29 mai 2010

Le cuistot de la semaine, c'est Titi, point.

Par Le Barde


Il fait bon musarder en mai. Même si le pré sans Titi n'est pas tout à fait le pré. Un pinson ne fait pas le printemps dit-on. C'est faux, un pinson n'est pas une hirondelle me souffle fort à propos Donatien. Mais les à propos je m'en fous. Titi, il a l'âme printanière en toute saison. Pour quelqu'un qui tient la boutique, c'est une gageure. N'était qu'une âme printanière est encline au renouveau. Et Titi jamais ne cède aux habitudes.
Ce sont donc autant de bouquets qu'il nous offre chaque année lorsque l'hiver vient (cigale ou fourmis ?) ou lorsque nous fêtons un anniversaire, organisons des agapes. La boutique, on pourrait en faire un musée. Pioupiou en serait le conservateur. Titi, c'est notre Christian Lacroix. Après tout, il y a du torero dans le castor. Il suffit de l'habiller d'or. Pioupiou habillé par Christian Lacroix, cela aurait de la gueule !
Pour en revenir au pré, Éric (Léonard) s'essaya à l'arbitrage et put mesurer la difficulté de la tache. Le castor sur le pré se gausse du sifflet, commente, commente et a une fâcheuse tendance à ne pas voir midi à sa porte. Je compatis donc à la sourde mélancolie qui s'empara d'Éric (Léonard) pour l'avoir éprouvée tant de fois. Mais la perspective de retrouver Titi aux fourneaux lui mit du baume au cœur.
Titi a fait son deuil de Lou Gascoun. Il traînait bien ça et là quelques petites boîtes comme autant de miettes d'un passé révolu. Mais il y avait surtout de petites choses délicates dont on pressentait l'origine. Ah ! Isabelle. Je détaille ce trio de terrines estivales : terrine de carottes au cumin, terrine d'aubergines au parmesan et terrine de tomates mozzarellla.
Vint le gigot. Pur, sans bavures avec ses pommes de terre en bandoulière.
Puis un lancer d'assiettes impeccable. Titi, c;'est un relanceur hors pair. Mais le clou, ce furent ces fraises ruisselantes de Quinsac. Une action de grâce qui doit tant aux mains féminines d'Isabelle et de Thérèse. Titi, il était aux anges. Et ce n'était que justice.

20 mai 2010

Le cuistot de la semaine, de la daube en converse

Par Le Barde


Guitou, il pourrait jouer au rugby avec une paire de converse. Parce que Guitou, il est béni des dieux. Quel rapport y-a-t-il entre une paire de converse et les dieux. Aucun sinon le pré et Guitou. Car Guitou, c’est un miracle. Un miracle à converse, ce n’est déjà pas ordinaire. Si d’aventure, il les arbore sur le pré, cela tient d’un tableau de Max Ernst. Donc Guitou, c’est un tableau de Max Ernst béni des dieux.
« Tu es bien fatigué mon barde me murmure le toulousain. Je ne comprends rien à ta prose. Est-ce Guitou qui guide tes guirlandes de mots de la sorte ? » Et bien oui, Guitou, c’est ma muse, ma guitoune à voyelles et consones. Par lui, avec lui et en lui, l’on cesse d’avoir les mains dans le guidon et l’on tutoie les sommets. « On m’a dit que Guitou, il n’en avait rien à branler des sommets et que son truc à lui, c’était la plage » chuchote Lolo de sa voix fluette. Je lui donnerai raison si je n’ajoutai que Guitou lorsqu’il chante la fin de l’été sur la plage, il atteint des sommets. » Guitou, c’est un rossignol portant converse. De toute manière, Guitou, il a passé une large partie de sa vie à tutoyer les cieux, c’est-à-dire à dépasser les sommets. » « Mais ils sont assommants tes sommets de sansonnet » me lance Stéphane. Je te somme de sonner en sonnet ». Guitou n’étant pas Laure, je ne le puis.
« Sais-tu me souffle Dudu que les Converse ne sont pas vraiment le type de chaussures qui conviennent au jeu de Guitou. Lorsqu’il taquinait le pré à Lectoure, Sainte-Germaine, les mauvaises langues prétendent qu’il chaussait large ». Balivernes, peccadilles, billevesées ! Et puis, peu me chaut qu’il ait chaussé à chaud Guitou. Je sais que c’était par justice. Mais je suis sûr que ce ne sont que de pieux mensonges. Il n’est qu’à le voir à Musard, le soir, pour bouter hors ces propos de malotrus. Il y a de l’argentin dans sa manière de chalouper, de défier les géométries les plus strictes. Ses passes sont autant de guipures qui rendent guimauves celles de ses alter ego. Il n’y a guère que jean-Bernard…
Mais revenons-en à l’actualité immédiate. Hier soir, à Musard, nous étions certes orphelins mais nous jouâmes quand même et plutôt bien. Il y eut bien quelques ballons tombés ça et là comme des grappes de jonquilles. N’empêche, les essais furent de bonne facture et le fruit de longues séances de passes. Et il y eut peu de rodomontades, de coups de gueule. Toto était de retour et transperça à plusieurs reprises le rideau averse il est vrai bien lâche. Tous attendaient de rejoindre le trou où Guitou officiait.
Guitou aime le pâté. En abondance. Il nous en offrit plus que de raison. Nous étions pourtant quarante-six. Il aime aussi l’endive mâtinée de pommes et de noix. Elle était la bienvenue. Mais Guitou, c’est surtout le roi de la daube. Elle marinait depuis lundi. Il s’inquiétait pourtant de l’humeur de nos palais. Bien à tort. L’assemblée roucoula de plaisir. Et les petites pommes de terre n’étaient pas superflues. Question lancer d’assiettes, Guitou, assure. Les rares débris étaient dus à la maladresse de certains. Quant au fromage, rien à dire. Parfaits. On a beau dire, un vrai brie, ça a de la gueule. Enfin vint le dessert. Chocolat ou je ne sais quoi. Quel est le nom de ce gâteau qui régala les papilles d’Amélie. Un mélange de chou et de crème. Nickel. Le cigare au bout de la lippe, Guitou était aux anges. Et nous d’entonner quand vient la fin de l’été dans un interminable murmure. Guitou, on l’aime. Et il le mérite bien.

14 mai 2010

Le cuistot de la semaine, l'âge du feu

Par Le Barde


Sur le pré, à l’approche de l’été, les castors s’éparpillent comme des grappes. Cette vendange printanière fut féconde en essais, beaux gestes et mâtinées, ça et là, de quelques chamailleries sans importance. Les finalistes du trophée ECE poursuivaient sur leur fabuleuse lancée. Musard n’était qu’enchantements. Du rugby considéré comme de l’un des beaux arts en somme. Car le rugby est un art : Gwen est son de Vinci, Hamilton son Capra, Perdigue son petit Marcel (Proust). Et moi-m’aime son Homère. Seul Moïse et ses tables de la Loi manquèrent à l’appel. Il n’est que trop temps de s’en remettre aux règles. L’art sans contraintes, n’est plus de l’art. Il fallait un sonnet à Ronsard pour chanter son Hélène.
Le vieux quatre était en cuisine. Nous savions déjà que les tomates ne nous seraient pas épargnées en entrée. Et tomates il y eut dans un trou garni. Le vieux quatre avait je ne sais quoi d’un clown avec ses cheveux tirant sur le rouge et son nez en embuscade. Il nous joua un tour très pimenté. Non pas que le vieux quatre soit un piment. Mais lorsqu’il affiche ses prétentions basquaises, il n’y va pas avec le dos de la cuillère. Son axoa déchaîna les passions. D’aucuns hurlèrent : « Vannier assassin !» tant leurs palais étaient enflammés. « C’est un attentat ! » vitupéra Hamilton la bouche en feu ! « L’axoa, c’est pas Jeanne au bûcher ! » tempêta Perdigue la gueule sous le robinet du comptoir. Seul Loulou demeurait impassible, tel un sphinx. Sa grandeur inégalable, le don de soi qu’il porte en bandoulière comme d’autres leur amertume, nous laissa, une fois de plus, sur le cul. Pauvres culs promis à des sévices pour cause d’épices. Mais Hamilton avait raison, ce fut un attentat. Que l’ETA attente à nos constitutions par l’axoa est un signe des temps. Mettre la tradition au service de la cause, est, en soi, une révolution qui, à la différence de celle qui libéra la Tchécoslovaquie, n’avait rien de velours La revendication autonomiste a changé de nature. Désormais, les terroristes utilisent des armes d’apparence plus douces mais aux effets décuplés. Il a un côté léniniste notre vieux quatre, un côté Che quand il est aux fourneaux. Mais que diable, nous ne sommes pas les occupants d’une terre qui n’est pas nôtre. Le trou n’est pas le repaire de colons inféodés à je ne sais quel occupant. Nous sommes ici chez nous. Toujours est-il que jamais la mousse ne coula avec autant de profusion. Après tout, c’était, peut-être, le dessein du vieux quatre. En quoi les révolutionnaires d’aujourd’hui ont changé d’âme, ce sont d’abord des hommes d’affaires.
Nous craignîmes à juste titre le lancer d’assiettes. Il a l’assiette incertaine et vacillante le vieux quatre. Le trou ne fut que fracas. « Terroriste » hurla de nouveau Hamilton que Walid avait toutes les peines du monde à calmer. Il a de la suite dans les idées Alain-Charles. Mais il n’y eut pas de blessés. Les vieux toujours restèrent de marbre et il n’y eut pas de nez à recoudre. Pascal n’eut pas à officier. Ni le général (qui d’ailleurs n’était pas là). Un fromage de brebis et sa confiture de cerises autorisèrent une paix salutaire. Le dessert apporta enfin une douceur que l’on n’escomptait plus. En fait, c’est un gros doux le vieux quatre ; ne nous y trompons pas. Les gros doux, ce sont de gros durs ramollis par les avatars du cœur. Reconnaissons, cependant, qu’il exige des trésors de mansuétude pour ceux qui reçoivent ses bienfaits. L’amitié se mérite il est vrai. Et une amitié qui ne serait pas pimentée, ce n’est pas une amitié. Encore qu’il faille toujours un peu de mesure en chaque chose. Mais le vieux quatre il est comme ça (que faisait Pioupiou mardi ?). Alors Hamilton et Perdigue recouvrirent les voies de la sérénité. Gwen entonna Manzana, Manzana. Et le trou ne fut plus qu’un abîme de paix.

08 mai 2010

7 mai : Tournoi de Saint-Médard

Par Le Barde

Le castor a le toucher dans la peau. Il en fit l’éclatante démonstration le 7 mai 2010, jour qui s’inscrit désormais en lettres d’or dans sa longue histoire. C’était à Saint-Médard en Jalles, au stade Louis Monsoreau. De jeunes étudiants de l’ECE organisaient leur premier trophée. Ils avaient convié huit équipes pour un tournoi où le toucher était de rigueur. Et pas le moindre. D’abord parce qu’il fallait toucher à deux mains. Ensuite parce que chaque joueur devait déposer le ballon à terre à l’endroit précis où il avait été touché. Enfin parce que les adversaires avaient pour obligation de se tenir à cinq mètres du ballon posé. J’ajouterai que l’interception fait partie du jeu et qu’elle n’est pas sanctionnée par un retour à l’envoyeur. Des règles à méditer pour le mardi. Elles éviteraient, sans doute, bien des chamailleries. Et c’est un râleur qui l’écrit !
Il y avait deux poules de quatre. Chaque équipe était composée de sept joueurs. Les castors retrouvèrent les radis noirs (enfin) et deux autres équipes dont je ne me rappelle plus le nom ; le poids des ans pèse sur ma mémoire. Les castors présents à l’entame : Guigui, Arnaud, Perdigue, Jérôme, Donatien, Loulou et moi-m’aime. Puis vinrent Gwen, la piballe, Hamilton et Peyo. Trois jeunes étudiants vinrent nous prêter main forte (c’est logique pour un tournoi à toucher). Le tout sous l’œil de l’amiral et de Kiki.
Et bien figurez-vous que les castors terminèrent premiers de leur poule sans jamais connaître le goût amer de la défaite et firent feu de tout bois. Une pluie d’essais s’abattit sur leurs adversaires souvent bien plus jeunes. Le con qui a écrit « car aux âmes bien nées la valeur n’attend pas le nombre des années » est vraiment un con. Même si nos trois petits démentirent mon propos. Une avalanche d’essais disais-je. Dont un sublime d’Hamilton. Un essai d’ailier de la meilleure veine. Les radis ne résistèrent que quelques minutes à la furia archibalienne. Des radis considérablement rajeunis faute de combattants. Les mauvaises langues diront que jouer un vendredi après-midi, c’est bon pour les architectes, les fonctionnaires ou les photographes.
Les castors virevoltaient comme dans un bal de Visconti. Loulou avait un côté Alain Delon et Donatien tenait du guépard. Pénétrés par la grâce, ils déployaient des trésors de passe, défendaient comme rarement. Bien sûr, il y avait Gwen. Le toucher, c’est pas son truc. Il péta plus que de raison, se souciant comme d’une guigne de passer la béchigue. Gwen, c’est Gwen ; on ne le changera pas. Mais enfin Gwen, il était là lui. Il avait même amené sa petite famille. Il est mignon le fruit du pêcher de Gwen ; les mères, il n’y a pas à dire, elles savent faire des pieds de nez au réel. Par contre Donatien, Arnaud, Guigui et consorts furent tous au diapason. Et nos jeunes pousses estudiantines surent pallier nos déficiences passagères. Il est vrai que le coaching fut irréprochable puisque je coachais moi-m’aime. Ah ! Si Jean-Bernard avait été là, et Bernard ; le spectacle n’en eût été que plus beau.
Vint la demi-finale. Un essai partout à la seizième minute. Il y eut donc une prolongation. Le premier qui marquait l’emportait. Et ce fut nous. Oui, nous. Pour une finale que nul ne présageait. Mais fourbus, abattus de fatigue, las, nous abandonnâmes le trophée aux poudriers de Saint-Médard où opérait un clone de Campese. Quelques bouteilles, des médailles et des tee-shirts et nous reçûmes la divine mousse avec délectation. Oui, nous fîmes honneur aux castors en ce jour de mai. Et peut-être faudrait-il jouer davantage de matches à toucher. Nos vieilles artères et articulations y trouveraient leur compte. Un ou deux matches classiques par ci, par là. Mais guère plus. Le castor est tactile. Qu’on se le dise.

05 mai 2010

Le cuistot de la semaine, le mouton, la brebis et le bouc

Par Le Barde


La pluie trie les âmes. Il y a les âmes fortes et bien trempées qui ne répugnent pas à affronter les vicissitudes du ciel. Et il y a les âmes frêles qui déclinent toutes perspectives de salut quand le temps se met au gris ; elles sont condamnées et condamnables. Il y a bel et bien un jansénisme de la gonfle et Stéphane le sait. Ainsi, ceux qui n'ont que faire des ondées, des stratus, des cumulus, des cumulo-nimbus sont voués au paradis. Pas les pleutres qui ne gigotent que lorsque le soleil darde de ses rayons triomphants un pré piqueté de touffes d'herbe, de mottes de terre, de boue. La lumière naît de l'humide. Le Toulousain n'en disconviendra pas.
Nous étions donc réduits à la portion congrue mardi à Musard. Le peu c'est beaucoup lorsqu'il est l'apanage des dieux. Il fallait les voir ces flambeaux de la béchigue faire fi des éléments et dessiner de fabuleuses arabesques sur une pelouse rachitique, parsemée de flaques, lourde. Ah ! Loulou conspuant la fatalité des cieux, Guitou feignant des passes pour mieux transpercer une ligne adverse désormais ouverte à ses desseins. Ah ! Alain mystifiant Peyo pour mieux offrir à ma modeste personne l'exquise esquisse d'une promesse bientôt rassasiée. Et Titi plus pinson que jamais, s'envolant à qui mieux-mieux, et se jouant de l'adversaire comme Mallarmé de la rime. Et Perdigue, ahanant comme un étalon fourbu par trop de folles chevauchées. Ah ! Arnaud, déployant sa foulée immense, inaccessible, souveraine. Musard était aux anges. Ses peupliers couvaient d'un regard attendri les quelques castors qui se gaussaient des averses.
Rompus de fatigue, ruisselants de grâce, ils s'en allèrent au trou. Là , Stéphane rendit son pucelage. La chair ne fut pas triste et il n'y eut point d'hélas. La salade en entrée prétextait un été lointain mais satisfit Pioupiou. Vint le mouton trempé dans une sauce sucrée et suave. Et les aubergines alignées une à une, comme autant de berceaux dans une maternité. L'aubergine, c'est le cèpe du pauvre. Que quelques ignares puissent la confondre avec la courgette en dit long sur leur déliquescence. Courges de castors s'exclama Perdigue !
Et ces petits bouts de chèvres, ronds et replets, recouverts de miel. Un régal ! Et cette salade de fruits ! Le petit a du talent et de la suite dans les idées. S'éleva alors un hymne à la gloire de What Else ; Jacky, c'est un rite dont nul ne saurait se passait.
Puis certains traînèrent. Leur conversation fut métissée en diable. Stéphane savourait une initiation accomplie. Le trou se vida. Dehors, la pluie poursuivait sa besogne. Indifférents, les castors roulaient des pensées impures. Et, parvenus chez eux, ils récitèrent ces vers de Mallarmé :
Toi qui soulages ta tripe
Tu peux dans cet acte obscur
Chanter ou fumer la pipe
Sans mettre tes doigts au mur.

01 mai 2010

Le cuistot de la semaine, grand comme un trait d'union

Par Perdigue (qui était là) et Le Barde (qui n'était pas là)


Une douceur quasi estivale baignait Musard dans des langueurs rugbystiques, qui étaient bien loin de rendre les cœurs monotones.
On entendait ce soir-là autant de conneries que de ballons à terre.
Ah ! le bruit ravageur de cette baudruche synthétique heurtant le sol. Si cette onde à Musard devenait un tsunami aux antipodes, il n’y aurait plus un pékin en Australie.
Je passerais donc sur les « encul… », les « Bord… de Mer… », les « Put… que je suis c.. », n’en parlons plus !!
La douche salvatrice nous ouvrait l’appétit en se disant qui si on devait bouffer tout ce qui était tombé à terre ce soir-là, demain, on chierait comme des éléphants.
« Putain Perdigue, t’as dit que t’en parlais plus, tu radote ou quoi » disait le Barde, pendant que Gwen jetait « Ta gueule mes couilles !».
Vous qui lisez ces lignes, pouvez-vous comprendre le désespoir de tous ces bloggers, buvant de la soupe froide et du mauvais vin en attendant des jours meilleurs ? Raillé par ses amis, dédaigné par des commentaires inexistants.
Putain ! Rappelez-moi quel est le con qui a dit que la solitude n’existait pas.
Heureusement que le trou est là. Notre trou à rats. Notre repère, notre âme, là où sévissent les grands hommes. Ne vous fourvoyez pas, nul Montaigne, voltaire et consorts. Je vous parle là des vrais grands hommes, des Bois au bol, de Pépé, du Grozan, de la Piballe et autres Sexe ou Panda.
Et ce soir-là, c’était Jean-Bernard qui officiait au pinacle des grands hommes. Je pourrais vous parler de cette soupe de poisson qui a fait verser une larme à l’Amiral, qui s’épanchait sur le grand large comme une pucelle sur un vit.
Pourquoi vous parler de cette paella distillé par son acolyte Pedro, avec une morue en guise de cerise qui n’a pas daigné se foutre à poil malgré l’insistance de l’assistance et surtout des stagiaires.
Ladite touffe n’était pas une moule de bouchot !!! Les stagiaires se démerderont à mains nues.
Mais là où on ne se sent plus seul du tout c’est lorsque l’on se retrouve en tête-à-tête avec Jean-Bernard. C’est là que l’on comprend que les railleries ne sont que futilités et que seul compte la vérité des êtres vrais. C’est cette énergie venant de ces grands hommes que chaque Castor tire sa quintessence. En taquinant la bouteille de Patxaran qu’il avait pris soin d’agrémenter de quelques glaçons, mon passé se dissolvait lentement pour que l’avenir soit martelé comme les courbe d’une belle italienne.
Vous qui n’étiez pas là, vous ne pouvez pas comprendre la sagesse, émanant de Jean-bernard qui envahissait le trou ce soir-là.
Les chants, pourtant les mêmes que d’habitudes étaient enclins à un profond respect, comme on égrènerait un chapelet de chansons paillardes.

Et même si le Barde n'était pas là, il a toujours quelque chose à dire :

Le Bernard se porte bien chez les archis. Certes, s'il est précédé d'un Jean, ce n'est pas tout à fait la même chose. En sorte que Jean-Bernard (Saubusse) n'est pas Bernard (Palanquès). Ni l'un ni l'autre ne sont d'ailleurs des choses et je m'en veux d'avoir été trop vite en besogne. Ce sont des êtres en chair et en os, dotés d'un esprit redoutable. Leurs sourires en témoignent.
Le hasard n'existant pas, exception faite des caprices de la gonfle, convenons que le trait d'union qui associe Jean à Bernard va comme un gant à notre céleste carrossier. Il fut et demeure un demi-de- mêlée de haut vol, ce qui lui va bien tant Il aime taquiner les cieux. C'est d'ailleurs pour cela qu'il est céleste. Le hasard n'existe pas vous dis-je.
Jean-Bernard, c'est le plus parfait trait d'union qui soit. Sa passe est l'égale d'un alexandrin de baudelaire. Elle me fait penser à ce vers, beau entre tous, du Balcon : « Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses. » Qui n'a goûté la passe de Jean-Bernard est un exilé du rugby ; il ignore
cette parcelle de bonheur que le don seul peut offrir.
Tu en fais trop va penser JB en lisant ses lignes. Alors que j'ai le sentiment de ne pas en faire assez. Que vont penser Suzy et mes deux petites perles en parcourant ces mots ajoutera-t-il ? Iront-elles, mes tendres hirondelles, jusqu'à suspecter d'inversion l'auteur de ces propos ? Lorsque le trop est l'expression du vrai, mon cher JB, doit-il être suspect ? On n'échappe pas à ce que l'on est ; un point c'est tout et c'est déjà beaucoup même si le trait d'union te caractérise. Un point c'est tous en somme.
D'injustes vacances me privèrent donc de tes talents culinaires. Je m'en veux. Mais après tout, ce ne sont là que des péripéties sans importance. Ce qui m'importe, c'est de glaner au plus vite la béchigue que tu transmets comme nul autre. A l'exception, peut-être, de Bernard. Nous y revoilà ; on n'en sort pas ; et, c'est tant mieux. « Et l'homme fort sera l'étoupe, et ses œuvres l'étincelle ; ils brûleront tous deux ensemble, et personne n'éteindra », écrivait Isaïe. Amen.