27 mars 2015

Un déjà vu printanier : le Guitou à son zénith…

Par Réglisse et Le Barde

 
Il sentait bon le déjà vu sur le bord du pré des écoliers. Les mélanges des sens, par ses silences invisibles, ses goûts multicolores, ses senteurs équilibrées de cette période printanière sont propices au changement et interfèrent à l’occasion avec la magie de nos attentes de joueurs. L’interprétation en psychanalyse Castorienne est un temps subtil de lâcher prise entre l’inconscient porteur de balle et l’inconscient non porteur de balle. La catharsis nécessite un cadre défini et immuable dans sa nostalgie libératrice. Le tapis vert parait suffisant et nécessite pourtant des limites dans ses lignes blanches. L’absence du divan est symbolique. Pourquoi s’allonger alors que l’on peut toujours courir. Les hommes s’entretiennent et le cadre s’entretient. Les habitudes sont pourtant bien prises et bien appréciées. Mais comme toutes habitudes elles ne se pensent plus. La routine rugbystique s’oppose à la routourne footballistique. Pourquoi revenir au début de toute chose lorsque la question du devenir s’interroge. Le sens est toujours de la partie, le déjà-vu aussi. Le déplacement quand le conflit se prononce est de rigueur. L’œil devient nez, l’oreille bouche et les jambes mains. C’est le corps du castor qui parle. Il se retrouve en effet dans ce déplacement subtil et la confusion de nos capteurs d’espace. Le mélange de l’olfactif et du visuel en témoigne. Le déjà vu sur le bord s’est fait une nouvelle fois dans l’attente des clés, un rituel immuable depuis que nos membres joueurs ont investit comme il se doit cette aire magique de nos foulées héritées et irritées dans l’ovalie. Pied de nez aux sens du temps qui court sans rhumatisme. Le déplacement est un mécanisme de défense du moi en psychanalyse qui s’inspire toujours dans cette confusion de sens. Le déplacement en psychologie évoque de même le mouvement et sur le terrain il en existe toujours. Les archis transforment en effet la ballistique en plaisir, la rhétorique en ballistique et la boucle est bouclée. Du déjà vu par excellence. La répétition en effet se vit, se revit sur ces lieux du jeu. C’est pourtant si familier et si étranger à la fois. Tout plaisir s’apprécie car nous savons qu’il peut durer dans l’éphémère et disparaitre dans son éternité. Tant que le déplacement se joue sur l’aire d’un parfum d’école tout va.

Point de déjà-vu pour Guitou puisqu’il est de bouffe ce soir, pour déplacer le saint homme, Guitou se met ce soir en cuisine. Point de bonne équipe sans Guitou. Puisque la bonne équipe c’est la sienne. Dans l’art du déplacement, notre sélectionneur est exigent et ce soir les équipes seront toutes les deux bonnes. Un point sans Guitou c’est tout !

Notre Prez a fait lui en revanche le déplacement. Son jeu est dans le mouvement et dans la réflexion. Ses courses s’éclipsent (clin d’oeil au soleil de ce mois guerrier), s’accélèrent, et transpercent par ses contre pieds les lignes défensives désespérées. Nous eûmes la spéciale du bloggeur, qui conforte de même ma théorie de la soirée du déjà vu. Il la place en permanence dans l’imprévu. Un régal pour les yeux. J’ai le sentiment que l’hiver n’est pas loin puisque les hauteurs de notre équipe ont gardé leur bonnet. Les fameux petits gros non susceptibles et qui courent vite et qui ne sont pas gros n’en déplaisent à certains, n’en portent pas puisqu’ils profitent de la chaleur du sol. Les grands de la soirée au nombre de deux portaient bonnets. Jean Phi ne porte pas de bonnet il se situe entre les petits et les grands en revanche son déjà vu s’est porté sur la synchronisation des jambes en course et des bras en réception. Il se rapproche peu à peu de l’extase, celle de courir après avoir attrapé la balle. L’énergie sur l’instant est impressionnante puisque la gonfle ne la ramène pas ni le joueur d’en face. Un neuf contre neuf, un huit contre huit, un sept contre… tout le monde à la douche. Les essais sont déjà égarés dans nos pensées de ripailles.

Au trou, Guitou mitonnait. Quand Guitou mitonne, il rayonne. Guitou, il rayonne un peu partout ; c'est même à ça qu'on le reconnaît.
À peine avais-je descendu l'escalier qu'il me harponnait précautionneusement pour me faire goûter sa daube. Sur sa daube, je reviendrai plus tard. Car il faut une entrée en toutes choses. En la matière, Guitou nous la joua fraîcheur. La fraîcheur : quelques carottes finement taillées, de petits bouts de chou-fleurs et de menues tomates en grappes. Avec ce qu'il faut de sauce pour tremper les légumes. En rajoutant la tarte aux poireaux et la salade verte, vous aviez un bouquet. C'était léger et craquant, comme Guitou (pour le côté craquant pas le léger : Guitou est tout sauf léger. Non pas qu'il soit lourd. Bien au contraire, il est délicat et la délicatesse n'est en rien légère : c'est une certaine façon d'aborder le monde, avec un large sourire, et beaucoup d'attention.

Arborant un sourire d'enfant, Guitou apporta sa daube. Une daube de rêve. Il craignait à tort d'avoir été chiche. Il y en eut pour tout le monde et il y avait beaucoup de monde. Bien entendu, la daube était accompagnée de pommes de terre. Une daube parfaite que Bernard (Palanquès) apprécia à sa juste valeur. Le Général et Lolo itou. La Jacouille ne put s'empêcher d'avoir un trait d'esprit : "Putain, Guitou, ta daube, c'est pas de la daube", sous l'œil navré de La Piballe. Comme je l'avais déjà évoqué dans un lointain blog : le mot daube qualifie ce qui est de piètre qualité. Il semble qu'il y ait eu confusion phonétique (paronyme) entre la daube et l'adobe dans l'origine du terme argotique : "cette maison est de la daube" pour "c'est de l'adobe". L'adobe étant un mot arabe et berbère, assimilé en espagnol, désignant des briques de terre crue séchée au soleil. Une construction en adobe est de mauvaise qualité. En anglais, a daub peut signifier une peinture de mauvaise qualité, faite grossièrement et to daub signifie barbouiller. Ce mot vient en fait du vieux français dauber (latin dealbare) qui signifie "enduire de chaux"[5]. L'origine de l'expression "c'est de la daube" est peut-être là ...

Il y avait du Saby rouge et du Saby rosé, mais aussi un château Blaignan (Haut-Médoc) et un vin assez étrange du Languedoc mêlant grenache et syrah. Au trou on mêle les êtres et les vins. Même si les vins de Jean-Phi ont notre faveur. Et qu'ils l'emporteront toujours. Les vins de Jean-Phi, c'est Chopin et de Falla réunis.

Le lancer d'assiettes fut juste et précis. Sans fioritures. Le fromage : brie et gruyère. Quant au dessert une variété de clafoutis, tous onctueux. Alors Guitou entonna Quand vient la fin de l'été. C'était de circonstance puisque nous sommes au début du printemps. Et que le printemps est toujours la promesse d'un été, fut-il finissant. Le début du printemps qui, le 24 mars, correspond aux anniversaires du Tarbais, de Titi et Dominique. Le champagne coula à flot sous œil énamouré du Libanais et du Préside. Le trou est notre bulle.

Guitou avait bien fait les choses. La nuit pouvait être grise et pluvieuse, nous étions bien. Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est bien, on est bien. Ce 24 mars, nous étions bien. Par la grâce de Guitou. Notre gersois a du cœur, c'est tout sauf une surprise.

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