18 juillet 2007

Lacanau Tournoi 2007 - deuxième

Il y a dans l’œuvre de l’incomparable Bashô, un merveilleux haïku : « Lac à no ». En voici l'unique traduction connue à ce jour : « Là, entre ciel et terre/deux poteaux dressent/leurs promesses/au vent du soir ». Bashô devinait-il déjà ces ballets insolites que le pré propose depuis plus d’un siècle ?
Pétris d’une littérature dont ils connaissent les moindres arcanes, Thomas et Arnaud, donnèrent raison à l’héraut du soleil levant. C’était un samedi de juin et de feu. Sur des tables en bois, les premiers convives ressassaient leurs futures partitions. Il y avait des basques espagnols, des archiballs en goguette accompagnés, parfois, de leurs créatures, des crus de Pauillac qui entendaient ne pas s’en laisser compter et d’étranges bretons, de Trignacq je crois.
Faut-il s’attarder sur toutes ces parties s’interrogeait Loulou ? Il confia au barde, perplexe, ses inquiétudes. Que serait ce monde-ci sans les parties lui répliqua le barde ; il ne faut pas passer outre. La première rencontre vit donc les archiballs dominaient Mandragone. Des castors épaulés par quelques radis noirs. Loués soient Dédé Berthozat et ses comparses ! C’est par derrière que les petits de Loulou construisirent leur succès. Le castor n’a rien d’un missionnaire ; c’est une affaire entendue. A ce jeu-là, Thomas excella et parapha de sa grâce les velléités des siens. Walid, sans fin, en bon capitaine, s’escagassait dans la meute, s’en prenant, parfois, à l’homme au sifflet. « Mais tu m’en veux, merde » susurrait-il de sa voix délicate. Car Walid au maul se plaît aux jeux de mains que la règle réprouve. Il aime à touiller les chairs empêtrées qui s’acharnent à chercher l’objet de leur convoitise. Que n’a-t-il lu Bashô : « La main offense/le chemin/qui ouvre/aux grands espaces ». Mais l’homme en noir toujours contrariera ses rêves. N’importe, les Perdigue, Titi, Garcimore s’en donnaient à cœur joie. Trois essais à un.




La seconde rencontre opposa les Bretons à Mandragone. Elle fut un tantinet heurtée. Le breton, sous couvert de bon esprit, est râleur, emmerdeur, batifoleur… L’ébauche de quelques poires se dessinèrent dans le ciel radieux. Contre la logique du pré, nous donnerons la victoire aux hommes de la frontière, aux basques intrépides, aux héritiers de la révolte contre l’ordre, contre cet enfoiré de Franco.





Puis ce fut au tour des vieux crus de Pauillac. ils donnèrent une leçon aux Bretons de service. Et avec quel panache ! Comme quoi, le cidre n’est qu’un vague appendice de l’ivresse, la vraie. Les castors savaient à quoi s’en tenir. Ils firent front mais perdirent. Il est vrai que le mélange l’emportait dans la composition des équipes. « On dit bien vrai qu’un honnête homme, c’est un homme mêlé. » écrivait Montaigne. Restait le grand panachage final où tout un chacun confondu œuvrait ensemble. La Babel du rugby en somme. C’était beau, sublime. Le public mugissait de sa voix considérable et les femmes chantaient des chants inoubliables. Hélas pas un essai et l’arbitre de maugréer : « Putain, vous me faites chier, vous allez marquer oui ou merde ! »





La soirée commença par une fin d’après-midi touffue assortie d’un concert de cornemuse. Le breton à la cornemuse excelle davantage qu’au maniement du cuir. Assoiffée, l’assemblée buvait et buvait encore dans l’attente des huîtres chères à notre libanais et du méchoui. Occasion fut donnée à Loulou d’adresser à la foule un sermon inoubliable et de remettre les trophées. Il fut grandiose notre président, on aurait dit l’évêque de Meaux, vous savez, cet enculé de Bossuet qui fit un sermon sur la grâce. En fait, Loulou s’adressa un sermon à lui-même, étant entendu que la grâce ne peut concerner que lui et quelques élus. En quoi Loulou est un janséniste. (Dieu reconnaîtra les siens pour faire court).
Puis nous mangeâmes à profusion. D’aucuns s’attardaient au bar de circonstance que Thomas et Arnaud avaient monté avec tant de brio. La soirée s’éternisa près de ce comptoir livré au vent et à la nuit. La sono concoctait des danses diverses où chacun s’essaya. Nous nous dispersâmes dans la nuit calaunaise. Les espagnols, escortés par quelques vieux démons, prirent la route des clubs ; d’autres retrouvaient leur bungalow, tel le général, on aurait dit John Wayne, retournant impassible et solitaire, at home. Sauf que le général était accompagné du barde et de poulet dont la souffrance dût être extrême.
Le lendemain, ce fut le démontage (rien à voir avec la nuit du général). A midi, tout était nickel. Nous embrassâmes l’aube d’été.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est qui la gonzesse allongée sur la photo du haut?...