Par Le Barde et Bardibulle
WhatsApp concurrence le blog. L’actualité l’emporte sur notre rendez-vous hebdomadaire. Il se dit, se montre beaucoup de choses sur WhatsApp sur le réseau né lors de nos cinquante ans : "Archiball50anspasuneride". D’aucuns excellent et possèdent un sens du digital hors -pair. Gwen, à ce jeu, est inégalable.
Mais WhatsApp ne peut rien contre le mentir-vrai du blog. Car le monde est un trompe l’œil. Ce que l’on prend pour la réalité n’est pas et ce que l’on tient pour irréel est la traduction juste de ce qui est. Oui, la vie continue. Musard est un pan de cette vie. Nous retrouver chaque mardi soir, effleurer la gonfle, demeure notre idiome.
C’est le printemps. Et l’heure d’été est de sortie. Le castor s’éveille à la douceur du temps. Le temps qu’il fait est le premier des temps ; il se conjugue au présent. Le passé n’est pas aussi simple qu’il y paraît et le futur est antérieur ; il n’est que nostalgie. Rien de tel que de lacérer le pré pour se remettre au goût du jour.
Ainsi Gwen composa-t-il un Musard virtuel. Avec son et lumière. Il fait comme tous les orphelins de la scène qui confient à un écran le soin de prolonger ce qui s’est interrompu.
Donc, à 29:39, Gwen entama les hostilités. Il avait chamarré Dudu de couleurs éclatantes et teint ses cheveux en or paille. Point n’est besoin de perruque avec le digital. Seb était formaté en haricot a quatre pattes et Jean-Phi n’avait que quelques feuilles de vignes ceinturées par un bout d’osier en guise de short, le torse nu parsemé de tatouages reproduisant les étiquettes de ses crus. Le Prez était court sur pattes, nimbé sur son chef du chapeau de Bronson dans Il était fois dans l’Ouest. Pioupiou avait emprunté le visage de de Funès et poursuivait Toto d’enamourées Ma Bibiche. Toto, justement, était nanti d’ailes et hurlait « Où il est ce pangolin que je le nique ». En guise de Pangolin, Christophe Canesson trainait son âme en peine, ahanant.
Gwen avait omis de se représenter par pudeur. C’est un être délicat. De Régis, il fit un albatros et dépourvu d’imagination pour le barde, il se contenta de Panoramix. A peine le barde attrapait-il le cuir qu’il se transformait en lyre, se plantait au milieu du pré et gonflait les uns ou les autres de ses chansons monotones.
La Walkyrie rythmait nos élans. Le doc avait des allures de panthère, lors que le Poulpe rongeait le bas des poteaux la tronche convertie en castor. Jamais nous ne connûmes une telle extase. Gwen glougloutait sa vodka, accélérait, ralentissait nos joutes et pour conclure les choses fit tonner l’orage. Il choisit alors un plan fixe pour nous conduire vers les vestiaires, arrêtant sa caméra à son seuil.
Il fallait désormais que Gwen garnisse le trou de ses doigts. Sa première décision fut de choisir le cuistot du jour. Il jeta son dévolu sur Guitou et le transforma en rappeur. La casquette vissée sur ses cheveux poivre et sel, le buste ceint d’un teeshirt noir piqueté d’étoiles, le jean large et les converse fuchsia, Guitou assurait.
Pour le trou, la cène trouva du coup son jardin. Les anciens en nombre astiquent le bout. L’habitude rompt la monotonie de l’exception. Pépé regarda la pendule. « Putain il est moins dix. J’ai le temps de raconter une dernière anecdote avant de sonner la cloche … ». L’anecdote est un antidote temporel. Un vortex dont nul ne réchappe. Un moment à part ; même si l’histoire a un début commun, seul Pépé en connait la faim. Pépé utilise l’horloge à défaut de pendule pour nous hypnotiser et faire lien à son histoire. Gare aux « nos vices » ! La chaleur est là, l’attention oscille… « Qu’est-ce qu’il m’arrive ? » . Polo en jeune recrue est captif. « Pépé me dit d’ouvrir les yeux à 10. ». Pépé de faire le décompte mental : « 1…2 ce numéro dans le dos et les bras en croix me fait penser à une autre anecdote, je reste concentré…3…Putain il est loin le demi-d’ouverture… vieux 4 relève une mélée et pousse la chansonnette…5…6…7…8… Gwen propose une huit-huit en départ de mêlée… pas prêt de voir le 9… enfin 10 ! Putain il est 22h12, ça rime avec ventouse ! Notre castor en herbe de s’exaspérer « j’ai raté l’entrée. C’est drôle je me sens léger » Pépé lui s’en branle il fait chabrot et essuie le bord de son assiette avec son béret. L’effet et magique. « Mais putain il y avait quoi dans la soupe de Guitou. »
Le tcho est là. Il sourit il connait son frère. Il sifflote à chaque fois que le stratagème fait magie. Comme réconfort Prof propose à Dudu de faire passer les olives pour faire retrouver les esprits.
Peyo est là. Nostalgique au bar. Il cajole sa bouteille de Patxaran. Il lui tarde les jours meilleurs. C’est du chez lui en bouteille notre trou. Rien d’autre ne peut le nourrir. Les larmes recouvrent ses prunelles. Cela mérite un réconfort en cul sec. Ces montagnes sont une source de vie. Il connait le port du béret et les bâtons de marche qui nous poussent au voyage. Elles sont si loin et si proche ses montagnes. « Moi les vagues je ne les aime que lorsque je suis dessus… », « Putain il y a la mer aussi » … gros soupir... Gwen l’accompagne. « Tu as lu le Sud-Ouest et les résultats de l’UBB ? ». Peyo gribouille les heures de marée, et désespéré distille d’autres prunelles. Il n’a pas faim. Le Guitou du soir lui aussi a ses charmes et connait le bon remède. Une danse et ça repart. La louche main droite qui survole les têtes des castors à table. L’encantada pour Marco, il exorcise la tablée. Il y a des moments et des chansons qui font chaud au cœur. Une constance pour notre hôte. Dans la marmite, un plat unique. Les sens en prennent un coup même à la pompe. Evitons les manipulations une bonne louche pour son pot-au-feu. Ses origines sont gasconnes et touchent à la pointe la distribution des mousquetaires. Du simple et du solide à la fois. Le sacrifice du poulet et ses saveurs de mijote resserrent le moral des troupes. Lentilles et crème de coco, l’art de jouer à domicile à l’extérieur. Pommes de terre seuls tubercules pour faire chanter aux abois la chorale. Du curry en arrière-plan. Le silence honore le bon. Un voyage intérieur pour le moine, une expérience extatique pour le confiné. Si loin, chez moi…
Le lancer est en quarantaine. Le grand Lolo a proposé de rattraper les coupes avec les coudes. Validé par l’assemblée. Le Prez étudie des solutions pour le lanceur. Résultat : Jacquouille est sous Prozac, penser à acheter des assiettes. Doc a rajouté des points à son palmarès. L’idée sur le moment fut bonne mais ne sera pas reconduite. Seul Jeff sortira du lot, il n'avait pas bien entendu la consigne et s'est débrouillé avec ses cou...
Le fromage du brebis en cœur de loup. L’iraty ou n’ira pas. Cambot ne prend pas de salade quand le fromage est bon.
Le dessert. Une mousse au chocolat fait maison et sa crème chantilly. Les yeux des castors brillent. La régression nous rend bien vivant.
Point de belote. Non, un strip poker. Le vieux quatre était en feu. « Je vais les niquer, je vais les niquer » gloussait-il. « Tu parles à un futur élu de la République » lui asséna Amélie. Le strip partit en couilles. la faute à Gwen qui s’était incrusté. Le vieux quatre en fut pour ses nippes.
Il fallait un ciel à Gwen pour achever sa mise en scène. Et comme il se doigt, il dénicha un ciel sud-africain où les étoiles ressemblaient à des antilopes. Étoiles filantes certes, mais étoiles quand même. Alors, il mit fin à sa composition et d’un index délicat, il suspendit sa création.
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