29 novembre 2015

Le cuistot de bouffe : Patrick coache un jour, coache toujours !

Par Réglisse et Le Barde
 


La pluie cessa dès que nous fûmes sur le pré. Comme si elle attendait de voir avant de faire des siennes. Nul doute qu'elle fut ravie ; pas une goutte. Nous n'étions qu'une douzaine à courir après le cuir ; en sorte que la ligne des 22 mètres s'imposa comme frontière. Un petit périmètre en somme mais qui ne fut pas avare de belles choses. 

La partie fut équilibrée et vive. Le castor porte beau en automne. L'hiver n'a qu'à bien se tenir. Jeff était en forme. Il pesta contre ses quelques fautes de mains, mais il alla souvent à dam. Il y eut beaucoup de croisées, quelques surnombres bien négociés, d'autres un peu moins. Le rugby est un sport d'ailes. Ou, si l'on veut, un sport d'oiseaux. Oui, le pré est notre ciel. Léo était enfin parmi nous. Il n'a rien perdu de ses charmes rugbystiques. Le beau jeu l'emporta sans conteste. Sous l'œil expert de Dudu. Croucrou rejoignit les siens sur le tard et se fondit dans l'excellence qui régnait. Il y avait bien longtemps que les trois grâces (les trois Eric) n'avaient joué ensemble. Le pré est alerte et guilleret. Quelques soupçons de castors en plus, et tout sera parfait. Même si avec peu, on peut faire de l'or. Le rugby est une alchimie.

Au trou, Patrick (Dinclaux) s'exerçait. Pascal Apercé était des nôtres. L'Amiral était également là. Sur la table, les plats accueillaient feuilles de salade et tomates dans l'attente de samoussas, ce beignet triangulaire, originaire du nord de l'Inde, composé d'une fine pâte de blé enrobant une farce faite de légumes ou de viande, de piment et d'épices. Le samoussa était parfait. Pour le plus grand bonheur du Poulpe et de La Piballe. L'Inde est toujours la bienvenue au trou. Le trou, c'est l'universel moins les murs.

Aux bouts de table siégeaient d’un côté les piliers et de l’autre les secondes lignes. Tant d’écart entre ces hommes que le combat de la mêlée n’a su que rapprocher. Les piliers ont choisi leurs camps, prés du frigo et de la cuisine. La douche oblige, les étaies eux se rapprocheront de la télé. Le bar sera dégagé de toute assiette puisque toute la compagnie tiendra dans la tablée. C’est ainsi !

Les jeunes, stagiaires et archis sont dans une ère où l’image a son sens. Point d’action sans ralenti. Point de médaille sans caméra. Point d’histoire sans écran ! Les tours de contrôle pour la soirée sont en fait des troisièmes lignes. Les troisièmes lignes ont pour logique de seconder les secondes qui maintiennent eux la première. Pour le repas, il faudra mesurer plus d’1 mètre et 85 centimètres, gel de tension accepté pour les mèches rebelles. La sanction est de se poser au bout de la table. Les piliers n’en ont pas besoin, du gel ! Le béret fera l’affaire. Jeff et Bernachatte se prêteront à cet exercice. Le principe de taille se résigne dans la variance d’un centre de gravité plus mobile. L’équilibre est instable mais l’esprit bien en hauteur. L’ambiance malgré la hauteur était rigole et frivole. Le centre de gravité est uniquement mis à mal pour le toucher. La discussion en revanche allez bon train, et Jeff n’hésita pas une seconde pour demander plusieurs coups de « samousalade ».

La fusion est belle, l’amalgame se respecte, le palais explose. C’est une règle fondamentale des hommes de premières lignes.

La nature, nous le rappellerons jamais assez, rigole dans la diversité. Les archis sont organisés dans le trou. Les piliers sont faits pour maintenir les édifices et supportent par nature le poids des autres et dans une autre mesure le poids du temps. Les piliers méritent des étaies. Les piliers qui siègent du coté de la cuisine sont des colosses. Malgré la pluie Pépé garde la baguette pour les copains. Le Tcho lui garde sa fameuse tenue de conduite. Et Jacquot veille toujours aux bons grains. Patrick a son saint et se positionne en son sein. L’édifice est sacré. Il faudra du mental pour alimenter la soirée. L’homme à l’occasion est coach. Et ce soir il prépare ses troupes pour une envolée gustative. Mais le mental n’est rien sans sa saucisse. Si Freud m’était conté… L’homme souhaite satisfaire l’estomac de ses hommes. Le plaisir est une chose, le mental une matière à coacher. Point de stress pour le tour de bouffe puisque tout se fait sous contrôle. L’art du coaching selon saint Patrick est de circonstance. La gestion du stress dans la vie comme au trou, c’est son affaire. Les piliers sont entre de bonnes mains, rien de tels que des hommes d’expérience qui philosophent ou qui tout simplement espère aimer la vie. Jacquot en équilibre, se prêta à citer Oscar Wilde « Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles. ». Le Tcho hésita à sortir sa fusée. Il conduit et pilote toujours quand l’occasion s’y prête. Le Barde est dans son élément, des bons mots, du Sabite dans le verre et de la saucisse pour épicer la Réunion. « Les bons mots coach ! C’est bien ! Mais envoie la saucisse ! » s’exclama Jeff qui a déjà la tête dans les étoiles. Bernachatte les yeux fermés, le samoussa en son troisième chakra, zen toujours. De la Réunion à Montbéliard seule la saucisse nous sépare. Le riz est à volonté. Le cuistot sait que le mental sans son estomac comblé s’éloigne par nature des illusions castoriennes. Le coach de table gère. Le rythme est approprié, point de presto mais bien de l’allegro dans l’âme.
L’ « allez gros » se prête toujours à merveille pour les hommes de mêlée !

Le lancer d'assiettes fut si paisible. Seule la Jacouille laissa échapper la précieuse offrande. La faute aux premiers froids sans doute. Pépé fut encore magistral dans sa réception. Un immense brie que Patrick avait pris soin de découper en autant de tranches fit le bonheur de l'assemblée. Avec ce qu'il convient de Sabite pour l'accompagner. Comme le trou est verbal, les conversations allaient bon train. Le monde avait enfin trouvé la paix dans ce havre de sagesse. Sous l'œil vigilant de Tcho, le chantre de l'octave. Jusqu'au plus intime de son être.

Les tartes vinrent comme une évidence. Comme chacun le sait, tarte est étymologiquement une variante de tourte, du latin torta, ellipse de torta panis(« pain rond »). Mais la tarte aussi désigné une beigne, ou une bouffe si l'on préfère. J'ignore l'origine de cette variante et peu importe.

Le bardinet, faute de What Else qui nous manque, fut, comme souvent de café. Le trou paisiblement se vida. Dehors, une pluie chafouine embrassait le pavé. Léo n'en avait cure et chanta Flying on the moon. Notre crooner est de retour. La vie est belle. 

21 novembre 2015

Le cuistot de Bouffe, Yannick en pacha perché!

Par Réglisse et Le Barde


Ça trotte, ça galope, ça vit sur le pré. Avec Serge et Seb en figures de proue. Et Walid toujours plus vif sur cette aile trop longtemps orpheline. La jeunesse était abondante. L'automne est si printanier aux archi. Dudu sans Hamilton donnait le la. Le talon d'Achille d'Hamilton fait des siennes. Pas de pré pour l'amoureux de la chambre claire. Son talon sonne un hallali que l'on souhaite provisoire. Il nous reviendra avant le temps des lilas, et, peut-être, du mimosa.

Croucrou, ceint d'un maillot de l'UBB, fut alerte et altruiste. Titi impérial. Et notre hirondelle de Jean-Phi allait ses courses latérales sur un pré converti en ciel. On dit à tort que les hirondelles ne font pas le printemps. Il n'y a que les sots pour voir l'hiver à leurs portes. Avec Jean-Phi, le printemps est de toute éternité.

Il y eut assez peu de commentaires. Il flottait comme un parfum de tolérance. Le jeu l'emportait sur la règle. L'esprit des lois ne vaut que par la liberté qu'il accorde au beau. Jeff filait de temps à autre vers cette terre promise qui ne tient qu'à un rectangle. Le paradis est peu de choses. Un arpent d'herbes. C'est toute la grâce du rugby.

Deux invités étaient des nôtres. Le castor est accueillant. Son identité tient dans cette ouverture à l'autre, sa répugnance au repli. Le castor est hospitalier. Il ne manquait que JB. Sans JB le pré, comme le presbytère, manque beaucoup de son charme. Il mène d'autres combats notre Mozart et l'on est de tout cœur avec lui.

Au trou, un parfum de couscous distillait ses arômes. Yannick Pacha prenait les destinées du repas en mains. Le grand Tom était là, se souvenant du Yannick encore adolescent, timide et secret. Il fut le témoin de ses métamorphoses. Nous en recueillons les fruits.

Le cuistot est costaud. Il est comme Popeye, amateur d’épinards. Et le marin bodybuildé ne sort jamais sans son olive. L’homme en impose et question olive, il dispose. Les noires, les vertes, les pimentés, les fourrées, bref le bar est conquis par tous ces fruits qui sentent bon la Méditerranée. L’olive n’est pas une pastèque. Cependant sa multiplicité satisfait tous les palais assoiffés. L’étalage est coloré et se prête à merveille aux éclats de nos boissons houblonnées. L’ambiance est chaude. Les olives sont de sorties. Le cuistot est un homme de doigté. Les points de tensions trépassent quand il tâte le bout de son olive. Les cahuètes cette fois-ci respirent, les chips ne sont pas sorties de leur poche. C’est ainsi, le Maroc se découvre dans l’olive. Les taquineurs de la balle étaient bien nombreux sur le gazon et bien tout autant pour le plaisir du trou. La table est comblée et le bar retrouva ses mangeurs. Parfois quelques olives suffisent à faire bouger les troupes. On aligne de nouvelles assiettes, on vide le dernier verre pour passer au ballon. L’ovalie est de sortie, la terre est ronde comme une olive. Tout le monde le sait !

La grappe au Maroc est respectée, du rouge, du rosé au gris, tout se lie aux ferments. Le château proposé n’est pas du Boulaouane, ni de la sidi ali (contrex du pays) mais toujours notre Calife du raisin, du Sidi Sabite.

L’ambiance est bien du Sud, les vieux près du Nord, les affamés à table et les retardataires au bar. Le service se fera par conséquent sur deux tableaux. L’entrée est une salade de tomate. Simple mais puissante. La découpe est virile, mais n’est rien face au plaisir féminin offert par la coriandre. L’oignon pique et rafraichit l’ambiance de la salade. Cette balance du rouge, du vert, du blanc s’évapore en mirages d’orient. La nostalgie est là, la tomate n’est plus tomate, elle est Volubilis. Fès n’est vraiment pas loin. Pépé repositionna son béret. La chaleur d’orient mériterait le chèche. La boutique baissa les yeux. Le béret hésite, l’homme bleu du dessert ne peut se découvrir à l’entrée. Le béret lutte, hésite, le combat est intense. Il tiendra néanmoins jusqu’au couscous.

L’annonce était faite en semaine. Comme au baseball, le batteur à la base pointant de sa batte la satellisation de la balle, Yannick à pointer son objectif, l’harissa sera et le couscous nous décoiffera. La métaphore est américaine, mais nous le répétons bien assez le cuistot a voyagé. Le plat est magnifique, une montagne de délices mijotés, de moutons et de poulets transformés, de légumes noircis et épicés de la carotte au chou, le navet d’un sombre nacré, les raisins et tout l’attirail nécessaire pour camoufler la semoule. La quantité et la montagne sont telles que la semoule à sa base n’est accessible qu’après une périlleuse perforation. Comment casser le tableau sans blesser la merguez ? Le chef sort sa toque pour se couvrir d’un fez marin et sa queue de sirène. Walid amateur en jeu de mot, souffla à demi-mots que tout le folklore c’est pour nous mettre l’eau à la tarbouch… Les youyouyous sont de sortis, l’exploit est accompli. L’homme est bien capable du sbib comme du meilleur répondit le poulpe présidentiel. Le hic est dans la semoule qui n’a pas supporté la pression de toutes ces victuailles. Mais bon, dans le couscous de yannick tout est bon et bien à volonté. Le monde est conquis. Les charmes s’opèrent. Le cuistot en profita pour motiver les troupes, l’expédition se dessine. Le porteur d’eau, le fez virevoltant pour réchauffer les cervicales des archis joueurs. Les ballades sont encore à négocier dans les souks de casa du COC au RUC, le rugby a ses attaches. Le tournoi est annoncé ! il se fera sans mais, et bien en Mai. La fantasia culinaire est explosive. Les coups tirés sont multiples et résonnent dans l’unique. L’œuvre était bien ambitieuse. L’homme ne sera pas celui qui patauge dans la semoule. L’inverse ne coopère pas.

Pépé contemple et jalouse le fez du patron de soirée. Le Fez est au pacha ce que le béret est à Pépé. Titi la tête découverte pense aux chèches égarés. N’est pas couvert qui veut !

C'est peu dire que le lancer d'assiettes fut d'excellence. Yannick Pacha menaça de les expédier les yeux recouverts d'un bandeau. Il n'en fut rien. Et à de très rares exceptions près, les assiettes atteignirent leur cible. Pour la plus grande satisfaction de Pépé, dont le puîné avait subi les foudres d'un coupeur de cheveux en quatre. Plus de mèches rebelles. La Jacouille était sage. Et la Fée se régalait comme un enfant de son trou retrouvé.

Le fromage ne fut qu'une douce formalité. Une concession occidentale à un dîner tout en orient. Un mélange civilisationnel. Tout repas est l'aveu d'une philosophie. Yannick, en bon disciple de Montaigne, est un homme mêlé. Le traditionnel Tiens voilà du fromage précéda nos bouches gourmandes, encore émues par un couscous de si bon aloi.

Retour à l'Orient avec une panoplie de desserts marocains. Que du bon, du fin, du délicat. Surtout ces tranches d'oranges parfumées à la cannelle. Un régal. Cette fraîcheur était la bienvenue. Cornes de gazelle, ghoribas, makrouts et j'en passe. Le bon docteur eût aimé cette prodigalité pâtissière. Yannick est généreux, l'abondance dont il fit montre en témoigne. La Piballe était ravie. Amélie aussi. Toute l'assemblée communiait dans la profusion des mets d'un soir. Que Yannick Pacha trouve, ici, notre infinie reconnaissance.

Un crachin d'automne dispensait ses gouttes malignes sur le bitume. La rue était calme, si calme. La Piballe prit le chemin du retour le cœur léger et le ventre lourd. Et de rêver d'un jour comme un oiseau sur la plus haute branche. Mon barde, me dit-il, la vie est belle. Nul ne nous volera notre insouciance. Et de lever les yeux au ciel, mesurant notre chance d'être.

16 novembre 2015

Le cuistot de bouffe, Ben a la patate et 40 bougies

Par Le Barde et Réglisse
 
 
Le pré était humide. L'hiver, peu à peu, s'immisce. A fleurets mouchetés. L'automne n'est pas morte encore. Guitou faisait son retour. Pas l'ombre d'une correspondance avec l'automne ou l'hiver. Guitou n'est que printemps. Serge était accompagné de son frère. Le rugby est une fratrie. Qu'elle soit ou pas en chair et en os. Le frère de Serge taquine bien le cuir ; sa passe en impose, juste, précise. La bande à Guitou domina son sujet. Avec la fratrie dans ses rangs. Seb était de l'autre bord. Il fit contre mauvaise fortune bon cœur. Le Libanais retrouvait son aile et Jean-Phi faisait d'involontaires écrans au grand dam du barde. Le Préside, ceint de son traditionnel maillot vert, allait ses longues foulées. Hamilton dut quitter le pré par la faute d'un tendon d'Achille chipoteur. Le toucher fut vif, alerte, guilleret. Sous l'œil avisé d'el Poulpo anticipant sur ses futures campagnes. Il y a du Bonaparte en lui.

Au trou, Benoît nous attendait. Sans Pépé mais avec le Tcho, la Jacouille et Guigui.

Il est naturel qu’après l’effort sonne le réconfort. Piou Piou est en avance pour lâcher la pression. Les cahuètes pour accompagner et nous voilà à polémiquer sur les envolées du soir. Ce soir, les Escassuts sortent en famille. L’hiver se rapproche, les plaisirs du trou perdurent dans leurs liens amicaux et familiaux. La transmission dans la famille n’attendra pas l’hiver ! Les Escassuts sont partageurs et bien présents pour témoigner à Paul, la jeune relève le plaisir des crampons, de la gonfle et de la chansonnette.

« Enculé » n’est pas un gros mot quand on le dit en chantant. Pour preuve que certaines régions l’utilisent pour ponctuer. La virgule à Marseille n’inspire-t-elle pas cette métaphore subtile. Elle devient malheureusement « con » à Tarbes, et silence à Bordeaux. Le voyage ouvre les horizons et la ponctuation les orifices. Freud verrait du sexuel dans toute chose, Lacan un parlêtre dégrisé. Mais il est bien question d’un hymne à l’amitié. C’est sûr qu’au collège, entre deux multiplications « l’enculé » serait de trop. En biologie devenue SVT cela passerait peut-être. Le pari serait pour le jeune disciple de se risquer à remercier le savoir par la chansonnette. Qu’il serait bon de pousser cet air quand le maître à résolu une équation complexe à triple inconnues. Cela flirterait avec le bonnet d’âne. Qui sait ? Il n’y a pas d’âge pour chanter le cuistot « enculé ». Pour les castors, c’est un hymne à l’amour et aux copains. Point de bagarre qui en découle, juste une chanson en cœur ! Le petit Paul est ravi, son sourire en dit long. A l’instar de son grand-père, il a l’art de la rigole.

Benoit pour mériter la chansonnette a sorti sa salade piémontaise. Les produits sont frais. Serge est pour la soirée avec son frère. Les hommes sont à tablée pour partager les deux plats préparés. Des tranches de pain du pépé pour absorber la sauce et nettoyer l’assiette. Tout est bon dans la Piémontaise. Les assiettes redevenues vierges, nous repoussâmes la chansonnette cette fois-ci sans ponctuation marseillaise. Nous rappelons que le repas de ce Mardi est en famille. Et dans la famille, il y a des oreilles sensibles.

Nous voilà donc dans le vif du sujet. Benoit, Ben pour les intimes ne lâche pas la patate. Le plat est léger du riz à la patate. Une coutume de chez lui, tout se marie avec la patate, l’entrée, le plat principal et l’humeur. Il garde la patate. Gwen son parrain, aurait été fier du met. Pour les deux énergumènes l’origine du monde ne dépend pas de la pomme d’Adam, mais bien de la pomme de terre. Le riz n’est pas uniquement associé à la patate, il se parfume au curry et sa carne. Le tout nous rapproche des Indes. Pépé à défaut de turban garde le béret. La chaleur des épices, le gingembre en poudre, donna la patate à notre revenant de Guitou. L’effet est immédiat, l’homme et le curry ne fait pas bon ménage. Il revient d’un long voyage. Le sādhu qui est en lui (du sanskrit साधु sādhu, « ayant atteint son but, homme de bien, saint homme »)souhaite sortir sa tête en passant tout d’abord par son torse, bien bronzé pour la saison. Guitou dans cette quête du sadhu quitta dans l’illumination sa chemise. Le sadhu est un chemin parsemé de sacrifice et par essence s’éloigne de tout de ce qui nous rapproche du trou. L’objectif est sublime mais le calvaire trop conséquent. Point de spiritualité dans sa chemise tombée, peut-être un effet secondaire d’une vie consacrée à la compagnie Air France. Loin de toutes interprétations spirituelles ou syndicales, quand Guitou tombe la chemise c’est tout simplement pour combler son trou. Les frères observent, apprennent, et se resservent tout en se préservant de quitter leurs chemises. N’est pas Guitou qui veut !

Le lancer d'assiettes commença sous les meilleurs auspices. Pas l'ombre d'une maladresse. Avant que la Pibale n'échoue et que les premiers fracas ne retentissent. Benoît n'y était pas pour grand chose. Un coulommiers siégeait dans son papier immaculé. Guitou fut à deux doigts de le recouvrir de son encre. Peut-être en mal d'inspiration, il se retint.

Alors, le Poulpe se leva et déclara : " J'ai décidé de me présenter à la fédération française de rugby. J'ai longuement réfléchi. Plus rien ne m'arrêtera." Une clameur s'éleva. La Jacouille essuya une larme et de dire : " Enfin". Le Poulpe poursuivit : "Un vent nouveau doit souffler. Je suis l'Ulysse de la gonfle." Seb était pétrifié d'admiration. Walid un peu moins et Jean-Phi pas du tout. N'empêche, pour la première fois, le trou devenait l'antre et la matrice d'une destinée. "J'annoncerai officiellement ma candidature jeudi. Pas demain. Demain, mon cœur ira aux poilus. Il faut respecter les poilus." Puis, le repas, non sans difficultés, reprit son cours ordinaire.

Le tiramisu qui suivit détendit l'atmosphère après ce moment considérable. Il était parfait ce tiramisu avec, me semble-t-il, un soupçon de crème de marron. Quelle douceur. Le Poulpe ne pût s'empêcher de dire que sa campagne aurait aussi un petit côté tiramisu. Qu'il ne s'en tiendrait pas aux clichés, que la créativité était l'expression même du french flair. Du french flair au tiramisu, il n'y a qu'un pas. Le Poulpe l'a franchi. Bernard Laporte n'a qu'à bien se tenir.

Benoit déboucha quelques bouteilles de champagne pour fêter ses quarante ans. Certes, il est de juillet. Mais il n'avait pas eu l'occasion de célébrer ce changement de cap. Mettre un peu d'été en automne est une manière comme une autre de faire la nique au temps. El Poulpo, lui, revint à ses rêves de grandeur. Se tournant vers Walid et le Préside, il se lança dans un bref Moi, Président, un peu comme l'on fait ses gammes.

Quelques castors rejoignirent la nuit dés la fin du repas. D'autres firent une belote de comptoir. D'autres encore bavardèrent. Seb était en verve et entama une conversation profonde avec Bernatetchate. Hamilton se refaisait la cerise. La paix régnait. Le trou se vida. Le ciel était de velours. "Rien comme être n'est passager" murmura Régis, "mais c'est si bon."

07 novembre 2015

Le cuistot de bouffe, l'amiral à la retraite, la morue aux charbons...

Par Le Barde et Réglisse


Là bas, à Bussaguet, Franck fait la nique au temps. Point de bougies et autres fariboles, non, il torée le temps. Tu ne m'auras pas lui dit-il et de lui faire une Véronique de rêve. La besogne faite, il adresse un sourire à la vie. Happy birthday Francky, le natif du 4 novembre, le bon docteur, le castor qui possède, comme nul autre, le don d'ubiquité. Une présence de chaque instant, un nomadisme du cœur qui sont autant de ses vertus. " La vertu d'un homme ne doit pas se mesurer par ses efforts mais par son ordinaire" écrivait Pascal.

Sur le pré, nous étions une quinzaine. Serge a conjuré le sort ; il les a eus. Enfin. Bien aidé, il est vrai, par un Perdigue tout feu tout flamme. Se gaussant de tout évitement, il perfora plus que de raison une muraille adverse, "Le cœur a des raisons que la raison ne connaît pas" dixit encore ce bon vieux Blaise. Il est vrai que la muraille en question était quelque peu ébréchée. Perdigue manie l'art du trou, de la pénétrante comme personne. Surtout lorsqu'il est servi par Serge. Sans Seb, Serge il a son Perdigue. D'ailleurs, il y a plus qu'un soupçon de ressemblance entre les deux compères. Une affaire de connivence en somme.

Donc, le pré où un Hamilton renversant retourna son pouce et quitta, de guerre lasse, ses partenaires après avoir été secouru par la main experte de Pascal. Pascal, il sait la nécessité de sa présence, mieux, il l'anticipe. Avec un tel prénom, rien que de très ordinaire. La grâce efficace en somme.
La partie fut vive, joyeuse, alerte. Le castor est en jambes en ce doux automne. L'hiver sera fécond , l'hiver est une poule aux œufs d'or. Peut-être serait-il plus opportun d'évoquer les grues. Leurs vols enchantent nos matins et nos nuits. Il faut aimer les grues.
Il y eut une cascade d'essais. De beaux gestes, des courses fières ; comme un parfum de Blacks. Oui, le pré est notre royaume et le trou notre palais.

L'Amiral ceint d'un tablier irish attendait ses hommes d'équipage. Un albatros. L'équipage était fourni. Au bar, Amélie remettait un peu de vigueur à des étagères mal embouchées. Allongé sur le sol, il opérait. En sorte qu'il fallait franchir son corps pour atteindre la dive tireuse.

La bière coula comme un torrent. Du Minelli dans le texte. Avec Perdigue en Sinatra, faute de Léo qui nous manque. Sur la nappe, croûtons, rouille et fromage râpé annonçait une soupe de poisson. L'amiral, comme de bien entendu, n'agit que dans le maritime. La soupe était parfaite. De longs filaments pendouillaient sur nos lippes. Un petit blanc de derrière les sarments, sémillant à souhait, faisait une nique momentanée au Sabite. Poisson oblige. L'Amiral en rajoutait avec un cubi de rose de Provence. Jean-Phi resta digne.


« Ils étaient deux amants,
Qui s’aimaient tendrement
Qui voulaient voyager
Mais ne savaient comment



Allons à Messine
Pêcher la sardine
Allons à Lorient
Pêcher le hareng. …
Quand l’Amiral cuisine, le trou navigue. Autour de la table, des mariniers prêts à avaler la marée. L’homme a beaucoup voyagé. Ca se sent dans la descente. Déjà dans l’escalier, les flagrances en remontées nous donnent envie de chanter. Les narines deviennent marines. La chanson est de rigueur quand l’homme revient à son port.

Pour sûr, l’Amiral est du signe du poisson et non scorpion comme notre francky. Les plaisirs des hommes sont multiples et les saveurs qui les comblent infinies. Le voyage a mené l’homme aux quatre vents et la cuisine à sa soupe de poisson. Piou Piou navigue lui aussi. L’homme est un explorateur des plaisirs de la vie. La poésie il la caresse comme une brise légère sur la grande voile. Parfois elle gonfle, parfois ça pousse, parfois ça chavire comme toute ballade aventureuse et amoureuse entre l’homme et la mer. Le plaisir des mots, de la gonfle et du poète restent par essence identiques.

Dans la soupe de poisson, l’Amiral a pensé à la rouille. La rouille pour les wikipédiens est composée de foie de lotte, de pomme de terre, de tomate ainsi que d'un peu d'ail et d'huile d'olive et le tout passé au pilon et au mortier, agrémenté d'un peu de fumet du plat de poisson. Quelquefois appelée mayonnaise provençale, la rouille est servie avec la bouillabaisse ou la soupe de poissons à la sétoise et accompagne les plats de poisson, les crustacés et les poulpes. C’est un rappel accessible à ce dictionnaire webien et populaire mais pour le poète qui se respecte la rouille n’est pas le devenir d’un fer mouillé ou le supplément aromatique qui dérouille la soupe de poissons mais bien une matière unique pour lancer la rime.

Piou Piou, les rimes en « ouille », il les sublime. Ces alexandrins comptent les verres. La technique est unique elle naît du trou. Le voilà debout, l’orateur, le Barde en visée, le bras de fer qui rouille est lancé. Point de gant qui se jette au trou. Le barde accorde les premiers vers à l’initiative et amateur de duel de mots accorde l’envoi à notre Cyrano. Tout y passa, le scribe est dépassé tant le phrasé est élancé. Le Ouille touche la grenouille, le fenouil, la crapouille, la chatouille, la nouille (cuite à l’eau), la nouille (qui fait l’idiote), la nouille entourée de ses paires qui riment tout autant.

Il est beau le poète qui nous prouve qu’il n’excelle pas uniquement dans la chansonnette. L’ambiance est marine. Les hommes présents bien heureux de partager la soupaille et la ripaille. Le marin ne se libère des nœuds. Les assiettes creuses font place aux plates. L’accueil du plat est de mise. Du jaune, du blanc et du noir sont les couleurs du soir. Point d’omelette cette fois-ci mais bien un mélange subtil de pommes de terre, de fromage, de crème, de "ba. Le noir vient des olives. Il n’y a pas de bacalao sans son lieu noir.
 
…Le trou de mon cul,
Soufflera dedans.
Sacré de Dieu,
Ça puera bougrement


Allons à Messine
Pêcher la sardine
Allons à Lorient
Pêcher le hareng. »

Le plaisir est grand et la chanson se termine. C’est une constante quand l’homme apprécie le plat, le silence se fait. Le délice est ainsi.

Le lancer d’assiette est digne du sage qui a traversé l’Océan. Il le répète bien assez « La terre n’est pas plate », il nous le confirme « il faut connaitre toutes les forces en présence ». L’Amiral les adore, les nourrit, les taquines (carton plein pour Titi) . Même Pépé est converti et en a gardé son béret. Le lancer décoiffe mais se rattrape. Les assiettes dans la Marine comme dans l’aviation se maitrisent pour préserver l’équilibre de tout bâtiment. Celui du trou est par conséquent maintenu, la Santa Maria naviguera que plus sûr dans les eaux bousculées du trou emmuré. « La marine est là chanterait » Tino Rossi. Le plaisir des hommes aussi ! Tient, ça rime...

Le dessert était recouvert d'un papier d'aluminium. A peine l'Amiral l'eût il ôté que l'on pressentit un tiramisu. Erreur, c'était du riz au lait. Le riz au lait est fréquent chez les castors. Mais chacun d'y mettre sa touche. Celle de Roland était du meilleur effet. Walid aurait apprécié. Titi, lui, se régala. C'est un enfant notre Pinson, les desserts d'antan trouvent toujours grâce à son palais. Il me confia un jour qu'il aimait cette phrase d'Agnès Varda : "Je suis resté petite mais j'ai grandi." Titi, c'est un tendre. Et ce n'est pas Pioupiou qui me démentira. Un Pioupiou, délesté de l'antienne de sa chanson monotone. Et c'est mieux. La Pibale, elle, est fidèle à son éducation chrétienne. Et d'entonner l'Ave verum de Mozart sous l'œil circonspect de la Jacouille. Mais pour le plus grand bonheur de Jeff : "Le riz au lait et Mozart j'adore" dit-il. Le Vieux quatre opinait du chef. Pour une raison obscure, il ajouta que la morue et le riz au lait, c'est un peu comme Castor et Pollux. Sans doute par goût pour Rameau. Allez savoir. Don appréciait ces incursions musicales. Et d'y aller de son Verlaine : "De la musique avant toutes choses."

Le trou se vida lentement. La nuit recouvrit les castors de son manteau. Il était un peu plus de minuit. Francky, sans doute, s'était endormi. Face aux étoiles.

02 novembre 2015

Le cuistot de la semaine, Miguel casse les oeufs...et les assiettes

Par Réglisse et Le Barde


Nous n'étions que huit sur le pré et le vieux quatre n'était pas des nôtres. Comme le vieux quatre veut s'employer au blog, il lui sera difficile de parler du pré. Mais le vieux quatre pratique le mentir-vrai avec un art consommé ; c'est un disciple d'Aragon.

Les Archiballs sont un roman inachevé, une histoire qui se prolonge, une épopée sans fin. Non, ils ne sont pas entrés dans le long hiver que d'aucuns leur promettent. Et puis, l'hiver est une belle saison, ses lumières sont si pures. "Quelle flamme pourrait égaler le rayon de soleil d'un jour d'hiver ?” écrivait si justement Thoreau.

Les métaphores et autres inspirations hivernales, à tort, sont souvent tristes et tiennent trop à des humeurs passagères. Il y a même un soupçon de cliché à faire de la saison de "l'art lucide"la plus ténébreuse des saisons. D'ailleurs, le pré est joyeux, été comme hiver, printemps comme automne. Et le pré est la langue des castors, leur idiome.
Sur le pré, en ce dernier mardi d'octobre, l'équilibre était parfait entre les plus que cinquantenaire et les autres. Le toucher fut vif, virevoltant, épuisant. Tous savaient que Miguel les attendait au trou et que leurs efforts trouveraient grâce dans ses offrandes culinaires. Tous, sauf Serge. Il attendait avec impatience, entre une croisée et un cadrage-débordement, les promesses du chef d'un soir. Pioupiou après avoir hésité à rester sur le pré se résolut à taquiner la balle et nous gratifia d'un essai d'anthologie sur son aile. Il convint que le rugby ne saurait se limiter aux vertus d'un exclusif rentre-dedans. Il conclut les débats par une opposition médicale entre la déchirure et la tendinite sous l'œil circonspect de Dudu. Hamilton, lui, était aux anges. Comme Régis et Jeff. Oui, une belle soirée d'automne.

Au trou, vêtu d'un pantalon bleu-ouvrier, Miguel rayonnait. L'assemblée était clairsemée en ces temps de vacances. Amélie nous attendait, ainsi que la Jacouille, Pépé et Yannick. Et notre bon vieux quatre. (Mais pas de Tcho, la faute aux palombes). Chacun de se souvenir du premier repas de Miguel et de craindre le pire. Miguel leur opposa un sérieux démenti. 

Ainsi de cette entrée qui mêlait à des grilles d'endives, chorizo, boudin, champignons de Paris. Et un pâté dont Hamilton dit qu'il était de tête. Quelques piments agrémentaient le tout qui manquait un tantinet de fumet. El Poulpo déposait délicatement sur la feuille d'endives de petits brins de pâté, de fines lamelles de boudin et de champignons, et enfournait son pétale avec infiniment de délicatesse. La classe. Amélie s'inquiétait de la suite. Des parfums d'omelettes faisaient frissonner ses narines. Et l'omelette vint.

L’omelette est une base solide pour nourrir les hommes après des périples nocturnes. Dans les Landes, la tradition veut que pour attendre le jour, il n’est pas bon d’être une tranche de jambon et d’être réincarné en œuf. Miguel dans sa cuisine a cette nostalgie de fête. Il est joueur et expérimentateur. L’origine est lointaine. Certains anciens du trou pourraient même se prêter inventeur. Ils cassaient les poules avant de casser des œufs. Bref, l’omelette est un mythe. Point de chef cuistot qui l’ignore. A défaut de poules, une bonne cuisine casse les œufs. Le tout est dans le mouvement énergique est vigoureux pour amalgamer le blanc et le jaune. Certains y glissent un soupçon de lait. Du lait de poule ? ca serait vache…

Aujourd’hui les œufs ce n’est plus ce que c’était. Ils sont rentrés dans l’hiver, eux aussi. Le moderne est ainsi, il enlève le goût croustillant de la coquille et protège de toutes germonelloses substantielles. Les œufs se retrouvent du coup en bouteille. Il y en a même en bombe, à ne pas confondre avec de la crème chantilly. La vieille recette de la chantilly nécessitait à l’époque de l’huile de coude des ménagères. En partant de la crème pour arriver à une chantilly sans en faire tout en fromage, c’est tout un modeste savoir de grand-mères.

Miguel aime l’automne, il le prouve par sa présence. Les anciens limités à deux, se distinguent par le port du béret et entourent le cuistot par tradition qui n’a pas de saison. L’homme utilise des champignons. La suspicion qui elle aussi traverse les saisons a observé que le cuistot se servit en dernier et laissa ses invités découvrir les secrets de son plat. Y aurait-il un doute sur l’origine de l’eumycète ? Pépé et Jacquot, par leur port du béret se rapprochent du champignon. Les gascons connaissent les coins qui se découvrent dans la pleine lune et se fond par leur couvre chef dans les poussées inespérées. Les discussions abandonnèrent les œufs pour se centrer sur les bleus, les amanites comestibles et non comestibles, les girolles bref une véritable diversité offerte par leur nature dans une saison qui nous rapproche de l’hiver. Comme quoi, il faut de tout pour faire une bonne omelette. La fève était un bout de chorizo. C'est Serge qui l'a eu!

Il n’y a pas d’omelette sans casser les œufs et il n’y a pas de trou sans casser d’assiette. Le drame est là !

Nous rappelons que Miguel est joueur. Le lancer est sacré. Hamilton détient tout un savoir qu’il n’hésite pas à partager. Hamilton est un anthropologue photographe des plaisirs du vivant sans en faire tout un caillou. Pour ce gardien, l’art du lancer d’assiette est un moment sacré du tour de bouffe. Il nous éloigne et nous rapproche de l’objet vénéré. L’Ovalie est un dieu pour certains et un ballon pour les autres. Toute religion a ses rites. La croyance nous distingue de l’animal et nous rapproche par essence du civilisé. Abraham hésita à sacrifier son fils pour transmettre aux hommes l’art du sacré. Comme quoi pour vénérer, il n’est pas nécessaire de détruire. Et bien pour les assiettes, c’est pareil. Il peut arriver que l’homme soit maladroit et le lancer ambitieux. Il n’est plus nécessaire de verser du sang de ses paires pour se dire que le rite est respecté. La technique de l’homme aveugle est appréciée sur un lancer. Les hommes sont ainsi, ils aiment jouer. Piou Piou est le fils de Jacquot. Si l’homme au béret n’était pas civilisé, il aurait transmis son amour par un énorme sacrifice. Preuve d’un savoir limité, marmonna Freud dans sa barbe. Et Jacquot se retrouverait bien seul dans toutes ses connaissances. Piou Piou ne le sait que trop bien, se leva pour éviter toute régression inutile. La technique du rebond sur le goulot de la bouteille et éclat par millier sont à proscrire. La parole est partagée. Miguel débanda ses caches yeux. Le sacrifice est trop élevé pour le plaisir recherché. Freud pencha pour la théorie de l’économie psychique. Tout se paie et l’assiette comme le plaisir a un coût. Les bérets en ont vu des assiettes voler mais bon la dérive du soir nécessite un passage à l’acte. Les mots ne peuvent suffire, surtout quand ils sont répétés. Le départ pour le bout de la tablée est prématuré. L’absence est faite pour être entendue. L’assemblée se posa et pria le temps du fromage.

Trois tartes de recouvrir la nappe. Trois tartes piquetées de pignons de pin et dont il était bien difficile de deviner les dessous. En l'occurrence, du chocolat de bon aloi. Le Sabite se répandait dans nos gosiers satisfaits. Le café finissait de passer et Pioupiou méditait sur Ferdinand de Saussure. Miguel, une citrouille à portée de main, regardait satisfait ses complices. De temps à autre, il caressait sa cucurbitacée et nous servit la fable de La Fontaine, Le gland et la citrouille, avec des talents de conteurs qu'Esope n'aurait pas désavoués. Insistant davantage sur le gland que sur la citrouille comme de bien entendu.

Une belote de comptoir se dressa. Le vieux quatre faisait feu de tout bois. En pure perte. Sa main n'était pas assez garnie pour accomplir ses annonces. Regis papotait avec Hamilton. Yannick était sage.
Les castors prirent le chemin du retour. La nuit était tendre. Pas une goutte de pluie. Serge sifflotait l'automne de Vivaldi. Et Régis de méditer cette phrase de Georges Sand : "L'automne est un andante mélancolique et gracieux qui prépare admirablement le solennel adagio de l'hiver."