10 septembre 2015

Il n’y a pas d’horloge sans horloger comme de tradition sans Amélie…

Par Le Barde et Réglisse


C'est la rentrée sur le pré. Foin des boules et vive la béchigue.
Sous un soleil d'été, ils étaient dix-huit. La relève l'emportait en nombre. Si l'on excepte Hamilton, Cary Grant, la Piballe et moi-m'aime. La partie fut équilibrée. Sept à sept au final. Aux biscouettes de Seb et Serge répondaient les cannes de Jeff et de Tom dont le beau-père s'était invité dans l'équipe adverse. Quelques ballons tombèrent. L'automne est imminent et les vendanges proches. Rien que de très normal. Ça râlait un peu mais pas trop. Il est vrai que Dudu n'était pas des nôtres. Gwen affichait une forme de jeune homme mais désespérait ses partenaires par son peu de goût pour la passe. Gwen n'aime pas le toucher. Il ne connaît que les rigueurs du combat. JB n'était pas là et nous manquait. Mais JB n'a pas besoin d'être parmi nous pour être là. Le corps las, humide, les castors rejoignirent les douches.

Comme chaque saison, Amélie entamait les tours de bouffe. Les rites ont la vie dure chez les castors. Et c'est bien.

Notre cuistot du soir, n’est plus un poulain dans sa réception. Nous parlons dès lors de Tradition. L’Amélie met l’eau dans la carafe et boit le vin de Sabite. A ne pas confondre dans le coin des ainés avec un magnum qui a pour ambition d’offrir une seconde chance aux vins délaissés. C’est notre Jacquot qui tape cette transformation. Il en fallait peu malgré tout pour accompagner et assaisonner l’entame culinaire. Les couleurs rouges des tomates donnant le thon pour la suite. La chaleur de l’été se prolonge encore à travers ces plats dont nous n’allons pas faire toute une salade. L’été est dans le fruit ce que le gibier est dans l’automne, c'est-à-dire une métaphore en bouche du temps qui se saisonne et qui s’assaisonne ! Le chef de table ceci faisant proposa ces rillettes de faisan. Il les a faits dans un autre temps, passé celui-ci en anticipant nos réactions futures, de quoi faire retourner tout phénoménologue dans l’interprétation subjective est complexe de temps castorien. Le faisan évoque pour certain un souvenir fameux en Ecosse qui deviendra peut être futur dans notre trou mis en fête pour la coupe du monde à venir. Certains castors savent en effet imiter le gallinacé dans des postures qui sublime la queue plate en parfaite parade anglaise. Bref, le faisan est apprécié par le castor. Dans sa plume et dans sa chair, « Une blonde confiture de faisan » se passait de mains en mains pour s’étaler sur des bouts de pain et terminer leur course dans notre palais émoustillé. Le Sabite en bouche ouvrait par association tout une gamme de plaisir et de paroles pour vénérer le raisin vinifié et le faisan sacrifié.
 
 
Le temps du porc en ces rodomontades sur les menus scolaires était bienvenu. D'autant qu'il était accompagné de petites carottes et de petit pois mitonnés avec de tendres lardons. Le rôti était fondant à souhait. Délaissant le Hauchat de Jean-Phi, Seb l'accompagna d'un gros plan nantais sous l'œil circonspect de Serge. Le gros plan, d'ordinaire, taquine davantage le boulot que le porc. Seb, il se branle de l'ordinaire. A ses yeux, c'est un cliché. Le monde est ce que l'on en fait. Et surtout pas ce que l'on nous demande d'en faire. Pioupiou ne disait mots avant que d'entonner son refrain préféré : "Mais mais non ce n'est pas une chanson monotone". Avec la complicité de Cary Grant. Le refrain étant exclusif de la chanson, une antienne sans fin répétée, l'agacement nous gagnait. Et Titi de répondre par :"Mais si mais c'est une chanson monotone". Il ne manquait que Guitou pour remettre un peu d'ordre et rappelait les douceurs langoureuses de la fin de l'été. Regis suppléait Tcho en face de Pépé. L'intergénérationnel, c'est son lot quotidien.

Amélie prenait son temps en cuisine aux grandes dames de nos convives. Les castors sont horlogers et ont le rythme dans la peau. Ce n’est pas pour rien que la chanson est monotone. Une fois la cadence lancée, chacun s’associa à créer une table heureuse en chanson. Le titi buvait et chantait en canon. JP cherchait les aigus dans les verres et les assiettes. Et Gwen jouait les chaises musicales, le tout faisant une chanson monotone, dans l’apothéose d’un air de retrouvaille. Il parait que les hommes chantent quand ils sont heureux. La chanson de PiouPiou en prit du coup un relief majestueux. Tous les acteurs de la soirée transformèrent cette cacophonie répétée en véritable symphonie du bonheur. PiouPiou est à la table des Archis ce que Mozart est à la musique classique c'est-à-dire un véritable transformateur électrique !

Le temps des assiettes est compté pour cette reprise. Nous repartons à zéro, il est vrai qu’il n’est pas bon d’être assiette à dessert au trou. Amélie pris ces dispositions, la première toujours par tradition fut sacrifiée. Point de pression pour l’homme de réception. S’il faut en casser une, ce sera la première. L’homme a confiance en son lancer. Ce sera la seule qui ne trouva pas sa cible humaine ou ses mains de délivrance. Il n’y a pas de divin sans sacrifice. L’homme ne le sait que trop bien. Il n’y a pas eu d’hécatombe juste une assiette qui tombe. Jacquot apprécia ce geste, ses prières entendues et Pépé avait le sourire. L’homme d’expérience prit son béret pour saluer la technique et la dextérité de ses compagnons de table. Le lancer applaudi, le fromage aplati, la messe est dite.

Pour dessert un crumble voluptueux, confectionné par les mains expertes d'Isa et Cathy. Serge le déclara écossais. J'émis un doute. Au mieux, il était béglais et, dans tous les cas, excellent. Une belle idée d'Amélie et une parfaite entrée en matière conclue par quelques verres de Get.

"Hercule ne s'est pas fait en une seule nuit" dit Pioupiou, qui sait son Ménandre sur le bout des doigts. Et d'entamer une marche virile sous le ciel étoilé.

Aucun commentaire: