22 avril 2020

Archiballs en confinement...Un coup de Tcho sur le poulailler d'Amélie

Par Le Barde et Bardibulle



Amélie pensait aux urnes en se rendant à Musard. C’est loin l’automne se disait-il. Rien de tel que de trotter pour me changer les idées. Et puis, ce soir, mes poules me réconforteront, mes petites poules, mes adorables petites poules qui ne se lassent pas de caqueter leur amour. En attendant, je vais profiter de mes petits castors.

Dans sa voiture, au son de la marseillaise, Seb faisait le coq. De temps en temps, il baissait sa vitre, et à la vue d’une jolie fille, il coqueriquait. Il était tout guilleret Seb. La faute au Printemps sans doute. Parfois, il s’arrêtait, et se tournant vers le ciel, il égrenait son chapelet en grains de haricots. La barrière se leva. Il n’y avait pas grand monde. Amélie attendait devant la porte du vestiaire. « Cocorico » chanta Seb en guise de bise. « Cot, cot, cot codet » lui repondit Amélie. Les doux trilles d’un pinson leur parvinrent à l’oreille ; c’était Titi.

Le pré se garnit peu à peu. Croucrou avait pris palmes, masque et tuba. Il tournait autour du pré, dodelinait de la tête. De temps à autre, il expulsait un mince jet d’eau. Pioupiou le suivait à la trace et Sergio arborait une superbe queue plate qui trainassait sur le gazon synthétique. Lolo avait sa raquette qu’il balançait, de-ci, delà, en remuant un peu d’air. Le Prez, impassible, la course droite, son petit Marcel collé au corps, ruisselant, rappelait qu’il était le fils spirituel de Jauzion.

Alors le chant du coq retentit et la partie put commencer.

Le pré reste synthétique. La nature ne se prête plus qu’au plastique. Quel manque de peau ! L’asepsie tape bien pour le coup le spirituel. Les mauvaises pensées s’évadent à chaque foulée. C’est bien là, la magie de notre pré. Amélie a raison de chanter. Les annonces du soir se feront pour ses cocottes. Le COC si loin du RUC pleure sa Casa ! « Ah Si Casa m’était contée… » pleurerait le Doigt. Ras le cul des passes à distance dans une période de confiné. Ce soir les castors retrouveront leur cocotte ou ne se retrouveront pas. Les ailes seront abandonnées. La faute au poulpe et au Doc qui préfèrent le front. Le ballon crée son manque et nécessite l’union.

La barrière est dans le sans contact et se doit d’aménager ses règles. Les gros du coup sont orphelins. Le lien dans leur nature est un combat permanent ! L’avenir est-il dans le verre sans contact. Un comble pour la nature humaine. A s’en mordre la queue de castor. Point de lancement de jeu tout part d’un plan à trois. Gwen est aux commandes et annonce au coup d’envoi un « J’ai » d’affamé, le fameux « j’ai » qui annonce qu’il n’y aura pas de passe, le fameux et irrésistible « J’ai » à la Gwen. « L’implicite est explicite ! » reconnait Piou Piou. Marco et Alban ont dans l’écho un sourire taquin, Yann est aux anges. Ni une, ni deux, tout le monde s’agglutine autour du ballon arrêté. Sur la touche le Vieux 4 et Didier pleurent et regrettent leurs genoux d’antan. Ca les chatouille aussi! L’attrape est en effet sereine, maîtrisée, implacable. L’homme n’a pas bougé, normal c’est Gwen. Il lirait le journal ce serait pareil. La dépêche n’est pour lui que littérature. Une statique bien solide en revanche. Le reste n’est qu’automatisme et quête de contrôle pour les novices. La réponse se résume sur le pré dans l’instantané d’une cocotte. Point de jeu sans une ponte propre. « C’est la poule qui pond l’œuf et non l’inverse » prêche sur le bord Amélie. Sa manière à lui de dire que c’est l’homme qui commande le ballon et non l’inverse. Doc et Poulpe découvrent la joie d’avoir des oreilles entourées d’un sein bandeau. La confusion est belle. L’intérieur du regroupement garde son secret. Point de mots que des onomatopées. Les linguistes trouvent son origine dans les frappes inavouables enfouies dans les méandres de la masse. « On m’a tapé » ne se traduit qu’en PAF, PIF , POUF. Le Barde dans la masse sublime ses vers. A la fin de l’hémistiche il touche. Son dictionnaire trouve dans le « ouille », une couille censée. Sa muse est son jeu. Dans le combat, il chante en bon barde. L’étoffe des hérauts.


Titi avait bien dosé son jeu au pied. L’attraction est reine. De chaque côté seuls les demis aboient les directives. Sergio d’un côté et Mozart en face. Le hic est que la masse fait filtre, ce qui se dit aux extrémités ne se capte pas au centre. « La balle au fond » extérieur devient en traversant la matière humaine un « place un gnon » au centre. Le Barde désespéré arrêta de compter les touchers. Yann supervise nos trois quarts emmêlés comme les autres. « Si le ballon bouge quand tu l’attrapes c’est que ce n’est pas le ballon, encore moins si il parle ! ». Un vrai aiguilleur de la ferraille. A contrario, Marco suce son pouce. Le mélange des packs est un berceau pour lui. Les retrouvailles ont joué une régression impressionnante. Le castor s’est endormi et rêve comme un bébé. Perdigue lui aussi a retrouvé son domaine, la tête dans le tas, et cantonne à capela du Mike Brant « Laisse-moi la mêlée, toute une nuit… », vas-y que je gratte à droite, et vas-y que je tire à gauche, un chai lui sans barrique. Le Tarbais est dans la masse bien amoureux, ça chahute d’un côté, ça penche de l’autre. Titi après sa frappe, sans savoir pourquoi se sent lui aussi bien attiré au milieu des gros. Notre pinson est un beau poulet apparemment. Le Prez s’est mis au-dessus du lot. Il garde de la hauteur. Bien sur son bouclier il se repose sur le tas de castor en lutte. Il s’évertue à garder le ballon dans l’invisible de la cohue. Il balance à l’occasion deux ou trois madeleines de part et d’autres. On ne sait jamais, ils pourraient faire des passes. Dans le combat rien de tel que de jouer groupé. Dès que le ballon trouve la sortie, il y en a toujours un pour sortir une maxime. « Les gars suivez-moi, je pars tout seul ! ». Autant garder le ballon bien au chaud.

Quelle partie mes amis. Un seul toucher compté dans la soirée. Un jeu solide et propre comme on l’aime. Pas d’en avant visible.


En bon frère, le Tcho était de bouffe. Il portait une robe de bure. Si Pépé passa sa jeunesse dans les vapeurs de Woodstock, le Tcho était en cheville avec Dieu et courait les monastères. Frère Tcho avait de petits oiseaux qui becquetaient sur son crâne en bon franciscain. De temps à autre, il montait sur un tabouret pour qu’ils s’ébrouent un peu. Il nous accueillit l’un après l’autre en ouvrant ses bras. « Mes petits, mes chers petits venaient vous rassasier de mes offrandes. » Le vieux quatre traînait un peu la patte. Jacouille était tout de rose vêtu. Sur la table, à défaut de bouteilles, des calices. Et des pommes chips en apéritif comme autant d’hosties.

Coco était un peu hagard. Les monastères ne sont pas sa tasse de thé. Pour le chant passe encore, mais pour le reste. La mine déconfite, il s’assit en bout de table. Et entama un canon sur l’air de frère Tcho. Il lui fallait se mettre à la page. Et le trou ne fut plus qu’un immense et prodigieux chant. Exit les patates et autres chansons monotones. Poulet était aux anges.

Le temple est sacré. Le cuistot tient bien le bout. Pépé sonne la cloche de 22 Heures à table. Du coup, Tcho débute la prière du doigt et annonce le partage. Le croyant quand il est mal dans son ascète se doit de faire communion. Le Tcho ne partage aucune assiette sans l’avoir bénie. Du coup l’horloge tourne. Prof reste dubitatif sur le rite et cherche un vin l’algorithme universel. La formule se doit d’être divine pour rendre son prochain probable. L’entrée sera par conséquent issue du verger d’Eden. Une salade printanière, deux rondelles de tomate et une asperge en son centre. La croyance est si proche de la cuisine moderne. L’art de l’ascète dans son plus simple appareil. L’animisme se veut fleuri pour combler nos fantasmes archaïques. « Mes frères, gardez-vous de l’épectase et restons simplement dans le jouir. Se réunir est un don sacré … (le cuistot lève son assiette à l’horizontale pour ne pas en perdre le contenu). Ceci est mon asperge. Livrée pour vous, prenez et mangez-en tous. » . Lourdes est aux abois et n’ose lever ses yeux. Le moment est saint. Piou Piou à l’autre bout murmure plusieurs « Notre Père ». L’union crée le symbole. Le Tcho dispose la vinaigrette en magnum. L’asperge ne sera pas seule la saison est bien dans la cueillette. Un miracle de la tige. Dudu penche son assiette pour se faire une réserve de vinaigrette et se bat à terminer le plat en vin lui aussi. Comme son Frère, Tcho multiplie les pains, un vrai miracle et transforme l’eau en Sabite. N’est pas messie qui veut. L’homme si prêtre à le croire.


Le plat fut principal. Louanges à toi saint Tcho. Les deux frères sont réunis. Un béret pour deux. Du coup le partage est de mise. La voix du Grand Lolo couvre les débats et fait taire l’assistance pour la suite. Le brouhaha a du bon au trou, mais le silence est de mise quand il faut servir. Noix de Saint-Jacques à la crème et tagliatelles. Le plat est sacré. Le silence est d’or. Les castors ne parlent pas la bouche pleine mais se prêtèrent une fois l’assiette vide à une chanson qui n’existe dans aucun répertoire de tout ecclésiaste. « Mon Tcho tu n’es qu’un Enc… ». Le trou a sa mémoire. Le plat est sacré. Notre Tcho un ange.

Frère Tcho projeta les assiettes d’un geste langoureux. La main du seigneur. Toutes trouvèrent preneurs. Guitou la saisit entre pouce et index. Croucrou avec sa palme droite. Titi avec son bec. « C’est un miracle » dit Jacouille lors que l’obole se déposait sur son béret après avoir tournoyé sous les voûtes du trou.



Le fromage en voie lactée avec la part des anges.

Un dessert, une religieuse. Saint Tcho priez pour nous…

Point de belote. Mais des chants. Encore et toujours, sous la baguette de Coco converti, et avec la guitare de JB en contrepoint, la trompette de Joël et le biniou de l’amiral. Quel chœur superbe. Le vieux quatre tenta en vain une ultime célébration des patates. « Félon, traître, Paillard, impie » dit Tcho à Pioupiou qui s’apprêtait à entamer le père Abraham ». La mine basse, il se rétracta.

Tcho et Pépé franchirent ensemble la porte du trou. Les étoiles scintillaient. Frère Tcho souriait, heureux. Pépé bougonnait. « Tu trouves pas que tu en fais un peu trop » lâcha-t-il à son frère bienheureux. « Pas le moins du monde » lui rétorqua ce dernier.

« Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux comme le clament les Béatitudes mon Pépé ». Et, il regarda le ciel. « Non, trois fois non, l’apocalypse n’est pas pour demain » murmura-t-il. Quant au barde et Lolo, orphelins, ils fredonnaient des mots bleus.

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