Par Le Barde et Réglisse
Le pré était humide. L'hiver, peu à peu, s'immisce. A fleurets mouchetés. L'automne n'est pas morte encore. Guitou faisait son retour. Pas l'ombre d'une correspondance avec l'automne ou l'hiver. Guitou n'est que printemps. Serge était accompagné de son frère. Le rugby est une fratrie. Qu'elle soit ou pas en chair et en os. Le frère de Serge taquine bien le cuir ; sa passe en impose, juste, précise. La bande à Guitou domina son sujet. Avec la fratrie dans ses rangs. Seb était de l'autre bord. Il fit contre mauvaise fortune bon cœur. Le Libanais retrouvait son aile et Jean-Phi faisait d'involontaires écrans au grand dam du barde. Le Préside, ceint de son traditionnel maillot vert, allait ses longues foulées. Hamilton dut quitter le pré par la faute d'un tendon d'Achille chipoteur. Le toucher fut vif, alerte, guilleret. Sous l'œil avisé d'el Poulpo anticipant sur ses futures campagnes. Il y a du Bonaparte en lui.
Au trou, Benoît nous attendait. Sans Pépé mais avec le Tcho, la Jacouille et Guigui.
Il est naturel qu’après l’effort sonne le réconfort. Piou Piou est en avance pour lâcher la pression. Les cahuètes pour accompagner et nous voilà à polémiquer sur les envolées du soir. Ce soir, les Escassuts sortent en famille. L’hiver se rapproche, les plaisirs du trou perdurent dans leurs liens amicaux et familiaux. La transmission dans la famille n’attendra pas l’hiver ! Les Escassuts sont partageurs et bien présents pour témoigner à Paul, la jeune relève le plaisir des crampons, de la gonfle et de la chansonnette.
« Enculé » n’est pas un gros mot quand on le dit en chantant. Pour preuve que certaines régions l’utilisent pour ponctuer. La virgule à Marseille n’inspire-t-elle pas cette métaphore subtile. Elle devient malheureusement « con » à Tarbes, et silence à Bordeaux. Le voyage ouvre les horizons et la ponctuation les orifices. Freud verrait du sexuel dans toute chose, Lacan un parlêtre dégrisé. Mais il est bien question d’un hymne à l’amitié. C’est sûr qu’au collège, entre deux multiplications « l’enculé » serait de trop. En biologie devenue SVT cela passerait peut-être. Le pari serait pour le jeune disciple de se risquer à remercier le savoir par la chansonnette. Qu’il serait bon de pousser cet air quand le maître à résolu une équation complexe à triple inconnues. Cela flirterait avec le bonnet d’âne. Qui sait ? Il n’y a pas d’âge pour chanter le cuistot « enculé ». Pour les castors, c’est un hymne à l’amour et aux copains. Point de bagarre qui en découle, juste une chanson en cœur ! Le petit Paul est ravi, son sourire en dit long. A l’instar de son grand-père, il a l’art de la rigole.
Benoit pour mériter la chansonnette a sorti sa salade piémontaise. Les produits sont frais. Serge est pour la soirée avec son frère. Les hommes sont à tablée pour partager les deux plats préparés. Des tranches de pain du pépé pour absorber la sauce et nettoyer l’assiette. Tout est bon dans la Piémontaise. Les assiettes redevenues vierges, nous repoussâmes la chansonnette cette fois-ci sans ponctuation marseillaise. Nous rappelons que le repas de ce Mardi est en famille. Et dans la famille, il y a des oreilles sensibles.
Nous voilà donc dans le vif du sujet. Benoit, Ben pour les intimes ne lâche pas la patate. Le plat est léger du riz à la patate. Une coutume de chez lui, tout se marie avec la patate, l’entrée, le plat principal et l’humeur. Il garde la patate. Gwen son parrain, aurait été fier du met. Pour les deux énergumènes l’origine du monde ne dépend pas de la pomme d’Adam, mais bien de la pomme de terre. Le riz n’est pas uniquement associé à la patate, il se parfume au curry et sa carne. Le tout nous rapproche des Indes. Pépé à défaut de turban garde le béret. La chaleur des épices, le gingembre en poudre, donna la patate à notre revenant de Guitou. L’effet est immédiat, l’homme et le curry ne fait pas bon ménage. Il revient d’un long voyage. Le sādhu qui est en lui (du sanskrit साधु sādhu, « ayant atteint son but, homme de bien, saint homme »)souhaite sortir sa tête en passant tout d’abord par son torse, bien bronzé pour la saison. Guitou dans cette quête du sadhu quitta dans l’illumination sa chemise. Le sadhu est un chemin parsemé de sacrifice et par essence s’éloigne de tout de ce qui nous rapproche du trou. L’objectif est sublime mais le calvaire trop conséquent. Point de spiritualité dans sa chemise tombée, peut-être un effet secondaire d’une vie consacrée à la compagnie Air France. Loin de toutes interprétations spirituelles ou syndicales, quand Guitou tombe la chemise c’est tout simplement pour combler son trou. Les frères observent, apprennent, et se resservent tout en se préservant de quitter leurs chemises. N’est pas Guitou qui veut !
Le lancer d'assiettes commença sous les meilleurs auspices. Pas l'ombre d'une maladresse. Avant que la Pibale n'échoue et que les premiers fracas ne retentissent. Benoît n'y était pas pour grand chose. Un coulommiers siégeait dans son papier immaculé. Guitou fut à deux doigts de le recouvrir de son encre. Peut-être en mal d'inspiration, il se retint.
Alors, le Poulpe se leva et déclara : " J'ai décidé de me présenter à la fédération française de rugby. J'ai longuement réfléchi. Plus rien ne m'arrêtera." Une clameur s'éleva. La Jacouille essuya une larme et de dire : " Enfin". Le Poulpe poursuivit : "Un vent nouveau doit souffler. Je suis l'Ulysse de la gonfle." Seb était pétrifié d'admiration. Walid un peu moins et Jean-Phi pas du tout. N'empêche, pour la première fois, le trou devenait l'antre et la matrice d'une destinée. "J'annoncerai officiellement ma candidature jeudi. Pas demain. Demain, mon cœur ira aux poilus. Il faut respecter les poilus." Puis, le repas, non sans difficultés, reprit son cours ordinaire.
Le tiramisu qui suivit détendit l'atmosphère après ce moment considérable. Il était parfait ce tiramisu avec, me semble-t-il, un soupçon de crème de marron. Quelle douceur. Le Poulpe ne pût s'empêcher de dire que sa campagne aurait aussi un petit côté tiramisu. Qu'il ne s'en tiendrait pas aux clichés, que la créativité était l'expression même du french flair. Du french flair au tiramisu, il n'y a qu'un pas. Le Poulpe l'a franchi. Bernard Laporte n'a qu'à bien se tenir.
Benoit déboucha quelques bouteilles de champagne pour fêter ses quarante ans. Certes, il est de juillet. Mais il n'avait pas eu l'occasion de célébrer ce changement de cap. Mettre un peu d'été en automne est une manière comme une autre de faire la nique au temps. El Poulpo, lui, revint à ses rêves de grandeur. Se tournant vers Walid et le Préside, il se lança dans un bref Moi, Président, un peu comme l'on fait ses gammes.
Quelques castors rejoignirent la nuit dés la fin du repas. D'autres firent une belote de comptoir. D'autres encore bavardèrent. Seb était en verve et entama une conversation profonde avec Bernatetchate. Hamilton se refaisait la cerise. La paix régnait. Le trou se vida. Le ciel était de velours. "Rien comme être n'est passager" murmura Régis, "mais c'est si bon."
Au trou, Benoît nous attendait. Sans Pépé mais avec le Tcho, la Jacouille et Guigui.
Il est naturel qu’après l’effort sonne le réconfort. Piou Piou est en avance pour lâcher la pression. Les cahuètes pour accompagner et nous voilà à polémiquer sur les envolées du soir. Ce soir, les Escassuts sortent en famille. L’hiver se rapproche, les plaisirs du trou perdurent dans leurs liens amicaux et familiaux. La transmission dans la famille n’attendra pas l’hiver ! Les Escassuts sont partageurs et bien présents pour témoigner à Paul, la jeune relève le plaisir des crampons, de la gonfle et de la chansonnette.
« Enculé » n’est pas un gros mot quand on le dit en chantant. Pour preuve que certaines régions l’utilisent pour ponctuer. La virgule à Marseille n’inspire-t-elle pas cette métaphore subtile. Elle devient malheureusement « con » à Tarbes, et silence à Bordeaux. Le voyage ouvre les horizons et la ponctuation les orifices. Freud verrait du sexuel dans toute chose, Lacan un parlêtre dégrisé. Mais il est bien question d’un hymne à l’amitié. C’est sûr qu’au collège, entre deux multiplications « l’enculé » serait de trop. En biologie devenue SVT cela passerait peut-être. Le pari serait pour le jeune disciple de se risquer à remercier le savoir par la chansonnette. Qu’il serait bon de pousser cet air quand le maître à résolu une équation complexe à triple inconnues. Cela flirterait avec le bonnet d’âne. Qui sait ? Il n’y a pas d’âge pour chanter le cuistot « enculé ». Pour les castors, c’est un hymne à l’amour et aux copains. Point de bagarre qui en découle, juste une chanson en cœur ! Le petit Paul est ravi, son sourire en dit long. A l’instar de son grand-père, il a l’art de la rigole.
Benoit pour mériter la chansonnette a sorti sa salade piémontaise. Les produits sont frais. Serge est pour la soirée avec son frère. Les hommes sont à tablée pour partager les deux plats préparés. Des tranches de pain du pépé pour absorber la sauce et nettoyer l’assiette. Tout est bon dans la Piémontaise. Les assiettes redevenues vierges, nous repoussâmes la chansonnette cette fois-ci sans ponctuation marseillaise. Nous rappelons que le repas de ce Mardi est en famille. Et dans la famille, il y a des oreilles sensibles.
Nous voilà donc dans le vif du sujet. Benoit, Ben pour les intimes ne lâche pas la patate. Le plat est léger du riz à la patate. Une coutume de chez lui, tout se marie avec la patate, l’entrée, le plat principal et l’humeur. Il garde la patate. Gwen son parrain, aurait été fier du met. Pour les deux énergumènes l’origine du monde ne dépend pas de la pomme d’Adam, mais bien de la pomme de terre. Le riz n’est pas uniquement associé à la patate, il se parfume au curry et sa carne. Le tout nous rapproche des Indes. Pépé à défaut de turban garde le béret. La chaleur des épices, le gingembre en poudre, donna la patate à notre revenant de Guitou. L’effet est immédiat, l’homme et le curry ne fait pas bon ménage. Il revient d’un long voyage. Le sādhu qui est en lui (du sanskrit साधु sādhu, « ayant atteint son but, homme de bien, saint homme »)souhaite sortir sa tête en passant tout d’abord par son torse, bien bronzé pour la saison. Guitou dans cette quête du sadhu quitta dans l’illumination sa chemise. Le sadhu est un chemin parsemé de sacrifice et par essence s’éloigne de tout de ce qui nous rapproche du trou. L’objectif est sublime mais le calvaire trop conséquent. Point de spiritualité dans sa chemise tombée, peut-être un effet secondaire d’une vie consacrée à la compagnie Air France. Loin de toutes interprétations spirituelles ou syndicales, quand Guitou tombe la chemise c’est tout simplement pour combler son trou. Les frères observent, apprennent, et se resservent tout en se préservant de quitter leurs chemises. N’est pas Guitou qui veut !
Le lancer d'assiettes commença sous les meilleurs auspices. Pas l'ombre d'une maladresse. Avant que la Pibale n'échoue et que les premiers fracas ne retentissent. Benoît n'y était pas pour grand chose. Un coulommiers siégeait dans son papier immaculé. Guitou fut à deux doigts de le recouvrir de son encre. Peut-être en mal d'inspiration, il se retint.
Alors, le Poulpe se leva et déclara : " J'ai décidé de me présenter à la fédération française de rugby. J'ai longuement réfléchi. Plus rien ne m'arrêtera." Une clameur s'éleva. La Jacouille essuya une larme et de dire : " Enfin". Le Poulpe poursuivit : "Un vent nouveau doit souffler. Je suis l'Ulysse de la gonfle." Seb était pétrifié d'admiration. Walid un peu moins et Jean-Phi pas du tout. N'empêche, pour la première fois, le trou devenait l'antre et la matrice d'une destinée. "J'annoncerai officiellement ma candidature jeudi. Pas demain. Demain, mon cœur ira aux poilus. Il faut respecter les poilus." Puis, le repas, non sans difficultés, reprit son cours ordinaire.
Le tiramisu qui suivit détendit l'atmosphère après ce moment considérable. Il était parfait ce tiramisu avec, me semble-t-il, un soupçon de crème de marron. Quelle douceur. Le Poulpe ne pût s'empêcher de dire que sa campagne aurait aussi un petit côté tiramisu. Qu'il ne s'en tiendrait pas aux clichés, que la créativité était l'expression même du french flair. Du french flair au tiramisu, il n'y a qu'un pas. Le Poulpe l'a franchi. Bernard Laporte n'a qu'à bien se tenir.
Benoit déboucha quelques bouteilles de champagne pour fêter ses quarante ans. Certes, il est de juillet. Mais il n'avait pas eu l'occasion de célébrer ce changement de cap. Mettre un peu d'été en automne est une manière comme une autre de faire la nique au temps. El Poulpo, lui, revint à ses rêves de grandeur. Se tournant vers Walid et le Préside, il se lança dans un bref Moi, Président, un peu comme l'on fait ses gammes.
Quelques castors rejoignirent la nuit dés la fin du repas. D'autres firent une belote de comptoir. D'autres encore bavardèrent. Seb était en verve et entama une conversation profonde avec Bernatetchate. Hamilton se refaisait la cerise. La paix régnait. Le trou se vida. Le ciel était de velours. "Rien comme être n'est passager" murmura Régis, "mais c'est si bon."
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