16 février 2014

Le cuistot de la semaine, el pulpo se décarcasse…

Par Régis
 
 
Ce mardi, le champ était marqué par la présence  d’une pluie sans fin et des cicatrices de profonds labours. Ceci rappelle que derrière les pas légers et émérites du castor gravite inexorablement le professionnalisme qui reste une masse comme les autres obéissant aux lois fondamentales de la physique. Les corps en mouvement ne peuvent exister sans terrain d’entente. La nature est ainsi faite.
 
« Il faut une infinie patience pour attendre toujours ce qui n’arrive jamais. » C’est du tac au Dac, sur qui nous n’allons pas jeter la Pierre. Et pour cette soirée d’hiver, l’infini du nombre était, lui loin d’être atteint au pré des castors. La troupe en crampons se limita à 13 amateurs de la gonfle, plus un satellite nommé JB qui à son habitude visait à atteindre les sommets. JB pour se faire les poumons, a eu du nez en se lançant dans une course elliptique autour des autres forces en présence. Pour s’attaquer à mère Nature, il vaut mieux respecter ses lois fondamentales qui n’aspirent qu’à attirer les masses et à les repousser. Pour se libérer de l’attraction, les tractions sont de rigueurs, tout est en effet un rapport d’énergie et de forces en mouvement. Heureusement, il y en avait du gros pour maintenir tout cet équilibre.
 
De Gwen, à Croucrou, le jeu orbital était de la partie. Le Toulousain et notre Tarbais, étaient ravis de ce jeu de masse et de passes qui leur rappela que la fin des haricots n’est pas pour demain… Même si pour le toulousain le repas calendaire en pleine période de vacances scolaires le rapproche inexorablement sur le compte des haricots. L’équilibre s’élabore en fonction des forces en présence. Ce n’est pas le haricot qui me contredira. Quel plaisir de lutter contre cette attraction qui nous pousse à tâter la solidité et la masse des colosses !

Les limites du toucher et les règles n’avaient qu’à bien se tenir.  Il a fallu une nouvelle fois, partager une zone de jeu. Et là, la physique n’y peut rien. C’est la logique mathématique qui gouverne. Nous ne jouons pas sur la longueur, le jeu à 7 contre 6 des castors face aux lois de la physiques suscitées, mettent les forces en présence trop à distance. Par conséquent, nous jouerons le toucher sur la largeur entre la ligne d’en-but et les 22. Trop serré pour que l’énergie balistique de nos lancers aguerris, libère le fameux jeu aérien de nos castors. Ce sera entre les 40 et les 5 mètres pour un total de 35 mètres. Pourquoi pas des 50 au 22 ? La zone de calcul mobilisa tout un temps de non-jeu. JB, lui à chacun de ses pas prenait de la hauteur en courant à plat. Il pense déjà entre 4000 et 6000 mètres en vertical, alors imaginez des 40 au 22 en horizontal.

La décision fut prise de manière collégiale, jouons au ballon ! De toute façon les lignes sont bleues. La logique mathématique du castor n’a de couleur que celle de la raison qui les ignore.  Les lois comprises, le jeu débuta et les essais furent de la partie. Dominique et Peyo, adversaires d’un soir, démontrèrent que la physique ne peut lutter avec une passe à l’aile et la vitesse. Même si Dominique dans son jeu a su garder, lui, ses deux chevilles. C’est notre vieille garde qui s’enorgueillit des deux derniers essais. Le Dudu était bien là ! Son expérience laissa se fatiguer le gros des troupes pour nous montrer que les paramètres temps et durée sont les éléments clés de l’équilibre gravitationnel.

De la physique au mythe, nous nous rapprochâmes de notre trou pour profiter du cuistot d’un soir. C’est en effet le kraken quand il plaque, le poulpe quand il voyage, El pulpo le préposé au four pour sa première de « Bouffe ». 

Nous étions pour cette cène tous attablés. Seuls deux hommes maintenaient le bar en équilibre. On ne sait jamais, l’équilibre est précaire et le respect de la masse avec ses satellites est légion chez le castor. Le monde a été fait, défait et refait au bout de ce bar. « Donnez moi une Bière et je soulèverai le monde… » A table, l’équilibre de la masse répondait de même à sa logique, le poids de l’expérience à la sortie des plats, la jeunesse et les retardataires à l’autre bout.
Les hostilités gastronomiques débutèrent rapidement à l’arrivée des gonfleurs. Le poulpe dont l’étymologie ne lui permet pas d’avoir plusieurs cordes à son arc mais plusieurs pieds à son corps, lança les plats de charcuterie et de salade piémontaise. Il ne manquait de rien. Certains eurent même le privilège de déguster du poulpe, mythe ou réalité, personnellement je n’en ai pas vu la trace. Donc point de jet d’encre sur ce propos. Le seul poulpe que j’ai vu découpé remonte au dernier match contre les nounours mais bon.

Le mythe n’ébranla pas la faim de nos troupes qui exprimèrent leur impatience. La surprise est de rigueur, l’attente est présente, quel complot se dessine dans l’absence de suite de victuailles. L’organisation de la pieuvre est réfléchie. Quand il s’agit d’organiser et de surprendre la pieuvre prend son pied et à ce niveau là, elle est équipée. Le vin de Jean-Phi permit de noyer en peu plus la masse. Le piège du poulpe se referma.

Voilà l’axoa s’exclama Gwen, amateur de bons plats, et les pâtes qui vont avec ! L’esprit toulousain su rapidement reconnaître que ce n’était pas du cassoulet et se permit quelques calembours sur l’histoire du sacré de ce plat basque tout en cherchant à définir l’origine du met en question. Bien éprouvé par toutes ses courses orbitales, Gwen identifia la fameuse cuisine, par quelques reprises de pâtes et de viande en sauce pour reconnaitre enfin les Bolognaises del pulpo. Nous découvrîmes une autre loi fondamentale des castors : le plaisir partagé de Gwen et de ses compères de tablée n’a de sens qu’après plusieurs allers-retours. Le plat fit place au chant lacté, tout est calé, les lois sont respectées, l’ère du poulpe a débuté. L’entrainement a porté ses fruits et le lancer à huit pieds, distance homologuée pour que l’exercice soit apprécié, ne posa, par nature aucune difficulté. Les deux tours du bar, Yannick et Bernachat organisèrent même un exercice à 3 corps, 6 yeux, 6 bras, 12 pieds et assiettes illimitées. La casse fut minime à l’égard des forces en présence. Les lois de la physique sont ainsi faites. Le dessert (gâteau citron, meringue et salade...allez comprendre), le café et l’affaire est bouclée. La nuit est bien avancée, les castors s’en allèrent en petit groupe s’amusant à frotter encore et encore, tout le long de la nuit, les forces invisibles et physiques qui nous équilibrent.

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