04 juin 2011

Le cuistot de la semaine, Sexy Boy

Par Le Barde


Le terrain se fait rare à Musard. Sécheresse oblige ? Nous n’étions qu’une petite poignée. Pas de terrain, pas de vestiaires. Seul un pan du terrain annexe pouvait se prêter au jeu. Don donna le la. Pas question de subir l’hostile réalité. Un petit pan, c’est peu mais cela suffit au bonheur des purs. Ainsi ôtâmes-nous notre linge superflu (« L’homme n’est qu’un singe, un singe vêtu de linge » dit Don en citant Aragon) pour nous revêtir de nos habits de lumière. Et nous trottâmes à perdre la raison (autre clin d’œil au fou d’Elsa). Walid exept. Le bloger, il lui faut toute la panoplie pour pratiquer le noble art. Le bloger, c’est un dandy de la toile et de la gonfle. Il partit donc au trou nous laissant Gros-Jean comme devant (voir La Fontaine et l’immortelle Pierrette et le pot au lait).

Don, Toto, Peyo, Jeanfi et le Toulousain étaient en canne. Les autres assuraient leurs passes pour libérer les pattes salvatrices de nos antilopes des près. A ce jeu, Kiki fit montre d’une efficacité redoutable. Kiki, c’est le Dominguin de Musard. Sa feinte est redoutable et son coup d’œil lumineux. Il ne lui manque que son Ava pour être aux anges. Elle viendra tôt ou tard. La Pibale n’était pas en reste mais sa cuisse rompit. Et il quitta ses partenaires en murmurant : « En toute chose, il faut considérer la fin ». Hamilton fut mis en demeure par sa cheville de cesser ses courses ciselées. Il est temps que la saison se termine.

Au trou, fidèle à sa parole, Dudu était en cuisine. Son torse nu, paré d’un long tablier bleu, flamboyait sous les sunlights du trou. Bernard arborait une montre de style gagnée à un tirage au sort. Il était heureux Bernard d’arborer son lot devant un parterre médusé.

Etranger aux rumeurs qui courent sur le concombre que nul ne présumait innocent, il mêla au légume outragé de petits bouts de choux-fleurs, des lamelles de carottes, quelques radis en hommage aux béglais sans qui l’union ne serait pas ce qu’elle est (et c’est magnifique de reconnaissance qu’un ancien stadiste agisse de la sorte). Dans des pots de verre, de la sauce béarnaise, bien sûr – on n’échappe pas à ses racines –, de la mayonnaise et j’en passe permirent aux uns et aux autres – qui n’étaient guère nombreux –, de tremper les fruits du maraîchage dans d’exquises concoctions. Quant au concombre, il reçut l’absolution de tous. Loué soit le concombre recouvrant ses vertus. Dudu, il a un faible pour les concombres. Il ne pouvait tolérer l’injuste condamnation dont ils firent l’objet. « Laisser dire les sots, le savoir a son prix » écrivait le disciple d’Esope dans L’avantage de la science.

Bien sûr nous eûmes de la paella. Entre Dudu et la paella, il y a une relation particulière. Autre hommage à la patrie du Quichotte. Il y a du Quichotte dans Dudu. Mais lui, ses moulins à vent, ils ne doivent rien à des illusions d’aristocrate décati. La paella de Dudu est incontournable. D’ailleurs, malgré notre petit nombre, il n’en resta que quelques miettes. La reconnaissance du ventre vaut toutes les reconnaissances. Dudu, il sait sur le bout des doigts la fable du Milan et du rossignol. Et de murmurer : « Ventre affamé n’a point d’oreilles ». Ce qui n’empêcha point les rossignols du trou de chanter.

Au lancer d’assiettes, Dudu est insurpassable. Il possède la grâce des dix (ô Michon). Moi-m’aime comme l’écrivait Walid, je sais cette grâce réservée à de rares élus. Seuls les amputés du cœur laissèrent tomber l’objet volatile. Puis il lança à la dérobée un camembert bien fait avant que de déposer sur la nappe ce qu’il faut de sorbets pour rafraîchir un soir d’été. Il poussa la défense du concombre jusqu’à nous le servir en sorbet. Et ce fut un régal. Guitou demanda l’heure à Bernard ravi. L’heure était raisonnable. Une belote se tint et les propos de comptoirs s’éparpillaient autour de quelques galopins. Tendre est la nuit chuchota Kiki. Quelle heure est-il Bernard demanda Perdigue. Et chacun de retourner sagement at home sous un ciel étoilé.

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