05 décembre 2017

Le cuistot de Bouffe : Les castors dans la brume, Yves en lumière !

Par Le Barde et Bardibulle


La brume est de sortie sur le pré synthétique. Il en est ainsi quand l’anticyclone pousse sa dépression. Les Açores en est jeté. L’hiver vient. Sur le pré comme de loin, le froid nomme les irréductibles. Ils sont en nombre et la qualité est de mise. Sans les gants les castors tiennent la distance. Le castor d’or était disputé. Le brouillard même épais s’écarte devant le beau jeu. C’est curieux ces éclaircis de génie qui rendent les ailiers dans la brume et couche le ballon derrière la ligne. Le pompon se joue entre un travail exemplaire de Jeff qui n’a réalisé qu’un seul retour intérieur justifié comme toujours et le reste en mode thermofulgure et astéro cash. Il joue en profondeur, dans l’intervalle, en appui bref du grand Jeff dans la fleur de l’âge… Ceci était sans compter l’expérience.
La fougue n’est pas la seule à dire merde au brouillard. Dudu la météo et le temps il s’en fout comme du doodle. Pas besoin de grandes enjambées quand une feinte peut mettre au vent toute une défense. Donatien a couvert son aile et rattrapa chacune de ses sacrées entourloupes d’ancien. Le rameur aura besoin malgré tout d’une écharpe. C’est peu cher payé quand Dudu tient la forme. Il se fond dans la brume, sa puissance vise le gorille mais se fait castor furtif. Tient un trou, le castor est chasseur ! Ne l’oublions pas…

La douche et la direction du trou.

Yves nous attendait. Le trou était garni à souhait. Sur la table, des bouquets d'huîtres. Yves les avait recouvertes d'un fin plastique surmonté d'un petit noeud doré. Comme un avant goût de fête. Elles ne firent pas long feu. Quelques bouteilles de rosé, faute de blanc. Dudu qui,, d'ordinaire ne sale pas, prenait son comptant d'iode.

Jeff était particulièrement affûté. Qu'on en juge : "L'essence même de l'homme c'est la chasse. Il faut être sauvage. Le cœur est un chasseur solitaire." Et de poursuivre : " Tout ce qui est domestique me navre." Il y a du Rimbaud dans Jeff. Sa quête d'un monde libre de toutes chaînes est belle. Si solitaire qu'elle soit, elle ne peut s'épuiser (la quête) que dans l'altérité. C'est ainsi qu'il avança : "Dans un paysage magnifique et que tu es tout seul : tu t'emmerdes". Et de rajouter : "Quand tu es deux : tu partages. " Cela serait un truisme si la réalité, souvent, n'aboutissait au contraire. Pas chez Jeff.

La mer précède la Terre. Si l’Amiral m’était conté. Des pâtes à la Yves. Que du Bonheur, la cuisine est dans le brouillard. Les lunettes de notre cuistot se font opaques. L’homme cuisine en nocturne. Pluie de parmesan et sauce à volonté. Le castor connait ses paires et les nourrit bien. C’était sans compter un soupçon de confit pour faire passer le tout. Il est bon ce petit supplément qui distingue le carnivore du ruminant. La saucisse et le canard est un apport de protéines comme les autres. Le goût en plus. Ce sont tous ses petits détails qui font que le trou est comblé. Le bonheur se suffit avec une saucisse bien placée.

La conversation roula également sur notre pauvre équipe de France, sur son brouillon de rugby. Tous de dire qu'avec Amélie les choses iraient autrement. Que la gestuelle, la vitesse et le regard sont des fondamentaux oubliés. L'équipe du soleil levant le sait. Les coqs, eux, se confinent dans un jeu étriqué et sans âme.

Yves est parfait. Il le vaut bien. Le Prez est heureux et malicieux. Le trou dans sa gouverne est comblé. Tient le cri du lacté. Yves se prépare ajustement des lunettes. Légères tapes pour vérifier que les assiettes sont pleines. Ding c’est parti. Une assiette sans fêlure vole et son fracas n’est que plus délicat. Il est vrai qu’il n’existe de bons repas sans feux d’artifice. Yves a tout prévu. L’explosion des papilles avec les explosions des yeux. Le trou est heureux et rit aux éclats. Le lacté sera varié et se fera en duo. L’un couvrant une rangée et l’autre faisant face.

Le dessert en tarte. Abricot and co.

La belote connut un vif succès. Nous étions nombreux. Le Prez prit d'emblée les affaires en mains par une baraque de tous les diables. "C'est la moindre des choses pour un architecte que de faire baraque" dit Jeff toujours aussi affûté. Et c'est Pascal qui perdit. Pas Perdigue. Perdigue, il était pas là. Comme souvent, les pauvres en jeu l'emportèrent. Oui, la belote de comptoir est un évangile.

La nuit était frisquette. Un très léger crachin. Ou une bruine. Pareil à Rimb, l'écharpe en bandoulière, Jeff arpentait le pavé des Capus, le pas léger et le verbe haut. "Et j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir" murmura-t-il. Oui, les citations sont des cigales.

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