11 octobre 2015

Le cuistot de Bouffe: Jean Louis, tu nems un peu, beaucoup, passionnement, à la folie, plat du trou!

Par Le Barde et Réglisse


Serge piaffait d'impatience. Dès qu'il vit le Tarbais, un large sourire se dessina sur ses lèvres. Ce soir, je les aurais se disait-il. L'affaire ne fut pourtant pas aussi simple. Certes, on était loin du désastre de la semaine passée. N'empêche, même avec le Tarbais, l'adversaire fit mieux que résister. Qu'importe après tout se disait Serge, la gonfle est moins rétive ce soir. Et de se rappeler les vers de Mallarmé qu'il avait transformés à dessein la semaine passée : "Le cuir est triste hélas et j'ai vu tous les près." Il confia au barde et au bardinet que, ce soir, il songeait à Baudelaire et à son Balcon : "Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses."

En face, Hamilton était de retour. La course droite et la sautée avenante. Dudu pestait bien pour la forme de temps à autre, pour ne pas rompre avec ses vieilles habitudes. Serge s'en moquait. Seule sa complicité avec le Tarbais était de mise. Force est de reconnaître que les deux compères se trouvèrent. Ils s'aiment ces deux-là. Deux pigeons. La passe est leur roucoulement.

Le ciel menaçait. Il était d'un noir que n'aurait pas désavoué Soulages. Pas une goutte cependant. Pour le plus grand bonheur de Perdigue qui ne déteste rien tant que le cuir mouillé. Fut-il synthétique. Que la pluie fasse des claquettes sur le trottoir à minuit, peu lui chaut si elle a le bon goût de ne pas taquiner le pré. Nombreuses furent ses chevauchées rectilignes. Mais il y ajouta un toucher de balle que n'aurait pas désavoué un fidjien. Un récital. Serge était pantois. Perdigue, il est comme ça. Il a des fulgurances.

Mais où sont mes cannes d'antan se morfondait Serge en admirant les courses de Maxime pour rattraper les impétrants qui avaient le mauvais goût de croire aux échappées belles. JP de le consoler en lui disant que sans la technique les cannes ne sont rien ou si peu.

Fourbus, éreintés, les castors regagnèrent les vestiaires. Qui est de bouffe ce soir demanda Serge sous le jet salvateur ? Corsenac lui répondit Peyo et ce soir tu es bon pour les nems et autres mets asiatiques. Une moue interrogative balaya furtivement son visage. Corsenac connaît pas se dit-il. Mais va pour les nems.

Le trou n'était que senteurs orientales. Serge découvrit Jean-Louis (Corsenac). Il y a du troisième ligne dans cet être pensa-t-il à juste titre. Sur la table, les plus oblongs et argentés, nimbés de feuilles de salades et de brins de menthe, attendaient leurs nems.

C’est le nouvel an chinois au trou. Une véritable transformation. Il est étrange que le castor ne fasse pas parti des 12 animaux de l’horoscope en question. Les ancêtres vénérés de l’empire du milieu… Les chinois jouaient trois quarts centres… n’ont pas imaginé l’aura éternelle de la constellation du castor. Heureusement, Jean Louis amateur du soleil levant, nous concocte par tradition une véritable hymne aux délices d’Asie. Un chef d’orchestre culinaire qui cuisine uniquement à la baguette. Bref, Serge est de Lourdes. Il est très loin de la Chine. Les baguettes il les connait comme Pépé entre les miches et les croissants. Il ne s’imaginait pas que le castor avait en son sein, le saint de la baguette du levant. Les parfums d’orient sont tels que même les miracles, spécialités de Lourdes et Serge dans sa passe n’ont que peu de tenue pour résister à tous ces délices. Il y a de la magie dans la nem. Les nems transforment les hommes dans leur parler… La salade, la menthe, la sauce et ce mélange dont seul le cuistot de saison peut définir le contenu. Nous sommes très loin des cèpes de l’automne, très loin des raisins fraichement vendangés, très loin du magret mais si prés du bonheur. Serge fut ébloui, il découvrit les castors polyglottes. Il s’en doutait car l’Espagne et l’Ecosse ne sont pas loin. Et combien de fois, il entend Perdigue défier la cantatrice en espagnol. Le piou piou en bon gascon, chante dans toutes les langues pourvu qu’elles soient festives. Serge se croyait dans un rêve. A chaque nem, le castor se retrouvait amateur de la langue de Confucius.

Piou piou coiffé de son entonnoir du savoir, nous rappela que la nem est à la Chine ce que le riz est à la paella en véritable témoignage d’un monde d’échanges qui bouge. Il aime rendre ce qui est à la salade césar ce qui appartient à César. Il rappela tableau et livre d’histoire à l’appui sous le regard approbateurs de nos anciens vénérables du bout de table. Il en faut des gardiens du savoir dans notre époque actuelle pour savoir que l’histoire a un sens. Bref, Le Nem rán (Viêt Nam du Nord) ou Chả giò (Viêt Nam du Sud) est un mets festif traditionnel du Viêt Nam. Il peut être fabriqué au Japon pour les occidentaux, et nommé rouleau de feu de quatrième temple. Très apprécié à l'ancienne cour impériale, ce mets est communément appelé pâté impérial ou Rouleau impérial en France. Sur ces mots, Serge la nem coincée entre ses baguettes, cherchait la sauce.

Puis vint la suite, c’est une chronologie sans fin. Après la nem, vint les plats en sauce et ses riz. L’automne est là, et le trou sort son riz. Le riz est cantonais au bout de table. Le riz blanc est en suspend au milieu. Les plats se démènent entre les petits grains. Les courageux restent à la baguette et les affamés à la fourchette. Les tranches sont fines, les sauces sucrées, aux épices multiples. Le choix est là. Au bout de table, l’empereur de l’empire du trou entouré des gardiens sacrés de l’ovalie contemplaient et méditaient. Ces délices en bouche se subliment avec le Sabite. La nem est magique, le bœuf mariné aussi. Il permit de délier le secret de notre maitre de chai nous. Le Hauchat il le fait à l’envers. C’est du vin en verlan. En bref, il se comprend que lorsqu’on a la tête retournée. Peyo expérimenta le poirier sans succès. L’énigme a ses pistes que le poirier ignore.

C’est à ce moment que le Jean Philippe devint Yan Fi, le Barde. Le Barde en chinois se crie en colonne. La prononciation est subtile. Le Barde est unique. Il n’y a pas de mots en chinois pour le décrire. Les idéogrammes le libèrent un instant de son alphabet. Les hommes quand ils sont heureux chantent. Du Cloclo en Brassens des BeeGees aux Doors, la version édulcorée et remasterisée en version chinoise illumina les regards humides des hommes en présence. C’est une vérité chinoise digne de Lao sur la montagne Tseu… Quand l’homme riz beaucoup, ses yeux pleurent… Un véritable concert s’improvisa. Le summum fut dans la version du TEULE FON PLEU REUH. Il ne manquait que Guitou pour la chorégraphie, les claudettes n’étant pas de la partie. Piou Piou me rappela que les hommes font tout en Chine dans le théâtre et dans Madame Butterfly…

Un petit jeu, sur la photo retrouvez le Barde ! Un indice il a gardé la même coupe de cheveu. Jean Phi lui s’est rasé…
 

Le lancer d'assiettes fut serein. Jean-Louis a la main leste et précise. Certes, quelques paumes furent réticentes et maladroites. Rien que de très ordinaire. Jean-Louis admit qu'il faisait une entorse à l'Asie en proposant du fromage. Mais il revendiqua ce mélange des cultures. Nous sommes des êtres mêlés assena-y-il en bon disciple de Montaigne. Et le mélange était le bienvenu. Il y a là comme une juste réponse à l'air du temps pensa Serge en portant à ses lèvres un petit bout de Comté avant de se pâmer avec un zest de reblochon. Lolo aussi se réjouissait de ce retour aux sources sans renier le moins du monde les délices orientaux. Le Tarbais parlait peu. De temps à autre, il laissait s'échapper de tendres roucoulements vers Serge qui feignait de les entendre. Quel mufle ronchonnait le Tarbais.

L’ambiance est câline comme les nuits de Chine. Notre hôte nous offrit son saké. Un parfum de roses s’élevait dans les flagrances subtiles et automnales de ce sirop de riz. L’alcool de riz est ainsi, il clôture les délices.

Une nuit d'automne, douce et hospitalière attendait les derniers castors. Le ciel tenait encore ses gouttes en réserve. Le saké en bouche Perdigue avait l'âme Marine et chantait dans le port d'Amsterdam. Serge était heureux et roucoulait. "Les étoiles au ciel faisaient un doux froufrou."

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Le masque et la plume
C’est quoi le problème?

Les authentiques Archiball, créateurs, constructeurs, fondateurs de l’esprit viennent d’entrer dans un très long hiver…
Ils voulaient des légendes.
L’archiball.blogspot.fr croit se perpétuer dans un théâtre d’ombre et de marionnettes, à grosses ficelles, à des années lumière de la véritable histoire.
La plume et son encrier inspirés par une nébuleuse amitié vont dans la pantomime perdre l’âme du club en héritage.
Les choses ne finissant jamais non plus comme on s’y attendait.
Jean Pozzo di Borgo