07 avril 2012

Le cuistot de la semaine, un sacré poulet

Par Le Barde


Le printemps a mis un bémol à ses ardeurs estivales. Disons que le printemps s'est réconcilié avec les normales saisonnières. Nul ne lui en tiendra rigueur s'il ne goûte pas l'inattendu. Nul ce pourrait être un prénom, un prénom à la con si, d’aventure, son porteur ne goûte pas l’inattendu. En tout état de cause, on peut en tenir rigueur au printemps lorsqu’il s’en tient à ses habitudes. Sauf si on naît nul.
Léo faisait son retour. Aux oubliettes les tracas de cet appendice taquin : le ménisque. Passes à l'aveugle, accélérations sauvages et folles. Léo est de retour et le Tarbais est sorti du trou. Ça gambadait allègrement et sans diatribes. C'était bon. Croucrou était irrésistible. Au printemps, « l'homme contemple le charme de l'année,/Attentif à la perfection. » (Hölderlin).

Au 1, rue de Bègles, Nanard concoctait ses bienfaits. Les bienfaits de Nanard sont abondants et suaves. En première offrande, un foie gras divin qui connut les joies d'un porto blanc. Et de petits bouts de pain grillés qui attendaient avec impatience l'abat plein de grâce. Je songeais alors à la feuille immaculée s'apprêtant à attendre les alexandrins et autres octosyllabes de Verlaine.

Il faut savoir demeurer dans sa basse-cour. C’est pourquoi Nanard y alla de son poulet embroché. Il est bon le poulet embroché de Nanard. D’autant qu’il n’y va pas avec le dos de la cuillère Nanard question proportion. Chacun d’entre nous eut ainsi le loisir de déchirer de ses dents barbares une moitié au moins du petit de la poule. Personne ne s’en priva. Il y avait quelque chose de gaulois et d’irréductible dans cette régression qui n’est, au demeurant, qu’un retour de l’histoire. Sur les pommes de terres au four, coupées en deux, rien à dire. Les choses simples ont toujours un petit supplément d’âme lorsqu’elles sont faites avec grâce. Il faut savoir goûter la grâce des choses ordinaires. Sinon, la vie n’est qu’ennui. Que Nanard soit loué pour avoir enchanté le petit de la poule et ses poussins de castor.

Bien sûr, bien sûr, le lancer d’assiettes fut parfait. Un golfeur de cette trempe, un si éminent tennisman et, surtout, un artiste de la béchigue ne pouvait se dérober à ses talents. Comme chaque année, Nanard nous gratifia d’un camembert au four qu’il nous appartenait de répartir sur de petits bouts de pains grillés aillés. Nanard, il aime les petits bouts de pain grillés. Enfin, il nous gratifia d’une buche au chocolat. Glacée de surcroît.
Enfin ? Non, pas tout à fait car Bernard mit un terme à ses bienfaits  par son traditionnel champagne. Car Bernard toujours officie le jour de sa naissance. Il est comme ça Bernard, généreux lorsqu’il salue le temps qui passe. C’est sa manière à lui de faire la nique au temps.

Une bonne nouvelle : Jacky était de retour. Et le café itou. Jacky ne boude plus et c’est bien. Un mardi sans What Else n’est plus tout à fait un mardi.

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