25 novembre 2019

50 ans de bouffes: A la fin de l'envoi, Peyo touche!

Par Le Barde et Bardibulle



Pas un ballon tombé, pas un mot plus haut que l’autre, pas une seule passe superflue, pas l’ombre d’une bafouille. Rien, le néant, le vide. Faute de pré. Musard était occupé ; nous étions gros Jean comme devant Les espoirs de l’UBB jouaient contre ceux de Lormont.
Las, nous regagnâmes le trou, la béchigue en berne, un peu grognon. Peyo nous consola. Nous nous mîmes à table plus tôt que de coutume, orphelins de Pépé. Une petite tablée. JB nous rejoignit à l’heure où, d’ordinaire, nous commençons nos hostilités gustatives. Et Toto, de retour de Pala n’arriva qu’au plat principal. Toto, il va à l’essentiel. Les préliminaires ne sont pas sa tasse de thé. Le vieux quatre également descendit l’escalier sur le tard.

C’est l’hiver. L’automne touche à sa fin. Rien de tel qu’une bonne soupe pour affronter les premiers froids. Une soupe au potiron avec ses croûtons et ses pincées de râpé. Douce, suave. La suite trouva son pays. Ses origines taquinent les vallons et touchent ses sommets. La tartiflette est un réconfort dans l’hiver. Une douceur dans le dur. A ne pas confondre avec la raclette. L’un rompt la glace, l’autre mijote le reblochon. Lard mérite son fromage. Peyo réussit à faire se rencontrer ses montagnes. Des Alpes aux Pyrénées le liant tient dans le piment. La nature a ses lois. Pour gravir les sommets fini les haricots pour faire place à la chaleur du fromage fondue. Le vieux 4 depuis quelques temps ne compte les plats en patates. Le mois est rugueux et nécessite le calorique.

Le choix fait l’union à table. Le pack se resserre dans la resserve. Le trou trouve son sommet. Dehors il fait froid. Les municipales sont en route. Les listes s’impressionnent. Des candidats en lice. Nous eûmes des annonces. Haranguer la foule est une chose, unir les hommes est tout autre. Bègles a des perles. Il ne faut que peu de mots à Amélie pour répondre aux besoins de sa ville et unir ses castors dans la cité. Le poulain pousse son étalon. La réponse fut unanime. Le message est clair, simple sans équivoque. La troupe ne fait plus qu’un. La politique dans son sens premier qui relie le corps aux désirs du peuple. Un mot, une cause, un leader. Votez Amélie !

Le chœur des hommes a ses raisons et que la raison des cœurs ignore. Peyo apporta au lancer d’assiette un petit grain de folie. Sa première tentative ne trouva pas la main de Lolo. Et il ne trouva pas davantage celle de Tautau qui en fut pour une estafilade juste au-dessus du nez. Peyo redevint sage. Pas d’antienne sur le fromage faute de fromage. Tartiflette oblige. Nous avions eu notre comptant de Reblochon. Pas une voix ne s’éleva. Pas même le vieux quatre.



JB conversait avec Léo, assis à sa droite. Croucrou conversait avec Amélie sis en face de lui. Le moment mérite son analyse. Freud sort son calepin, son stylo, et tire sur sa pipe. Peyo allongé sur le divan : « Je ne comprends pas tout se passait si bien, je n’ai rien vu venir… ni Didier d’ailleurs. La soupe était bonne, les fromages, les croutons… la tartiflette… nickel. Je me souviens, j’ai vu Tautau descendre et Croucrou lui rappeler qu’il était zinzin mais à ce moment-là on ne savait pas… ». Silence. Le regard s’évade dans le souvenir. Freud souffle la fumée et griffonne un Z comme zinzin pour s’éloigner du petit a. « Et ?... » Pour amorcer une suite sans trauma… Peyo : « Je me suis trouvé bien, je me souviens de mes mots les gars pas de fromage, j’ai tout mis dans le principal… mais donnez-moi les assiettes et Lolo s’il te plait lance notre lala ! … » Freud curieux : « Le rite vaut son discours mais quelle est la vocation du lancer si il n’y a pas de fromage ? » Peyo : « C’était plus fort que moi, je me sentais bien, en confiance. Vous auriez dû me voir avec mes acromions toutes neuves et mon fameux lancer en touche. Une belle époque. Le seul moment où je balance maintenant c’est pour le fromage ! » La voix tressaille, la gorge se serre, la nostalgie pousse le cuistot dans le silence. Il respire et reprend son travail. « Mes camarades ne sautaient pas, mes lancers en rase motte s’attrapaient les yeux fermés… » L’association prend place, le basque en cathare tique… « Putain les yeux fermés… Zinzin s’est pris du Sabite dans l’œil ! ». Freud culmine et tient son article: « Œdipe s’est crevé les yeux pour moins que ça ! Peyo tu es un mythe pour ton lancer infernal ! » Peyo : « Le réel ne mérite pas un jeu d’arcade… je n’ai rien pu faire sur le moment ni après d’ailleurs. Heureusement que Dudu sait recoller les morceaux. » L’émotion soulage. Freud : « Le lancer est sacré comme les histoires des castors. Pas de traumatisme sans répétition. Croucrou l’avait prédit. La pythie vient en mangeant. Le bougre… Avec le temps certaines cicatrices sont douloureuses et d’autres nous rappellent que nous sommes toujours de bons vivants !

Sur ce, la séance est écoulée, nous nous revoyons mercredi prochain. » Peyo léger quitta le cabinet. Dans la salle d’attente, un patient patiente. Le rite n’en a cure. Freud après un temps pour poser ses notes sortit de son antre : « Zinzin, c’est à vous euh… Veuillez m’excusez, Tautau je vous prie, si vous voulez vous allongez, la place est chaude… » Freud alluma sa pipe et plongea dans une attention toujours flottante. Dans la cure comme dans le trou, les inconscients ne touchent que si l'attention flotte! Une belote de comptoir. Sergio eut la main heureuse. Dudu un peu moins et épargna au vieux quatre une défaite annoncée. Le Tarbais s’en sortit. Et le barde, la main toujours aussi pauvre profita des annonces trop ambitieuses de ses comparses. La nuit était très belle. Une nuit d’hiver au ciel si pur. En sortant, Jacouille chantonna Mon coeur s’ouvre à ta voix. C’est un tendre notre Jacouille.

21 novembre 2019

50 ans de Bouffes: Une Genson douce que me chantait ma maman...

Par Bardibulle


L’automne est bien là. La nuit recouvre ses droits et grappille à l’image des castors son terrain. Prochain rendez-vous l’équinoxe. L’équilibre est un mouvement perpétuel pour ne pas dire un déséquilibre stable. L’oscillation est de mise pour maintenir la bulle dans le niveau. Et c’est ainsi que le pré se remplit. Chaque castor se propose en sortant de sa pénombre du jour pour se trouver dans les lumières de la nuit. La météo de son côté se fait rude. La manie s’articule à la déprime. Le réel appelle l’imaginaire. Tiens un ballon ! Il appartient à Dudu celui-là. Le castor ne sort jamais sans ses attributs. La tribu a ses rites. Toujours là ! Bronzage de Faro en prime. Le castor émérite s’amuse des contretemps. La pluie il s’en branle, le Mardi c’est courir ! Qu’il pleuve, qu’il vente ses habitudes construisent son exception. Cambo, fidèle au trou retrouve ses feintes sur le pré. Titi sera aussi de la partie. Son visible tient dans son physique. Le rouge en habit du soir s’associera aux couleurs de Bardibule. Ils se prêteront à l’exercice d’un jeu en cape et d’épais. Est-ce la couleur ou le mouvement qui attire l’adversité ? Les aficionados se feront distraits sur le sujet en abordant la solidité du tronc immobile et la chute d’une feuille abandonnée au bon sort du vent. Le regard se porte sur ce qui bouge. Le cerveau reptilien joue, lui en profondeur ! La pomme dans son principe de gravité n’est qu’un détail. C’est bel et bien le mouvement qui attire la bête. Principe de sélection et d’expérience. Le jeu impose ce rythme et la ballade ne propose que des rencontres. Merde ! Un en-avant qui casse la mélodie du passeur. La paire rouge quand elle se trouve fait du beau et quand elle se rate fait du moche. Croucrou à son aile est un tronc et une feuille en soi. Il s’anime et se propose à chaque balle en approche. Ses feuilles sont sensibles à l’interprétation des règles. Elles aussi sont en perpétuel mouvement. Sergio quand il porte le ballon reste une montagne intouchable. Attention la feinte, tu me vois à droite et bien je pars à gauche en proposant le ballon à droite pour que tu ailles à gauche tout en allant à droite avec le ballon pour ne pas perdre le sens du trou sans négliger la passe à celui qui se propose. Rotules sensibles s’abstenir. Le bon timing peut être dévastateur comme l’est son sens arbitral. Il se propose en compensé du bar une séance le mercredi matin pour démêler les nœuds des genoux adverses. Alain brillera à son aile et se promet de renouer avec le centre. Le doyen (disciple du doigt) retrouve son accélération et taquine la ligne d’essai. Les sensations sont là ! Le score lui toujours en équilibre. 

La douche pour nous ébouillanter et nous voilà dans la direction du trou.

C’est Julien qui est de bouffe. 

La saison appelle son pêcheur. Le pénitent prie le salut du soleil. La proximité dans la langue parle d’elle m’aime. La citrouille est abandonnée pour revenir aux sources de la vie en plus salées. La soupe sera poisson. La rouille en dérouille. Peter se fait reine et joue dans l’instant Rouille Blas de Victor Hugo : « Quand l’âme a soif, il faut qu’elle se désaltère, Fut-ce dans du poisson ! » (Acte 2, Scène 2) Le délice abandonne la Russie, cuisine d’exception de notre hôte.

La suite se fera parmentier. L’histoire de ce plat est une bible pour notre vieux 4. Sa sainte Madone se nomme patate. Il la chante et la prie à chaque jour et à chaque heure pour les pommes vapeurs. La sous couche sera en confit. « A mon dieu, qu’elle est belle la dacquoise à l’œil noir … » Pas de confit sans cette appartenance du sud-ouest. Que le mélange est bon et sa source inépuisable en saveur d’antan. 

Le lancer destination la voie lactée fit place au spectacle. Julien a la chance de pouvoir frotter ses oreilles à chaque mêlée au talonneur d’en face. Plaisir d’amour ne dure qu’un instant. Seules les premières lignes peuvent en parler une fois le sparadrap décollé. Ce qui protège rend sourd. C’est pour ça que les gros parlent avec les mains. Très loin l’idée de les comparer à des italiens. Souvent quand le sujet fait débat, le joueur au sol ne fait pas ses roulades et esclandres à l’italienne. La simulation n’a pas de place dans leur fameuse tirade ! Le cassé restera au trou. La rumeur dit qu’il a failli avoir deux morts ce mardi, mais deux fois Jacquouille. Le castor suce-cité ressuscite et reste toujours à l’épreuve des balles. Gloire à jacquouille. « Pitié protégez nos seins nourriciers » prie Lourdes qui sur l’instant prit avec un « t » conscience de son oubli, impardonnable de n’avoir accordé une place à notre Jacquouille en œuvre intemporelle de son nouveau musée dédié à l’ovale. Le castor est au-dessus de çà. La mémoire n’a pas besoin de lieu. Un jeu qui ne tourne pas rond, ma foi…Que cela ne tienne la voie se fera lactée et voilà du bon fromage !

Le dessert à choix à tarte. Un gros reste un gros. Pistaches abricots. La rondelle fait son printemps.

La nuit fait place à la lumière du trou. Hamilton accompagna son bicycle sur quelques pas. Regarde la rue. Point de phares. La chaussée brille dans le noir. Il chevaucha la mécanique. L’habitude ne surprend pas. Des rayons sont en soutien. Le premier coup de pédale annonce le dédale. Les sensations sont là. Vivement Mardi prochain, c’est Peyo qui régale !

11 novembre 2019

50 ans de Bouffes: Marco un Z'amour du trou

Par Le Barde et Bardibulle


Le crachin s’était estompé. Pas la moindre hallebarde ne tombait sur Musard. Nous pûmes jouer dans des conditions propices. Le Prez et Tom étaient de pré. Nous étions une douzaine. La partie fut agréable. Trop de courses latérales peut-être, quelques ballons tombés ; mais la partie fut agréable. Le Bardibule virevoltait, Croucrou sortait de temps à autre de son aile, et le doc cisaillait la ligne adverse avec tranchant.

La ballade se proposa entre les 22 et les 40 adverses. Les espaces plaisent à certains tandis que d’autres espèrent une décale en simple passe. Un débat sans début ni fin sur la taille du trou autrement dit entre l’innée et l’acquis, la jeunesse et l’expérience, le physique et la technique. La psychologie du développement dans ces paradoxes d'appuierait au je du Wallon et ses différents stades. Le haut fait débat bien entendu ! Le développement de l’enfant-joueur selon le psy qui se respecte est une succession alternative de stades centripètes et de stades centrifuges. Imiter dans la limite des passes possibles. La métaphore se fait Fontaine quand le lièvre taquine la dite tortue. L’éternel combat entre la tortue béglaise et le lièvre à la sauce tarlousaine dans son fameux « balle à l’aile, la vie est belle !». Pour résumer, le mouvement se fait soit en ouverture soit en pénétration. Lors des stades centripètes, l’enfant-joueur se centre sur lui-même, sur la construction de sa personnalité, de son identité. Bref dans l’ovale il se la joue perso. Le stade de l’égo se fout de l’haltère. Dudu crie et se lamente sur les non passes, et des sautées, pour lui il y a toujours un juste milieu pour le bon « je ». Lors des stades centrifuges, l’enfant-joueur se centre sur la connaissance du monde extérieur. Le principe de la passe est de penser à un autre. Entre l’abnégation du joueur, et l’apnégation (principe de jouer en apnée ne comptant que sur ses propres réserves) la limite ne se fait que sur un pas. Et sur ce point le physique est impitoyable car au rugby le physique on s’en branle. Freud aspire la fumée de sa pipe et disperse un nuage sur l’éclairci. Nous reprendrons cette observation qui se confirme dans cette maxime pré-lactée, les gros ne savent pas lancer ! Passage succulent entre le plat principal et le fromage. L’équilibre est dans le mouvement et une douche très chaude.

Marc est un prénom qui peut être rattaché à Mars, dieu de la guerre et de la fertilité des cultures. Marc est un dur fertile, surtout sur le pré. Sa rudesse est propice à l’envol des gazelles ; elle est généreuse. C’est un doux dur si l’on veut, un bel oxymore.

Mais Marc est aussi fertile en mets de toutes sortes. Ses mannes sont innombrables et d’essence italienne. Une jolie manière de saluer le Prez qui revenait du Japon. Car le rugby est un sport mêlé of course.

Pour la première fois, nous eûmes des bruschetta en entrée, avec une salade de mâche nappée d’une vinaigrette tendrement servie par Jacouille. Oui, la botte a du bon. Alban arrivé sur le tard apprécia cette première. Comme Amélie qui espérait des restes pour ses six petites poules. Comme il les aime ses poules, ses cocottes. Croucrou s’est mis aux poules aussi. Il y a un lien indéfectible entre les poules et les plâtriers dont la Bible disait qu’ils étaient célestes ; et c’est vrai.

Marc est un z'amour. Sa cuisine se signe avec un Z qui veut dire Z'ai le ventre plein! Il parle plusieurs langues notre cuistot et ce soir c'est l'Italie qu'ils nous offre. Le bon est dans la couche . Les lasagnes à la Marco... je vous prie. Les portions légères comme le cuistot ambitionnaient de faire pleurer tous récipiendaires. Objectif rempli homme notre estomac. Piou Piou divisa sa part en trois et pria la madone pour la multiplication des pains. Les lasagnes chez Marco sont à son image solide et lourd dans l'impact.

Le lancer fut magistral pour l'homme de mêlée qu'il est. Une fois la main faite sur trois envols, elle se libéra pour se prêter à des prouesses moins aériennes mais bien plus bulldozer. Avec un z comme Z'amours. La dualité fait l'homme. 



Il remplit la table et la débarrasse en même temps. Le mouvement est centripète (les verres) si vous suivez le raisonnement. Altruiste à souhait. Gloire au lacté !

Dieu que ces tiramisus étaient bons, touchés par la grâce. C’est un mot aux douces consonances tiramisu. Il vient du vénitien « tiramesù », littéralement « tire-moi vers le haut », « remonte-moi le moral », « redonne-moi des forces ». C’est peu dire que Marc donna raison à cette étymologie. Nous étions aux anges.

La belote vit la victoire d’Hamilton et la défaite du doc. Hamilton à la main heureuse. Le doc un peu moins. Ainsi va la vie.

Marc quitta le trou, heureux et serein. Lui vint un extrait de l’évangile de celui au prénom éponyme : « Car rien n’est caché, sinon pour être manifesté ; rien n’a été gardé secret, sinon pour venir à la clarté. » J’ai fait mon devoir se dit-il, j’ai offert le meilleur de moi-même. Je suis du bon grain, pas de l’ivraie. Pas la moindre goutte de pluie ne tombait. Marc regarda le ciel et se fendit d’un large sourire. L’air était frais et son pas guilleret.