25 septembre 2015

Le cuistot de Bouffe : Jean Pierre règne en lotus dans le trou « hara »

Par Le Barde et Réglisse


La pluie n'était pas de rigueur. Le ciel était pourtant gris de nuages. Pas l'ombre d'une averse ni d'une oie sauvage. Nous étions une quinzaine. JB était là. On a beau être à l'automne, quand JB est là, c'est déjà le printemps.

Les vieux se mirent ensemble. Le temps ne fait rien à l'affaire, et ils subirent les cannes de leurs rivaux. Dans de justes proportions. La technique aidant, ils démontrèrent (les vieux) que la part du calcul dans la grâce est une alternative heureuse. Seul Croucrou ronchonnait un peu, pestant contre les opprobres du temps.

Dans les vestiaires, Croucrou mâchonnait sa diatribe. Moi, je ne disais mots, rompu aux inégalités de l'existence. Croucrou est un rebelle, et c'est pour ça qu'on l'aime. Dudu maugréait aussi et citait de Gaulle : "La vieillesse, ce naufrage" puis se reprenait. Il n'aime guère la sanction de la clepsydre Dudu, alors, il s'imagine autre, jeune et avenant. Mais il sait les vicissitudes de ses artères. Maxime qui avait eu le bon goût de rajeunir les vieux se moquaient de ces calembredaines et se détendait sous l'eau rafraîchissante de la douche.

Au trou, Cary Grant confectionnait ce qu'il faut de mets pour contenter une assistance réduite. Fayou était là et Bernachot aussi. Plus yoga que jamais. Il tenta de convaincre Jeff et Maxime de s'y convertir sois l'œil amusé de Walid. En fait, ce qu'il aime, c'est le yoga string. Une pratique comme une autre au bout du compte. Une ascèse redoutable qui exige bien des rétentions et une abnégation sans failles. Pendant ce temps-là, le reste de la troupe avalait son lit de charcuterie et une salade tout en fraîcheur, mêlée en diable.

Le plaisir de la Terre se liait à celui de la Mer. C’est ainsi que Jean Pierre remplit nos chakras. L’accompagnement du cochon s’est fait avec des offrandes de l’océan. Une salade Marine composée de fruits de saison et de la Mer, le tout baignant dans une sauce nacrée. Du nacré au sacré, la différence se fait dans la consonne. L’entrée est réussie. L’ouverture est loin du demi. En revanche Bernachakrate épilogua sur ces cours du mardi soir. Il s’inspira de ces positions préférées pour nous dévoiler qu’avec une telle entrée en matière notre plexus solaire ne pouvait que s’ouvrir. Il est relié selon ses dires au pancréas. Il aurait de même une action sur le foie et la vésicule biliaire ainsi que sur le système digestif. Point maître du foyer médian. Dans un langage rugbystique il n’y a pas de traduction, sauf peut-être pour se rapprocher du pet !

Cary Grant méditait dans sa posture de maître yogi ! Quand le lotus s’ouvre, les certitudes s’envolent pour jouir dans la plénitude. Pourquoi se tordre pour alimenter son chakra médian ? Pourquoi se plier tous les Mardis alors que JP dans ses mets peut les nourrir ? Un principe de base pour les adeptes d’une conscience sublimée, les réponses à ces questions sont dans le corps. Le remplir pourrait suffire à cette mission. Piou Piou acquiesça et se resservit dans un pragmatisme libéré. Son troisième chakra, proche de son second nommé pour les érudits le hara ( rien à voir avec la vache qui rit…) est de taille. Cette réserve d’énergie bien titillée par cette entrée en matière s’apaisa dans son équilibre parfait.

Les hommes évoluent. Il nous tarde d’ailleurs d’en revoir certains sur le pré. L’ancien Bernachatte aurait cité Sun Tzu dans sa pratique d’un rugby guerrier « Si ton ennemi te semble colérique, cherche à l’irriter encore davantage. ». Le Bernachakrate du trou n’en est que plus sage « Notre corps est la barque qui nous portera jusqu’à l’autre rive de l’océan de la vie. Il faut en prendre soin ». Si Hamilton avait été là, il aurait prit une photo. Il n’y a pas de Nirvana sans bonnes lumières. Le Tcho, Pépé, et Jacquot prirent une nouvelle licence pour se tordre en yogi et compléter le pôle yoga des activités extra-rugbystiques castoriennes. Le ballon est un chakra aplati, et certains se débrouillent pour l’éviter et mieux léviter.

Cary Grant est au dessus de tout ça. L’heure n’est pas dans l’éveil spirituel mais dans le plaisir des copains. « Montre moi ton chakra, je te dirais si je te resserre ! ». Le Jean Pierre excelle dans l’art de la gonfle et taquine à ses heures des cochonnets blancs avec son bâton. Pour lui l’équilibre se fait toujours sur un gazon. Sans herbe il n’y a pas de sens. Pour le cuistot le yoga à table, c’est comme le coquelicot sur une bouteille de vin, c’est de l’abstrait un point c’est tout. Peut-être que le Nirvana est au paradis ce que le coquelicot est à Sabite. Sur cette question, Piou piou reprit du vin. L’homme sait arroser ses réponses.

L’homme de table proposa de la poitrine de porc farcie et ses légumes. Walid amateur de bon mots à l’autre extrême lâcha « c’était copieux et chakrament bon ! ». La table en écho lui renvoya l’appel du waaaalid. Jean phi en profita pour compter fleurette. Il cultive le coquelicot et la poudre d’escampette. La période ne se prête pas au coquelicot mais aux vendanges. En fromage, le Cary nous proposa du choix entre un camembert et un « Mont d’Or ». Parce que nous le valons bien !

Pour dessert du riz au lait. C'est un standard de Jean-Pierre, l'équivalent de My favorite things pour l'ultime d'un repas. Il y a du Coltrane dans Cary Grant, c'est entendu. Encore que Chet Baker lui aille mieux. Le Sabite ponctuait chacune de nous cuillerées. Benoit était en enfance et souriait. Le riz au lait est d'enfance. Jean-Pierre ne le sait que trop. C'est sa madeleine le riz au lait. Il aime partager ses réminiscences. D'ailleurs, à peine Walid eût-il mâchouiller sa première cuillerée qu'il se rappela un matin d'école à Beyrouth. Le ciel était bleu, le cohérence de Raouché scintillait. Il avait trébuché sur un obstacle. Lorsqu'il se releva, une dame brune lui souriait. Quid du riz au lait direz-vous au pays du taboulé ! Justement.

Une belote de comptoir se dressa. Ça papotait beaucoup. La soirée était douce et la menthe légère. Amélie commentait le monde et Peyo buvait ses paroles. Flo enveloppé de rose s’est mis au vert. Petit à petit le trou se vida. Le ciel, dehors, était toujours gris. Quelques gouttes de pluie. Jean-Pierre fit des claquettes et se prit pour Gene Kelly. On n'est pas serti dans un seul personnage. Jean-Pierre sait marier le meilleur d'Hollywood.

18 septembre 2015

Le cuistot de la semaine, Moi Président....je comblerai le trou !

Par Réglisse et Le Barde

Un ciel gris de fin d'été. Pas de pluie. Du vent. Seize castors sur le pré. Ou peut-être dix-sept ; je ne sais plus. Dudu faisait son retour. Après son méticuleux et interminable échauffement, il se joignit à l'une des équipes, râla un peu, eut, comme d'ordinaire, le geste juste. Les cannes étaient équilibrées. Il y avait un peu plus de technique, à peine, du côté du Tarbais. Juste ce qu'il fallait pour faire la différence. Reconnaissons que son attelage avec Serge a de la gueule.

Les passes furent inégales, courtes lorsqu'elles devaient être longues, molles lorsqu'elles devaient être vives. Rien que de très banal sans JB. Jean-Phi serpentait le pré, Titi savait les bienfaits d'une course droite, Tom zigzaguait, Croucrou se la jouait Fidji à une main. Pascal, pieds nus, nourrissait des courses efficaces. Il a passé l'âge des exploits solitaires et a gagné en altruisme ce qu'il a perdu en vélocité. Preuve d'une sagesse assumée. Léo n'était toujours pas là ; la faute à une épaule en vrac. Sans Léo, il manque ce soupçon de bel canto qui fait du rugby un chant si particulier. Mais les absents, peu à peu, rechausseront les crampons. Sauf à vouloir suivre l'exemple de Pascal.

Au trou, le préside était de repas . Roland nous gratifiait de sa présence ; c'était sa fête. Un Roland heureux, plus lusophone que jamais. C'était aussi l'anniversaire de Yannick qui nous rejoignit sur le tard, nanti d'un fringant Bernachot. Le Libanais, la barbe fournie et grisonnante était également parmi nous. Comme Bernard (Palanquès). Nous fûmes une trentaine.

Le Préside nous la joua classique avec une salade d'endives et de noix. Toutes choses rétives au vin me susurre Croucrou. N'empêche, la salade était bienvenue ; il n'en resta que des miettes.


Les critiques étaient discrètes. Il n’est pas coutume au trou de critiquer le président de table. L’endive et ses noix, la présence des raisins secs limitaient l’intérêt de rajouter une pointe de vinaigre. Un raisin dans son jus c’est comme un pépin sous la pluie. Cela délie les langues et crée son palais. C’est comme la pointe de vaseline sur les oreilles de nos piliers, l’entrée n’en est que plus douce. Le président a une oreille sacrée et fit tintin de tous ces bruits de table. Walid retrouva ses habitudes et ses formules piquantes pour suppléer en vain ce manque de vinaigre. C’était une sacrée première ligne d’entrée de jeu. Nous étions heureux de retrouver notre minaret. Titi ne rata pas l’occasion pour remplacer pioupiou à la chansonnette. A sa décharge elle ne fut point monotone mais bien de saison. Titi a des origines noires américaines, le gospel est sa prière aux hommes. Il prit le La, Lolo n’étant pas là, pour lancer son Walid Day. Oh Walid day… Ensuite du yaourt en rythme et en chœur. Walid retrouvait ses paires. On est loin de Johnny Walliday mais bon la publicité est ainsi faite. Le Barde prit des notes, pour son abécédaire de collection, le W est une lettre difficile à combler sauf avec ses wagons mais bon, il découvrit qu’avec Walid, il ne manque pas d’associations.

Nous priâmes notre hôte pour la suite. Quand le prez préside il discute en laissant ses hommes chanter et rayer leurs assiettes vides. Le bruit de la troupe fait apparemment son bonheur. Mais bon il envoya la suite pour remplir ce vieil adage… « Plus il s’en fout, plus il y a du riz ». Le riz blanc attendait sa sauce et sa viande. Le riz seul ne peut satisfaire pépé qui se décarcasse à nous combler en pain. Le riz est le pain quand on mange à la baguette, c’est un diet niamien qui me l’a dit… « Avec le riz Boulain, plus de maux aux intestins ». Ce soir le prez nous soigne et Titi nous régale en heure sup ! Le barde alluma son portable et nota à la lettre T de Titi. «3/4 centre qui a su donner tout son poids au rugby moderne et toute sa légèreté à la publicité. 88 kilos de véritable bonheur ». Le Barde n’a plus de plumes mais bien le sens du doigt.

Le poulet suivit baignant dans sa sauce basquaise. Le mélange du blanc, du rouge du vert est un salut aux couleurs des castors… Le président n’est pas le prez pour rien. Même si perdigue ne rata pas une occasion pour pointer son olive. Tout est bon. Nous empilâmes les assiettes vides pour laisser place au spectacle du lancer des petites. Les hommes en chœur, le Lalalala et nous voilà partis dans le jeu de réception. Lancer parfait, zéro assiette aux compteurs des pleurs brisés et point Bonus car le jeu s’est fait en présence de notre Bernachatte bien motivé par l’anniversaire de notre homme de doigts à l’âge anisé.
Le fromage du camembert président. Un petit clin d’œil vaut mieux qu’un œil au beurre noir. Les portions coupées, les parts distribuées, le Sabite est toujours là pour accompagner tous ces mets. Le président préside jusqu’à la partie lactée.

Quelle épure dans le dessert. Un cake, rien qu'un cake, moelleux et ferme. Avec un sorbet au citron. C'était parfait. L'amiral en profita pour nous sortir une prune de derrière les fagots. Un clin d'œil aux tontons flingueurs. Il fallait voir la mine de ceux qui l'avaient absorbée. Et entendre leur long râle sitôt la première gorgée bue. Seul Yannick se sentit pour un coup sec puis un autre. Notre homme, en outre, est callipyge, en sorte qu'il offrit son postérieur au champagne pour célébrer ses cinquante et un ans.

Puis Perdigue se mit sur le tapis de cartes et ramassa la monnaie. La soirée se poursuivit un peu. Bernachot nous confia sa métamorphose depuis qu'il pratique le yoga. Il convint d'une certaine solitude lors de ses exercices car il n'est entouré que par la gent féminine. Il avoua que sa concentration en est perturbée et qu'il n'atteindra les sommets que lorsqu'il aura damné le pion à la tentation. Une expérience formatrice et fondatrice d'un nouvel homme. Et d'entonner ce vers de la Mémoire et la mer de Léo Férré : "Mes désirs dès lors ne sont plus qu'un chagrin de ma solitude."

Un ciel toujours plus noir attendait les derniers castors. La pluie restait parcimonieuse. Le vent redoublait. Et je songeais aux délicieux calligrammes d'Apollinaire. Quant au Tcho, il chantait La mémoire et la mer. La faute à Bernachot. Une douce faute, n'est-ce pas.

10 septembre 2015

Il n’y a pas d’horloge sans horloger comme de tradition sans Amélie…

Par Le Barde et Réglisse


C'est la rentrée sur le pré. Foin des boules et vive la béchigue.
Sous un soleil d'été, ils étaient dix-huit. La relève l'emportait en nombre. Si l'on excepte Hamilton, Cary Grant, la Piballe et moi-m'aime. La partie fut équilibrée. Sept à sept au final. Aux biscouettes de Seb et Serge répondaient les cannes de Jeff et de Tom dont le beau-père s'était invité dans l'équipe adverse. Quelques ballons tombèrent. L'automne est imminent et les vendanges proches. Rien que de très normal. Ça râlait un peu mais pas trop. Il est vrai que Dudu n'était pas des nôtres. Gwen affichait une forme de jeune homme mais désespérait ses partenaires par son peu de goût pour la passe. Gwen n'aime pas le toucher. Il ne connaît que les rigueurs du combat. JB n'était pas là et nous manquait. Mais JB n'a pas besoin d'être parmi nous pour être là. Le corps las, humide, les castors rejoignirent les douches.

Comme chaque saison, Amélie entamait les tours de bouffe. Les rites ont la vie dure chez les castors. Et c'est bien.

Notre cuistot du soir, n’est plus un poulain dans sa réception. Nous parlons dès lors de Tradition. L’Amélie met l’eau dans la carafe et boit le vin de Sabite. A ne pas confondre dans le coin des ainés avec un magnum qui a pour ambition d’offrir une seconde chance aux vins délaissés. C’est notre Jacquot qui tape cette transformation. Il en fallait peu malgré tout pour accompagner et assaisonner l’entame culinaire. Les couleurs rouges des tomates donnant le thon pour la suite. La chaleur de l’été se prolonge encore à travers ces plats dont nous n’allons pas faire toute une salade. L’été est dans le fruit ce que le gibier est dans l’automne, c'est-à-dire une métaphore en bouche du temps qui se saisonne et qui s’assaisonne ! Le chef de table ceci faisant proposa ces rillettes de faisan. Il les a faits dans un autre temps, passé celui-ci en anticipant nos réactions futures, de quoi faire retourner tout phénoménologue dans l’interprétation subjective est complexe de temps castorien. Le faisan évoque pour certain un souvenir fameux en Ecosse qui deviendra peut être futur dans notre trou mis en fête pour la coupe du monde à venir. Certains castors savent en effet imiter le gallinacé dans des postures qui sublime la queue plate en parfaite parade anglaise. Bref, le faisan est apprécié par le castor. Dans sa plume et dans sa chair, « Une blonde confiture de faisan » se passait de mains en mains pour s’étaler sur des bouts de pain et terminer leur course dans notre palais émoustillé. Le Sabite en bouche ouvrait par association tout une gamme de plaisir et de paroles pour vénérer le raisin vinifié et le faisan sacrifié.
 
 
Le temps du porc en ces rodomontades sur les menus scolaires était bienvenu. D'autant qu'il était accompagné de petites carottes et de petit pois mitonnés avec de tendres lardons. Le rôti était fondant à souhait. Délaissant le Hauchat de Jean-Phi, Seb l'accompagna d'un gros plan nantais sous l'œil circonspect de Serge. Le gros plan, d'ordinaire, taquine davantage le boulot que le porc. Seb, il se branle de l'ordinaire. A ses yeux, c'est un cliché. Le monde est ce que l'on en fait. Et surtout pas ce que l'on nous demande d'en faire. Pioupiou ne disait mots avant que d'entonner son refrain préféré : "Mais mais non ce n'est pas une chanson monotone". Avec la complicité de Cary Grant. Le refrain étant exclusif de la chanson, une antienne sans fin répétée, l'agacement nous gagnait. Et Titi de répondre par :"Mais si mais c'est une chanson monotone". Il ne manquait que Guitou pour remettre un peu d'ordre et rappelait les douceurs langoureuses de la fin de l'été. Regis suppléait Tcho en face de Pépé. L'intergénérationnel, c'est son lot quotidien.

Amélie prenait son temps en cuisine aux grandes dames de nos convives. Les castors sont horlogers et ont le rythme dans la peau. Ce n’est pas pour rien que la chanson est monotone. Une fois la cadence lancée, chacun s’associa à créer une table heureuse en chanson. Le titi buvait et chantait en canon. JP cherchait les aigus dans les verres et les assiettes. Et Gwen jouait les chaises musicales, le tout faisant une chanson monotone, dans l’apothéose d’un air de retrouvaille. Il parait que les hommes chantent quand ils sont heureux. La chanson de PiouPiou en prit du coup un relief majestueux. Tous les acteurs de la soirée transformèrent cette cacophonie répétée en véritable symphonie du bonheur. PiouPiou est à la table des Archis ce que Mozart est à la musique classique c'est-à-dire un véritable transformateur électrique !

Le temps des assiettes est compté pour cette reprise. Nous repartons à zéro, il est vrai qu’il n’est pas bon d’être assiette à dessert au trou. Amélie pris ces dispositions, la première toujours par tradition fut sacrifiée. Point de pression pour l’homme de réception. S’il faut en casser une, ce sera la première. L’homme a confiance en son lancer. Ce sera la seule qui ne trouva pas sa cible humaine ou ses mains de délivrance. Il n’y a pas de divin sans sacrifice. L’homme ne le sait que trop bien. Il n’y a pas eu d’hécatombe juste une assiette qui tombe. Jacquot apprécia ce geste, ses prières entendues et Pépé avait le sourire. L’homme d’expérience prit son béret pour saluer la technique et la dextérité de ses compagnons de table. Le lancer applaudi, le fromage aplati, la messe est dite.

Pour dessert un crumble voluptueux, confectionné par les mains expertes d'Isa et Cathy. Serge le déclara écossais. J'émis un doute. Au mieux, il était béglais et, dans tous les cas, excellent. Une belle idée d'Amélie et une parfaite entrée en matière conclue par quelques verres de Get.

"Hercule ne s'est pas fait en une seule nuit" dit Pioupiou, qui sait son Ménandre sur le bout des doigts. Et d'entamer une marche virile sous le ciel étoilé.

04 septembre 2015

Par le Barde
 
 
 
Le cochonnet, c'est le petit de la boule, son objet. Qu'une boule puisse avoir pour cible une plus petite qu'elle ne la rehausse pas, loin s'en faut. Mais pourquoi diable cochonnet ? Pourquoi cette boule plus menue porte-t-elle ce nom ? Une affaire de cochons la pétanque ?
Ou, plutôt, de truie. Car, si cochonnet est le nom de la boule à atteindre, frôler, tutoyer, truie doit être le nom légitime de la boule, la boule étant du féminin lors que cochonnet est du masculin. On peut, il est vrai, affubler la boule d'autres noms : petit ; têt ; gari (en provençal) : le but. Toutes choses qui nous ramène à ce qui lie la boule au cochonnet : la pétanque. Il n'est pas inutile de rappeler, ici, qu'elle tire son nom du provençal pèd : pieds, et tanca : planté. Une manière comme une autre, en somme, d'avoir les pieds sur terre. S'il n'est pas solidement arrimé un joueur de pétanque est promis à l'échec. 

On ne m'en voudra pas de cette introduction. La rentrée est aussi scolaire, et il est bon de se livrer à des exercices de raison et de sémantique. Mais chez nous les castors, la rentrée tient aussi du conte puisque c'est la fée qui est à la baguette. Pour décor : le boulodrome de Floirac. De quelques mètres carrés de caillasse, la fée fait un terrain de boules. Puis, la partie terminée, d'un nouveau coup de baguette il efface les traces de nos joutes boulistes. "On sait bien que les contes de fées, c'est la seule vérité de la vie" écrivait Saint-Exupery.

Il y avait du monde à Floirac et du beau. Les vieux étaient là, Coco et Pépé en tête. Coco était ceint d'une ceinture abdominale et frais comme un gardon. Ses tribulations chirurgicales de l'été ne sont plus qu'un lointain souvenir. Pépé était naturellement accompagné du Tcho et de son petit d'homme. Le Préside avait fait bien entendu le déplacement. Et l'on retrouvait nombre de cinquantenaires, à la peau halée par le soleil : Titi, Lolo, myself et j'en passe. Ainsi que quelques jeunes , Peyo, Maxime, etc,. Mais aussi Pascal Apercé, toujours aussi fringant, Guigui.

Il fallait un vainqueur. Ce fut la triplette du Tarbais. La faute à Joël qui ruina les espoirs de la bande à Hamilton. Joël a le carreau facile, comme Croucrou. Et c'était comme des coups de tonnerre dans la nuit floiracaise. Le Tarbais, il est vrai, était assisté de Dudu et de Régis. Un trio équilibré qui sut tirer partie de ses adversaires. Gary Grant démontra qu'il avait la boule alerte et Lolo la main vive. Ce qui ne suffit pas pour gagner la mise. Qu'importe, il n'était question que de retrouvailles, et elles furent réussies. Que la fée soit louée, une fée apaisée, zen, avec ce petit côté fleur et sarment qui est la variable contemporaine du peace and love de jadis.

Mardi prochain, fi des rondeurs et retour à l'ovale. Qu'on se le dise.