24 avril 2009

Le cuistot de la semaine a une pensée du Barde

Hamilton, c’est un pur, et il n’y a que les purs qui aient de la gueule. Moi, j’aime les « soupes au lait », les irascibles, ceux qui ne se contentent pas de ce qui est, les voraces de la beauté. Pourquoi croyez-vous qu’il se soit engagé dans la photographie Hamilton ? Pour faire des images que l’on dit belles parce qu’elles seraient censées reproduire le réel ? Non pas ! Mais pour saisir et proposer ce qui vaut. Sa plume, son pinceau : un appareil argentique, bien sûr. Son appendice : l’œil, et quel œil ! Son souci : la lumière, la vraie, pas celle des sunlights imbéciles.
Un esthète Alain, jusque sur le pré. Et comme tel rétif à l’imperfection. D’où ses coups de gueule parcimonieux qui titillent certains et donnent lieu à des prises de becs. Ses prises de becs-là font partie de notre patrimoine, et je serai orphelin si, d’aventure, elles cessaient. Un patrimoine se préserve. Imaginez que Croucrou n’y aille pas de ses agacements, que Loulou ne fulmine pas de temps à autre, que Lolo ne fasse pas tonner sa voix, que Titi n’y aille pas de son « Ta gueule Alain, tu nous fait chier » ? Non, ce serait un monde morne, triste, inhabitable. Tous sont des adeptes de l’auteur des Caractères qui eut cette pensée si juste : « Il me semble que l’on dit les choses encore plus finement qu’on ne peut les écrire. » Le caractère justement !
Alain, c’est un gardien du temple, un jeune ancêtre. Il est bon que nous soyons guidés encore, à Musard, par les dépositaires de notre culture. Je pense à Guitou, Dudu, à ces maîtres incomparables, à ces croisés d’un ovale pur, incandescent, sublime. Je m’abreuve, que dis-je, je me désaltère à leur source cristalline. Et je ne m’étendrai pas sur Loulou, – ni au propre, ni au figuré – , sur mon inaliénable Dieu, ma raison de vivre, mon berger. Que les petits castors en prennent de la graine.
Je m’éloigne d’Hamilton sans m’en éloigner. Ce qui est proche n’est jamais lointain comme l’a dit un jour Perdigue. Je te salue donc ma moitié culinaire qui fit les frais de mes ardeurs praguoises.

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