Ça trotte, ça galope, ça vit sur le pré. Avec Serge et Seb en figures de proue. Et Walid toujours plus vif sur cette aile trop longtemps orpheline. La jeunesse était abondante. L'automne est si printanier aux archi. Dudu sans Hamilton donnait le la. Le talon d'Achille d'Hamilton fait des siennes. Pas de pré pour l'amoureux de la chambre claire. Son talon sonne un hallali que l'on souhaite provisoire. Il nous reviendra avant le temps des lilas, et, peut-être, du mimosa.
Croucrou, ceint d'un maillot de l'UBB, fut alerte et altruiste. Titi impérial. Et notre hirondelle de Jean-Phi allait ses courses latérales sur un pré converti en ciel. On dit à tort que les hirondelles ne font pas le printemps. Il n'y a que les sots pour voir l'hiver à leurs portes. Avec Jean-Phi, le printemps est de toute éternité.
Il y eut assez peu de commentaires. Il flottait comme un parfum de tolérance. Le jeu l'emportait sur la règle. L'esprit des lois ne vaut que par la liberté qu'il accorde au beau. Jeff filait de temps à autre vers cette terre promise qui ne tient qu'à un rectangle. Le paradis est peu de choses. Un arpent d'herbes. C'est toute la grâce du rugby.
Deux invités étaient des nôtres. Le castor est accueillant. Son identité tient dans cette ouverture à l'autre, sa répugnance au repli. Le castor est hospitalier. Il ne manquait que JB. Sans JB le pré, comme le presbytère, manque beaucoup de son charme. Il mène d'autres combats notre Mozart et l'on est de tout cœur avec lui.
Au trou, un parfum de couscous distillait ses arômes. Yannick Pacha prenait les destinées du repas en mains. Le grand Tom était là, se souvenant du Yannick encore adolescent, timide et secret. Il fut le témoin de ses métamorphoses. Nous en recueillons les fruits.
Le cuistot est costaud. Il est comme Popeye, amateur d’épinards. Et le marin bodybuildé ne sort jamais sans son olive. L’homme en impose et question olive, il dispose. Les noires, les vertes, les pimentés, les fourrées, bref le bar est conquis par tous ces fruits qui sentent bon la Méditerranée. L’olive n’est pas une pastèque. Cependant sa multiplicité satisfait tous les palais assoiffés. L’étalage est coloré et se prête à merveille aux éclats de nos boissons houblonnées. L’ambiance est chaude. Les olives sont de sorties. Le cuistot est un homme de doigté. Les points de tensions trépassent quand il tâte le bout de son olive. Les cahuètes cette fois-ci respirent, les chips ne sont pas sorties de leur poche. C’est ainsi, le Maroc se découvre dans l’olive. Les taquineurs de la balle étaient bien nombreux sur le gazon et bien tout autant pour le plaisir du trou. La table est comblée et le bar retrouva ses mangeurs. Parfois quelques olives suffisent à faire bouger les troupes. On aligne de nouvelles assiettes, on vide le dernier verre pour passer au ballon. L’ovalie est de sortie, la terre est ronde comme une olive. Tout le monde le sait !
La grappe au Maroc est respectée, du rouge, du rosé au gris, tout se lie aux ferments. Le château proposé n’est pas du Boulaouane, ni de la sidi ali (contrex du pays) mais toujours notre Calife du raisin, du Sidi Sabite.
L’ambiance est bien du Sud, les vieux près du Nord, les affamés à table et les retardataires au bar. Le service se fera par conséquent sur deux tableaux. L’entrée est une salade de tomate. Simple mais puissante. La découpe est virile, mais n’est rien face au plaisir féminin offert par la coriandre. L’oignon pique et rafraichit l’ambiance de la salade. Cette balance du rouge, du vert, du blanc s’évapore en mirages d’orient. La nostalgie est là, la tomate n’est plus tomate, elle est Volubilis. Fès n’est vraiment pas loin. Pépé repositionna son béret. La chaleur d’orient mériterait le chèche. La boutique baissa les yeux. Le béret hésite, l’homme bleu du dessert ne peut se découvrir à l’entrée. Le béret lutte, hésite, le combat est intense. Il tiendra néanmoins jusqu’au couscous.
L’annonce était faite en semaine. Comme au baseball, le batteur à la base pointant de sa batte la satellisation de la balle, Yannick à pointer son objectif, l’harissa sera et le couscous nous décoiffera. La métaphore est américaine, mais nous le répétons bien assez le cuistot a voyagé. Le plat est magnifique, une montagne de délices mijotés, de moutons et de poulets transformés, de légumes noircis et épicés de la carotte au chou, le navet d’un sombre nacré, les raisins et tout l’attirail nécessaire pour camoufler la semoule. La quantité et la montagne sont telles que la semoule à sa base n’est accessible qu’après une périlleuse perforation. Comment casser le tableau sans blesser la merguez ? Le chef sort sa toque pour se couvrir d’un fez marin et sa queue de sirène. Walid amateur en jeu de mot, souffla à demi-mots que tout le folklore c’est pour nous mettre l’eau à la tarbouch… Les youyouyous sont de sortis, l’exploit est accompli. L’homme est bien capable du sbib comme du meilleur répondit le poulpe présidentiel. Le hic est dans la semoule qui n’a pas supporté la pression de toutes ces victuailles. Mais bon, dans le couscous de yannick tout est bon et bien à volonté. Le monde est conquis. Les charmes s’opèrent. Le cuistot en profita pour motiver les troupes, l’expédition se dessine. Le porteur d’eau, le fez virevoltant pour réchauffer les cervicales des archis joueurs. Les ballades sont encore à négocier dans les souks de casa du COC au RUC, le rugby a ses attaches. Le tournoi est annoncé ! il se fera sans mais, et bien en Mai. La fantasia culinaire est explosive. Les coups tirés sont multiples et résonnent dans l’unique. L’œuvre était bien ambitieuse. L’homme ne sera pas celui qui patauge dans la semoule. L’inverse ne coopère pas.
Pépé contemple et jalouse le fez du patron de soirée. Le Fez est au pacha ce que le béret est à Pépé. Titi la tête découverte pense aux chèches égarés. N’est pas couvert qui veut !
C'est peu dire que le lancer d'assiettes fut d'excellence. Yannick Pacha menaça de les expédier les yeux recouverts d'un bandeau. Il n'en fut rien. Et à de très rares exceptions près, les assiettes atteignirent leur cible. Pour la plus grande satisfaction de Pépé, dont le puîné avait subi les foudres d'un coupeur de cheveux en quatre. Plus de mèches rebelles. La Jacouille était sage. Et la Fée se régalait comme un enfant de son trou retrouvé.
Le fromage ne fut qu'une douce formalité. Une concession occidentale à un dîner tout en orient. Un mélange civilisationnel. Tout repas est l'aveu d'une philosophie. Yannick, en bon disciple de Montaigne, est un homme mêlé. Le traditionnel Tiens voilà du fromage précéda nos bouches gourmandes, encore émues par un couscous de si bon aloi.
Retour à l'Orient avec une panoplie de desserts marocains. Que du bon, du fin, du délicat. Surtout ces tranches d'oranges parfumées à la cannelle. Un régal. Cette fraîcheur était la bienvenue. Cornes de gazelle, ghoribas, makrouts et j'en passe. Le bon docteur eût aimé cette prodigalité pâtissière. Yannick est généreux, l'abondance dont il fit montre en témoigne. La Piballe était ravie. Amélie aussi. Toute l'assemblée communiait dans la profusion des mets d'un soir. Que Yannick Pacha trouve, ici, notre infinie reconnaissance.
Un crachin d'automne dispensait ses gouttes malignes sur le bitume. La rue était calme, si calme. La Piballe prit le chemin du retour le cœur léger et le ventre lourd. Et de rêver d'un jour comme un oiseau sur la plus haute branche. Mon barde, me dit-il, la vie est belle. Nul ne nous volera notre insouciance. Et de lever les yeux au ciel, mesurant notre chance d'être.
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