24 décembre 2015

Les stagiaires de Bouffe, point d'entrée au trou sans chapon qui se respecte!

Par Le Barde et Réglisse


L'année s'achève sur le pré, au premier jour de l'hiver. Il faisait doux ; nous étions treize. Les poivres et sel étaient là. Enfin presque, puisqu'il n'y avait pas JB. Mais Guitou et Cary Grant qui entendaient mettre un point final à cet ultime toucher, n'auraient manqué ce rendez-vous final pour rien au monde. Parler de poivre et sel avec Dudu ne va pas de soi. Notre homme n'a pas de grain de sel dans ses cheveux. Saturne n'a pas fait son office. Cette éternité capillaire en intrigue plus d'un. Par jalousie peut-être.

Nous étions treize. Un chiffre que ne goûte guère notre Serge. N'importe, il était en cuisine avec les stagiaires. Il n'eut pas à affronter les affres de ses superstitions. Par contre, Perdigue, Domi, le Poulpe, Max, le Tarbais, Walid, Jean-Phi, Titi, Benoit et moi-m'aime étions bel et bien d'attaque.

Treize, c'est le nombre idéal. Il engage l'équipe nantie d'un officiant de plus à réussir ses surnombres. Las, l'idéal n'est souvent qu'une illusion, une vue de l'esprit. L'équipe à Seb ne parvint pas à concrétiser une supériorité qui n'était que mathématique. En quoi, les mathématiques sont factices. La vérité est humaine. Un chiffre n'est rien, une bagatelle. Ce qui importe est ce qui se passe, se trame sur le pré. Le pré est la métaphore de la vie. Ce pied de nez à la logique avait je ne sais quoi de moral, d'enchanteur. Il est vrai que j'étais du bon côté. De celui de la minorité. Le pré est évangélique. "Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense sera grande sur le pré." À chacun ses béatitudes. Bref, il y eut du beau rugby, de belles passes et de beaux essais. Ce premier jour d'hiver fut glorieux. L'hiver des Archiball est vif, enjoué, mutin. Qu'on se le dise.

Au trou, point d'entrée (s). Les stagiaires n'en avaient cure. Le numérique à bon dos, seul comptent nos us. Mais enfin, le champagne fut servi en guise d'apéritif. Et des toasts de foie gras l'accompagnaient. Repas de Noël oblige. Une entrée en matière digne et élégante. Nos stagiaires promettent. Le repas commença sur le tard sans que Pépé ne bronche. Repas de Noël oblige. Nous nous mîmes donc à table pour affronter tout de go le plat principal.

Pour les stagiaires leur introduction en bouffe se fit donc au bar. Point d’action en bourse pour une salade niçoise de Noël, une soupe aux multiples saveurs que seuls la Jacquouille et le grand Thom ont le secret, de huîtres de saisons pour accompagner le petit blanc qui va avec sans compter la fameuse soupe de poisson que l’Amiral en capitaine de navire et ses mousses Dudu et bien d’autres se sont évertués à partager pour que nos palais des rouilles ! Pour quoi faire une intro quand on peut directement passer au plat principal. En même temps les mails avaient annoncé la couleur. Chaque convive amène soit une entrée, soit un dessert, soit du vin. Le propre des membres Archiball et non archibowl est qu’ils ont de la bouteille. Par conséquent leur présent se fit en toute logique en cuvée et non en mets. Le Jacquouille homme de foi boit de l’eau parfois mélangé avec des bulles, il répondit en partageant sa croyance et toute sa foie d’amateur de bonnes chair qu’il est. C’est un gardien, un sage qui ne voit dans tout poupous peint qui se dresse, qu’un irrésistible penchant de liberté. C’est d’actualité à en croire les tabloïds! Une femme au sein nu esquissé par un génie inspire pour certains un sacrilège et pour d’autres, biens plus sages, un sentiment simple et unique de liberté. C’est bien la seule chose qui peut nous faire regretter l’ancien billet de 100 francs. Il y a du Montaigne dans notre Jacquouille. C’est un Sage ! Il a ce léger penchant à penser pour la troupe et de sortir son saucisson pour viser le plaisir d’une liberté en bouche.

En tout cas au trou, point de saucissons, point de tétons qui pointent et point d’entrée !
Bernachatte admire le sage. Il zène à l’occasion. Il sortit pour l’occasion ses cacahuètes. De la chips aux toasts sublimés, nous avions de tout pour partager la bonne humeur.

Quatre au bout de table, ça le fait ! Sergio, Marco, Stéfano et Julio se sont rapprochés de la Sicile pour les légumes. Les légumes viennent d’Italie en pâtes. Quel bonheur ! Le fameux goût de reviens-y était bien là ! A la limite de nous faire oublier qu’il n’y avait pas d’entrée. Le tarbais eu la larme à l’œil ! Nostalgie de Sicile qui servent les pâtes en entrée. La défense se leva puisque notre avocat siégeait à table. Saint Patrick sortit sa robe pour demander la parole aux juges. « Je rappelle aux hommes de bonne foie,… », Jacquouille fronça les sourcils, « que les pâtes en Sicile ne sont jamais, et j’insiste pour la défense de mes clients, jeunes et innocents pour l’instant je vous l’accorde…que les pâtes ne sont jamais, je dis bien jamais...", Walid sentit le coquelicot venir et chercha du regard son doigt du même âge…, « Accompagné de chapon farci ! ». A vrai dire à ce moment-là, le poulet sacrifié n’était pas le seul à l’avoir coupé. Le Prez reprit alors les choses en mains, le silence se fait quand on a la bouche pleine. Il sublima la parole au geste en se resservant une tranche. Maxime lui se battait avec sa cuisse. La défense sait se faire entendre. Les hommes exprimèrent leur sentence en se resservant à volonté. L’avocat, le travail accomplit posa sa robe, heureux d’avoir préservé une injustice de tablée. L’ambiance de Noël est là, la bonne chair sait faire naître de belles paroles. Nous pensâmes à ceux qui nous manquent, Mozart et sa douce et bien d’autres... Le Barde est chanteur, il ne fait pas qu’écrire. C’est un artiste ! Il n’y a pas d’artiste sans penser à Sardou. Cette fois-ci remasterisé à la mode Bélier ! C’est un fonceur de la plume ! Bref, la chanson est là, le Barde chante et il est nostalgique. Un triste bonheur, une heureuse tristesse, peu importe tant que l’amour vole !

Piou Piou aussi est un artiste, dégagé je vous l’accorde qui trouve à l’occasion chaque fois à redire aux siècles se prêtant de lumières. Il préfère en son honneur, les pensées éclairantes qui ne font pas d’étincelles. Il clignote à l’occasion à l’image de nos guirlandes de saisons. Comme tout clignotant, il guide notre direction à tenir. L’équilibre comme le courant se fait moderne et dans l’alternatif.

Pour revenir à nos cuistots, ils se sont peut être mis à quatre pour cuisiner un poulet diminué mais cela valait vraiment le détour ! Le plaisir nous poussa à chanter. Le castor rassasié chante !
Le lancer d'assiettes donna dans le quatuor. Les assiettes volèrent comme un seul homme, traduisant le corps collectif de nos jeunes pousses, adroites en diable. Surtout Serge. Mais qui s'en étonnera. Pourtant le Préside avait quelques inquiétudes, elles se dissipèrent.

Pioupiou entonna sa chanson monotone. Avec, comme toujours, la complicité de JP. Par bonheur, elle ne dura pas. Un canon lançait par le Préside s'éleva sur l'air de frère Jacques. Rien ne vaut les classiques.
Par eux le monotone touche à la grâce.
Le fromage était divers et abondant. Une merveille. C'est alors que les stagiaires procédèrent à un tirage au sort pour honorer quatre récipiendaires de cadeaux. Noël oblige. Le hasard entra-y-il vraiment dans ce tirage qui n'eut de sort que le nom. Les heureux lauréats furent Pépé, Guitou, JP et moi-m'aime. A Pépé une horloge puisqu'il est le gardien du temps. A Guitou, je ne sais plus quoi, JP trois ampoules puisqu'il est notre lumière et à moi-m'aime un puzzle avec pour illustration un chiot et un chaton. Allez savoir pourquoi !
 

Un peu de dessert. A peine. Une frangipane. Nous étions repus. Le comptoir ne se vida que très lentement. Nous conversions. Le Préside dessinait des rébus sur la feuille de bouffe au grand dam de Perdigue. Il a la main sûre le Préside. Architecte oblige.

La nuit était étoilée. Et la rue si calme. Franck dormait sans doute en rêvant au trou. J'imagine des sourires sur son visage malgré ses paupières closes. Les jeunes se glissèrent dans les ruelles pour une ultime bière. Les plus sages regagnèrent leurs pénates, le cœur plus castor que jamais.

Joyeux Noël et à l'année prochaine !

13 décembre 2015

Les cuistots de Bouffe, Jacquouille et le Tcho offrent une table présidentielle

Par Le Barde et Réglisse
 
 
Dernier pré de l'année. La nuit est belle. La fin d'automne est douce et nous va bien. Le toucher est plein de grâce. En ces temps moroses, il offre plus qu'un répit : un salut. La passe est une offrande, c'est entendu ; elle est le sel du toucher. Le salut est dans la passe. Donner, après tout, reste ce qu'il y a de mieux en ce bas-monde. Que le cuir soit loué pour être la condition d'un don.

Sergio et Seb étaient encore face à face. Guitou faisait son retour. Les débats furent très équilibrés. Seule La Piballe transgressait l'évidence des faits par une comptabilité factice. Elle est comme ça la Piballe ; on ne la changera pas. Pas de Jean-Phi ! L'automne aurait-il chassé notre hirondelle ? Mais il y avait Don. A défaut d'hirondelle, nous eûmes un martinet. Une affaire de famille en somme. De ciel, si l'on préfère.

Deux anciens présidents étaient des nôtres : Joël et Loulou. Joël qui nous gratifia d'un cadrage débordement d'école. Arnaud les couvait du regard, ceint de son maillot vert qu'il arbore fièrement, comme un gage d'appartenance. Tom était en cannes. Croucrou itou.

Qui eut l'idée saugrenue de passer sur le grand terrain ? N'importe, nous nous amusâmes. Léo en tête. A dire vrai, les vieux tiraient un peu la patte. Adaptons nos périmètres aux exigences de l'âge.

Le trou célébrait ses gloires. Coco et Michel attendaient leurs successeurs. Le Tcho, au chef garni par un chapeau étriqué, et la Jacouille conjuguaient leur talent. Un beau couple. Les deux étaient couverts. Plus l’expérience est grande, plus le port du chapeau est nécessaire. Les blouses brothers de la restauration.

La tête couverte et le couvert mis, la réception est lancée. Le premier arrivage suivit l’appel de Coco. Puis le temps d’une première tournée, vint le gros des troupes. Le gros vint à plusieurs. Les castors ne sont pas gros justes enveloppés dans cette période semi-hivernale. Demi hivernal pour les hommes du bar !. Ils étaient en effet nombreux sur le terrain pour tâter de la beuchigue et tester leur museau à la rigueur de l’hiver. Les prezzes se sont partagés les tâches. Ils suivent leurs hommes sur la pelouse et au trou. Le Prez qui chante le doigt est élu par ses paires, ses compères si vous préférez en un seul mot ! Car l’homme peut se distinguer tant par ses attributs que par les relations qu’il porte à ses hommes. Point de sceptre qui s’hérite. Point de bout qui s’irrite. Mais bien des hommes de tête qui enfin se retrouvent ensemble. La magie est faite, les Prezzes attablés, Jacquot envoie les hostilités. Les trainards du bar resteront sur place. Coco pour sa part a choisi sa place. L’homme a de la voix, les prezzes du corps, la soupe est à la tomate. Tout cela fait de belles paires. Pères d’un groupe. Repères pour les uns, pépère pour les autres. Jacquot est au rendez-vous. Point de don d’ubiquité chez le castor. Mais pour ce repas les Prezzes sont partout.

Dans la famille Escassut, nous avons le père. C’est lui le cuistot de bouffe. Pour sûr, il en connait un rayon, le bougre. La soupe n’est pas en sachet. Elle hume le foyer. La mijote est de mise. Le cœur à offrir du bon à ses castors est ouvert. Le Tcho s’occupe des vermicelles. L’équipe est rôdée. Chacun sa tâche, Jacquouille à la tomate, le Tcho de vermicelle. La patience a des limites pour le conducteur de soirée, Jacquot au coin de son feu porte le tablier du cuisinier, le Tcho celui de pâtissier. Point de tâche de vermicelles sur celui du Tcho mais en même temps entre le tablier du cuisinier, le tablier du pâtissier et le tablier du sapeur, Tcho et Jacquouile le veau bien !

La soupe est bonne. Coco poussa la chansonnette. La voix est posée, l’homme appelle la suite. Elle pose le « La » de la soirée qui sera chantante. Les prezzes se chauffent la voix en reprenant de la soupe. Puis vint les miettes de surimi sur son lit de macédoine. Un chef d’œuvre de présentation, Pépé sortit ses miches pour éponger la suite. La réception est d’honneur et l’ambiance de bonne humeur. C’est à ce moment que la bande des prezzes fumèrent une gitane. Guitou dissimula son cigare. La gitane ne se fume pas au trou, elle se chante. C’est Michel qui lança les hostilités. Félix Gray n’a qu’à bien se tenir. Bernachatte sifflotait le duo des années 80. La chevelure en volume, le piano en avant et la gitane en arrière. Nostalgie quand tu nous tiens… Ce n’est pas la même gitane que Michel nous composa. L’histoire se chante sur un accompagnement en chœur, en canon peut-être, des canons sûrement. Le jazz est dans la voix. Le rythme et la cadence soulevant toutes les vapeurs d’une ambiance d’un bar de nuit. Il manquait le tarlousain pour avoir sa larme à l’œil et pensait à Claude Nougaro. Toulouse à sa saucisse, Claude Nougaro et notre Tarlousain. Tous les trois biens appréciés au trou… Les chants redoublèrent. Puis, chaque président dut satisfaire à son hymne. Ma mère m'a donné cent sous pour Joël, O gitane cruelle pour Coco, la dacquoise pour Joël, la fille du bédouin pour Loulou et, enfin, Mener la vache au taureau pour Arnaud. Un récital achevé par notre Haka, je veux parler du Doigt comme il se doit. Fin des préliminaires. La communion fut totale.

Quand Michel envoie la Gitane, Guitou lâche le cigare. Le trou attendait depuis longtemps cette sonate pour libérer sa mémoire. Attention « un Prez peut en cacher un autre », le panda aime le groove de son prédécesseur mais la magie nécessite une suite. Quoi de mieux que la magie d’une autre douceur féminine. Elle sera numide et fille de bédouin. C’est moins Jazzy, mais le prez Panda a de la voix, le mmmmmmmmmm subliment les « n » actuels. Comme quoi le bonheur est aussi simple qu’une chanson d’amour. Le panda tient le trou par le bambou s’exclama Jeff. Jeune stagiaire au regard rêveur devant tant d’histoires qui s’enchainent et se chantent. Joël en eu même la banane. Il est architecte fruitier ! Quand les prezzes sont heureux ils sortent leur banane. Point d’esprit mal placé au trou, la banane est un art. Mélange de serviettes et de miches, seuls les amateurs sauront apprécier l’offrande. Le panda admira mais préféra son bambou. C’est à ce moment que le Prez avec une majuscule puisqu’il a la tasse du Prez sortit aussi son appendice. Point de sceptre pour l’actuel mais une tasse à son nom. Le doigt est magique il fait tourner la tête et la langue. Et voilà le trou en mouvement !

Tout trou en ébullition a un doigt qui s’agite. Les castors sont en osmose. La symbiose entre les hommes et le castor est simple comme un doigt en avant. Guitou sortit son cigare. Il aime le trou. Et le trou l’aime. Il gratta son allumette, regarda la troupe, les yeux malicieux et brillant, aspira la première bouffée. La havane remplit sa gorge, le doigt le trou. Il aime, lui aussi qu’un plan se déroule sans accrocs ! Le bonheur est là… Jacquouille lâcha sa tambouille pour profiter de tout ça. Le Tcho notait pour Pépé le déroulement de la soirée. Il en a en stock l’homme au béret, un coup de main n’est pas de trop pour mettre tout ça en mémoire. Point de bonheur sans nostalgie. Joël en retrait sentait le vent tourner. A défaut de trompette, il poussa une chansonnette. Un prez du Sud Ouest ne peut chanter sans sa Dacquoise. Les paroles sont douces, l’homme les caresse. La magie du Sud Ouest est là. Serge est de Lourdes, le Tarbais de je ne sais où, mais Joël a bien son cœur dans les Landes. Guitou tira sur son bout, l’extase ! Jacquouille avait tout préparé, Coco, les Prezzes, la troupe, et le civet de cerfs. Le tcho amena les pâtes. Les vermicelles sont de la famille des pâtes. Le mélange nous ramena au monde animal. Le sacrifice du cerf est un hymne à l’explosion des sens. La table réclama du Sabite. Comme quoi le Sabite se boit, les prezzes chantent, les cuistots de bouffe dans la constance de leur art de nous rendre heureux, tout se concentre pour que le trou soit comblé ! Le Tcho, dans la magie des Prezzes s’envola léger comme ses chants d’oiseaux. Les cuistots font vraiment de belles paires…

Lorsque le Tcho eut saisi les assiettes, on craignit le pire. Et le pire fut à deux doigts d'advenir. Chacun sut s'adapter à son lancer chaotique. Pas d'apocalypse. Le Tcho a l'assiette molle et le poignet hésitant. Mais il parvint à ses fins. A de rares exceptions près. Sous l'œil circonspect de Coco qui jeta un regard sévère à Lolo lorsqu'il laissa choir, par jeu, l'ustensile que l'on dit à dessert. Lolo, bon enfant, avoua sa faute. Et son sourire était déjà une rédemption. "Va mon fils" lui murmura Coco tendrement.

De petits chèvres chauds étaient disposés sur un lit de roquette et furent servis par notre Don. Coco vanta les mérites de la roquette. Pourquoi diable avoir attendu tant d'années pour rétablir cette salade dans ses vertus ? Les Anciens lui prêtaient ainsi des vertus aphrodisiaques. Les premiers chants s'élevèrent. Comme des préliminaires. Que du traditionnel. En basque, en béarnais et dans la langue de Racine. Rien de tel pour attendre la floraison de desserts qui nous fut offerte. Quelle diversité ! Et de la diversité faite main. Chacun y trouvait son compte. Surtout Pascal. On eût dit un enfant. Il piochait avec avidité dans le plat offert à sa convoitise. Par petites touches. A la dérobée. Cake, gâteau à la semoule... il y en avait pour tous les goûts.
L'humeur était joyeuse. Le trou était bel et bien l'antre de notre petite bande, l'âtre, le foyer. Même si, sans JB, il est un peu vide. Nous pensions à lui et à sa très douce.

Repus comme jamais, ivres d'amitié, nous nous éparpillâmes dans la nuit, comme autant de petites étoiles.

05 décembre 2015

Le cuistot de Bouffe, un fumée sans Dudu ça n'existe pas...

Par Réglisse et Le Barde



L'hiver montre le bout de son nez ; il faisait frisquet, raisonnablement frisquet. Le pré était, humide, le ballon glissant, le rythme allègre. Le castor finit l'année sur un ton vif.
Don et Cary Grant étaient là. Nous étions seize. Seul Dudu manquait, abécédaire oblige. Serge et Seb s'affrontaient. Les passes furent malhabiles et le ballon joncha le pré plus que de coutume. Rien à voir avec Seb ou Serge. Une affaire de temps tout au plus, lorsque l'hiver et ses frimas pointe à la porte ; le castor est cigale. Les commentaires furent parcimonieux. Il y eut même ce qu'il faut de clémence pour que l'esprit du jeu et l'esprit des lois se confondent. Un parfum d'équilibre en somme au pays de Montesquieu.

Croucrou n'éleva la voix que par intermittence. Léo, lui, tout de noir vêtu, en hommage à Jonah, retrouvait ses marques et ses deux Eric. Oui, les trois grâces étaient de pré en ce premier jour de décembre. Quelques castors de plus n'eussent pas été de trop pour épouser toute l'étendue du pré. N'importe, le corps exultait. Plus le périmètre se réduit, plus le corps est à la fête. Une géométrie sensible en quelque sorte, dictée par le nombre.

Ceint d'un tablier au rouge prononcé, lacéré de vert, pigmenté en son sein par quelques piments d'Espelette, Dudu nous attendait. Ce clin d'œil d'un béarnais au pays basque avait quelque chose d'émouvant. Tom n'était pas des nôtres pour l'apprécier. On ne lui en tiendra pas rigueur. Tom est un père castor, il doit partager ses devoirs.

Dudu pestait contre les plaques électriques. En bref, il était a la bourre. Les plaques avaient bon dos. Comme ceux du pré étaient en retard, les plaques étaient, au bout du compte, opportunes. Pépé gronda un peu. En bon gardien du trou. Peu à peu, les gens du pré rejoignirent ceux qui étaient à demeure. L'assemblée était clairsemée hélas. Pourtant la chère n'est pas triste. Surtout lorsque Dudu la sert avec le talent ibérique qu'on lui connaît. Dudu fait dans l'éternité. Il prolonge sans fin ce qui fut, en sorte que passé et présent ne font qu'un. Dudu, c'est le temps retrouvé à chaque seconde.

Le Dudu a des principes. Le premier tient dans l’anisé. Point de ballon mais une chope pour le contenir et rafraîchir l’homme au travail. Le jaune est clair car il l’aime bien arrosé. La saveur est ainsi l’homme est du Sud. Pour la réception, il se tiendra à la soupe. C’est son second principe. Le Dudu est chasseur, il a pris le temps d’observer, d’étudier, les habitudes de ses castors. Le gaspacho est devenu hors saison. Mais la soupe au poisson se mélange aux fraicheurs hivernales. La mer n’a pas de frontière et connait toute les saisons. Bref le choix ne fut pas dans le pâté mais dans une bonne soupe. Certains trainaient au comptoir à conter je ne sais quoi, pendant que certains réfléchissaient déjà à la deuxième tournée. La soupe est un liquide qui par principe aussi s’évapore quand l’ambiance est chaude. Pour ralentir le processus Dudu avait prévu de la Rouille, des croutons aillés et du fromage râpé. Le tout permit aux retardataires de vite rejoindre la masse pour éviter l’angoisse de la feuille blanche pour certains et d’une assiette vide pour d’autres. Le Sabite est toujours à table. Son côté marin le rend chanteur. C’est magique. Le rouge est en attente puisque du blanc s’associe à la mer. La lune attire la mer, la marée ses cycles, le Dudu sa troupe.

La suite est logique. Le Dudu a deux maîtresses, la pelouse et la paella. Pour la paella comme pour la pelouse, le cuistot du soir a le sens du partage. Après un temps indispensable pour le connaisseur classé hors d’âge, d’apprécier les qualités de chacun. La passe courbée de l’un, la pénétration de l’autre, la technique du croisé en aveugle, bref toutes les qualités d’un jeu collectif, il choisit son camp et exploite au mieux ses connaissances. Il aime le jeu et par principe le bon jeu. Pour la paella, c’est pareil. La technique du service est par conséquent bien travaillée. Les grandes stars ne rentrent jamais sur scène sans un petit coup de fumée. Dominique l’a formé en Sicile. Les fumerolles divulguent bien les volcans. Les sens embués, les poumons à la limite de l’asphyxie, l’attente est trop forte. Nous attendîmes la soufflerie pour libérer le spectacle. Point de bons mots sans bon souffleur ! Ce que nous eûmes c’est un appel. « Un gros bras, sinon rien ! ». La consigne est claire à l’opposé de notre visibilité. Dudu s’exprime ainsi, point de nuance, le direct a cette qualité de marquer et de nourrir les hommes. Le code vient de la cuisine. Jean Phi enfila son masque sortit son bras pour suppléer à la charge l’homme de table. La sortie est magique. Le plat est grand. Les écrevisses taquinent les moules, le riz les bouts de chorizos et les petits pois sont verts. Les Eric sont en ligne. Formation qu’ils n’ont pas quittée depuis l’aire de jeu. Plus de lancer de bout de pain, la leçon est apprise. Le castor s’adapte et reste joueur. L’homme se reconnaitra même s’il se cache dans le trio. Il et ténor à ses heures. Bref à défaut de jouer à la baguette il la lance. Pépé retrouva son képi de gendarme. Et Jeff prit au sens propre comme au sens figuré un pain dans la gueule. Comme quoi les bouts de pain sont moins dévastateurs… « Un Eric, sinon rien ! » s’exclama le Tcho. Le souffle fit son effet. L’homme est de tablée présidentielle la semaine prochaine. Le Jacquot est de la partie. Les Eric sont avertis. Et les autres n’auront qu’à bien se tenir. La semaine prochaine ce sont les vieux…les anciens…les bérets…qui régalent. Les vieux ont des principes eux aussi, le rendez-vous est fixé à 22 heures pétantes. Ils nous préparent un soufflet autrement. Le trou a ses générations et cela est bon !

Dudu a la main sûre. Le lancer d'assiettes ne fut qu'une formalité. La seule fausse note vint du Tcho. Même la Jacouille fut adroite. Le Poulpe alors y alla de ses tentacules trouvant en Léo un complice parfait. Titi en rajouta un peu. La rime fut riche. Il ne manqua que la renoncule, le pédoncule, la tarentule et le bidule. Il est vrai que sans Perdigue la rime en ule perd beaucoup de son charme. jean-Phi assonance sans jamais être assommant. Tout un art. "Rimez faiblement, assonez si vous voulez, mais rimez ou assonez , pas de vers français sans cela." Ce n'est pas Jean-Phi qui le dit mais Verlaine. Il y a du Verlaine dans Jean-Phi.

Les plâtriers en remirent une couche sur leur prétention présidentielle. On eut droit au Patriball. Il y avait de la fée dans l'air. Même si la fée n'était pas là.

Côté fromage, Dudu avait poussé l'altruisme jusqu'à le découper en tranches. Du rouge, du coulant et du Cousteron peut-être.La paella avait refréné nos ardeurs. De trop nombreux morceaux ne trouvèrent pas preneurs. Ceux qui attendaient de la pâtisserie en furent pour leur frais. Des clémentines. Rien que des clémentines. Un fruit d'hiver il est vrai, la madeleine de bien des adultes.

La grappe de castors se réunit autour d'une belote de comptoir. A l'exception du barde, de son bardinet qui poussèrent la chansonnette et déclamèrent qui du Racine, qui du Corneille. Le vieux quatre en resta tout pantois.

Au sortir du trou, Amélie s'emmitoufla dans la nuit à la recherche d'un peu de fraîcheur. Il regarda les étoiles et sourit.

29 novembre 2015

Le cuistot de bouffe : Patrick coache un jour, coache toujours !

Par Réglisse et Le Barde
 


La pluie cessa dès que nous fûmes sur le pré. Comme si elle attendait de voir avant de faire des siennes. Nul doute qu'elle fut ravie ; pas une goutte. Nous n'étions qu'une douzaine à courir après le cuir ; en sorte que la ligne des 22 mètres s'imposa comme frontière. Un petit périmètre en somme mais qui ne fut pas avare de belles choses. 

La partie fut équilibrée et vive. Le castor porte beau en automne. L'hiver n'a qu'à bien se tenir. Jeff était en forme. Il pesta contre ses quelques fautes de mains, mais il alla souvent à dam. Il y eut beaucoup de croisées, quelques surnombres bien négociés, d'autres un peu moins. Le rugby est un sport d'ailes. Ou, si l'on veut, un sport d'oiseaux. Oui, le pré est notre ciel. Léo était enfin parmi nous. Il n'a rien perdu de ses charmes rugbystiques. Le beau jeu l'emporta sans conteste. Sous l'œil expert de Dudu. Croucrou rejoignit les siens sur le tard et se fondit dans l'excellence qui régnait. Il y avait bien longtemps que les trois grâces (les trois Eric) n'avaient joué ensemble. Le pré est alerte et guilleret. Quelques soupçons de castors en plus, et tout sera parfait. Même si avec peu, on peut faire de l'or. Le rugby est une alchimie.

Au trou, Patrick (Dinclaux) s'exerçait. Pascal Apercé était des nôtres. L'Amiral était également là. Sur la table, les plats accueillaient feuilles de salade et tomates dans l'attente de samoussas, ce beignet triangulaire, originaire du nord de l'Inde, composé d'une fine pâte de blé enrobant une farce faite de légumes ou de viande, de piment et d'épices. Le samoussa était parfait. Pour le plus grand bonheur du Poulpe et de La Piballe. L'Inde est toujours la bienvenue au trou. Le trou, c'est l'universel moins les murs.

Aux bouts de table siégeaient d’un côté les piliers et de l’autre les secondes lignes. Tant d’écart entre ces hommes que le combat de la mêlée n’a su que rapprocher. Les piliers ont choisi leurs camps, prés du frigo et de la cuisine. La douche oblige, les étaies eux se rapprocheront de la télé. Le bar sera dégagé de toute assiette puisque toute la compagnie tiendra dans la tablée. C’est ainsi !

Les jeunes, stagiaires et archis sont dans une ère où l’image a son sens. Point d’action sans ralenti. Point de médaille sans caméra. Point d’histoire sans écran ! Les tours de contrôle pour la soirée sont en fait des troisièmes lignes. Les troisièmes lignes ont pour logique de seconder les secondes qui maintiennent eux la première. Pour le repas, il faudra mesurer plus d’1 mètre et 85 centimètres, gel de tension accepté pour les mèches rebelles. La sanction est de se poser au bout de la table. Les piliers n’en ont pas besoin, du gel ! Le béret fera l’affaire. Jeff et Bernachatte se prêteront à cet exercice. Le principe de taille se résigne dans la variance d’un centre de gravité plus mobile. L’équilibre est instable mais l’esprit bien en hauteur. L’ambiance malgré la hauteur était rigole et frivole. Le centre de gravité est uniquement mis à mal pour le toucher. La discussion en revanche allez bon train, et Jeff n’hésita pas une seconde pour demander plusieurs coups de « samousalade ».

La fusion est belle, l’amalgame se respecte, le palais explose. C’est une règle fondamentale des hommes de premières lignes.

La nature, nous le rappellerons jamais assez, rigole dans la diversité. Les archis sont organisés dans le trou. Les piliers sont faits pour maintenir les édifices et supportent par nature le poids des autres et dans une autre mesure le poids du temps. Les piliers méritent des étaies. Les piliers qui siègent du coté de la cuisine sont des colosses. Malgré la pluie Pépé garde la baguette pour les copains. Le Tcho lui garde sa fameuse tenue de conduite. Et Jacquot veille toujours aux bons grains. Patrick a son saint et se positionne en son sein. L’édifice est sacré. Il faudra du mental pour alimenter la soirée. L’homme à l’occasion est coach. Et ce soir il prépare ses troupes pour une envolée gustative. Mais le mental n’est rien sans sa saucisse. Si Freud m’était conté… L’homme souhaite satisfaire l’estomac de ses hommes. Le plaisir est une chose, le mental une matière à coacher. Point de stress pour le tour de bouffe puisque tout se fait sous contrôle. L’art du coaching selon saint Patrick est de circonstance. La gestion du stress dans la vie comme au trou, c’est son affaire. Les piliers sont entre de bonnes mains, rien de tels que des hommes d’expérience qui philosophent ou qui tout simplement espère aimer la vie. Jacquot en équilibre, se prêta à citer Oscar Wilde « Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles. ». Le Tcho hésita à sortir sa fusée. Il conduit et pilote toujours quand l’occasion s’y prête. Le Barde est dans son élément, des bons mots, du Sabite dans le verre et de la saucisse pour épicer la Réunion. « Les bons mots coach ! C’est bien ! Mais envoie la saucisse ! » s’exclama Jeff qui a déjà la tête dans les étoiles. Bernachatte les yeux fermés, le samoussa en son troisième chakra, zen toujours. De la Réunion à Montbéliard seule la saucisse nous sépare. Le riz est à volonté. Le cuistot sait que le mental sans son estomac comblé s’éloigne par nature des illusions castoriennes. Le coach de table gère. Le rythme est approprié, point de presto mais bien de l’allegro dans l’âme.
L’ « allez gros » se prête toujours à merveille pour les hommes de mêlée !

Le lancer d'assiettes fut si paisible. Seule la Jacouille laissa échapper la précieuse offrande. La faute aux premiers froids sans doute. Pépé fut encore magistral dans sa réception. Un immense brie que Patrick avait pris soin de découper en autant de tranches fit le bonheur de l'assemblée. Avec ce qu'il convient de Sabite pour l'accompagner. Comme le trou est verbal, les conversations allaient bon train. Le monde avait enfin trouvé la paix dans ce havre de sagesse. Sous l'œil vigilant de Tcho, le chantre de l'octave. Jusqu'au plus intime de son être.

Les tartes vinrent comme une évidence. Comme chacun le sait, tarte est étymologiquement une variante de tourte, du latin torta, ellipse de torta panis(« pain rond »). Mais la tarte aussi désigné une beigne, ou une bouffe si l'on préfère. J'ignore l'origine de cette variante et peu importe.

Le bardinet, faute de What Else qui nous manque, fut, comme souvent de café. Le trou paisiblement se vida. Dehors, une pluie chafouine embrassait le pavé. Léo n'en avait cure et chanta Flying on the moon. Notre crooner est de retour. La vie est belle. 

21 novembre 2015

Le cuistot de Bouffe, Yannick en pacha perché!

Par Réglisse et Le Barde


Ça trotte, ça galope, ça vit sur le pré. Avec Serge et Seb en figures de proue. Et Walid toujours plus vif sur cette aile trop longtemps orpheline. La jeunesse était abondante. L'automne est si printanier aux archi. Dudu sans Hamilton donnait le la. Le talon d'Achille d'Hamilton fait des siennes. Pas de pré pour l'amoureux de la chambre claire. Son talon sonne un hallali que l'on souhaite provisoire. Il nous reviendra avant le temps des lilas, et, peut-être, du mimosa.

Croucrou, ceint d'un maillot de l'UBB, fut alerte et altruiste. Titi impérial. Et notre hirondelle de Jean-Phi allait ses courses latérales sur un pré converti en ciel. On dit à tort que les hirondelles ne font pas le printemps. Il n'y a que les sots pour voir l'hiver à leurs portes. Avec Jean-Phi, le printemps est de toute éternité.

Il y eut assez peu de commentaires. Il flottait comme un parfum de tolérance. Le jeu l'emportait sur la règle. L'esprit des lois ne vaut que par la liberté qu'il accorde au beau. Jeff filait de temps à autre vers cette terre promise qui ne tient qu'à un rectangle. Le paradis est peu de choses. Un arpent d'herbes. C'est toute la grâce du rugby.

Deux invités étaient des nôtres. Le castor est accueillant. Son identité tient dans cette ouverture à l'autre, sa répugnance au repli. Le castor est hospitalier. Il ne manquait que JB. Sans JB le pré, comme le presbytère, manque beaucoup de son charme. Il mène d'autres combats notre Mozart et l'on est de tout cœur avec lui.

Au trou, un parfum de couscous distillait ses arômes. Yannick Pacha prenait les destinées du repas en mains. Le grand Tom était là, se souvenant du Yannick encore adolescent, timide et secret. Il fut le témoin de ses métamorphoses. Nous en recueillons les fruits.

Le cuistot est costaud. Il est comme Popeye, amateur d’épinards. Et le marin bodybuildé ne sort jamais sans son olive. L’homme en impose et question olive, il dispose. Les noires, les vertes, les pimentés, les fourrées, bref le bar est conquis par tous ces fruits qui sentent bon la Méditerranée. L’olive n’est pas une pastèque. Cependant sa multiplicité satisfait tous les palais assoiffés. L’étalage est coloré et se prête à merveille aux éclats de nos boissons houblonnées. L’ambiance est chaude. Les olives sont de sorties. Le cuistot est un homme de doigté. Les points de tensions trépassent quand il tâte le bout de son olive. Les cahuètes cette fois-ci respirent, les chips ne sont pas sorties de leur poche. C’est ainsi, le Maroc se découvre dans l’olive. Les taquineurs de la balle étaient bien nombreux sur le gazon et bien tout autant pour le plaisir du trou. La table est comblée et le bar retrouva ses mangeurs. Parfois quelques olives suffisent à faire bouger les troupes. On aligne de nouvelles assiettes, on vide le dernier verre pour passer au ballon. L’ovalie est de sortie, la terre est ronde comme une olive. Tout le monde le sait !

La grappe au Maroc est respectée, du rouge, du rosé au gris, tout se lie aux ferments. Le château proposé n’est pas du Boulaouane, ni de la sidi ali (contrex du pays) mais toujours notre Calife du raisin, du Sidi Sabite.

L’ambiance est bien du Sud, les vieux près du Nord, les affamés à table et les retardataires au bar. Le service se fera par conséquent sur deux tableaux. L’entrée est une salade de tomate. Simple mais puissante. La découpe est virile, mais n’est rien face au plaisir féminin offert par la coriandre. L’oignon pique et rafraichit l’ambiance de la salade. Cette balance du rouge, du vert, du blanc s’évapore en mirages d’orient. La nostalgie est là, la tomate n’est plus tomate, elle est Volubilis. Fès n’est vraiment pas loin. Pépé repositionna son béret. La chaleur d’orient mériterait le chèche. La boutique baissa les yeux. Le béret hésite, l’homme bleu du dessert ne peut se découvrir à l’entrée. Le béret lutte, hésite, le combat est intense. Il tiendra néanmoins jusqu’au couscous.

L’annonce était faite en semaine. Comme au baseball, le batteur à la base pointant de sa batte la satellisation de la balle, Yannick à pointer son objectif, l’harissa sera et le couscous nous décoiffera. La métaphore est américaine, mais nous le répétons bien assez le cuistot a voyagé. Le plat est magnifique, une montagne de délices mijotés, de moutons et de poulets transformés, de légumes noircis et épicés de la carotte au chou, le navet d’un sombre nacré, les raisins et tout l’attirail nécessaire pour camoufler la semoule. La quantité et la montagne sont telles que la semoule à sa base n’est accessible qu’après une périlleuse perforation. Comment casser le tableau sans blesser la merguez ? Le chef sort sa toque pour se couvrir d’un fez marin et sa queue de sirène. Walid amateur en jeu de mot, souffla à demi-mots que tout le folklore c’est pour nous mettre l’eau à la tarbouch… Les youyouyous sont de sortis, l’exploit est accompli. L’homme est bien capable du sbib comme du meilleur répondit le poulpe présidentiel. Le hic est dans la semoule qui n’a pas supporté la pression de toutes ces victuailles. Mais bon, dans le couscous de yannick tout est bon et bien à volonté. Le monde est conquis. Les charmes s’opèrent. Le cuistot en profita pour motiver les troupes, l’expédition se dessine. Le porteur d’eau, le fez virevoltant pour réchauffer les cervicales des archis joueurs. Les ballades sont encore à négocier dans les souks de casa du COC au RUC, le rugby a ses attaches. Le tournoi est annoncé ! il se fera sans mais, et bien en Mai. La fantasia culinaire est explosive. Les coups tirés sont multiples et résonnent dans l’unique. L’œuvre était bien ambitieuse. L’homme ne sera pas celui qui patauge dans la semoule. L’inverse ne coopère pas.

Pépé contemple et jalouse le fez du patron de soirée. Le Fez est au pacha ce que le béret est à Pépé. Titi la tête découverte pense aux chèches égarés. N’est pas couvert qui veut !

C'est peu dire que le lancer d'assiettes fut d'excellence. Yannick Pacha menaça de les expédier les yeux recouverts d'un bandeau. Il n'en fut rien. Et à de très rares exceptions près, les assiettes atteignirent leur cible. Pour la plus grande satisfaction de Pépé, dont le puîné avait subi les foudres d'un coupeur de cheveux en quatre. Plus de mèches rebelles. La Jacouille était sage. Et la Fée se régalait comme un enfant de son trou retrouvé.

Le fromage ne fut qu'une douce formalité. Une concession occidentale à un dîner tout en orient. Un mélange civilisationnel. Tout repas est l'aveu d'une philosophie. Yannick, en bon disciple de Montaigne, est un homme mêlé. Le traditionnel Tiens voilà du fromage précéda nos bouches gourmandes, encore émues par un couscous de si bon aloi.

Retour à l'Orient avec une panoplie de desserts marocains. Que du bon, du fin, du délicat. Surtout ces tranches d'oranges parfumées à la cannelle. Un régal. Cette fraîcheur était la bienvenue. Cornes de gazelle, ghoribas, makrouts et j'en passe. Le bon docteur eût aimé cette prodigalité pâtissière. Yannick est généreux, l'abondance dont il fit montre en témoigne. La Piballe était ravie. Amélie aussi. Toute l'assemblée communiait dans la profusion des mets d'un soir. Que Yannick Pacha trouve, ici, notre infinie reconnaissance.

Un crachin d'automne dispensait ses gouttes malignes sur le bitume. La rue était calme, si calme. La Piballe prit le chemin du retour le cœur léger et le ventre lourd. Et de rêver d'un jour comme un oiseau sur la plus haute branche. Mon barde, me dit-il, la vie est belle. Nul ne nous volera notre insouciance. Et de lever les yeux au ciel, mesurant notre chance d'être.

16 novembre 2015

Le cuistot de bouffe, Ben a la patate et 40 bougies

Par Le Barde et Réglisse
 
 
Le pré était humide. L'hiver, peu à peu, s'immisce. A fleurets mouchetés. L'automne n'est pas morte encore. Guitou faisait son retour. Pas l'ombre d'une correspondance avec l'automne ou l'hiver. Guitou n'est que printemps. Serge était accompagné de son frère. Le rugby est une fratrie. Qu'elle soit ou pas en chair et en os. Le frère de Serge taquine bien le cuir ; sa passe en impose, juste, précise. La bande à Guitou domina son sujet. Avec la fratrie dans ses rangs. Seb était de l'autre bord. Il fit contre mauvaise fortune bon cœur. Le Libanais retrouvait son aile et Jean-Phi faisait d'involontaires écrans au grand dam du barde. Le Préside, ceint de son traditionnel maillot vert, allait ses longues foulées. Hamilton dut quitter le pré par la faute d'un tendon d'Achille chipoteur. Le toucher fut vif, alerte, guilleret. Sous l'œil avisé d'el Poulpo anticipant sur ses futures campagnes. Il y a du Bonaparte en lui.

Au trou, Benoît nous attendait. Sans Pépé mais avec le Tcho, la Jacouille et Guigui.

Il est naturel qu’après l’effort sonne le réconfort. Piou Piou est en avance pour lâcher la pression. Les cahuètes pour accompagner et nous voilà à polémiquer sur les envolées du soir. Ce soir, les Escassuts sortent en famille. L’hiver se rapproche, les plaisirs du trou perdurent dans leurs liens amicaux et familiaux. La transmission dans la famille n’attendra pas l’hiver ! Les Escassuts sont partageurs et bien présents pour témoigner à Paul, la jeune relève le plaisir des crampons, de la gonfle et de la chansonnette.

« Enculé » n’est pas un gros mot quand on le dit en chantant. Pour preuve que certaines régions l’utilisent pour ponctuer. La virgule à Marseille n’inspire-t-elle pas cette métaphore subtile. Elle devient malheureusement « con » à Tarbes, et silence à Bordeaux. Le voyage ouvre les horizons et la ponctuation les orifices. Freud verrait du sexuel dans toute chose, Lacan un parlêtre dégrisé. Mais il est bien question d’un hymne à l’amitié. C’est sûr qu’au collège, entre deux multiplications « l’enculé » serait de trop. En biologie devenue SVT cela passerait peut-être. Le pari serait pour le jeune disciple de se risquer à remercier le savoir par la chansonnette. Qu’il serait bon de pousser cet air quand le maître à résolu une équation complexe à triple inconnues. Cela flirterait avec le bonnet d’âne. Qui sait ? Il n’y a pas d’âge pour chanter le cuistot « enculé ». Pour les castors, c’est un hymne à l’amour et aux copains. Point de bagarre qui en découle, juste une chanson en cœur ! Le petit Paul est ravi, son sourire en dit long. A l’instar de son grand-père, il a l’art de la rigole.

Benoit pour mériter la chansonnette a sorti sa salade piémontaise. Les produits sont frais. Serge est pour la soirée avec son frère. Les hommes sont à tablée pour partager les deux plats préparés. Des tranches de pain du pépé pour absorber la sauce et nettoyer l’assiette. Tout est bon dans la Piémontaise. Les assiettes redevenues vierges, nous repoussâmes la chansonnette cette fois-ci sans ponctuation marseillaise. Nous rappelons que le repas de ce Mardi est en famille. Et dans la famille, il y a des oreilles sensibles.

Nous voilà donc dans le vif du sujet. Benoit, Ben pour les intimes ne lâche pas la patate. Le plat est léger du riz à la patate. Une coutume de chez lui, tout se marie avec la patate, l’entrée, le plat principal et l’humeur. Il garde la patate. Gwen son parrain, aurait été fier du met. Pour les deux énergumènes l’origine du monde ne dépend pas de la pomme d’Adam, mais bien de la pomme de terre. Le riz n’est pas uniquement associé à la patate, il se parfume au curry et sa carne. Le tout nous rapproche des Indes. Pépé à défaut de turban garde le béret. La chaleur des épices, le gingembre en poudre, donna la patate à notre revenant de Guitou. L’effet est immédiat, l’homme et le curry ne fait pas bon ménage. Il revient d’un long voyage. Le sādhu qui est en lui (du sanskrit साधु sādhu, « ayant atteint son but, homme de bien, saint homme »)souhaite sortir sa tête en passant tout d’abord par son torse, bien bronzé pour la saison. Guitou dans cette quête du sadhu quitta dans l’illumination sa chemise. Le sadhu est un chemin parsemé de sacrifice et par essence s’éloigne de tout de ce qui nous rapproche du trou. L’objectif est sublime mais le calvaire trop conséquent. Point de spiritualité dans sa chemise tombée, peut-être un effet secondaire d’une vie consacrée à la compagnie Air France. Loin de toutes interprétations spirituelles ou syndicales, quand Guitou tombe la chemise c’est tout simplement pour combler son trou. Les frères observent, apprennent, et se resservent tout en se préservant de quitter leurs chemises. N’est pas Guitou qui veut !

Le lancer d'assiettes commença sous les meilleurs auspices. Pas l'ombre d'une maladresse. Avant que la Pibale n'échoue et que les premiers fracas ne retentissent. Benoît n'y était pas pour grand chose. Un coulommiers siégeait dans son papier immaculé. Guitou fut à deux doigts de le recouvrir de son encre. Peut-être en mal d'inspiration, il se retint.

Alors, le Poulpe se leva et déclara : " J'ai décidé de me présenter à la fédération française de rugby. J'ai longuement réfléchi. Plus rien ne m'arrêtera." Une clameur s'éleva. La Jacouille essuya une larme et de dire : " Enfin". Le Poulpe poursuivit : "Un vent nouveau doit souffler. Je suis l'Ulysse de la gonfle." Seb était pétrifié d'admiration. Walid un peu moins et Jean-Phi pas du tout. N'empêche, pour la première fois, le trou devenait l'antre et la matrice d'une destinée. "J'annoncerai officiellement ma candidature jeudi. Pas demain. Demain, mon cœur ira aux poilus. Il faut respecter les poilus." Puis, le repas, non sans difficultés, reprit son cours ordinaire.

Le tiramisu qui suivit détendit l'atmosphère après ce moment considérable. Il était parfait ce tiramisu avec, me semble-t-il, un soupçon de crème de marron. Quelle douceur. Le Poulpe ne pût s'empêcher de dire que sa campagne aurait aussi un petit côté tiramisu. Qu'il ne s'en tiendrait pas aux clichés, que la créativité était l'expression même du french flair. Du french flair au tiramisu, il n'y a qu'un pas. Le Poulpe l'a franchi. Bernard Laporte n'a qu'à bien se tenir.

Benoit déboucha quelques bouteilles de champagne pour fêter ses quarante ans. Certes, il est de juillet. Mais il n'avait pas eu l'occasion de célébrer ce changement de cap. Mettre un peu d'été en automne est une manière comme une autre de faire la nique au temps. El Poulpo, lui, revint à ses rêves de grandeur. Se tournant vers Walid et le Préside, il se lança dans un bref Moi, Président, un peu comme l'on fait ses gammes.

Quelques castors rejoignirent la nuit dés la fin du repas. D'autres firent une belote de comptoir. D'autres encore bavardèrent. Seb était en verve et entama une conversation profonde avec Bernatetchate. Hamilton se refaisait la cerise. La paix régnait. Le trou se vida. Le ciel était de velours. "Rien comme être n'est passager" murmura Régis, "mais c'est si bon."

07 novembre 2015

Le cuistot de bouffe, l'amiral à la retraite, la morue aux charbons...

Par Le Barde et Réglisse


Là bas, à Bussaguet, Franck fait la nique au temps. Point de bougies et autres fariboles, non, il torée le temps. Tu ne m'auras pas lui dit-il et de lui faire une Véronique de rêve. La besogne faite, il adresse un sourire à la vie. Happy birthday Francky, le natif du 4 novembre, le bon docteur, le castor qui possède, comme nul autre, le don d'ubiquité. Une présence de chaque instant, un nomadisme du cœur qui sont autant de ses vertus. " La vertu d'un homme ne doit pas se mesurer par ses efforts mais par son ordinaire" écrivait Pascal.

Sur le pré, nous étions une quinzaine. Serge a conjuré le sort ; il les a eus. Enfin. Bien aidé, il est vrai, par un Perdigue tout feu tout flamme. Se gaussant de tout évitement, il perfora plus que de raison une muraille adverse, "Le cœur a des raisons que la raison ne connaît pas" dixit encore ce bon vieux Blaise. Il est vrai que la muraille en question était quelque peu ébréchée. Perdigue manie l'art du trou, de la pénétrante comme personne. Surtout lorsqu'il est servi par Serge. Sans Seb, Serge il a son Perdigue. D'ailleurs, il y a plus qu'un soupçon de ressemblance entre les deux compères. Une affaire de connivence en somme.

Donc, le pré où un Hamilton renversant retourna son pouce et quitta, de guerre lasse, ses partenaires après avoir été secouru par la main experte de Pascal. Pascal, il sait la nécessité de sa présence, mieux, il l'anticipe. Avec un tel prénom, rien que de très ordinaire. La grâce efficace en somme.
La partie fut vive, joyeuse, alerte. Le castor est en jambes en ce doux automne. L'hiver sera fécond , l'hiver est une poule aux œufs d'or. Peut-être serait-il plus opportun d'évoquer les grues. Leurs vols enchantent nos matins et nos nuits. Il faut aimer les grues.
Il y eut une cascade d'essais. De beaux gestes, des courses fières ; comme un parfum de Blacks. Oui, le pré est notre royaume et le trou notre palais.

L'Amiral ceint d'un tablier irish attendait ses hommes d'équipage. Un albatros. L'équipage était fourni. Au bar, Amélie remettait un peu de vigueur à des étagères mal embouchées. Allongé sur le sol, il opérait. En sorte qu'il fallait franchir son corps pour atteindre la dive tireuse.

La bière coula comme un torrent. Du Minelli dans le texte. Avec Perdigue en Sinatra, faute de Léo qui nous manque. Sur la nappe, croûtons, rouille et fromage râpé annonçait une soupe de poisson. L'amiral, comme de bien entendu, n'agit que dans le maritime. La soupe était parfaite. De longs filaments pendouillaient sur nos lippes. Un petit blanc de derrière les sarments, sémillant à souhait, faisait une nique momentanée au Sabite. Poisson oblige. L'Amiral en rajoutait avec un cubi de rose de Provence. Jean-Phi resta digne.


« Ils étaient deux amants,
Qui s’aimaient tendrement
Qui voulaient voyager
Mais ne savaient comment



Allons à Messine
Pêcher la sardine
Allons à Lorient
Pêcher le hareng. …
Quand l’Amiral cuisine, le trou navigue. Autour de la table, des mariniers prêts à avaler la marée. L’homme a beaucoup voyagé. Ca se sent dans la descente. Déjà dans l’escalier, les flagrances en remontées nous donnent envie de chanter. Les narines deviennent marines. La chanson est de rigueur quand l’homme revient à son port.

Pour sûr, l’Amiral est du signe du poisson et non scorpion comme notre francky. Les plaisirs des hommes sont multiples et les saveurs qui les comblent infinies. Le voyage a mené l’homme aux quatre vents et la cuisine à sa soupe de poisson. Piou Piou navigue lui aussi. L’homme est un explorateur des plaisirs de la vie. La poésie il la caresse comme une brise légère sur la grande voile. Parfois elle gonfle, parfois ça pousse, parfois ça chavire comme toute ballade aventureuse et amoureuse entre l’homme et la mer. Le plaisir des mots, de la gonfle et du poète restent par essence identiques.

Dans la soupe de poisson, l’Amiral a pensé à la rouille. La rouille pour les wikipédiens est composée de foie de lotte, de pomme de terre, de tomate ainsi que d'un peu d'ail et d'huile d'olive et le tout passé au pilon et au mortier, agrémenté d'un peu de fumet du plat de poisson. Quelquefois appelée mayonnaise provençale, la rouille est servie avec la bouillabaisse ou la soupe de poissons à la sétoise et accompagne les plats de poisson, les crustacés et les poulpes. C’est un rappel accessible à ce dictionnaire webien et populaire mais pour le poète qui se respecte la rouille n’est pas le devenir d’un fer mouillé ou le supplément aromatique qui dérouille la soupe de poissons mais bien une matière unique pour lancer la rime.

Piou Piou, les rimes en « ouille », il les sublime. Ces alexandrins comptent les verres. La technique est unique elle naît du trou. Le voilà debout, l’orateur, le Barde en visée, le bras de fer qui rouille est lancé. Point de gant qui se jette au trou. Le barde accorde les premiers vers à l’initiative et amateur de duel de mots accorde l’envoi à notre Cyrano. Tout y passa, le scribe est dépassé tant le phrasé est élancé. Le Ouille touche la grenouille, le fenouil, la crapouille, la chatouille, la nouille (cuite à l’eau), la nouille (qui fait l’idiote), la nouille entourée de ses paires qui riment tout autant.

Il est beau le poète qui nous prouve qu’il n’excelle pas uniquement dans la chansonnette. L’ambiance est marine. Les hommes présents bien heureux de partager la soupaille et la ripaille. Le marin ne se libère des nœuds. Les assiettes creuses font place aux plates. L’accueil du plat est de mise. Du jaune, du blanc et du noir sont les couleurs du soir. Point d’omelette cette fois-ci mais bien un mélange subtil de pommes de terre, de fromage, de crème, de "ba. Le noir vient des olives. Il n’y a pas de bacalao sans son lieu noir.
 
…Le trou de mon cul,
Soufflera dedans.
Sacré de Dieu,
Ça puera bougrement


Allons à Messine
Pêcher la sardine
Allons à Lorient
Pêcher le hareng. »

Le plaisir est grand et la chanson se termine. C’est une constante quand l’homme apprécie le plat, le silence se fait. Le délice est ainsi.

Le lancer d’assiette est digne du sage qui a traversé l’Océan. Il le répète bien assez « La terre n’est pas plate », il nous le confirme « il faut connaitre toutes les forces en présence ». L’Amiral les adore, les nourrit, les taquines (carton plein pour Titi) . Même Pépé est converti et en a gardé son béret. Le lancer décoiffe mais se rattrape. Les assiettes dans la Marine comme dans l’aviation se maitrisent pour préserver l’équilibre de tout bâtiment. Celui du trou est par conséquent maintenu, la Santa Maria naviguera que plus sûr dans les eaux bousculées du trou emmuré. « La marine est là chanterait » Tino Rossi. Le plaisir des hommes aussi ! Tient, ça rime...

Le dessert était recouvert d'un papier d'aluminium. A peine l'Amiral l'eût il ôté que l'on pressentit un tiramisu. Erreur, c'était du riz au lait. Le riz au lait est fréquent chez les castors. Mais chacun d'y mettre sa touche. Celle de Roland était du meilleur effet. Walid aurait apprécié. Titi, lui, se régala. C'est un enfant notre Pinson, les desserts d'antan trouvent toujours grâce à son palais. Il me confia un jour qu'il aimait cette phrase d'Agnès Varda : "Je suis resté petite mais j'ai grandi." Titi, c'est un tendre. Et ce n'est pas Pioupiou qui me démentira. Un Pioupiou, délesté de l'antienne de sa chanson monotone. Et c'est mieux. La Pibale, elle, est fidèle à son éducation chrétienne. Et d'entonner l'Ave verum de Mozart sous l'œil circonspect de la Jacouille. Mais pour le plus grand bonheur de Jeff : "Le riz au lait et Mozart j'adore" dit-il. Le Vieux quatre opinait du chef. Pour une raison obscure, il ajouta que la morue et le riz au lait, c'est un peu comme Castor et Pollux. Sans doute par goût pour Rameau. Allez savoir. Don appréciait ces incursions musicales. Et d'y aller de son Verlaine : "De la musique avant toutes choses."

Le trou se vida lentement. La nuit recouvrit les castors de son manteau. Il était un peu plus de minuit. Francky, sans doute, s'était endormi. Face aux étoiles.

02 novembre 2015

Le cuistot de la semaine, Miguel casse les oeufs...et les assiettes

Par Réglisse et Le Barde


Nous n'étions que huit sur le pré et le vieux quatre n'était pas des nôtres. Comme le vieux quatre veut s'employer au blog, il lui sera difficile de parler du pré. Mais le vieux quatre pratique le mentir-vrai avec un art consommé ; c'est un disciple d'Aragon.

Les Archiballs sont un roman inachevé, une histoire qui se prolonge, une épopée sans fin. Non, ils ne sont pas entrés dans le long hiver que d'aucuns leur promettent. Et puis, l'hiver est une belle saison, ses lumières sont si pures. "Quelle flamme pourrait égaler le rayon de soleil d'un jour d'hiver ?” écrivait si justement Thoreau.

Les métaphores et autres inspirations hivernales, à tort, sont souvent tristes et tiennent trop à des humeurs passagères. Il y a même un soupçon de cliché à faire de la saison de "l'art lucide"la plus ténébreuse des saisons. D'ailleurs, le pré est joyeux, été comme hiver, printemps comme automne. Et le pré est la langue des castors, leur idiome.
Sur le pré, en ce dernier mardi d'octobre, l'équilibre était parfait entre les plus que cinquantenaire et les autres. Le toucher fut vif, virevoltant, épuisant. Tous savaient que Miguel les attendait au trou et que leurs efforts trouveraient grâce dans ses offrandes culinaires. Tous, sauf Serge. Il attendait avec impatience, entre une croisée et un cadrage-débordement, les promesses du chef d'un soir. Pioupiou après avoir hésité à rester sur le pré se résolut à taquiner la balle et nous gratifia d'un essai d'anthologie sur son aile. Il convint que le rugby ne saurait se limiter aux vertus d'un exclusif rentre-dedans. Il conclut les débats par une opposition médicale entre la déchirure et la tendinite sous l'œil circonspect de Dudu. Hamilton, lui, était aux anges. Comme Régis et Jeff. Oui, une belle soirée d'automne.

Au trou, vêtu d'un pantalon bleu-ouvrier, Miguel rayonnait. L'assemblée était clairsemée en ces temps de vacances. Amélie nous attendait, ainsi que la Jacouille, Pépé et Yannick. Et notre bon vieux quatre. (Mais pas de Tcho, la faute aux palombes). Chacun de se souvenir du premier repas de Miguel et de craindre le pire. Miguel leur opposa un sérieux démenti. 

Ainsi de cette entrée qui mêlait à des grilles d'endives, chorizo, boudin, champignons de Paris. Et un pâté dont Hamilton dit qu'il était de tête. Quelques piments agrémentaient le tout qui manquait un tantinet de fumet. El Poulpo déposait délicatement sur la feuille d'endives de petits brins de pâté, de fines lamelles de boudin et de champignons, et enfournait son pétale avec infiniment de délicatesse. La classe. Amélie s'inquiétait de la suite. Des parfums d'omelettes faisaient frissonner ses narines. Et l'omelette vint.

L’omelette est une base solide pour nourrir les hommes après des périples nocturnes. Dans les Landes, la tradition veut que pour attendre le jour, il n’est pas bon d’être une tranche de jambon et d’être réincarné en œuf. Miguel dans sa cuisine a cette nostalgie de fête. Il est joueur et expérimentateur. L’origine est lointaine. Certains anciens du trou pourraient même se prêter inventeur. Ils cassaient les poules avant de casser des œufs. Bref, l’omelette est un mythe. Point de chef cuistot qui l’ignore. A défaut de poules, une bonne cuisine casse les œufs. Le tout est dans le mouvement énergique est vigoureux pour amalgamer le blanc et le jaune. Certains y glissent un soupçon de lait. Du lait de poule ? ca serait vache…

Aujourd’hui les œufs ce n’est plus ce que c’était. Ils sont rentrés dans l’hiver, eux aussi. Le moderne est ainsi, il enlève le goût croustillant de la coquille et protège de toutes germonelloses substantielles. Les œufs se retrouvent du coup en bouteille. Il y en a même en bombe, à ne pas confondre avec de la crème chantilly. La vieille recette de la chantilly nécessitait à l’époque de l’huile de coude des ménagères. En partant de la crème pour arriver à une chantilly sans en faire tout en fromage, c’est tout un modeste savoir de grand-mères.

Miguel aime l’automne, il le prouve par sa présence. Les anciens limités à deux, se distinguent par le port du béret et entourent le cuistot par tradition qui n’a pas de saison. L’homme utilise des champignons. La suspicion qui elle aussi traverse les saisons a observé que le cuistot se servit en dernier et laissa ses invités découvrir les secrets de son plat. Y aurait-il un doute sur l’origine de l’eumycète ? Pépé et Jacquot, par leur port du béret se rapprochent du champignon. Les gascons connaissent les coins qui se découvrent dans la pleine lune et se fond par leur couvre chef dans les poussées inespérées. Les discussions abandonnèrent les œufs pour se centrer sur les bleus, les amanites comestibles et non comestibles, les girolles bref une véritable diversité offerte par leur nature dans une saison qui nous rapproche de l’hiver. Comme quoi, il faut de tout pour faire une bonne omelette. La fève était un bout de chorizo. C'est Serge qui l'a eu!

Il n’y a pas d’omelette sans casser les œufs et il n’y a pas de trou sans casser d’assiette. Le drame est là !

Nous rappelons que Miguel est joueur. Le lancer est sacré. Hamilton détient tout un savoir qu’il n’hésite pas à partager. Hamilton est un anthropologue photographe des plaisirs du vivant sans en faire tout un caillou. Pour ce gardien, l’art du lancer d’assiette est un moment sacré du tour de bouffe. Il nous éloigne et nous rapproche de l’objet vénéré. L’Ovalie est un dieu pour certains et un ballon pour les autres. Toute religion a ses rites. La croyance nous distingue de l’animal et nous rapproche par essence du civilisé. Abraham hésita à sacrifier son fils pour transmettre aux hommes l’art du sacré. Comme quoi pour vénérer, il n’est pas nécessaire de détruire. Et bien pour les assiettes, c’est pareil. Il peut arriver que l’homme soit maladroit et le lancer ambitieux. Il n’est plus nécessaire de verser du sang de ses paires pour se dire que le rite est respecté. La technique de l’homme aveugle est appréciée sur un lancer. Les hommes sont ainsi, ils aiment jouer. Piou Piou est le fils de Jacquot. Si l’homme au béret n’était pas civilisé, il aurait transmis son amour par un énorme sacrifice. Preuve d’un savoir limité, marmonna Freud dans sa barbe. Et Jacquot se retrouverait bien seul dans toutes ses connaissances. Piou Piou ne le sait que trop bien, se leva pour éviter toute régression inutile. La technique du rebond sur le goulot de la bouteille et éclat par millier sont à proscrire. La parole est partagée. Miguel débanda ses caches yeux. Le sacrifice est trop élevé pour le plaisir recherché. Freud pencha pour la théorie de l’économie psychique. Tout se paie et l’assiette comme le plaisir a un coût. Les bérets en ont vu des assiettes voler mais bon la dérive du soir nécessite un passage à l’acte. Les mots ne peuvent suffire, surtout quand ils sont répétés. Le départ pour le bout de la tablée est prématuré. L’absence est faite pour être entendue. L’assemblée se posa et pria le temps du fromage.

Trois tartes de recouvrir la nappe. Trois tartes piquetées de pignons de pin et dont il était bien difficile de deviner les dessous. En l'occurrence, du chocolat de bon aloi. Le Sabite se répandait dans nos gosiers satisfaits. Le café finissait de passer et Pioupiou méditait sur Ferdinand de Saussure. Miguel, une citrouille à portée de main, regardait satisfait ses complices. De temps à autre, il caressait sa cucurbitacée et nous servit la fable de La Fontaine, Le gland et la citrouille, avec des talents de conteurs qu'Esope n'aurait pas désavoués. Insistant davantage sur le gland que sur la citrouille comme de bien entendu.

Une belote de comptoir se dressa. Le vieux quatre faisait feu de tout bois. En pure perte. Sa main n'était pas assez garnie pour accomplir ses annonces. Regis papotait avec Hamilton. Yannick était sage.
Les castors prirent le chemin du retour. La nuit était tendre. Pas une goutte de pluie. Serge sifflotait l'automne de Vivaldi. Et Régis de méditer cette phrase de Georges Sand : "L'automne est un andante mélancolique et gracieux qui prépare admirablement le solennel adagio de l'hiver."

23 octobre 2015

Le cuistot de Bouffe, les nouvelles aventures du Douanier « cook en stock »

Par Le Barde et Réglisse
 

Il fait nuit sur le pré des écoliers à l’heure du rendez-vous de ces Mardis d’Automne. L’Octobre dénude les arbres et les troupes. Il en faudra des feuilles tombées avant que l’aire de jeu nous devienne impossible. La nature est ainsi faite. Elle a ses saisons et ses humeurs. Mais bon, certains irréductibles sont bien là. Le Barde, Hamilton, Piou Piou, Serge, le Tarbais, Maxime, et d’autres entament leur circonvolution expiatoire aux plaisirs de l’ovalie. Le rugby est un sport ingrat. Il a aussi ces cycles et ses saisons. Le toucher proposé est fait pour les repousser et de jouer sur la beauté d’un jeu de passe.

Perdigue n’était pas là. Il vendange mais sa pensée reste bien présente : « Le jeune raisin n’est rien sans son vieux fût ! » Il n’y a pas à dire mais les travailleurs de la grappe ont le sens du mot. Le fut reste néanmoins un faire au passé. Le fut peut il être présent en dehors de ce qui touche aux ferments témoins d’une vie invisible et bien active ? Nous étions pour réfléchir à la question bien peu sur le pré.

Les castors arrivent par paires mais l’effectif de l’équipe d’en face a toujours un joueur en plus. Magie du sport ! La balance est fragile, l’équilibre est instable, les équipes ne sont pas pareilles, à ce niveau là cela restera une constante.

Bref, Serge trottinait autour du terrain. Seb avait déjà entamé les hostilités, flanqué de Maxime, face à Regis et Stéphane. Je m'ajouterai à eux sitôt mon périple achevé se dit Serge et j'épaulerai le Tarbais. Ce soir, je vais bien m'amuser.

Comment pouvait-il se douter qu'il serait gros Jean comme devant ? Ou gros Serge comme devant. Après tout ce Jean-là n'est qu'un prétexte pour Jean de La Fontaine. Sauf que Serge, il n'est pas gros et qu'il ne joue pas devant. Toujours est-il qu'il se retrouva, contre son gré, gros Jean comme devant et que l'histoire se répéta.

La vie est parfois cruelle ; nos espérances sont des garces. Les désirs de Serge se transformèrent en cauchemar. Seb eut beau jouer des hanches, tenter des intervalles, rien n'y fit. L'adversaire d'un soir jouait un ton au-dessus. Le rugby est une affaire de gammes. Pourtant, sur le papier, Serge et les siens étaient promis à la victoire. Mais une partition n'est rien sans son interprétation. Celle de Serge et de ses acolytes était parsemée de fausses notes. Avec, il est vrai, quelques moments de grâce. Ils ne suffirent pas à renverser les raisons du pré.

Il y eut quelques passes d'armes orales. Des enfantillages. L'étonnant est qu'elles ne vinrent pas de Dudu. Non, c'est notre Croucrou qui faisait des siennes sous l'œil désabusé de Toto. Don dont c'était le retour n'en avait cure. Un vrai cabri. Jean-Phi avait trouvé son maître. Walid nous manquait. Il est au pays de Dante, du côté de Vicenze. Le cuir est triste hélas marmonna Serge en regagnant les vestiaires. Mais je les aurais.

Au trou, le douanier était commis d'office par notre abécédaire. Ceint d'un tablier noir, il mettait du cœur à l'ouvrage. Et l'ouvrage fut à son image. Avec une soupe en entrée, automne oblige. L'atome est le printemps de l'hiver écrivait Toulouse-Lautrec. Oui, nous sommes les obligés des saisons. Nul ne pût dire précisément la composition de la soupe du Douanier aux exquises exhalaisons. Après tout qu'importe si l'exquis se moque du savoir. N'est-il pas écrit dans l'ecclésiaste que "trop de savoir augmente la douleur" !
Et le douanier a la douleur en horreur.
 

Notre Douanier est à la cuisine ce que le douanier Rousseau est à la peinture. Un voyageur dans le mélange des formes, des couleurs et des impressions. La nature, l’animal, l’exotisme, tout cela se marie pour faire une bonne soupe. L’homme se dédouane par son entrée en matière. Le choix est réfléchi et affranchi. L’automne nous éloigne des gaspachos et de tous mets froids. La soupe est orientale. La chaleur s’éprouve autant dans les plaisirs de bouche que dans les souvenirs des plaisirs d’orient. L’orient pour la soirée est au Sud. Les douaniers ne s’embêtent pas avec une boussole. Pourquoi regarder vers l’Est, ce que l’homme nous propose du Sud. Serge pointait son assiette creuse. Le mélange de la coriandre, des lentilles, des pois chiches et des épices capturées par notre hôte de tablée permit à Pépé de retrouver ses plaisirs d’antan. Il ne quitta pas son béret et lança son fameux « L’harira bien qui rira le dernier ! ». Le coin des ainés est un coin point avare en blagues. La soupe est bonne et des allers-retours seront donc de rigueur. Freud, barbu a ses heures ne lâche pas que ces comportements répétés, dans la permanence d’un va et vient ne peut qu’être associé au principe de plaisir. Ce déplacement d’un plaisir sexué ne peut que nous soulager dans ses reprises et déplacer en bouche l’extase des saveurs bien enfouies des charmes berbères. Piou Piou chanta. Il oublie la monotone pour celle du plaisir. C’est notre Berbère Léonard à nous !

Serge pensa dans son coin à sa Madeleine. Il la partage dans ses souvenirs avec Proust.

Quelques chants pour récompenser le créateur. Et nous voilà dans le vif du sujet. La semoule et le poulet. Entre l’aile et la cuisse, il fallait choisir. Mais bon, le Maroc se profile dans chaque bouchée. Le douanier qui n’en est pas un, ne filtre pas et ne confisque pas ce qui traverse nos frontières. Il nous offre les plaisirs sucrés et salés des charmes d’orient. Notre minaret est absent pour faire sa danse du ventre et offrir à délice des répliques fleuries. Les raisins secs et les olives pataugent pour notre grand bonheur dans la semoule. C’est à ce moment que nous avons eu droit à la blague du doigt de notre jacquot. Le doigt dans la famille Escassut est un appendice qui se respecte et se détourne à l’occasion pour relier le ver au verre. Bref une histoire de ver tordu. Le Sabite restera pour sa part dans les verres.

Quel lancer d'assiettes ! Pour une raison qui m'échappe, le douanier adressa quatre assiettes au barde. Comme si le cours de son lancer était aimanté. Un hommage inconscient à la langue et à la lyre. Jacouille attendait l'obole avec une rare sérénité. Sans doute suit-il des cours de Yoga avec Bernachot. Le fromage était abondant et reparti entre Comté, roquefort et Pont l'évêque. Le Pinson en mangea à foison. Itou pour Lolo et Pépé, toujours pas remis de la déroute des Bleus. Serge regardait le Tarbais et chuchotait On les aura. Pioupiou voulut entamer une chanson monotone ; sa conscience le retint.

Amélie apprécia le dessert. Il est ainsi. Le poulain est gourmand mais reste allergique au coco. Freud sur la question ne dit rien mais ne pense pas moins. Lacan ne trouve rien de signifiant dans le coco et laisse la parole au Barde. Amélie dans ses pensées, se partagea pour résoudre le dilemme du dessert. Son plaisir est dans le flan. Le flan au coco est un dessert à partir de coco, fruit des cocottes éloignées des cocos qui viennent des noix. Un régal pour tous les cocos de la table. Notre cuistot est un sacré coco. Amélie est préposé à la découpe, et trancha en horizontal. C’est plus facile pour savourer son désir. Un haut le flanc et en dessous le coco. Les yeux d’Amélie brillaient à chaque bouchée libérée de tout coco. Serge se complaisait en revanche dans les saveurs de toutes noix concassées. Freud fronça les sourcils et tira sur sa pipe.

La nuit était douce. Humide mais douce. La ville n'était pas encore endormie. Serge marcha un peu guettant de rares étoiles. Je les aurais marmonnait-il, je les aurais, tout vient à point à qui sait attendre. La suite à mardi prochain.

11 octobre 2015

Le cuistot de Bouffe: Jean Louis, tu nems un peu, beaucoup, passionnement, à la folie, plat du trou!

Par Le Barde et Réglisse


Serge piaffait d'impatience. Dès qu'il vit le Tarbais, un large sourire se dessina sur ses lèvres. Ce soir, je les aurais se disait-il. L'affaire ne fut pourtant pas aussi simple. Certes, on était loin du désastre de la semaine passée. N'empêche, même avec le Tarbais, l'adversaire fit mieux que résister. Qu'importe après tout se disait Serge, la gonfle est moins rétive ce soir. Et de se rappeler les vers de Mallarmé qu'il avait transformés à dessein la semaine passée : "Le cuir est triste hélas et j'ai vu tous les près." Il confia au barde et au bardinet que, ce soir, il songeait à Baudelaire et à son Balcon : "Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses."

En face, Hamilton était de retour. La course droite et la sautée avenante. Dudu pestait bien pour la forme de temps à autre, pour ne pas rompre avec ses vieilles habitudes. Serge s'en moquait. Seule sa complicité avec le Tarbais était de mise. Force est de reconnaître que les deux compères se trouvèrent. Ils s'aiment ces deux-là. Deux pigeons. La passe est leur roucoulement.

Le ciel menaçait. Il était d'un noir que n'aurait pas désavoué Soulages. Pas une goutte cependant. Pour le plus grand bonheur de Perdigue qui ne déteste rien tant que le cuir mouillé. Fut-il synthétique. Que la pluie fasse des claquettes sur le trottoir à minuit, peu lui chaut si elle a le bon goût de ne pas taquiner le pré. Nombreuses furent ses chevauchées rectilignes. Mais il y ajouta un toucher de balle que n'aurait pas désavoué un fidjien. Un récital. Serge était pantois. Perdigue, il est comme ça. Il a des fulgurances.

Mais où sont mes cannes d'antan se morfondait Serge en admirant les courses de Maxime pour rattraper les impétrants qui avaient le mauvais goût de croire aux échappées belles. JP de le consoler en lui disant que sans la technique les cannes ne sont rien ou si peu.

Fourbus, éreintés, les castors regagnèrent les vestiaires. Qui est de bouffe ce soir demanda Serge sous le jet salvateur ? Corsenac lui répondit Peyo et ce soir tu es bon pour les nems et autres mets asiatiques. Une moue interrogative balaya furtivement son visage. Corsenac connaît pas se dit-il. Mais va pour les nems.

Le trou n'était que senteurs orientales. Serge découvrit Jean-Louis (Corsenac). Il y a du troisième ligne dans cet être pensa-t-il à juste titre. Sur la table, les plus oblongs et argentés, nimbés de feuilles de salades et de brins de menthe, attendaient leurs nems.

C’est le nouvel an chinois au trou. Une véritable transformation. Il est étrange que le castor ne fasse pas parti des 12 animaux de l’horoscope en question. Les ancêtres vénérés de l’empire du milieu… Les chinois jouaient trois quarts centres… n’ont pas imaginé l’aura éternelle de la constellation du castor. Heureusement, Jean Louis amateur du soleil levant, nous concocte par tradition une véritable hymne aux délices d’Asie. Un chef d’orchestre culinaire qui cuisine uniquement à la baguette. Bref, Serge est de Lourdes. Il est très loin de la Chine. Les baguettes il les connait comme Pépé entre les miches et les croissants. Il ne s’imaginait pas que le castor avait en son sein, le saint de la baguette du levant. Les parfums d’orient sont tels que même les miracles, spécialités de Lourdes et Serge dans sa passe n’ont que peu de tenue pour résister à tous ces délices. Il y a de la magie dans la nem. Les nems transforment les hommes dans leur parler… La salade, la menthe, la sauce et ce mélange dont seul le cuistot de saison peut définir le contenu. Nous sommes très loin des cèpes de l’automne, très loin des raisins fraichement vendangés, très loin du magret mais si prés du bonheur. Serge fut ébloui, il découvrit les castors polyglottes. Il s’en doutait car l’Espagne et l’Ecosse ne sont pas loin. Et combien de fois, il entend Perdigue défier la cantatrice en espagnol. Le piou piou en bon gascon, chante dans toutes les langues pourvu qu’elles soient festives. Serge se croyait dans un rêve. A chaque nem, le castor se retrouvait amateur de la langue de Confucius.

Piou piou coiffé de son entonnoir du savoir, nous rappela que la nem est à la Chine ce que le riz est à la paella en véritable témoignage d’un monde d’échanges qui bouge. Il aime rendre ce qui est à la salade césar ce qui appartient à César. Il rappela tableau et livre d’histoire à l’appui sous le regard approbateurs de nos anciens vénérables du bout de table. Il en faut des gardiens du savoir dans notre époque actuelle pour savoir que l’histoire a un sens. Bref, Le Nem rán (Viêt Nam du Nord) ou Chả giò (Viêt Nam du Sud) est un mets festif traditionnel du Viêt Nam. Il peut être fabriqué au Japon pour les occidentaux, et nommé rouleau de feu de quatrième temple. Très apprécié à l'ancienne cour impériale, ce mets est communément appelé pâté impérial ou Rouleau impérial en France. Sur ces mots, Serge la nem coincée entre ses baguettes, cherchait la sauce.

Puis vint la suite, c’est une chronologie sans fin. Après la nem, vint les plats en sauce et ses riz. L’automne est là, et le trou sort son riz. Le riz est cantonais au bout de table. Le riz blanc est en suspend au milieu. Les plats se démènent entre les petits grains. Les courageux restent à la baguette et les affamés à la fourchette. Les tranches sont fines, les sauces sucrées, aux épices multiples. Le choix est là. Au bout de table, l’empereur de l’empire du trou entouré des gardiens sacrés de l’ovalie contemplaient et méditaient. Ces délices en bouche se subliment avec le Sabite. La nem est magique, le bœuf mariné aussi. Il permit de délier le secret de notre maitre de chai nous. Le Hauchat il le fait à l’envers. C’est du vin en verlan. En bref, il se comprend que lorsqu’on a la tête retournée. Peyo expérimenta le poirier sans succès. L’énigme a ses pistes que le poirier ignore.

C’est à ce moment que le Jean Philippe devint Yan Fi, le Barde. Le Barde en chinois se crie en colonne. La prononciation est subtile. Le Barde est unique. Il n’y a pas de mots en chinois pour le décrire. Les idéogrammes le libèrent un instant de son alphabet. Les hommes quand ils sont heureux chantent. Du Cloclo en Brassens des BeeGees aux Doors, la version édulcorée et remasterisée en version chinoise illumina les regards humides des hommes en présence. C’est une vérité chinoise digne de Lao sur la montagne Tseu… Quand l’homme riz beaucoup, ses yeux pleurent… Un véritable concert s’improvisa. Le summum fut dans la version du TEULE FON PLEU REUH. Il ne manquait que Guitou pour la chorégraphie, les claudettes n’étant pas de la partie. Piou Piou me rappela que les hommes font tout en Chine dans le théâtre et dans Madame Butterfly…

Un petit jeu, sur la photo retrouvez le Barde ! Un indice il a gardé la même coupe de cheveu. Jean Phi lui s’est rasé…
 

Le lancer d'assiettes fut serein. Jean-Louis a la main leste et précise. Certes, quelques paumes furent réticentes et maladroites. Rien que de très ordinaire. Jean-Louis admit qu'il faisait une entorse à l'Asie en proposant du fromage. Mais il revendiqua ce mélange des cultures. Nous sommes des êtres mêlés assena-y-il en bon disciple de Montaigne. Et le mélange était le bienvenu. Il y a là comme une juste réponse à l'air du temps pensa Serge en portant à ses lèvres un petit bout de Comté avant de se pâmer avec un zest de reblochon. Lolo aussi se réjouissait de ce retour aux sources sans renier le moins du monde les délices orientaux. Le Tarbais parlait peu. De temps à autre, il laissait s'échapper de tendres roucoulements vers Serge qui feignait de les entendre. Quel mufle ronchonnait le Tarbais.

L’ambiance est câline comme les nuits de Chine. Notre hôte nous offrit son saké. Un parfum de roses s’élevait dans les flagrances subtiles et automnales de ce sirop de riz. L’alcool de riz est ainsi, il clôture les délices.

Une nuit d'automne, douce et hospitalière attendait les derniers castors. Le ciel tenait encore ses gouttes en réserve. Le saké en bouche Perdigue avait l'âme Marine et chantait dans le port d'Amsterdam. Serge était heureux et roucoulait. "Les étoiles au ciel faisaient un doux froufrou."

03 octobre 2015

Le cuistot de Bouffe, le Tarbais et sa rougaille de Bigorre…

Par Le Barde et Réglisse,

 
Serge s'ennuyait ; les siens ne brillaient guère. Sur le papier pourtant, son équipe ne laissait pas présager un tel désastre. Mais le papier n'est pas le terrain d'un rugbyman, tout au plus celui du barde et de son bardinet qui, soit dit en passant, sont aussi des rugbymen. Mieux, ils marient leurs deux terrains de prédilection. Ne nous en voulez pas de parler un peu de nous. La plume est humble hélas et n'autorise pas ou si peu de parler de soi. La plume ? Non, le clavier d'un ordinateur ou d'un I Phone. Le monde moderne a ses exigences. Peu porte le support pourvu qu'on ait le verbe.

Donc, Serge s'ennuyait. La nuit était douce et belle. Tout l'opposé de son équipe. Il est vrai que parler de douceur en évoquant le nom de Gwen n'est pas de circonstance. Quant à la beauté ! Encore qu'il ait des restes de qualité. Reconnaissons qu'ils doivent davantage à sa capacité à rentrer dedans plutôt qu'a celle d'éviter ses adversaires. Le style, c'est l'homme. Titi tentait, tant bien que mal, de redonner vigueur à ses partenaires. En vain. En face, tout n'était que perfection. La rentrée tant attendue de Walid n'y était pas étrangère. Il régalait son aile. Il y a du Campese chez notre Libanais. Et du Titou Lamaison chez La Piballe. Dudu, égal à lui-même, commentait les règles et les gestes. Et Peyo, sans fin, gagnait la terre promise. Il est vrai que les trous étaient béants et Serge désabusé. Reviens le Tarbais chuchotait-il. Mais le Tarbais était en cuisine. On ne peut être au four et au moulin.

Tout de noir vêtu, il (le Tarbais) accomplissait ses devoirs d'un soir. Le trou était bien garni. La fée attendait au comptoir en papotant avec Pépé. Le Tcho poussait des vocalises en songeant à la mer, un air de Pelléas et Mélisande à la bouche. Maxime et Julien, à défaut de pré, taquinaient la mousse.

L'entrée était simple comme une passe à l'ancienne, sans fioritures. Des tranches de jambon cru, du chorizo et de petits piments sur lesquels Serge jetaient un œil suspicieux. De petits carrés de beurre permettaient de faire sandwich. Le tout arrosé d'un Saint-Émilion grand cru de Jean-Phi. Un Château Rozier qui, à défaut de dire son nom, affirmait son appartenance. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Car le trou est un monde, n'est-ce pas, une manière d'être.

Puis vint le temps du riz. Le castor chef est amateur de riz. L’automne est là et le riz blanc sur la table. Le Tarbais était de manque sur le terrain ainsi qu’Hamilton. Deux artistes qui excellent en dehors du terrain dans cette période où il est bon de s’éclipser. Ce n’est pas la lune qui me contredira. Sur le terrain de mémoire de Dudu, autant dire de mémoire d’Homme, il n’était jamais arrivé de rencontrer une équipe qui ne pointe pas son nez derrière la ligne d’essai. Parfois les lignes sont faites en équilibre, parfois non mais même avec ce mélange d’expériences, de techniques, de masse, dédicace spéciale à Titi, et de force de pénétration re-dédicace à ce même homme, les grands, les petits, les nouveaux, les anciens, il n’était jamais arrivé qu’une ligne ne pointe son essai. Dudu a ses habitudes mis à mal quand le monde change. Point de grande chope pour son anisé. Ce soir il arrose. La victoire était maniérée, jusqu’à en mouiller son pantalon. L’émotion est intense quand le nouveau se transforme en souvenir. La mémoire est ainsi faite. Dudu ne le sait que trop bien. Nous ne saurons si c’est l’excitation d’appartenir à ligne de marqueur où la proximité d’un jacquot amateur d’eau. Dans tous les cas, il n’est pas tombé par terre, sans que cela soit la faute à Voltaire, mais Dudu eut le cul dans l’eau… Et de mémoire de Jacquot, autant dire, une mémoire d’Homme, c’est la première fois que Dudu mouille quelque chose à table. Comme quoi, l’éclipse est magique.

Bref, cette soirée rime avec les premières. Le Tarbais, sur le terrain trouve son équilibre à côté de Lourdes. Il ne met point de zeste de citron dans sa cuisine mais trouve toujours un équilibre dans ses exploits culinaires et rugbystiques, le fameux stadozeste tarbais. Nous étions bien loin des Pyrénées dans son plat proposé. Mais bien heureux dans la réunion. La rougaille ou rougail est une préparation de la cuisine créole, à base de légumes, de fruits, de piments, de gingembre accommodant le poisson ou la saucisse. Du créole aux Pyrénées, il n’y a qu’un pas. Les épices étaient à souhait ni trop pimenté pour nous assurer des sièges matelassés, ni trop gingembré. Le mélange créole fit de nombreux émules et avait au-delà du goût des îles recherché, les saveurs prononcées se rapprochaient d’un goût de « reviensy ».

Nous eûmes du grand Sabite qui pour une première sortit son Prestige. De mémoire de pépé autant dire de mémoire d’Homme, nous eûmes un Sabite turgescent. La couleur, le parfum, le corps offraient à chacun un plaisir subtil et délicat. Point de critiques pour les chais. Tauzin qui a du nez, se leva même pour embrasser en signe de respect les ceps …de notre Sabite. L’hommage était mérité. Les castors savent s’incliner autant qu’ils peuvent critiquer tous les plaisirs qui touchent à leur palais. Notre raisinier n’était plus résigné aux blâmes de ses pairs. Le blogger rêvait dans son coin d’une nouvelle étiquette sans coquelicot du presque tige en somme.

Le lancer d'assiettes fut couci-couça. Elles flottaient mollement dans le ciel du trou ou le fendaient avec vigueur. La vigueur a les détails en horreur. Et mon pauvre front d'en garder trace. Comment en vouloir au Tarbais dont on sait l'enthousiasme et la vivacité. Les assiettes comme la nature ont horreur du vide. Le plein d'un front satisfait leur quête de l'obstacle même si elles s'adressent aux mains. Une façon comme une autre de titiller la muse.

Les assiettes reposées, l’homme de tablée distribua le lacté. Tiens voilà du bon fromage cette fois ci du Pyrénées. Un véritable camembert des Pyrénées. Il n’y a pas à dire mais notre seb a le sens du voyage et partage. La confiture pour la brebis. Point trop n’en faut. Même si Bruno ne sait que trop bien que la confiture n’est que de trop quand le fromage est bon. Et le fromage était bon.

Le Tarbais est un métronome. Il tient le tempo, il a le rythme et le sens de la prise du trou. Serge aussi. Tous les deux ils sont heureux quand le trou s’offre à eux. Même si pour ce soir, chacun était dans son coin. L’un au fourneau, l’autre au pré. Le tarbais offrit en dessert, une mousse chocolat. Bien sombre comme nous les aimons. L’équilibre se crée dans la dualité. Et pour compenser le noir rien de telle que le blanc. La nature de l’homme est ainsi faite et une chantilly sera de la partie.

La soirée se prolongeait. Une belote de comptoir se dressa. Perdigue en était. Et le Libanais Itou. Fayou dispensait son Jet menthe comme on dispense ses bontés. Dehors, la nuit appelait ses petits. Une nuit d'automne au ciel pur et étoilé. Les Capucins étaient paisibles et les castors, le buste droit et le regard fier regagnaient leurs tendres pénates. Serge ne rouspétait plus contre le destin du pré. Le jansénisme en rugby n'existe pas. Et il rêvait déjà de revanche en prenant le ciel à témoin. Je les aurais jurait-il, je les aurais.

25 septembre 2015

Le cuistot de Bouffe : Jean Pierre règne en lotus dans le trou « hara »

Par Le Barde et Réglisse


La pluie n'était pas de rigueur. Le ciel était pourtant gris de nuages. Pas l'ombre d'une averse ni d'une oie sauvage. Nous étions une quinzaine. JB était là. On a beau être à l'automne, quand JB est là, c'est déjà le printemps.

Les vieux se mirent ensemble. Le temps ne fait rien à l'affaire, et ils subirent les cannes de leurs rivaux. Dans de justes proportions. La technique aidant, ils démontrèrent (les vieux) que la part du calcul dans la grâce est une alternative heureuse. Seul Croucrou ronchonnait un peu, pestant contre les opprobres du temps.

Dans les vestiaires, Croucrou mâchonnait sa diatribe. Moi, je ne disais mots, rompu aux inégalités de l'existence. Croucrou est un rebelle, et c'est pour ça qu'on l'aime. Dudu maugréait aussi et citait de Gaulle : "La vieillesse, ce naufrage" puis se reprenait. Il n'aime guère la sanction de la clepsydre Dudu, alors, il s'imagine autre, jeune et avenant. Mais il sait les vicissitudes de ses artères. Maxime qui avait eu le bon goût de rajeunir les vieux se moquaient de ces calembredaines et se détendait sous l'eau rafraîchissante de la douche.

Au trou, Cary Grant confectionnait ce qu'il faut de mets pour contenter une assistance réduite. Fayou était là et Bernachot aussi. Plus yoga que jamais. Il tenta de convaincre Jeff et Maxime de s'y convertir sois l'œil amusé de Walid. En fait, ce qu'il aime, c'est le yoga string. Une pratique comme une autre au bout du compte. Une ascèse redoutable qui exige bien des rétentions et une abnégation sans failles. Pendant ce temps-là, le reste de la troupe avalait son lit de charcuterie et une salade tout en fraîcheur, mêlée en diable.

Le plaisir de la Terre se liait à celui de la Mer. C’est ainsi que Jean Pierre remplit nos chakras. L’accompagnement du cochon s’est fait avec des offrandes de l’océan. Une salade Marine composée de fruits de saison et de la Mer, le tout baignant dans une sauce nacrée. Du nacré au sacré, la différence se fait dans la consonne. L’entrée est réussie. L’ouverture est loin du demi. En revanche Bernachakrate épilogua sur ces cours du mardi soir. Il s’inspira de ces positions préférées pour nous dévoiler qu’avec une telle entrée en matière notre plexus solaire ne pouvait que s’ouvrir. Il est relié selon ses dires au pancréas. Il aurait de même une action sur le foie et la vésicule biliaire ainsi que sur le système digestif. Point maître du foyer médian. Dans un langage rugbystique il n’y a pas de traduction, sauf peut-être pour se rapprocher du pet !

Cary Grant méditait dans sa posture de maître yogi ! Quand le lotus s’ouvre, les certitudes s’envolent pour jouir dans la plénitude. Pourquoi se tordre pour alimenter son chakra médian ? Pourquoi se plier tous les Mardis alors que JP dans ses mets peut les nourrir ? Un principe de base pour les adeptes d’une conscience sublimée, les réponses à ces questions sont dans le corps. Le remplir pourrait suffire à cette mission. Piou Piou acquiesça et se resservit dans un pragmatisme libéré. Son troisième chakra, proche de son second nommé pour les érudits le hara ( rien à voir avec la vache qui rit…) est de taille. Cette réserve d’énergie bien titillée par cette entrée en matière s’apaisa dans son équilibre parfait.

Les hommes évoluent. Il nous tarde d’ailleurs d’en revoir certains sur le pré. L’ancien Bernachatte aurait cité Sun Tzu dans sa pratique d’un rugby guerrier « Si ton ennemi te semble colérique, cherche à l’irriter encore davantage. ». Le Bernachakrate du trou n’en est que plus sage « Notre corps est la barque qui nous portera jusqu’à l’autre rive de l’océan de la vie. Il faut en prendre soin ». Si Hamilton avait été là, il aurait prit une photo. Il n’y a pas de Nirvana sans bonnes lumières. Le Tcho, Pépé, et Jacquot prirent une nouvelle licence pour se tordre en yogi et compléter le pôle yoga des activités extra-rugbystiques castoriennes. Le ballon est un chakra aplati, et certains se débrouillent pour l’éviter et mieux léviter.

Cary Grant est au dessus de tout ça. L’heure n’est pas dans l’éveil spirituel mais dans le plaisir des copains. « Montre moi ton chakra, je te dirais si je te resserre ! ». Le Jean Pierre excelle dans l’art de la gonfle et taquine à ses heures des cochonnets blancs avec son bâton. Pour lui l’équilibre se fait toujours sur un gazon. Sans herbe il n’y a pas de sens. Pour le cuistot le yoga à table, c’est comme le coquelicot sur une bouteille de vin, c’est de l’abstrait un point c’est tout. Peut-être que le Nirvana est au paradis ce que le coquelicot est à Sabite. Sur cette question, Piou piou reprit du vin. L’homme sait arroser ses réponses.

L’homme de table proposa de la poitrine de porc farcie et ses légumes. Walid amateur de bon mots à l’autre extrême lâcha « c’était copieux et chakrament bon ! ». La table en écho lui renvoya l’appel du waaaalid. Jean phi en profita pour compter fleurette. Il cultive le coquelicot et la poudre d’escampette. La période ne se prête pas au coquelicot mais aux vendanges. En fromage, le Cary nous proposa du choix entre un camembert et un « Mont d’Or ». Parce que nous le valons bien !

Pour dessert du riz au lait. C'est un standard de Jean-Pierre, l'équivalent de My favorite things pour l'ultime d'un repas. Il y a du Coltrane dans Cary Grant, c'est entendu. Encore que Chet Baker lui aille mieux. Le Sabite ponctuait chacune de nous cuillerées. Benoit était en enfance et souriait. Le riz au lait est d'enfance. Jean-Pierre ne le sait que trop. C'est sa madeleine le riz au lait. Il aime partager ses réminiscences. D'ailleurs, à peine Walid eût-il mâchouiller sa première cuillerée qu'il se rappela un matin d'école à Beyrouth. Le ciel était bleu, le cohérence de Raouché scintillait. Il avait trébuché sur un obstacle. Lorsqu'il se releva, une dame brune lui souriait. Quid du riz au lait direz-vous au pays du taboulé ! Justement.

Une belote de comptoir se dressa. Ça papotait beaucoup. La soirée était douce et la menthe légère. Amélie commentait le monde et Peyo buvait ses paroles. Flo enveloppé de rose s’est mis au vert. Petit à petit le trou se vida. Le ciel, dehors, était toujours gris. Quelques gouttes de pluie. Jean-Pierre fit des claquettes et se prit pour Gene Kelly. On n'est pas serti dans un seul personnage. Jean-Pierre sait marier le meilleur d'Hollywood.