22 décembre 2021

Bressan Fried Chicken

Par Le Barde


Le petit dernier de l’année, l’ultime toucher. Un premier jour d’hiver. Un froid sec.

Une poignée de queues plates, dont les petits petits de Léo et de Jean-Phi. JB est là, près des poteaux et regarde la geste qui se déroule sur l’espace exclusif des 22 mètres. Toujours pas de bardibule. La gonfle et ses adeptes sont orphelins. Bien sûr, il reviendra, mais sans lui le toucher manque un peu d’âme. C’est un peu comme l’adagio du concerto en sol de Ravel sans hautbois. Ce moment très précis où la grâce advient, paisible, calme, évidente.


Ça trottait plutôt bien. Au début, les doigts gourds laissaient tomber le cuir plus que de coutume. Même Dudu se laissait abuser par les aléas du temps. Et puis, tout ne fut plus que volupté. Christophe avait quelque chose d’un goéland. Léo distillait des caviars en se faufilant comme une anguille dans les intervalles. Le doc fusait. Alex débordait. Un dernier toucher vif.

Poulet nous attendait ceint d’un long tablier Bordeaux. La chambrée était correcte. Hamilton nous revenait. Lolo, Lapébie et Garcimore étaient là. A 21:53, on se mit à table. Sauf le barde et Hamilton qui papotaient, heureux de se retrouver. Poulet fit dans la diversité géographique. En bon bressan. Nous commençâmes par une quiche lorraine. Elle ne fit pas un pli. Parfaite. Enfin presque puisque Poulet s’entailla un doigt en la concoctant.
Puis, un gratin dauphinois. Craquant et moelleux. Et bien sûr du poulet. Mais des Landes, nappé d’une sauce à damer tous les saints. Le bressan n’est pas exclusif de ses frontières ; il est ouvert par nature. Il sait que la France est un pays mêlé. Pépé trempait son pain furtivement dans la sauce, comme s’il était en faute. Qui pour blâmer l’enfant qui sommeille en nous ? Il ne restait quasiment rien. Le dosage était parfait.
Vint le temps des assiettes. C’est peu dire que Poulet a la main ferme et précise. Pas d’apocalypse pour le dernier repas. Bien sûr, il y eut du bleu de Bresse. Il fallait cette touche originelle. Et du Comté. Notre fromager avait fait les choses comme il faut. Un pain marocain les accompagnaient. La géographie de Poulet sait tordre les frontières nationales.
Enfin, cette tarte aux pommes maison, sublime, délicate. La simplicité est mère de la grâce. Pas de chichis chez Poulet. Tout est juste, sans apprêts.

Une petite belote de comptoir se dressa entre Christophe, Hamilton et le barde. Christophe avait la main heureuse. Il ne laissa pas une miette d’espoir à ces deux compagnons de tapis. La nuit nous accueillit. Une nuit d’hiver paisible et pure. Chacun de retourner à demeure. Hamilton sur son cycle rouge. Poulet avec le barde, Rhône oblige. C’est le temps de l’avent. Quelques jours encore et l’enfance sera de rigueur.

On se retrouve le 4 janvier. Ce sera l’année aux trois 2. Oui, la vie est belle.

Aucun commentaire: