02 février 2012

Le cuistot de la semaine, made in China

Par le Barde 



Le froid est une chiquenaude, une peccadille, une pichenette, que l'on dissipe d'un revers de la main. Il suffit de taquiner la balle, comme on taquine la muse. La béchigue est notre muse. Tendre sa lyre, c'est tendre ses mains pour recevoir l'offrande d'un pair. En guise de pair, Musard, hier, était aux anges. Musard a trouvé ses muses et c’est bien. Étonnants castors, si adroits lorsque l'hiver plante ses banderilles glaciales sur leurs corps. Témoin Bernard (Palanquès) si vif et alerte, auteur d’un cadrage débordement d’école. Ou le panda (Loulou) aussi incisif qu'un stalactique. Oui, Musard en ce dernier jour de janvier était touché par la grâce. Et pourtant, JB n’était pas là.

Il y a de l'asiatique dans Corsenac. Et du Corsenac dans l'asiatique. Avec Jean-Louis, l'asiatique fait toujours mouche. Loué soit-il de ne pas déroger d’un iota à ses habitudes. Chaque année, il mixte les pays de l’Orient éternel. Et c’est bien. Un nem reste un nem, et c’est tout naturellement par des nems qu’il commença son office. Avec ce qu’il faut de feuilles de salade pour couvrir les précieux rouleaux que l’on dit de printemps. Jean-Louis n’avait pas omis la menthe. Ah ! la petite tige de menthe que Sébastien remuait comme un brin de muguet en attentant des printemps qui chantent. Le rouleau de printemps, lui, ne chante pas ; mais c’est tout comme.

Le bœuf au saté, ce n’est pas fait pour les gros enculés. C’est pour cela que Jean-Louis  en fit. Pour le plus grand bonheur des castors du jour. Le porc au caramel, ce n’est pas fait pour les mères maquerelles. C’est pour cela qu’il en fit Jean-Louis. Il y en avait pour tous les goûts qui sont, comme chacun le sait, dans la nature. Sauf dans celle des gros enculés et des mères maquerelles. Mais le bœuf au saté ou le porc au caramel ce n’est rien sans le riz cantonais. Jean-Louis nous proposa donc du riz de Canton et sans Canton (pour ceux qui aime l’épure de cette plante monocotylédone dont le fruit  indéhiscent est un caryopse dont le péricarpe très mince enveloppe intimement la graine).  Arnaud et Guitou jubilaient sous l’œil attendri de la Piballe.

Le fromage est rétif à l’asiatique. Donc pas de fromages. En sorte que Jean-Louis répugna à la tradition du lancer d’assiettes et dut s’exécuter de mauvaise grâce. N’importe, il lança avec une distance feinte les ronds ustensiles prêts à recevoir une exquise salade de fruits mêlant mangues et litchis ( et non pas lychnis ).

Une belote de comptoir se forma. Puis, un petit attroupement se fit au comptoir. Lolo et Loulou vantèrent les mérites des cannelés (les cannelés noirs et croustillants) et du kouglof. Ils avaient l’âme pâtissière ; on a l’âme qu’on peut. Mais j’ignore les raisons qui les poussèrent à étaler leur âme de la sorte. Surtout après un repas asiatique. Car les asiatiques se moquent de l’âme. Pâtissière ou pas.

Minuit s’éternisait un peu. La petite bande de castors pointa le bout du nez dehors et marqua un temps d’arrêt. La rue était froide, triste. On entendit alors vrombir le V8 de la Jaguar de Jean-Louis. Et la nuit devint belle. Je ramenais Loulou chez lui. Il était aux anges.

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