droit à : « Quand un homme a un bec de canard, des ailes de canard et des pattes de canards : c’est un canard. C’est vrai aussi pour les petits merdeux.  », « Un intellectuel assis va moins loin qu’un con qui marche.  », « Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière. »
 
Au lancer d’assiettes, Kiki fut égal à lui-même : parfait. Le problème avec Kiki, c’est qu’il ne sait pas qu’il est parfait. Il n’a pas conscience que ses imperfections, somme toute étiques, contribuent à sa perfection. Rien de tel qu’un lancer d’assiette pour constater cet équilibre entre le corps et l’esprit. On retrouvait l’admirable joueur de pala, cet être équilibré, ne payant pas de mine, et diaboliquement efficace. Pour tout dire radieux.
 
Fromages et dessert ne furent qu’une formalité. Il y en avait pour tos les goûts pour ce qui touche au fromage. En dessert une tarte. Rien à redire. De la simplicité considérée comme de l’un des beaux-arts. La soirée s’étira un peu. JB conversait avec Bernard et Bernard avec JB. Ce qui est dans l’ordre des choses. Le comptoir s’animait un peu. Les plus jeunes partirent à la rencontre de la nuit. Kiki resta jusqu’au bout, ferma la boutique et sifflotant l’allegro moderato de la sonate Arpeggione de Schubert, il retrouva son petit bout du monde. Les étoiles au ciel faisaient un doux froufrou.