Par Le Barde
Il crachinait sur Musard hier soir. Nous étions peu nombreux sur le pré. On se comptait sur les doigts de la main. Les cinquantenaires abondaient : Lolo, Hamilton, Gary Grant (cf.abécédaire des Archiball) Dudu, JB et moi m’aime. Je sais, je sais, JB et Dudu ils sont plus que cinquantenaire. Mais je m’en moque. Après tout un soixantenaire est un cinquantenaire qui a passé le cap de la soixantaine. On a l’arithmétique qu’on peut. Toujours est-il que les vieux étaient plus nombreux que les jeunes. Comme quoi, les vieux ils taquinent la gonfle même quand il crachine alors que les jeunes ne s’emploient que si le ciel leur sied. Je veux bien croire que le trou soit plus accueillant lorsqu’il crachine mais un trou sans préliminaires n’est pas un trou, et il n’est de bons préliminaires que sur le pré.
Il flottait un parfum d’enfance au 1, rue de Bègles. La faute au Tarbais. Sur la table, des bouquets de sucettes. Pas des Pierrot Gourmand, ô enfance, mais des sucettes chimiques à l’excès, qui vous titillent le palais, des sucettes comme on les aime maintenant, rondes et sans chichis. Alors que la Pierrot Gourmand était plate et effilée (comme la queue des castors). Il fallait voir les larmes de Pépé lorsqu’il mit la délicate petite confiserie dans sa bouche après avoir ôté le plastique superflu. « Putain c’est loin mais c’est si bon dit-il » sous l’œil ému du bon docteur. Etonnamment, Lolo n’entama pas la chanson éponyme de Gainsbourg. A côté des bouquets de sucettes, des œufs mimosas. Comme à la cantine. De bons œufs mimosas dont les jaunes étaient répartis en fines « boules duveteuses ». Jean-Phi était aux anges et Lolo se gavait.
Seb prolongea sa suite enfantine par de la purée, de la vraie purée, pas de la mousseline. Il traînait même des restes de pommes de terre dans la marmite. De l’authentique vous-dis-je, comme dans les écoles d’antan. Et avec la purée, pas du jambon, non, des steaks hachés, des steacks hachés de chez Pioupiou, délicat, moelleux, fondant dans la bouche. Une première. Jamais castor n’avait encore osé. Le Tarbais, il l’a fait. Enfance oblige. On eût aimé une salade pour célébrer « le vert paradis des amours enfantines ». Mais il n’y eut pas de salade. On en voudra pas au Tarbais.
L'ambiance cantine a réveillé le gosse qui sommeille en Lolo (c'est pas pour dire qu'il est enceinte, il est gros mais il n'est pas enceinte. C'est une expression). Qui ne le sait pas encore ? Lolo était la terreur des dames de cantine. Ce mardi, il fut la terreur des castors. Il a versé de l'eau sur le tabouret de celui qui se lève, il a enfoncé la main dans l'assiette de celui qui y a mis les doigts... Un vrai morpion. Mais comme il y a une justice, Lolo a fini par se perdre et a du attendre ses parents toute la soirée au comptoir.
Le lancer d’assiettes fut chaotique. Jean-Phi, dont la cheville a été endolorie et malmenée par une de motte de terre, reçut quelques éclats d’une assiette qui ne lui était pas destinée et qui venait de ricocher sur quelques verres. Il a la poisse Jean-Phi. Rien que de petites égratignures, certes, mais il a la guigne notre Jean-Phi. Les oboles tombaient drues. Le Tarbais est plus à l’aise balle en mains. En fromage, du Kiri of course, «le fromage des gastronomes en culottes courtes ». Encore que le Tarbais il officia en culottes longues. L’enfance a ses limites. Et de petites tranches de Port Salut emmaillotées dans du plastique. Dudu eut alors cette phrase si profonde : « Je préfère un port salut à un mauvais brebis ».
Enfin, en dessert, des pêches Melba ―du nom de la cantatrice Nelly Melba (1861-1931) ―, dressées dans une coupe en plastic sur une couche de glace et nappées de crème Chantilly (L'invention de la crème Chantilly est fréquemment attribuée – à tort et sans documentation contemporaine – à Francois Vatel, maître d'hôtel du Château de Chantilly un siècle plus tard. Un siècle après Vatel, la Baronne d'Oberkirch a loué la « crème » servie à un déjeuner au Hameau de Chantilly, mais sans l'appeler « crème Chantilly ». Cet épisode est parfois cité comme la « naissance de la crème chantilly ». Les noms « crème Chantilly », « crème de Chantilly », « crème à la Chantilly », « crème fouettée à la Chantilly », ou bien simplement « la Chantilly » apparaissent au début du XIXe siècle. La première édition (1806) du Cuisinier impérial de Viard ne mentionne ni la crème fouettée ni la crème Chantilly mais l'édition de 1820 en mentionne toutes les deux. La référence à Chantilly vient probablement de l'association du château éponyme à la bonne cuisine). On est à l’école ou on ne l’est pas !
Quelques castors traînèrent un peu autour du bar new look entamant la première belote de comptoir du nouveau trou. Une première ça se fête. Un petit Champagne rosé accompagna les ultimes récalcitrants. Dehors, il crachinait encore. Et Seb dansa sous la pluie.
(SMS à 7h13 ce matin : Le petit Lolo a retrouvé sa maman à l'entrée du parking.)
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