30 avril 2020

archiballs en confinement... Assibonangalolo

Par le Barde et Bardibulle


Le Prez avait décidé d’aller à Musard en trottinette. Le ciel était dégagé. Il traversa les boulevards tout sourire. Le pré se rapprochait ; il était heureux de rejoindre ses petits. Sa trottinette filait bon train. Il entendit un coup de klaxon venu de l’arrière ; c’était Pioupiou dans sa petite voiture à damiers sans permis de la marque QLCVP, avec un petit castor au bout du capot. Il n’osa dépasser le premier des nôtres, et tous deux de gagner Bergonié.


En chemin, ils croisèrent Lolo sur son joli vélo rouge tout neuf. Lolo se glissa au cul de Pioupiou. Et notre petite bande arriva à Musard, à la queueleuleu. En chemin, ils avaient agrégé Perdigue qui s’était astreint à la marche, un peu comme s’il allait à Compostelle. Perdigue, c’est le pèlerin de Musard. 

Seb et Sergio s’échauffaient déjà. Le bardibule faisait des pompes en humant l’air printanier. Dudu avait commencé son ballet, et s’étirait, s’étirait. Titi, tout de rouge vêtu conversait avec JB, près des vestiaires. Le doc avait envie de croquer de la gonfle et effectuait de petites ruades avec ses pattes. Hamilton suspectait d’hypothétiques fleurs des champs.

Le toucher ne prit corps qu’à 20:33. 

Les castors en position, notre pinson tourna le dos à JB et se dirigea au centre de l’aire de jeu. Mozart impassible (un comble pour un passeur) ne l’abandonna pas des yeux. Les mains dans les poches, les bras collés au corps, il porte du regard l’ouverture qui s’échappe. Se retrouver sur la touche pour l’ancien-neuf est une drôle de vie. Pourtant seule une ligne blanche trace la frontière. Une ligne pas si imaginaire que ça tout compte fait. Dans la tête elle se franchit mille fois et pourtant dans le corps cela fait désaccord. Un simple pas pour franchir la limite et je cours avec les copains. Ses genoux le chatouillent mais sa tête le raisonne en espérant des jours meilleurs. L’interdit fait malheureusement loi. Lacan aurait mis un signifiant à l’articulation suce dite. Un mélange de « je » et de « nous ». Un égo altruiste en somme. L’articulation communicative du vivant. La lutte est interne, confinée, entre un « j’y suis avec eux » et un « j’y suis dans eux ». Piou Piou trouve que le sens propre a ses limites et qu’il se doit d’être uniquement figuré. Et le voilà mimant JB, en chef d’orchestre derrière ses gros, et poussant à l’occasion quelques directives que seuls les troisièmes lignes appliquent. Le kinesthésique ne se compense jamais entièrement en mode avatar. « Mieux avatars que jamais » jaspine de son côté Perdigue en serrant ses lacets et franchissant avec légèreté la ligne de raison. Pas de douane même en quarantaine. « Qui veut des fraises ? ». De Toute façon derrière la ligne, « il n’y a pas d’âge ! ». C’est à ce moment que Piou Piou réalisa un rase-motte devant notre tour de contrôle, terminant son jeu de mime. Il aura lui aussi un oscar. JB bienheureux sur le coup de ne l’avoir franchi, prit un temps pour regarder les troupes en course. Pris quelques notes et s’en retourna avec de bonnes raisons dans la direction du trou. 

Sur le pré le jeu fut en effet alerte. L’expérience nous contemple. Nous retrouvons Sergio retraité et confiné en pleine bourre. Les trous n’ont pas de secrets pour lui, c’est lui qui les crée. La technique est simple, un short qui arrive au niveau des genoux, des chaussettes de Bigorre, chaussures de ville, tout pour faire croire qu’il sort du boulot ou d’une partie de Hand-ball. En bref, le leurre est parfait, il embrouille Crou-Crou en lui rappelant quelques règles de savoir jouer, et vas-y que je feinte à droite pour partir à gauche tout en restant à droite et passant la balle à l’opportuniste de passage. Coucou Jeff, dans l’intérieur. Doc sur le moment soulage les cervicales de notre Jean Phi qui a la tête qui tourne. Le jeu en zigzag n’est pas son dada. Titi en réponse annoncera la fameuse Sabite à plus soif. Elle se décline en 1 ou 2 voire cœur croisé. Le rouge est son habit de lumière. Dès que le viticulteur a retrouvé ses marques, ça repart. L’action est sublime quand Jean Phi lancé, attrape la balle après l’avoir jonglé. Un éphémère qui dure. S’il attrape la balle l’essai est au bout de la ligne. Sinon Sergio réclamera un en-avant qui pour l’occasion ne pourra être discutable. Et Crou Crou rappellera que si on compte un en-avant pour Jean Phi nous devrions aussi les compter pour Sergio. Lolo se résonne dans cette mélodie du pré. Qu’il est bon le jeu cents paroles. C’est une réalité du terrain. Seuls les en-avant de Jean Phi font reculer la défense adverse de 3 mètres et chanter les écureuils. 

A la fin, Titi regarde à gauche en grand H. Il regarde à droite un petit H. Le moment est solennel ; Nous jouons entre l’en-but et les quarante. Regardons qui est le plus propre en face. La vaillance au rugby se reconnait à la tâche. Dur le rugby des temps modernes et son terrain synthétique. Dans sa tête c’est une mise en branle. Dernier coup d’œil sur la chevelure du Barde pour apprécier le sens du vent. 3 formules de physique appliquées pour la balistique. Le cerveau commande la jambe. Tout se fait dans l’instant. Celui qui marque le dernier essai a tout gagné. C’est notre Tarbais qui réceptionnera la balle. Rien de calculé mais il trouva juste un nouveau prétexte pour ramener le hasard à son jouer. Il lancera le Doc habillé en blanc qui marquera l’ultime. Ce dernier en premier célébrera l’essai en embrassant le cuir chevelu de Peyo. Avec encore du souffle pour courir trois tours. Puis il s’arrêta, une fois sa rage épuisée, s’agenouilla et pointa son doigt vers la lune. Ses yeux sont si fiers et si tristes. Piou Piou regarda le doigt. Le doc ne lâche pas les étoiles de sa cible. Le rêve est en satellite. Putain si près du bouclier ! Le cri du pourquoi ne put se contenir. La lune sur le coup prit un décan et le stade éteignit ses lumières. Et ce fut l’écho du silence. Seul le Prez trouva les mots pour que le soignant se relève. Ils s’en allèrent tous les deux avec un sacré besoin de se laver les esprits. Rien de tel qu’une douche chaude puis ce soir c’est Lolo qui est de bouffe !

Lolo était en cuisine, nu, le corps recouvert d’un tablier couleur UBB. En pleines formes. Deux vers de Racine ceignait son linge : « Depuis bientôt cinq ans, chaque jour je la vois/ Et crois toujours la voir pour la première fois. » 

Pépé arborait une tenue léopard. Alors que le plus simplement du monde, le Tcho s’était converti en queue plate. Coco avait mis les habits de Saint-François d’Assise, la faute au précédent repas, et laissait échapper de petits cuicuis harmonieux. 

A 22: 18, après un rugissement de Pépé, nous nous mîmes à table. Lolo ouvrit le bal avec des Pampoenkoekies (beignets de potiron). L’Afrique du Sud avait décidé de son choix. « Ce n’est pas parce que l’on n’y est pas que l’on ne doit pas y être » dit-il. Le vieux quatre avoua son aversion pour les pampoenkoekies. Lolo, d’un ton ferme et sec, lui asséna : « Tais-toi et mange ! » Alors le vieux quatre mangea. « Ça manque d’oseille » dit Pépé. 

Jeff a sorti son vuvuzela, tandis que Perdigue bat la mesure cuillère à la main. Tout y passe, carafe, assiette, verre, baso. Les castors ont faim. Les verres à pied chaussent mal à son palais. Il préfère les verres de venta. La suite se fait toujours attendre. Nous ne voyons pas le plat. Il n’en faudra pas plus pour que Coco pousse son Assimbonanga de circonstance. « Nous ne l’avons pas vu » en zoulou. Le poulpe précautionneux « Je pense que nous le verrons bien un zoulou l’autre… ». Seul et le canon suit. La table répond en écho. Un Assimbonanga qui pousse le confiné en chacun à briser sa cage de la faim. Rien ne sort de la cuisine. Lolo ruisselle devant son four. La mijote mérite l’attente. Le plat est unique. Heureusement Coco est là. C’est notre vuvuzela du trou. Un lala sans pareil. Le silence n’existe en présence de Coco. Un instinct du vivant dans le sonore. Une sacrée bâtisse. L’hymne fait union. Le plat sortira en danse. Les vieux dans la confidence sortent de la cuisine en fanfare. Johnny Clegg n’avait qu’à bien se tenir, nos vieux lèvent la jambe plus haut qu’une jouvencelle sous ecstasy. Crou Crou en fond bat le rythme sur un tam tam improvisé. Ils sont bons, ils ouvrent la piste à Lolo qui tient son plat en triomphe. L’artiste sort son bobotie typique d’Afrique du Sud. Une sorte de pain de viande recouvert d’un appareil composé de crème et d’œufs. Le cuistot est fier de la structure. Délicieux, très parfumé et très nourrissant. Les parfums nous transportent en Afrique. L’accompagnement lui, se fera sans folklore, un riz épicé et une salade verte bien assaisonnée. Le cuistot pense à toute sensibilité. Dudu aurait appréciée une tapenade pour accompagnement mais nous quittons un continent pour un autre. 


Afin de montrer son postérieur, Lolo se plaça de dos, et balança les assiettes sans jamais se retourner. Une manière si callipyge de transmettre. Ce fut une hécatombe. Frénétique, Lolo accentuait son rythme. Coco tenta bien d’y remettre bon ordre ; rien n’y fit. Il fallut toute la diplomatie de Guitou pour recouvrer un peu de sérénité. Il demanda à Lolo de se tourner et lui chanta sa chère fin de l’été. Lolo obtempéra à la surprise générale. Et tout ne fut plus que paix et harmonie. Lolo, il lui suffit d’une plage. Qu’elle soit maritime ou musicale. La chanson de Guitou associe les deux, en sorte que Lolo redevint lui-même, un tendre.

Pas de fromage. Au pays des antilopes ; il n’est pas de rigueur. Mais en dessert, un malva pudding, un gâteau gourmand, moelleux, riche, et fondant, traditionnel. « J’eusse préféré des magwinya » dit le vieux quatre. « Tu me gonfles avec tes j’eusse, lui rétorqua, Lolo, tes magwinya, ne sussent jamais égaler un bon malva pudding. » Un diantre mutin s’échappa des lèvres de Perdigue. Le vieux quatre ne moufta pas et déglutit son pudding. Ce fut plus difficile pour Pépé, tant tout ce qui touche, de près ou de loin, à la perfide Albion l’irrite et l’agace. 

Toujours pas de belote. Pas de chants non plus, ni de Scrabble. Amélie voulut que l’on pratique le jeu de l’oie. Pour rester proche de ses poules. Le prof était ravi. Jacouille un peu moins. « Mon coup de dé jamais n’abolira le hasard » nous confia le bardibule, en bon aède qu’il est. Mal armé, Christophe n’y pipa mots malgré ses ascendances poétiques.

Lolo se fit arrêter par la maréchaussée en sortant du trou. « Monsieur, vous êtes nus, nous allons vous verbaliser. C’est une atteinte à l’ordre public. » « On ne verbalise pas une muse, on ne verbalise pas une esthétique » répondit-il. Sa répartie fit de l’effet, et il put rejoindre sa Caro en chuchotant des vers de Bérénice : « Je sens bien que sans vous je ne saurais plus vivre, / Que mon coeur de moi-même est prêt à s'éloigner; /Mais il ne s'agit plus de vivre, il faut régner. » Le barde, mélancolique, chantonnait les Paradis perdus.

22 avril 2020

Archiballs en confinement...Un coup de Tcho sur le poulailler d'Amélie

Par Le Barde et Bardibulle



Amélie pensait aux urnes en se rendant à Musard. C’est loin l’automne se disait-il. Rien de tel que de trotter pour me changer les idées. Et puis, ce soir, mes poules me réconforteront, mes petites poules, mes adorables petites poules qui ne se lassent pas de caqueter leur amour. En attendant, je vais profiter de mes petits castors.

Dans sa voiture, au son de la marseillaise, Seb faisait le coq. De temps en temps, il baissait sa vitre, et à la vue d’une jolie fille, il coqueriquait. Il était tout guilleret Seb. La faute au Printemps sans doute. Parfois, il s’arrêtait, et se tournant vers le ciel, il égrenait son chapelet en grains de haricots. La barrière se leva. Il n’y avait pas grand monde. Amélie attendait devant la porte du vestiaire. « Cocorico » chanta Seb en guise de bise. « Cot, cot, cot codet » lui repondit Amélie. Les doux trilles d’un pinson leur parvinrent à l’oreille ; c’était Titi.

Le pré se garnit peu à peu. Croucrou avait pris palmes, masque et tuba. Il tournait autour du pré, dodelinait de la tête. De temps à autre, il expulsait un mince jet d’eau. Pioupiou le suivait à la trace et Sergio arborait une superbe queue plate qui trainassait sur le gazon synthétique. Lolo avait sa raquette qu’il balançait, de-ci, delà, en remuant un peu d’air. Le Prez, impassible, la course droite, son petit Marcel collé au corps, ruisselant, rappelait qu’il était le fils spirituel de Jauzion.

Alors le chant du coq retentit et la partie put commencer.

Le pré reste synthétique. La nature ne se prête plus qu’au plastique. Quel manque de peau ! L’asepsie tape bien pour le coup le spirituel. Les mauvaises pensées s’évadent à chaque foulée. C’est bien là, la magie de notre pré. Amélie a raison de chanter. Les annonces du soir se feront pour ses cocottes. Le COC si loin du RUC pleure sa Casa ! « Ah Si Casa m’était contée… » pleurerait le Doigt. Ras le cul des passes à distance dans une période de confiné. Ce soir les castors retrouveront leur cocotte ou ne se retrouveront pas. Les ailes seront abandonnées. La faute au poulpe et au Doc qui préfèrent le front. Le ballon crée son manque et nécessite l’union.

La barrière est dans le sans contact et se doit d’aménager ses règles. Les gros du coup sont orphelins. Le lien dans leur nature est un combat permanent ! L’avenir est-il dans le verre sans contact. Un comble pour la nature humaine. A s’en mordre la queue de castor. Point de lancement de jeu tout part d’un plan à trois. Gwen est aux commandes et annonce au coup d’envoi un « J’ai » d’affamé, le fameux « j’ai » qui annonce qu’il n’y aura pas de passe, le fameux et irrésistible « J’ai » à la Gwen. « L’implicite est explicite ! » reconnait Piou Piou. Marco et Alban ont dans l’écho un sourire taquin, Yann est aux anges. Ni une, ni deux, tout le monde s’agglutine autour du ballon arrêté. Sur la touche le Vieux 4 et Didier pleurent et regrettent leurs genoux d’antan. Ca les chatouille aussi! L’attrape est en effet sereine, maîtrisée, implacable. L’homme n’a pas bougé, normal c’est Gwen. Il lirait le journal ce serait pareil. La dépêche n’est pour lui que littérature. Une statique bien solide en revanche. Le reste n’est qu’automatisme et quête de contrôle pour les novices. La réponse se résume sur le pré dans l’instantané d’une cocotte. Point de jeu sans une ponte propre. « C’est la poule qui pond l’œuf et non l’inverse » prêche sur le bord Amélie. Sa manière à lui de dire que c’est l’homme qui commande le ballon et non l’inverse. Doc et Poulpe découvrent la joie d’avoir des oreilles entourées d’un sein bandeau. La confusion est belle. L’intérieur du regroupement garde son secret. Point de mots que des onomatopées. Les linguistes trouvent son origine dans les frappes inavouables enfouies dans les méandres de la masse. « On m’a tapé » ne se traduit qu’en PAF, PIF , POUF. Le Barde dans la masse sublime ses vers. A la fin de l’hémistiche il touche. Son dictionnaire trouve dans le « ouille », une couille censée. Sa muse est son jeu. Dans le combat, il chante en bon barde. L’étoffe des hérauts.


Titi avait bien dosé son jeu au pied. L’attraction est reine. De chaque côté seuls les demis aboient les directives. Sergio d’un côté et Mozart en face. Le hic est que la masse fait filtre, ce qui se dit aux extrémités ne se capte pas au centre. « La balle au fond » extérieur devient en traversant la matière humaine un « place un gnon » au centre. Le Barde désespéré arrêta de compter les touchers. Yann supervise nos trois quarts emmêlés comme les autres. « Si le ballon bouge quand tu l’attrapes c’est que ce n’est pas le ballon, encore moins si il parle ! ». Un vrai aiguilleur de la ferraille. A contrario, Marco suce son pouce. Le mélange des packs est un berceau pour lui. Les retrouvailles ont joué une régression impressionnante. Le castor s’est endormi et rêve comme un bébé. Perdigue lui aussi a retrouvé son domaine, la tête dans le tas, et cantonne à capela du Mike Brant « Laisse-moi la mêlée, toute une nuit… », vas-y que je gratte à droite, et vas-y que je tire à gauche, un chai lui sans barrique. Le Tarbais est dans la masse bien amoureux, ça chahute d’un côté, ça penche de l’autre. Titi après sa frappe, sans savoir pourquoi se sent lui aussi bien attiré au milieu des gros. Notre pinson est un beau poulet apparemment. Le Prez s’est mis au-dessus du lot. Il garde de la hauteur. Bien sur son bouclier il se repose sur le tas de castor en lutte. Il s’évertue à garder le ballon dans l’invisible de la cohue. Il balance à l’occasion deux ou trois madeleines de part et d’autres. On ne sait jamais, ils pourraient faire des passes. Dans le combat rien de tel que de jouer groupé. Dès que le ballon trouve la sortie, il y en a toujours un pour sortir une maxime. « Les gars suivez-moi, je pars tout seul ! ». Autant garder le ballon bien au chaud.

Quelle partie mes amis. Un seul toucher compté dans la soirée. Un jeu solide et propre comme on l’aime. Pas d’en avant visible.


En bon frère, le Tcho était de bouffe. Il portait une robe de bure. Si Pépé passa sa jeunesse dans les vapeurs de Woodstock, le Tcho était en cheville avec Dieu et courait les monastères. Frère Tcho avait de petits oiseaux qui becquetaient sur son crâne en bon franciscain. De temps à autre, il montait sur un tabouret pour qu’ils s’ébrouent un peu. Il nous accueillit l’un après l’autre en ouvrant ses bras. « Mes petits, mes chers petits venaient vous rassasier de mes offrandes. » Le vieux quatre traînait un peu la patte. Jacouille était tout de rose vêtu. Sur la table, à défaut de bouteilles, des calices. Et des pommes chips en apéritif comme autant d’hosties.

Coco était un peu hagard. Les monastères ne sont pas sa tasse de thé. Pour le chant passe encore, mais pour le reste. La mine déconfite, il s’assit en bout de table. Et entama un canon sur l’air de frère Tcho. Il lui fallait se mettre à la page. Et le trou ne fut plus qu’un immense et prodigieux chant. Exit les patates et autres chansons monotones. Poulet était aux anges.

Le temple est sacré. Le cuistot tient bien le bout. Pépé sonne la cloche de 22 Heures à table. Du coup, Tcho débute la prière du doigt et annonce le partage. Le croyant quand il est mal dans son ascète se doit de faire communion. Le Tcho ne partage aucune assiette sans l’avoir bénie. Du coup l’horloge tourne. Prof reste dubitatif sur le rite et cherche un vin l’algorithme universel. La formule se doit d’être divine pour rendre son prochain probable. L’entrée sera par conséquent issue du verger d’Eden. Une salade printanière, deux rondelles de tomate et une asperge en son centre. La croyance est si proche de la cuisine moderne. L’art de l’ascète dans son plus simple appareil. L’animisme se veut fleuri pour combler nos fantasmes archaïques. « Mes frères, gardez-vous de l’épectase et restons simplement dans le jouir. Se réunir est un don sacré … (le cuistot lève son assiette à l’horizontale pour ne pas en perdre le contenu). Ceci est mon asperge. Livrée pour vous, prenez et mangez-en tous. » . Lourdes est aux abois et n’ose lever ses yeux. Le moment est saint. Piou Piou à l’autre bout murmure plusieurs « Notre Père ». L’union crée le symbole. Le Tcho dispose la vinaigrette en magnum. L’asperge ne sera pas seule la saison est bien dans la cueillette. Un miracle de la tige. Dudu penche son assiette pour se faire une réserve de vinaigrette et se bat à terminer le plat en vin lui aussi. Comme son Frère, Tcho multiplie les pains, un vrai miracle et transforme l’eau en Sabite. N’est pas messie qui veut. L’homme si prêtre à le croire.


Le plat fut principal. Louanges à toi saint Tcho. Les deux frères sont réunis. Un béret pour deux. Du coup le partage est de mise. La voix du Grand Lolo couvre les débats et fait taire l’assistance pour la suite. Le brouhaha a du bon au trou, mais le silence est de mise quand il faut servir. Noix de Saint-Jacques à la crème et tagliatelles. Le plat est sacré. Le silence est d’or. Les castors ne parlent pas la bouche pleine mais se prêtèrent une fois l’assiette vide à une chanson qui n’existe dans aucun répertoire de tout ecclésiaste. « Mon Tcho tu n’es qu’un Enc… ». Le trou a sa mémoire. Le plat est sacré. Notre Tcho un ange.

Frère Tcho projeta les assiettes d’un geste langoureux. La main du seigneur. Toutes trouvèrent preneurs. Guitou la saisit entre pouce et index. Croucrou avec sa palme droite. Titi avec son bec. « C’est un miracle » dit Jacouille lors que l’obole se déposait sur son béret après avoir tournoyé sous les voûtes du trou.



Le fromage en voie lactée avec la part des anges.

Un dessert, une religieuse. Saint Tcho priez pour nous…

Point de belote. Mais des chants. Encore et toujours, sous la baguette de Coco converti, et avec la guitare de JB en contrepoint, la trompette de Joël et le biniou de l’amiral. Quel chœur superbe. Le vieux quatre tenta en vain une ultime célébration des patates. « Félon, traître, Paillard, impie » dit Tcho à Pioupiou qui s’apprêtait à entamer le père Abraham ». La mine basse, il se rétracta.

Tcho et Pépé franchirent ensemble la porte du trou. Les étoiles scintillaient. Frère Tcho souriait, heureux. Pépé bougonnait. « Tu trouves pas que tu en fais un peu trop » lâcha-t-il à son frère bienheureux. « Pas le moins du monde » lui rétorqua ce dernier.

« Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux comme le clament les Béatitudes mon Pépé ». Et, il regarda le ciel. « Non, trois fois non, l’apocalypse n’est pas pour demain » murmura-t-il. Quant au barde et Lolo, orphelins, ils fredonnaient des mots bleus.

15 avril 2020

Les Archiballs en confinement...Le coup d’œil de Pépé

Par le Barde et Bardibulle


Les gens sont curieux se disait Lolo comme il approchait de Musard. Et de poursuivre ses pensées en écoutant le concerto pour piano numéro 2 de Brahms. Les gens sont curieux parce qu’ils voient trop souvent la vie du mauvais œil. Moi, je suis bon pied bon œil, et jamais au fond du trou. Je préfère les chemins de traverse. Il y a toujours des imbéciles pour manquer la cible. Préférer la cuisse au croupion, c’est une terrible erreur de goût. Il était tout guilleret, prêt à dispenser le meilleur de lui-même sur le pré. 


Le tarbais l’attendait. On va faire comme à la pala dit-il à Lolo. Je t’ai apporté des lunettes de protection et une raquette. Quand tu verras la gonfle, tu armes ton bras et tu la caresses délicatement. Essaie de ne pas viser à côté. Il ne saurait y avoir de trous dans ta raquette.

Amélie avait pris les choses en mains. Las de nos imperfections, il entendait corriger nos approximations. « Vous n’êtes que des trous du cul » nous asséna-t-il, je vais vous apprendre le geste juste. « C’est un peu comme à la pétanque, quand tu tires, tu tires, tu fais pas dans la dentelle ». Perdigue ne comprenait pas. Julien (Genson) tenta une traduction sur l’air du trou et de la cuisse. Perdigue ne comprenait toujours pas. Et Lolo écoutait amoureusement les recommandations de l’élu de son cœur. Il pépiait au moindre mot d’ordre. Amélie ne put retenir une larme. 

Le doc combinait. Confiné sur son aile, Pioupiou sautillait. Jean-Phi lézardait l’herbe synthétique, dessinait des arabesques que le petit de Lolo suivait à la trace. Lolo balançait de grands coups de raquette dans le vide et dansait. 

Pépé avait décidé de suspendre les us et de se mettre en cuisine. La solidarité, il connaît. Il était donc ceint d’un tablier fuchsia, parsemé de fleurs jaunes. Avec Peace in the World en frontispice. Pépé, il était à Woodstock. Jimi Hendrix est son Dieu. En sorte qu’il délivra en entrée une salade mâtinée d’oseille et de canabis. Avec des œufs pochés. A 22:02, il appela son joli monde sur l’air de Hey joe. 


Pépé retrouve ses marques en touche. Le voici qu’il essuie le matériel trop mouillé. L’expérience ne lance jamais une beuchigue mouillée à son vieux 4 ou 5. La maladresse s’efface avec la sécheresse. Vas-y que je râle pour que le couloir soit respecté ! Et voilà qu’il est boudin pour l’occasion. Le talon a du caractère. La Jacquouille pour la saucisse n’est jamais trop loin. Un pilier solide comme on les aime. Dur à faire plier face à l’adversité. La moutarde de tradition délicatement ramenée via air-castor directement de Dijon. Une belle époque quand l’esprit se prêtait au voyage. Pépé se fait livrer dès que la sauce lui monte au nez. Quelques tranches de chorizo qui nous rapprochent de nos amis espagnols. En verdure des cornichons. Et surtout le fameux jambon du pays. L’entrée sera cochon ou ne sera pas. Pour son retour Pépé sacrifie l’animal. Pâques est talonneur comme notre hôte. Le sacre du fils comme de l’animal vise un espoir. Heureux que l’homme ait trouvé refuge dans le symbolique. Le lien est dans le don et son vivant. L’enfant du coup trouve son destin animé. Pour la bouffe c’est pareil, la quantité n’excédera pas les besoins. Les castors ont faim. Et Pépé compte juste. L’annonce en touche sera Bigorre. Jeff lisse son short, Alban s’exaspère il va falloir encore lever la bête, devant Christophe feint de ne rien comprendre et se prépare à stabiliser le sauteur. Devant Marco lève le bras comme leurre, un Z’amour dans l’art de la feinte lui aussi. Le Vieux 4 et le Grand Thom sont là. C’est fou comme la Bigorre leur redonne la patate. 

En charnière de table nous retrouvons Lourdes en mêlée et Tarbes en ouverture. Pépé ne dévoile jamais ses sources. Le béret garde ses secrets. Pas de miracle sans se rapprocher de Betharram. L’agneau viendra du coin. Le Tarbais a des astuces de contrebande dans cette période de confinement. L’agneau de Luz-Saint sauveur sonne la lumière du coin. Les cloches sonnent et traverse la vallée de Barèges. En face le mur des Pics. L’agneau a trouvé son maitre. Une fessée au palais qui nous laisse sur le cul. L’annonce ne se fera pas en touche mais en mêlée « Staaaaaaado ! ». Notre neuf en retraite surpris par ce qui lui sort de la bouche. Un autre miracle à inscrire dans l’histoire de notre trou. Pépé est aux anges. La montagne est sacrée. Sabite aussi!

En légume des haricots du coin. Rien de meilleur que les Tarbais. Perdigue lança à ses heures perdues et son trou à 22 heures, "Jack n'est qu'une foutaise, c'est Pépé qui a son haricot magique!". Gwen sur ses mots, se leva et présenta son verre "A Minsk, le Sabite se boit cul sec. Je vous conseille les rendez-vous dégustation et tradition. On lève son verre, on inspire, on vide ... on est bien!". L'art de la disent-ils, n'a pas son pareil! 

Les yeux bandés, le béret vissé sur son chef, Pépé en bon talonneur trouva facilement sa cible. Il conclut son lancer d’assiette par un V de sa main droite. Il n’avait pour seul fromage que du brebis. Mais quel brebis. Gwen bêla comme jamais. Perdigue avait encore des vapeurs et se pâmait. « Ça te réussit pas l’andropause » lui asséna Dudu, « moi les paradis artificiels, je m’en bats les couilles, et c’est pour ça que je tiens la route. » 


Le dessert un gâteau à la broche. Point positif du confinement c’est que Pépé et sa dulcinée ont toujours du temps. Il en faut de la patience pour subvenir à la superposition des couches. La chaleur du foyer pour maintenir la solidité de l’édifice. Gloire à Pépé

Le Scrabble fut de rigueur à l’initiative du Bardibule. La belote de comptoir n’est plus dans l’air du temps. Le Bardibule avait érigé une contrainte : n’employer que les mots des plaisirs que l’on dit charnels. Seb se frottait les mains. Le vieux quatre chercha désespérément à placer le mot queue, traînant son q comme une âme en peine. Dudu n’eut aucune peine, en revanche, à placer son x. Et c’est le Prez qui l’emporta, comme de bien entendu, avec un éjaculé majuscule. Et de préciser qu’il entendait ce mot au sens de proférer, exprimer avec force, avec passion, sans délicatesse. Titi était baba, regrettant, cependant, cette entorse à la règle. « Et la polysémie du gland, ça te dit quelque chose ? » lui rétorqua le Prez. Titi s’inclina. Le seul mot qui ne trouva pas sa place fut trou. En quoi, le fait d’être dedans annihile toutes perspectives de dehors.

Dehors, justement, il crachinait comme nous franchissions le seuil de notre porte verte. Hamilton enfourcha son cycle rouge, Guitou son cycle jaune. Perdigue naviguait à vue. Et Pépé battait le pavé en fredonnant un air de Janis Joplin.

10 avril 2020

Archiballs en confinement...Vol au dessus d'un nid de Piou Piou

Par Le Barde et Bardibulle


« Mais putain on est où ? » s’écria Pioupiou. « Sur le pré, à Musard » lui répondit Perdigue d’une voix très douce. « Ce n’était qu’un mauvais rêve, ne t’inquiète pas mon Pioupiou ». Pioupiou regardait à droite, à gauche. Ses mouvements de tête s’accélèrent. Il nous fit le père Abraham avant l’heure. Le doc s’inquiétait. L’heure du trou et l’heure du pré ne sauraient se confondre. Et c’est précisément ce qui l’inquiétait. Titi se rapprocha, poussa de tendres trilles pour adoucir le fils de Jacouille. Rien n’y fit. « Tu veux une goutte de Sabite ? » lui demanda Jean-Phi. Planté sous les poteaux, Pioupiou poursuivit sa danse. De guerre lasse, chacun se mit au jeu. Mais le cœur n’y était pas. 

La partie se traîna. Pioupiou était désormais sur le dos, battant l’air de ses quatre membres. Hamilton demanda une pause : « Il y a quand même un problème » et l’index posé sur son nez aquilin s’adressa au ciel. « Ce n’est rien, un vulgaire choc post-traumatique » lui confia Grozan. Tout rentra dans l’ordre. Pioupiou récitait son chapelet, Seb et Sergio leur rugby. 

On entendait assez distinctement les oiseaux. Quelques mouettes nous donnaient le goût du grand large. Gwen se sentit pousser des ailes. Et Dudu des cornes. Peu à peu, le jour déclina. Il fallait rentrer au bercail. Alors Pioupiou poussa d’amples mugissements. La vache au taureau suppléait le père Abraham. « Bientôt on sera au trou, et tout ira mieux » murmura Christophe à l’oreille de Pioupiou.

C’est Jean-Pierre qui régalait. Lorsque Pioupiou descendit l’escalier, il chanta mon truc en plumes en se dandinant du postérieur. « Tu te prends pour Zizi Jeanmaire ? « lui demanda Pépé. Pioupiou n’en avait cure et poursuivit sa danse. « C’est qui Zizi Jeanmaire ? » susurra Peyo. « Ignorant » lui répliqua Pépé.



Jean-Pierre avait un beau tablier noir. Avec Audrey Hepburn en son sein. Il roucoulait. Une manière comme une autre de répondre à Pioupiou. Le Tcho sifflotait debout sur son tabouret. Oui, il y avait comme un air de printemps. Et Lolo récitait son Britannicus en pensant à sa Caro. 

Pépé sonne l’horloge. L’effet est garanti. Les castors s’installent. L’art est individuel dans le principe de précaution. L’analyse est donc de rigueur. Nous pouvons catégoriser les castors en quatre catégories. La première et non des moindres et le castor « Met-y culeux ». Souvent emprunts d’expérience, repérables à la couleur de ses poils. A ce sujet je propose de lire le fabuleux article sur le sujet dans cerveaux et psycho de la semaine. Stress et poils blancs. Le béret est un leurre met reste un identifiant comme les autres sur la question. Il choisit son tabouret, observe le caractère sec de l’assise pour préserver la sienne. Agence ses couverts, attrape un couteau et découpe méticuleusement la nappe en papier de 10 cm de part et d’autres de sa largeur. Rassuré, confiant le voilà enfin disposé à se suce tenter. Le deuxième reste dans une lignée préventive, en brin frivole souvent repu de ses allers et retours sur le pré. Gwen l’envisage entre une dynamique statique et un mouvement immobile. Bref, un méticuleux sans précision. Il arrache une bande grosso modo à la largeur de sa queue plate, un regard si Jacquouille est dans le coin puis il s’assoit avec le tabouret qui traine. Le hasard fait bien les choses, il garde le cul sec. La logique les qualifierait de « pré-Met-y culeux ». La troisième catégorie des castors bien confiante pour l’occasion « Rooh, j’ai bon temps ». Le soleil ne préserve pas de la pluie. Mais L’insouciance est une préchambre de liberté. Les castors « roger-bontemps » se vivent le cul sec ou mouillé. L’anticipation, ils s’en branlent. L’art de la rigole est laissé au hasard des autres. Un bonheur pour les arroseurs. L’invité fait pigeon et la carpe son castor. Plus la rigole est longue et plus c’est bon. La formule se prête à tout. L’opportuniste gardera un pichet remplit d’eau. Il est rare de le remplir avec du punch. Sauf pour Prof. Un baptême en son trou. La quatrième génération restera au coin du bar. La nappe ne se découpe pas dans le coin. Chaque place ayant sa queue. Un mélange d’amour, de réflexion et de bar. Nous les classifierons en tant que « philobar ». 

La catégorisation est légère mais reflète d’une certaine manière les comportements de prévention pour garder le cul sec. 

Cary Grant sur le sujet ne craint hier il garde le bout. Son entrée une éloge au printemps. Les couleurs d’une salade qui prie le renouveau. La délicatesse est dans une découpe méticuleuse à ne pas confondre avec l’assise. Des tranches de tomates savoureuses, gigantesques pour la saison. Charnues à souhaits. Sel de guérande et vinaigre de Jacquouille en surface. Simplicité et l’art du bon vivre. Mozart est là. JB en aviateur est sur le tarmac et profite de la table. Mozzarella entre chaque tranche de tomate. Des feuilles de basilic du marché du capucin en découpe. Les papilles sont aux anges. Des petites tranches de pains grattés à l’ail et une trempette d’huile d’olive. Piou Piou garde le silence. Il ne parle pas la bouche pleine.

Le plat sera dans la continuité un poulet farci. La recette de la farce est sur le groupe Whats’app. Elle se joue à 8 centimètres près. Le gel hydro-alcoolique est fixé à l’entrée de la cuisine. Doc sort en tenue de chirurgien. L’actuel se veut désinfecte. Il fait des va et vient. Il participe au fourrage. Son sens de l’éthique lui interdit d’abandonner ses paires. C’est Peyo qui se chargera de l’annonce. La poule est farcie. Doc soulagé prend Jean Pierre dans les bras, « Tu vois l’union fait la force. » Combler la poule pour le doc est une thérapie « cul y nerf » pour combler le temps. L’important de ne pas penser au titre. L’équipe est si belle. « Jean Pierre je pense qu’on peut rajouter de la farce ; tant que cela rentre on met… scalpel ! » . Peyo visionnaire s’échappa de l’antre, voyant que la poule ne pourrait contenir toute la farce et l’énergie de notre doc en trance. « Les gars il faut servir ! »

Les légumes une purée. Quitte à broyer du noir autant que cela soit des patates. 

Le lancer d’assiettes ne fut que douceur. Perdigue avait enserré le corps de Pioupiou dans des cordes et clôt son bec, en ajoutant à son chef une plume d’autruche. Nos mains se tendaient graciles. Ce fut un instant de grâce. Même le vieux quatre n’était plus que langueur. Pioupiou se débattait sous l’œil courroucé de Jacouille. Pas un son ne sortit de sa bouche bandée. 

Point de belote. Nous chantâmes. JB avait apporté sa guitare, Joël sa trompette et l’Amiral son biniou. Le Tcho et Titi accordaient leurs trilles. Rien de monotone. Au désespoir de Pioupiou qui se débattait et gigotait en vain sur son tabouret. Le Prez était à la baguette, avec un je ne sais quoi d’Ennio Morricone. 

La nuit nous prit sous son aile comme nous sortions du trou. Une aile protectrice et tendre. JP regagna son Bassin l’âme tranquille et apaisée. Son Audrey l’attendait.

04 avril 2020

Les Archiballs en confinement....Whatsappen in the Archiball life ?

Par Le Barde et Bardibulle






WhatsApp concurrence le blog. L’actualité l’emporte sur notre rendez-vous hebdomadaire. Il se dit, se montre beaucoup de choses sur WhatsApp sur le réseau né lors de nos cinquante ans : "Archiball50anspasuneride". D’aucuns excellent et possèdent un sens du digital hors -pair. Gwen, à ce jeu, est inégalable. 

Mais WhatsApp ne peut rien contre le mentir-vrai du blog. Car le monde est un trompe l’œil. Ce que l’on prend pour la réalité n’est pas et ce que l’on tient pour irréel est la traduction juste de ce qui est. Oui, la vie continue. Musard est un pan de cette vie. Nous retrouver chaque mardi soir, effleurer la gonfle, demeure notre idiome. 

C’est le printemps. Et l’heure d’été est de sortie. Le castor s’éveille à la douceur du temps. Le temps qu’il fait est le premier des temps ; il se conjugue au présent. Le passé n’est pas aussi simple qu’il y paraît et le futur est antérieur ; il n’est que nostalgie. Rien de tel que de lacérer le pré pour se remettre au goût du jour. 

Ainsi Gwen composa-t-il un Musard virtuel. Avec son et lumière. Il fait comme tous les orphelins de la scène qui confient à un écran le soin de prolonger ce qui s’est interrompu. 

Donc, à 29:39, Gwen entama les hostilités. Il avait chamarré Dudu de couleurs éclatantes et teint ses cheveux en or paille. Point n’est besoin de perruque avec le digital. Seb était formaté en haricot a quatre pattes et Jean-Phi n’avait que quelques feuilles de vignes ceinturées par un bout d’osier en guise de short, le torse nu parsemé de tatouages reproduisant les étiquettes de ses crus. Le Prez était court sur pattes, nimbé sur son chef du chapeau de Bronson dans Il était fois dans l’Ouest. Pioupiou avait emprunté le visage de de Funès et poursuivait Toto d’enamourées Ma Bibiche. Toto, justement, était nanti d’ailes et hurlait « Où il est ce pangolin que je le nique ». En guise de Pangolin, Christophe Canesson trainait son âme en peine, ahanant. 

Gwen avait omis de se représenter par pudeur. C’est un être délicat. De Régis, il fit un albatros et dépourvu d’imagination pour le barde, il se contenta de Panoramix. A peine le barde attrapait-il le cuir qu’il se transformait en lyre, se plantait au milieu du pré et gonflait les uns ou les autres de ses chansons monotones. 

La Walkyrie rythmait nos élans. Le doc avait des allures de panthère, lors que le Poulpe rongeait le bas des poteaux la tronche convertie en castor. Jamais nous ne connûmes une telle extase. Gwen glougloutait sa vodka, accélérait, ralentissait nos joutes et pour conclure les choses fit tonner l’orage. Il choisit alors un plan fixe pour nous conduire vers les vestiaires, arrêtant sa caméra à son seuil.

Il fallait désormais que Gwen garnisse le trou de ses doigts. Sa première décision fut de choisir le cuistot du jour. Il jeta son dévolu sur Guitou et le transforma en rappeur. La casquette vissée sur ses cheveux poivre et sel, le buste ceint d’un teeshirt noir piqueté d’étoiles, le jean large et les converse fuchsia, Guitou assurait.


Pour le trou, la cène trouva du coup son jardin. Les anciens en nombre astiquent le bout. L’habitude rompt la monotonie de l’exception. Pépé regarda la pendule. « Putain il est moins dix. J’ai le temps de raconter une dernière anecdote avant de sonner la cloche … ». L’anecdote est un antidote temporel. Un vortex dont nul ne réchappe. Un moment à part ; même si l’histoire a un début commun, seul Pépé en connait la faim. Pépé utilise l’horloge à défaut de pendule pour nous hypnotiser et faire lien à son histoire. Gare aux « nos vices » ! La chaleur est là, l’attention oscille… « Qu’est-ce qu’il m’arrive ? » . Polo en jeune recrue est captif. « Pépé me dit d’ouvrir les yeux à 10. ». Pépé de faire le décompte mental : « 1…2 ce numéro dans le dos et les bras en croix me fait penser à une autre anecdote, je reste concentré…3…Putain il est loin le demi-d’ouverture… vieux 4 relève une mélée et pousse la chansonnette…5…6…7…8… Gwen propose une huit-huit en départ de mêlée… pas prêt de voir le 9… enfin 10 ! Putain il est 22h12, ça rime avec ventouse ! Notre castor en herbe de s’exaspérer « j’ai raté l’entrée. C’est drôle je me sens léger » Pépé lui s’en branle il fait chabrot et essuie le bord de son assiette avec son béret. L’effet et magique. « Mais putain il y avait quoi dans la soupe de Guitou. »


Le tcho est là. Il sourit il connait son frère. Il sifflote à chaque fois que le stratagème fait magie. Comme réconfort Prof propose à Dudu de faire passer les olives pour faire retrouver les esprits. 

Peyo est là. Nostalgique au bar. Il cajole sa bouteille de Patxaran. Il lui tarde les jours meilleurs. C’est du chez lui en bouteille notre trou. Rien d’autre ne peut le nourrir. Les larmes recouvrent ses prunelles. Cela mérite un réconfort en cul sec. Ces montagnes sont une source de vie. Il connait le port du béret et les bâtons de marche qui nous poussent au voyage. Elles sont si loin et si proche ses montagnes. « Moi les vagues je ne les aime que lorsque je suis dessus… », « Putain il y a la mer aussi » … gros soupir... Gwen l’accompagne. « Tu as lu le Sud-Ouest et les résultats de l’UBB ? ». Peyo gribouille les heures de marée, et désespéré distille d’autres prunelles. Il n’a pas faim. Le Guitou du soir lui aussi a ses charmes et connait le bon remède. Une danse et ça repart. La louche main droite qui survole les têtes des castors à table. L’encantada pour Marco, il exorcise la tablée. Il y a des moments et des chansons qui font chaud au cœur. Une constance pour notre hôte. Dans la marmite, un plat unique. Les sens en prennent un coup même à la pompe. Evitons les manipulations une bonne louche pour son pot-au-feu. Ses origines sont gasconnes et touchent à la pointe la distribution des mousquetaires. Du simple et du solide à la fois. Le sacrifice du poulet et ses saveurs de mijote resserrent le moral des troupes. Lentilles et crème de coco, l’art de jouer à domicile à l’extérieur. Pommes de terre seuls tubercules pour faire chanter aux abois la chorale. Du curry en arrière-plan. Le silence honore le bon. Un voyage intérieur pour le moine, une expérience extatique pour le confiné. Si loin, chez moi…

Le lancer est en quarantaine. Le grand Lolo a proposé de rattraper les coupes avec les coudes. Validé par l’assemblée. Le Prez étudie des solutions pour le lanceur. Résultat : Jacquouille est sous Prozac, penser à acheter des assiettes. Doc a rajouté des points à son palmarès. L’idée sur le moment fut bonne mais ne sera pas reconduite. Seul Jeff sortira du lot, il n'avait pas bien entendu la consigne et s'est débrouillé avec ses cou... 

Le fromage du brebis en cœur de loup. L’iraty ou n’ira pas. Cambot ne prend pas de salade quand le fromage est bon.

Le dessert. Une mousse au chocolat fait maison et sa crème chantilly. Les yeux des castors brillent. La régression nous rend bien vivant. 

Point de belote. Non, un strip poker. Le vieux quatre était en feu. « Je vais les niquer, je vais les niquer » gloussait-il. « Tu parles à un futur élu de la République » lui asséna Amélie. Le strip partit en couilles. la faute à Gwen qui s’était incrusté. Le vieux quatre en fut pour ses nippes. 

Il fallait un ciel à Gwen pour achever sa mise en scène. Et comme il se doigt, il dénicha un ciel sud-africain où les étoiles ressemblaient à des antilopes. Étoiles filantes certes, mais étoiles quand même. Alors, il mit fin à sa composition et d’un index délicat, il suspendit sa création.