09 juin 2011

Le cuistot de la semaine, Lou Passcoun

Par le Barde et la photo de la Fée


A Musard, pas un terrain de libre. Tous interdits. Alors Dudu prit les choses en main. Il nous emmena près de la plage de Bègles pour taquiner la gonfle sur un terrain de foot. Nous nous déshabillâmes à même une terre parsemée de trous. Jamais le pré n’avait aussi bien porté son nom. Le rugby champêtre au bord de la plage, c’est merveilleux. Sauf que Dudu craignit pour nos chevilles et nous guida tout de go vers un quart de terrain de foot synthétique. Ainsi passâmes nous de la tradition la plus pure à la modernité. Ca, c’est Dudu.
Nous n’étions que neuf. Mais comme le terrain s’était mis en quatre pour nous recevoir, nous pûmes trotter allègrement. D’abord nous utilisâmes la longueur du quart. Puis, ivres de fatigue nous pratiquâmes sur la moitié du quart en nous disposant sur sa longueur. Vous me suivez ? Non ! Tant pis pour vos gueules. Mais je sais certains plus pascaliens que d’autres. Ils possèdent l’esprit de géométrie et l’esprit de finesse propres à comprendre l’arithmétique de mes propos. Faute de douche, nous nous étendîmes longuement sur l’herbe artificielle, épongeant nos corps humides, devisant sur les vertus des uns, l’abandon des autres. Sous l’œil attendri de Baudet qui, lui, était de retour. Il est adorable le petit Baudet sur son Vespa rouge. Gwen, il serait mignon aussi sur un Vespa rouge. Mais Gwen, il n’était pas là.
Titi, notre pinson, notre boutique était en cuisine. Lorsque Dudu pénétra dans notre antre, il le regarda estomaqué. « Une chemise en Nylon, putain, une chemise en nylon » s’exclama-t-il. « T’es vraiment un musée portatif Dudu » ajouta-t-il ébloui. « Point de nylon mon cher, mais de la soie » rétorqua Dudu vexé. A mon avis, Dudu, il s’est fait enflé quand il a acheté sa chemise.
Guigui, notre jeune marié était là aussi. Radieux. Rayonnant. Ah ! quelles étaient belles les noces de Guigui. De la Halle de Pellegrue au château de Lugagnac, tout fut parfait. Mais nous y reviendrons.
Bien sûr, nous eûmes du Lou Gascoun. Titi sans Lou Gascoun ne serait pas Titi. Lou Gascoun est à Titi ce que la madeleine est à Marcel. (Un jour Titi, comme il mâchait un petit morceau de pain recouvert de Lou Gascoun fut envahi de souvenirs d’enfance : les « quatre heures » à la ferme lorsqu’il revenait de l’école, l’odeur désolée des tilleuls en ces jours de juin qui sentaient bon les vacances.
Nous eûmes droit à un gaspacho délicat, aillé comme il faut, avec son juste compte de croûtons. Rien à dire. N’était encore une fois le petit nombre de convives. Le castor se fait rare en juin. Puis, ce fut un merveilleux gratin d’aubergines et de courgettes. La main d’Isabelle n’était sans doute pas étrangère à ce don de Dieu. En quoi Dieu est aussi femme, n’en déplaise aux exégètes. La petite touche de plus, c’était la petite touche de vinaigre balsamique. Le rôti de porc : parfait, tendre et ferme. Comme les bigareaux de Lugagnac. Chez Titi, tout est juste, simple, essentiel. Jamais une faute de goût.
Au lancer d’assiettes, seul Jacouille fut maladroit. Il y avait du cancoyotte. Titi il est décidément fidèle à ses traditions. J’ignore, toutefois, si le cancoyotte a des relents de madeleine. Puis, ce fut une salade de fruit bienvenue accompagnée du champagne des noces. Et là, il y eut un événement : nous discutâmes un long moment. Une vraie parlote de comptoir. Avec un peu de tout et de rien. Une parole comme on les aime. C’est aussi ça le rugby. Et l’on doit à notre pinson ce retour aux sources. God bless Titi.

Aucun commentaire: