13 décembre 2015

Les cuistots de Bouffe, Jacquouille et le Tcho offrent une table présidentielle

Par Le Barde et Réglisse
 
 
Dernier pré de l'année. La nuit est belle. La fin d'automne est douce et nous va bien. Le toucher est plein de grâce. En ces temps moroses, il offre plus qu'un répit : un salut. La passe est une offrande, c'est entendu ; elle est le sel du toucher. Le salut est dans la passe. Donner, après tout, reste ce qu'il y a de mieux en ce bas-monde. Que le cuir soit loué pour être la condition d'un don.

Sergio et Seb étaient encore face à face. Guitou faisait son retour. Les débats furent très équilibrés. Seule La Piballe transgressait l'évidence des faits par une comptabilité factice. Elle est comme ça la Piballe ; on ne la changera pas. Pas de Jean-Phi ! L'automne aurait-il chassé notre hirondelle ? Mais il y avait Don. A défaut d'hirondelle, nous eûmes un martinet. Une affaire de famille en somme. De ciel, si l'on préfère.

Deux anciens présidents étaient des nôtres : Joël et Loulou. Joël qui nous gratifia d'un cadrage débordement d'école. Arnaud les couvait du regard, ceint de son maillot vert qu'il arbore fièrement, comme un gage d'appartenance. Tom était en cannes. Croucrou itou.

Qui eut l'idée saugrenue de passer sur le grand terrain ? N'importe, nous nous amusâmes. Léo en tête. A dire vrai, les vieux tiraient un peu la patte. Adaptons nos périmètres aux exigences de l'âge.

Le trou célébrait ses gloires. Coco et Michel attendaient leurs successeurs. Le Tcho, au chef garni par un chapeau étriqué, et la Jacouille conjuguaient leur talent. Un beau couple. Les deux étaient couverts. Plus l’expérience est grande, plus le port du chapeau est nécessaire. Les blouses brothers de la restauration.

La tête couverte et le couvert mis, la réception est lancée. Le premier arrivage suivit l’appel de Coco. Puis le temps d’une première tournée, vint le gros des troupes. Le gros vint à plusieurs. Les castors ne sont pas gros justes enveloppés dans cette période semi-hivernale. Demi hivernal pour les hommes du bar !. Ils étaient en effet nombreux sur le terrain pour tâter de la beuchigue et tester leur museau à la rigueur de l’hiver. Les prezzes se sont partagés les tâches. Ils suivent leurs hommes sur la pelouse et au trou. Le Prez qui chante le doigt est élu par ses paires, ses compères si vous préférez en un seul mot ! Car l’homme peut se distinguer tant par ses attributs que par les relations qu’il porte à ses hommes. Point de sceptre qui s’hérite. Point de bout qui s’irrite. Mais bien des hommes de tête qui enfin se retrouvent ensemble. La magie est faite, les Prezzes attablés, Jacquot envoie les hostilités. Les trainards du bar resteront sur place. Coco pour sa part a choisi sa place. L’homme a de la voix, les prezzes du corps, la soupe est à la tomate. Tout cela fait de belles paires. Pères d’un groupe. Repères pour les uns, pépère pour les autres. Jacquot est au rendez-vous. Point de don d’ubiquité chez le castor. Mais pour ce repas les Prezzes sont partout.

Dans la famille Escassut, nous avons le père. C’est lui le cuistot de bouffe. Pour sûr, il en connait un rayon, le bougre. La soupe n’est pas en sachet. Elle hume le foyer. La mijote est de mise. Le cœur à offrir du bon à ses castors est ouvert. Le Tcho s’occupe des vermicelles. L’équipe est rôdée. Chacun sa tâche, Jacquouille à la tomate, le Tcho de vermicelle. La patience a des limites pour le conducteur de soirée, Jacquot au coin de son feu porte le tablier du cuisinier, le Tcho celui de pâtissier. Point de tâche de vermicelles sur celui du Tcho mais en même temps entre le tablier du cuisinier, le tablier du pâtissier et le tablier du sapeur, Tcho et Jacquouile le veau bien !

La soupe est bonne. Coco poussa la chansonnette. La voix est posée, l’homme appelle la suite. Elle pose le « La » de la soirée qui sera chantante. Les prezzes se chauffent la voix en reprenant de la soupe. Puis vint les miettes de surimi sur son lit de macédoine. Un chef d’œuvre de présentation, Pépé sortit ses miches pour éponger la suite. La réception est d’honneur et l’ambiance de bonne humeur. C’est à ce moment que la bande des prezzes fumèrent une gitane. Guitou dissimula son cigare. La gitane ne se fume pas au trou, elle se chante. C’est Michel qui lança les hostilités. Félix Gray n’a qu’à bien se tenir. Bernachatte sifflotait le duo des années 80. La chevelure en volume, le piano en avant et la gitane en arrière. Nostalgie quand tu nous tiens… Ce n’est pas la même gitane que Michel nous composa. L’histoire se chante sur un accompagnement en chœur, en canon peut-être, des canons sûrement. Le jazz est dans la voix. Le rythme et la cadence soulevant toutes les vapeurs d’une ambiance d’un bar de nuit. Il manquait le tarlousain pour avoir sa larme à l’œil et pensait à Claude Nougaro. Toulouse à sa saucisse, Claude Nougaro et notre Tarlousain. Tous les trois biens appréciés au trou… Les chants redoublèrent. Puis, chaque président dut satisfaire à son hymne. Ma mère m'a donné cent sous pour Joël, O gitane cruelle pour Coco, la dacquoise pour Joël, la fille du bédouin pour Loulou et, enfin, Mener la vache au taureau pour Arnaud. Un récital achevé par notre Haka, je veux parler du Doigt comme il se doit. Fin des préliminaires. La communion fut totale.

Quand Michel envoie la Gitane, Guitou lâche le cigare. Le trou attendait depuis longtemps cette sonate pour libérer sa mémoire. Attention « un Prez peut en cacher un autre », le panda aime le groove de son prédécesseur mais la magie nécessite une suite. Quoi de mieux que la magie d’une autre douceur féminine. Elle sera numide et fille de bédouin. C’est moins Jazzy, mais le prez Panda a de la voix, le mmmmmmmmmm subliment les « n » actuels. Comme quoi le bonheur est aussi simple qu’une chanson d’amour. Le panda tient le trou par le bambou s’exclama Jeff. Jeune stagiaire au regard rêveur devant tant d’histoires qui s’enchainent et se chantent. Joël en eu même la banane. Il est architecte fruitier ! Quand les prezzes sont heureux ils sortent leur banane. Point d’esprit mal placé au trou, la banane est un art. Mélange de serviettes et de miches, seuls les amateurs sauront apprécier l’offrande. Le panda admira mais préféra son bambou. C’est à ce moment que le Prez avec une majuscule puisqu’il a la tasse du Prez sortit aussi son appendice. Point de sceptre pour l’actuel mais une tasse à son nom. Le doigt est magique il fait tourner la tête et la langue. Et voilà le trou en mouvement !

Tout trou en ébullition a un doigt qui s’agite. Les castors sont en osmose. La symbiose entre les hommes et le castor est simple comme un doigt en avant. Guitou sortit son cigare. Il aime le trou. Et le trou l’aime. Il gratta son allumette, regarda la troupe, les yeux malicieux et brillant, aspira la première bouffée. La havane remplit sa gorge, le doigt le trou. Il aime, lui aussi qu’un plan se déroule sans accrocs ! Le bonheur est là… Jacquouille lâcha sa tambouille pour profiter de tout ça. Le Tcho notait pour Pépé le déroulement de la soirée. Il en a en stock l’homme au béret, un coup de main n’est pas de trop pour mettre tout ça en mémoire. Point de bonheur sans nostalgie. Joël en retrait sentait le vent tourner. A défaut de trompette, il poussa une chansonnette. Un prez du Sud Ouest ne peut chanter sans sa Dacquoise. Les paroles sont douces, l’homme les caresse. La magie du Sud Ouest est là. Serge est de Lourdes, le Tarbais de je ne sais où, mais Joël a bien son cœur dans les Landes. Guitou tira sur son bout, l’extase ! Jacquouille avait tout préparé, Coco, les Prezzes, la troupe, et le civet de cerfs. Le tcho amena les pâtes. Les vermicelles sont de la famille des pâtes. Le mélange nous ramena au monde animal. Le sacrifice du cerf est un hymne à l’explosion des sens. La table réclama du Sabite. Comme quoi le Sabite se boit, les prezzes chantent, les cuistots de bouffe dans la constance de leur art de nous rendre heureux, tout se concentre pour que le trou soit comblé ! Le Tcho, dans la magie des Prezzes s’envola léger comme ses chants d’oiseaux. Les cuistots font vraiment de belles paires…

Lorsque le Tcho eut saisi les assiettes, on craignit le pire. Et le pire fut à deux doigts d'advenir. Chacun sut s'adapter à son lancer chaotique. Pas d'apocalypse. Le Tcho a l'assiette molle et le poignet hésitant. Mais il parvint à ses fins. A de rares exceptions près. Sous l'œil circonspect de Coco qui jeta un regard sévère à Lolo lorsqu'il laissa choir, par jeu, l'ustensile que l'on dit à dessert. Lolo, bon enfant, avoua sa faute. Et son sourire était déjà une rédemption. "Va mon fils" lui murmura Coco tendrement.

De petits chèvres chauds étaient disposés sur un lit de roquette et furent servis par notre Don. Coco vanta les mérites de la roquette. Pourquoi diable avoir attendu tant d'années pour rétablir cette salade dans ses vertus ? Les Anciens lui prêtaient ainsi des vertus aphrodisiaques. Les premiers chants s'élevèrent. Comme des préliminaires. Que du traditionnel. En basque, en béarnais et dans la langue de Racine. Rien de tel pour attendre la floraison de desserts qui nous fut offerte. Quelle diversité ! Et de la diversité faite main. Chacun y trouvait son compte. Surtout Pascal. On eût dit un enfant. Il piochait avec avidité dans le plat offert à sa convoitise. Par petites touches. A la dérobée. Cake, gâteau à la semoule... il y en avait pour tous les goûts.
L'humeur était joyeuse. Le trou était bel et bien l'antre de notre petite bande, l'âtre, le foyer. Même si, sans JB, il est un peu vide. Nous pensions à lui et à sa très douce.

Repus comme jamais, ivres d'amitié, nous nous éparpillâmes dans la nuit, comme autant de petites étoiles.

Aucun commentaire: