11 novembre 2012

Le cuistot de la semaine, ça garbure à sec !

Par Le Barde


Novembre à Musard a des relents de printemps. Les vieux sont en forme. Leur toucher de balle fait merveille. Il y avait Loulou, Dudu, Hamilton, Kiki et moi-m'aime. Titi, il n'a pas encore franchi le seuil de la vieillesse. L'épopée d'Aguilera en témoigne.
Ce fut un festin de passes et d'essais. Avec, ça et là, quelques ballons tombés. Mais si peu, si peu. Bien sûr Dudu râlait. Un peu moins que de coutume. Et Loulou rayonnait. Il avait retrouvé ses petits. Il fallait les voir s'agglutiner autour de leur mère poule. La Piballe jouait de sa crête pour faire l'intéressant. Loulou le tança. Puis tout fut calme, luxe et volupté. Dudu caquetait encore un peu.
JP était aux fourneaux. Plus poivre et sel que jamais. Même quand il est aux fourneaux, JP a la classe. De l'ordinaire, il fait une action de grâce. Ainsi de cette garbure sèche qui conjuguait tout ce qu'une salade peut offrir de bienfaits : pommes de terres, lardons, tomates, jambons... Une douceur exquise.
JP, c'est un gentleman. Ce qui ne l'empêche pas de taquiner l'Italie. Nous eûmes ainsi des lasagnes à foison. De tendres lasagnes. Pour une raison inconnue, Lolo entreprit Jacouille. « Le père Abraham, c'est Guitou » lui asséna-t-il. Guitou démentit sans conviction. En sorte que la danse frénétique de Pioupiou n'est ni plus ni moins qu'un hommage à l'habitant du cours Clémenceau. Rien à voir avec les lasagnes me direz-vous. Et c'est vrai. Sauf à ce qu'un apprenti écrivain se lance dans un roman dont le titre pourrait être Les lasagnes d'Abraham. Il y serait question du sacrifice d'un agneau au doux nom de Pioupiou. Juste avant d'être sacrifié, l'agneau se lancerait dans une danse frénétique. Et au moment où le couteau menacerait de s'abattre sur le pauvre Pioupiou, le père Abraham (Guitou), suspendu aux lèvres du Très Haut, lui laisserait la vie sauve en lui disant : « Va mon agneau, retrouve tes cruches fécondes, ainsi m'a parlé le Seigneur ». Et de rajouter : « Partageons un plat de lasagnes pour fêter ton salut. » L'ambiance était paisible. Sans doute est-ce la cause de cette parole de La Piballe : « Une Soirée Maigret en somme : une soupe, une pipe et au lit. » Pourtant, il n'y eut ni soupe ni pipe. Par contre, il y eut des cigares. Au grand dam du grand Tom qui était là et c'était bien. Alors Titi chanta du Marcel Amont. Pourquoi Marcel Amont et pas François Valéry. Nul ne le saura. Marcel Amont, c'est une vraie pipe et François Valéry aussi. Et pourtant Titi chanta un mexicain basané. Et fit un flop. Les flops, cela évite d'avoir le cigare. Titi,  de toute manière, il n'aura jamais le cigare.
JP lança les assiettes, la main ferme et précise. Deux tomes de Saint-Nectaire furent livrés à la convoitise de l'assemblée. Puis, un fondant au chocolat avec sa crème équivoque nourrit nos estomacs chancelants et des pensées séminales. Avant que des clémentines n'apportent leur fraîcheur bienvenue.
Le café vint. Du café Trémulus, « le café qui déborde par là où nos us s'expriment ». Ce n'est pas moi qui le dit, c'est Léo.  Un petit verre de Manzana et nous regagnâmes un ciel bleu nuit qui n'attendait plus que nos rêves. La Piballe sans doute se transforma en Fikou et Lolo en Maestri.
Quant à JP, je suis certain qu'il se voyait en Gary Grant dans Elle et moi, le film sublime de Léo Mac Carey. Mais peut-être était-ce La mort aux trousses ou Arsenic et vieilles dentelles. JP, il a tout d'un Grant.

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