Par Le Barde
Guitou, il pourrait jouer au rugby avec une paire de converse. Parce que Guitou, il est béni des dieux. Quel rapport y-a-t-il entre une paire de converse et les dieux. Aucun sinon le pré et Guitou. Car Guitou, c’est un miracle. Un miracle à converse, ce n’est déjà pas ordinaire. Si d’aventure, il les arbore sur le pré, cela tient d’un tableau de Max Ernst. Donc Guitou, c’est un tableau de Max Ernst béni des dieux.
« Tu es bien fatigué mon barde me murmure le toulousain. Je ne comprends rien à ta prose. Est-ce Guitou qui guide tes guirlandes de mots de la sorte ? » Et bien oui, Guitou, c’est ma muse, ma guitoune à voyelles et consones. Par lui, avec lui et en lui, l’on cesse d’avoir les mains dans le guidon et l’on tutoie les sommets. « On m’a dit que Guitou, il n’en avait rien à branler des sommets et que son truc à lui, c’était la plage » chuchote Lolo de sa voix fluette. Je lui donnerai raison si je n’ajoutai que Guitou lorsqu’il chante la fin de l’été sur la plage, il atteint des sommets. » Guitou, c’est un rossignol portant converse. De toute manière, Guitou, il a passé une large partie de sa vie à tutoyer les cieux, c’est-à-dire à dépasser les sommets. » « Mais ils sont assommants tes sommets de sansonnet » me lance Stéphane. Je te somme de sonner en sonnet ». Guitou n’étant pas Laure, je ne le puis.
« Sais-tu me souffle Dudu que les Converse ne sont pas vraiment le type de chaussures qui conviennent au jeu de Guitou. Lorsqu’il taquinait le pré à Lectoure, Sainte-Germaine, les mauvaises langues prétendent qu’il chaussait large ». Balivernes, peccadilles, billevesées ! Et puis, peu me chaut qu’il ait chaussé à chaud Guitou. Je sais que c’était par justice. Mais je suis sûr que ce ne sont que de pieux mensonges. Il n’est qu’à le voir à Musard, le soir, pour bouter hors ces propos de malotrus. Il y a de l’argentin dans sa manière de chalouper, de défier les géométries les plus strictes. Ses passes sont autant de guipures qui rendent guimauves celles de ses alter ego. Il n’y a guère que jean-Bernard…
Mais revenons-en à l’actualité immédiate. Hier soir, à Musard, nous étions certes orphelins mais nous jouâmes quand même et plutôt bien. Il y eut bien quelques ballons tombés ça et là comme des grappes de jonquilles. N’empêche, les essais furent de bonne facture et le fruit de longues séances de passes. Et il y eut peu de rodomontades, de coups de gueule. Toto était de retour et transperça à plusieurs reprises le rideau averse il est vrai bien lâche. Tous attendaient de rejoindre le trou où Guitou officiait.
Guitou aime le pâté. En abondance. Il nous en offrit plus que de raison. Nous étions pourtant quarante-six. Il aime aussi l’endive mâtinée de pommes et de noix. Elle était la bienvenue. Mais Guitou, c’est surtout le roi de la daube. Elle marinait depuis lundi. Il s’inquiétait pourtant de l’humeur de nos palais. Bien à tort. L’assemblée roucoula de plaisir. Et les petites pommes de terre n’étaient pas superflues. Question lancer d’assiettes, Guitou, assure. Les rares débris étaient dus à la maladresse de certains. Quant au fromage, rien à dire. Parfaits. On a beau dire, un vrai brie, ça a de la gueule. Enfin vint le dessert. Chocolat ou je ne sais quoi. Quel est le nom de ce gâteau qui régala les papilles d’Amélie. Un mélange de chou et de crème. Nickel. Le cigare au bout de la lippe, Guitou était aux anges. Et nous d’entonner quand vient la fin de l’été dans un interminable murmure. Guitou, on l’aime. Et il le mérite bien.
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