Par Le Barde
Pioupiou se désespérait. Plus de Musard, plus de trou. Bien sûr il y avait la pétanque ; bien sûr il y avait la pala. Mais il avait fait son deuil des rondeurs depuis belle lurette. Son corps aspirait au pré. La quancha, les Quinconces, ce n’était pas le pré. L’automne ajoutait à sa nostalgie. Il pensait aux courses de Jean-Phi, à sa manière d’emprunter des chemins de traverse. Aux saillies du Bardibule, et au maintien de Dudu.
La veille, il avait été interrompu dans son sommeil par un
tonitruant A table de Pépé. Il regarda les murs de sa chambre. Ce
n’était qu’un rêve. Et de grosses larmes roulèrent sur ses joues.
« La vie sans vous » ce n’est plus la vie se disait-il. « Je veux
bien faire contre mauvaise fortune bon coeur, mais le cœur n’y est
pas. » La résilience, ce n’est pas son truc. Il laisse ça à d’autres, à
ceux qui pensent qu’un mot suffit à dissiper les ombres de la réalité.
La vie, rien que la vie. Le pré, le trou.
Pioupiou se réfugia dans l’œuvre de Rimbaud. Il se délecta du
Bateau ivre. « Vrai, j’ai trop rêvé, les aubes sont navrantes. »
répétait-il en boucle. « Moi, mon panthéon, c’est le trou ». Et j’y suis
entré par la grande porte. Ah ! Ouvrir la lourde porte métallique,
entendre la douce voix du vieux quatre, boire une petite mousse ! Et de
verser encore des larmes.
Une petite pluie tombait sur la ville. Pioupiou regardait les
nuages. Il longeait les quais. Il poussa vers Bègles. S’arrêta à Musard
et prit le chemin du trou. Il ouvrit la porte, descendit l’escalier et
s’assit un long moment près du comptoir. Il pensa à son Arthur. « Et
j’ai vu quelque fois ce que l’homme a cru voir ». Et il vit. Il vit Titi
s’engouffrait dans des intervalles, le Prez allait ses longues
chevauchées.
Il sortit. La vie alentour lui était indifférente. Il regarda de
nouveau les nuages. Ils s’effaceront bien tôt ou tard se soupira-t-il.
Après tout, l’actualité n’est qu’un masque et comme le dit Arthur, « la
vraie vie est ailleurs. »
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