L’énigme des clés des vestiaires s’est résolue comme par magie dans le changement d’heure d’été. Les portes s’ouvrent plus facilement à la lumière du jour. De leur côté, les castors n’hibernent plus depuis belles lurettes. Le printemps dans son dernier dimanche de Mars s’évertue à réchauffer la nature. Pendant ce temps, l’homme n’a de cesse de contrôler le temps. Il échappe à la nature des choses par un remaniement calendaire pour un souci d’économie énergétique. Nous perdons une heure dans les fuseaux internes d’une biologie nycthémérale. En revanche nous gagnons du temps pour assouvir les plaisirs d’une soirée qui dure. Les amateurs de la lune n’auront qu’à bien se tenir. Même si Domi se débrouille à prendre un coup de satellite. Sa technique du bronzage laisse à désirer. Les indices trompeurs de protection sont mesurés par rapport à l’exposition au soleil et non à l’ivresse de la nuit. Dans la quête de l’heure perdue, Domi cherche encore.
L’heure ne se compte plus à l’ombre du soleil. Elle se civilise et par conséquent s’économise. Le castor curieux n’est pas dupe. Le passage dans l’instant à une heure décalée, mobilise toute une synchronisation des paramètres spatio-temporels indispensable aux mouvements rugbystiques. La passe s’ajuste en effet dans une symbiose éphémère de deux solides en mouvement coordonnant vitesse et masse provoquant une énergie dans un carré limité. Même les petits gros sont sujets à cette loi. L’avantage c’est qu’ils ont moins de matière à contrôler et par conséquent sont plus rapides à l’adaptation. Les dinosaures sont la preuve non vivante de mes propos ! La différence s’est faite dans les prises d’intervalle et les essais marqués. Les gros et les petits gros ont facilement déboussolé les lignes non synchronisées adverses. La fée marqua son essai. Même s’il n’est pas gros lui aussi ! En revanche, l’accélération et le temps de chauffe évanouis dans l’heure d’été, furent fatals à notre marqueur.
Les trajectoires sont à coordonner avec le lancer et la réception potentielle de la balle dans une synchronisation millimétrique. Ses paramètres sont réajustés en permanence dans nos courses dans un équilibre parfait temps et espace, le tout dans l’absence d’une heure de notre temps collectif, évaporée dans les limbes maintenant centenaires d’une mesure d’homme du temps qui passe. Toutes ces heures perdues tout compte fait, font maintenant des jours. Tout ça pour dire que la synchronisation, dans le pré des écoliers crée des décalages. Les ballons perdus sont du coup perdus pour les uns et pas pour les autres. « Un ballon qui se perd est un essai qui se transforme ». Lavoisier l’aurait bien faite celle là si la révolution ne lui avait pas pris la tête. Pour rappel, cet homme des sciences prenait plaisir à compter fleurettes et constances de la matière avec Benjamin Franklin. Leurs réflexions d’antan dans l’idée de contrôler la mesure du temps pointaient sans le savoir la temporalité ovalistique et technique des castors en herbe. Nous rappelons que le castor mesure son temps en ballon perdu lorsqu’il est en mauvaise passe.
Nous étions une bonne vingtaine à ne pas perdre notre temps ce mardi soir. Nous avions en effet une heure à rattraper dans le programme sportif bien chargé de Peyo. Le cuistot du soir était présent sur le pré comme s’il n’avait pas de temps à perdre, ou bien comme s’il possédait le don d’ubiquité lui permettant d’être au four et au moulin. Certains l’aperçurent au début des joutes pour tâter la balle. Mythe ou réalité. J’ai le bref souvenir d’avoir vu un Sabite de bouffe puis de l’avoir perdu de vue. Jean Bernard a de même perdu quelque chose. Un je ne sais quoi d’inattendu, d’impensable dans un autre temps mais si présent dans l’actuel des événements. Le temps avec toutes ces heures perdues a pour conséquence de bousculer les conventions qui nous gouvernent. L’art appartient aux hommes d’expérience, l’intervalle aux opportunistes entre les deux, c’est du vent. Mozart portera dorénavant une écharpe. C’est un moment rare et exceptionnel. L’hypothèse que JB soit resté encore à l’heure d’hiver n’est pas à exclure d’où l’importance de l’écharpe. Guitou est resté dans ses habitudes et sélectionna une nouvelle fois son équipe du soir qu’il quitta en la faveur d’un score dominant. Point d’heure perdue pour Guitou et de ballons perdus. Il s’en alla sifflotant « quand vient l’heure de l’été.... » Apparemment le changement d’heure est pour lui un terrain conquis et il garde par conséquent un temps d’avance.
Le temps de se doucher, de remettre les pendules à l’heure et c’est la direction du trou.
Jean-Philippe, il était donc au four et au moulin. Le four, c'est normal puisqu'il était de bouffe. Le moulin, un peu moins si l'on veut bien considérer que c'est le pré. Il a quelque chose du Quichotte Jean-Phi.
La soupe au potiron qu'il proposa en prémice était onctueuse. Jean-Phi est un adepte du potiron quand le printemps commence. D'ordinaire, le potiron est hivernal. Mais Jean-Phi, il s'en branle. Le potiron est toujours de saison avec JeanPhi. Printemps comme automne. Été comme hiver. D'ailleurs Guitou apprécie le potiron. Été comme hiver. Certes, l'amour et le potiron n'ont que de lointaines proximités et il est vain de charmer avec une citrouille. Fût-elle grosse. N'importe, quand vient la fin de l'été, le potiron peut aussi être de sortie. Avec un peu de crème fraîche, de minuscules croûtons et de la poudre à faire grimper la vieille.
Attention, il ne faut pas confondre les potirons et les citrouilles qui appartiennent à deux espèces différentes. Dans le langage courant, le terme de citrouille (courge de l'espèce Cucurbita pepo et de la sous-espèce Cucurbita pepo ssp. pepo) est plus ou moins synonyme de potiron (courge de l'espèce Cucurbita maxima). Ce sont tous deux des cucurbitacées, autrement dit, des courges.tout est affaire de courges en quelque sorte.
Il y avait aussi de la terrine de sanglier. Mais des goujats privèrent nombre des nôtres de ses saveurs. Il est vrai que Jean-Phi fut parcimonieux sur la terrine. Comme pour mieux attiser nos désirs de suite.
La suite fut royale. Jean-Phi nous offrit son traditionnel gigot de sanglier. Une pure merveille. Avec Jean-Phi, les sangliers ont de la grâce. Cela veut dire qu'ils ont peu de graisse. Le fruit d'un élevage familial de haute tenue. Prenez quelques sangliers. Ceignez le pré de clôtures électriques et le tour est joué. Chez Jean-Phi, il y a une éthique du sanglier. Les haricots verts et les pommes de terre étaient presque anecdotiques. Mais de bonne facture cependant. Juste ce qu'il faut. Ajoutée à cela du Rince Dents 2011 et le tour était joué.
Il faut l'avouer, le lancer d'assiettes suscita des craintes légitimes. Jean-Phi s'en tira de belle manière sous l'œil circonspect du Tcho et de son frangin. La casse fut réduite à la portion congrue. Portion dont Guitou fut victime. Un mince éclat se logea dans sa main gauche. Une salade à l'huile de noix, du fromage, du Rince Dents et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes avant que ne viennent les tourtières. Et un zest de glace à la vanille au pécan pour les accompagner. Le pécan est le fruit du pacanier, un arbre de la famille des Juglandacées, cultivé principalement en Amérique du Nord pour son fruit, la pacane, ou noix de pécan. Potiron, sanglier et pécan. C'est le triptyque de Jean-Phi.
Puis, Régis joua les What Else. Longtemps, la communauté des castors demeura au comptoir. Sans belote. Mais avec du jet pour parfumer d'âpres palais. Jeff, Maxime, Réglisse et consorts papotaient. Bernachot, Donatien et Amélie Itou. Pendant que Walid dominait tout ce petit monde de sa présence haute. JB était un peu plus bas, mais tout aussi rayonnant. Le disparate des castors fonde l'identité des archi.
Les castors se sont mis à l'heure d'été. La vie est douce. Le bruit du temps semble les épargner. La pluie avait ravalé ses gouttes. La nuit était douce comme un duvet. Morphée guettait les ultimes rebelles. Vivement mardi se dit la Piballe. Mardi, Walid sera de bouffe. Juste après un lundi de Pâques. Alléluia !
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