14 novembre 2012

Le cuistot de la semaine, cancre de Chine


Par le Barde


Alors Loulou s'approcha de Musard. Il vit Pascal et lui dit : « Pascalou, tu n'es qu'un enculou. » Loulou a la rime riche. Puis, engoncé dans sa moumoute en Loup – la moumoute en loup à Loulou –, il se dirigea vers le vestiaire, se changea, pénétra sur le terrain annexe, taquina la gonfle et inscrivit un essai de rêve sous l'oeil dépité de Dudu qui geignait : « Je n'y arriverai jamais. » Pour une raison inexplicable, Lolo dit à Loulou : « Et gros tu le sens ton anneau. » Lolo feignit une réponse et poursuivit ses courses dévastatrices sous l'oeil énamouré de Kiki. Yannick, pareil à Pioupiou occupait une aile. (L'aile est une occupation comme une autre). On eût dit un menhir à bras se contentant de tendre une main coupable pour stopper de manière illicite les initiatives adverses. Las, Arnaud le contournait à l'envi. Et Yannick était pareil à un épouvantail inoffensif qui, tournoyant sur lui-même, ne brassait que du vent. Arnaud en passant lui chantait la chanson des courants d'air sur l'air de Singing in the rain.

Au trou, What Else était là. Quand What Else est là, le trou redevient vraiment le trou. Il y avait aussi Poulet. Le trou était plus trou que jamais. En cuisine : Jean-Louis (pas Valadié : Corsenac). Il assura, comme d’ordinaire, sur le mode asiatique. Tout commença par des nems sis sur un tapis de menthe et de salade. Le nem (Vietnam du Nord) ou Chả giò (Vietnam du Sud) est un mets festif traditionnel du Vietnam. Très apprécié à l'ancienne cour impériale du Vietnam, ce mets est communément appelé Pâté impérial ou Rouleau impérial en France et Spring Roll ou fried Spring Roll ou Vietnamese Roll dans les pays anglo-saxons et à Hong-Kong et Rouleau de printemps en Suisse. Au Vietnam du Sud, l'appellation « nem » réfère à des morceaux de porc de forme carrée fermenté (nem chua) ou une brochette de boulettes de viande de porc, cuite au barbecue (nem nuong).
Alors, Titi chanta nuit de chine. Il a l'antienne orientale Titi. Exit Marcel Amont et ses foireuses calembredaines mexicaines. Walid se sentit obligé de chanter Si tu vas à Tokyo et fit un bide sous l'œil goguenard de Jean-Phi. Les géographies culinaires de Walid font fi de la géographie réelle. Assis en face de Seb, je contemplais admiratif son art  de la baguette. Un as.  Tout le contraire de Kiki dont l'embarras me tira des larmes. Pépé, lui, il s'en branle des baguettes. La fourchette, rien que la fourchette. Orient ou pas. 

Nous eûmes deux plats. Boeuf au saté et son riz cantonais et porc au caramel avec son riz nature. Loulou démontra que ses séjours en Chine ne furent pas vains. Approchant son assiette de ses lèvres goulues, il poussait les grains de riz dans sa bouche comme autant de victimes promises à son orifice. Pour une raison obscure, il fut question de nos établissements scolaires. La guerre des écoles en somme. Avec une invraisemblable fierté Lolo s'en prit à Pascal : "Moi, j'ai pas fait dix ans de médecine. J'ai fait dix ans à la Sauque. On a les internats qu'on peut." Tivoli fut mis à l'index. Pioupiou se haussait du col avec ses marianistes. « Grand-Lebrun est une illusion, un mirage, une vue de l'esprit lui asséna Hamilton. Et question rugby, c'était le degré zéro ». Pioupiou se redressa. On craignit un père Abraham. Pour prévenir toute manifestation biblique, Lolo prit la parole : "Commencé dans la chambre froide, Pioupiou a été achevé sur le billot. Alors ses marianistes, il peut se les foutre où je pense." "Justement à quoi penses-tu, hi !hi !" lui demanda Jean-Phi en plissant les yeux. Et pendant ce temps-là, Pépé y allait de sa fourchette,  imperturbable, désespérant le Tcho, impuissant à capter le moindre grain de riz, le plus petit morceau de viande.

Il n’y eut pas de fromage. Le fromage n’appartient pas à la culture asiatique. « La culture asiatique, c’est une culture de merde dit Pépé ». Un pays sans fromage, c’est comme un cardinal sans son  toutim. Adoptant un air guilleret, Pépé ajouta : Connaissez-vous cette maxime de Chamfort : « Qu’est-ce qu’un cardinal ? C’est un  prêtre habillé de rouge, qui a cent mille écus du roi, pour se moquer de lui au nom du pape. » « Putain Pépé, dit le bon docteur, Putain, tu es vraiment céleste. » 

Une salade de fruits vint conclure nos ébats. Bien sûr, le litchi, ou letchi, était de mise. Jean-Louis tint à parler en profondeur des litchis. Le litchi, ou letchi est un fruit comestible. Il est produit par Litchi chinensis, une espèce d'arbre tropical de la famille des Sapindaceae. La partie consommée est l'arille juteuse qui entoure une graine unique. Le litchi ressemble, par sa structure, à d'autre fruits tropicaux de la même famille : le longane (ou longani), le ramboutan (ou “litchi chevelu”), la quenette. Le nom provient du chinois 枝 ou en pinyin lìzhī. L'arbre est originaire de Chine.Le fruit est une petite sphère de 3 à 4 cm de diamètre, parfois un peu en forme de cœur, entourée d'une enveloppe assez coriace d'aspect écailleux qui prend une couleur rose à rouge à maturité. Les fruits sont portés par des grappes pendantes. Chaque grappe compte quelques unités à quelques dizaines de litchis. Chaque petite sphère est généralement unique, mais comme le fruit provient d'une fleur à deux carpelles, il arrive assez souvent de trouver des litchis doubles à deux sphères égales ou dont l'une des deux est présente mais atrophiée. Après cueillette, la couleur de la coque brunit assez rapidement mais la saveur et la qualité du fruit se maintiennent au-delà de ce brunissement. L'intérieur du fruit contient une partie pulpeuse, de couleur blanc vitreux, parfumée et juteuse, riche en vitamine C, qui est en fait une arille, une excroissance produite au niveau de la bordure du hile, la cicatrice nourricière de la graine. Bien qu'il y ressemble, le litchi n'est donc pas une drupe car le mésocarpe, au lieu d'être développé et charnu, ne forme que la mince pellicule médiane de la coque. Au centre du fruit se trouve la graine unique, de forme oblongue, de couleur brun vernissé, qui ressemble à un petit marron d'Inde allongé. Cette graine est toxique et ne doit pas être consommée.

« La quenette, ça me connaît, hi ! hi ! » fit Jean-Phi. Et d’ajouter « Jean-Louis, hi ! hi ! t’es qu’un ramboutan, hi ! hi ! Et toi Arnaud, hi ! hi !, Et toi Arnaud, tu es mon arille hi ! hi ! ». Pépé, médusé, prit ses cliques et ses claques, suivi comme un seul homme par le Tcho, What Else et le bon docteur. La soirée touchait à son terme. Une belote de comptoir s’improvisa. Yannick était à la tireuse. Lolo et Loulou conversaient. Ainsi que Léo et Jean-Louis (l’autre). Minuit sonna. Le trou se vida peu à peu. La nuit était belle. Le trou, c’est un conte de fées.

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