30 juin 2013

Le cuistot de la semaine se met au vert

Par Le Blogueur


J'ai les boules. J'ai laissé le matelas sur mon transat cette nuit et il est mouillé. Du coup je ne peux pas m'allonger dessus sous le soleil de ce dimanche. Alors j'ai pensé à Titi. Pas pour m'allonger dessus mais pour son repas du mardi dernier.
Titi était en cuisine et non pas sur le terrain. C'est pour dire combien les dernières courses de la saison étaient si peu sexy. Même si on a fini tous à poil sous un jet d'eau à l'extérieur faute de vestiaires... On était pas nombreux mais contents d'être là. Certes sans Titi et ses jambes gainées de noir, bien que les collants noirs de Titi soient à la sensualité du rugby ce que les soquettes blanches sont à l'érotisme des mangas.
L'ambiance était bonne. Pas de râleries, ni de chamailleries. Pour une dernière, c'est important. On peut penser que la soirée des cinquantenaires y était pour quelque chose dans la petite fréquentation de ce dernier rendez-vous... mais non, pas du tout, Pascal R. était là, avec la cinquantaine difficile à croire. On n'a pas compté les essais, ni décrété une équipe victorieuse tellement l'ambiance était bonne. Il faudra s'en rappeler pour démarrer la saison prochaine.

Aussi peu nombreux nous étions sur le pré, nombreux étions nous au trou. Il y avait un air de happy hours. On papote comme si le soleil a enfin délié les langues.
J'entends par là le récit d'une magnifique après midi sur le green du golf, Pascal justement, l'après midi même ! Oui, il y a des métiers qui le permettent. Demandez à Pascal.
J'entends par ci le programme tauromachique de l'été. Lolo part en tournée régionale des arènes ! Oui, il y a des métiers qui permettent ça aussi. Jacqouille, fraichement opéré du doigt, soutient mordicus que le rouge n’excite pas les taureaux et que c’est le mouvement de la cape qui les rend nerveux. On va pas la lui faire à Jacqouille. Il connaît le bovin comme Sabite le bon vin. Le rouge a été tout simplement choisi pour cacher les traces de sang, celui de la cape, pas du vin.

L'heure de se mettre à table fut respectée. L'appel des bulots m'a dit le Pulpo. Bulots, aïoli, et légumes à croquer de tout genre nous attendaient pour prendre l'entrée. Malko m'a prévenu que les bulots ne se servaient pas par poignées parce qu'il y en avait peut être pas assez pour tout le monde. Il fallait se servir du bout des doigts. Comment Jacqouille s'en était sorti ? Personne ne sait.
L'aïoli était artisanal et dans le respect de la tradition. Les artichauts violets y ont trempé aussi. Des articahuts crus, les petits, que le Barde dans un élan wikipédien préciserait qu'ils peuvent être violets de Provence, ou violets de Venise, ou violets de Toscane, ou violets romanesco, ou violets cantanais... Bref, des artichauts poivrade. Des radis aussi. Et des oignons blancs. Un bon gros oignon blanc trempé dans l'aïoli t'assure une soirée de charme et de volupté. Le pâté Lou Gascoun après ça ne faisait pas le poids. L'haleine est au top.

Derrière ça, plat fraîcheur. Une morue et ses légumes vapeurs croquants et fondants, le tout servi froid. Le tout tenté par l'aïoli. Et c'est reparti. C'était bon, fin et frais. Titi préparait ses ouailles à la ligne d'été et au port altier du maillot. On s'en est réjouit faisant la nique aux calories. On commencait à s'y croire, quand vint le début de l'été sur la plage. Le clairet de Quinsac nous avait déjà planté le décor.

Après ça, Titi exécute un lancer d'assiettes comme une magnifique combinaison S1 avec retour inter. Pendant que les yeux des castors étaient rivés sur la rediffusion d'un All Black - France où était venue l'heure de l'essai du siècle, est venu le fromage du pays de celui qui l'a fait.
Juste après, le dessert est venu d'un autre monde : une glace maison nappée d'un coulis de cassis de Bourgogne. Très important le Bourgogne, la touche à Titi. Si avec ça le soleil ose repartir...

Un menu avec des idées pareilles sentait l'Isabelle à plein nez. On a rien dit pour ne pas enlever à Titi sa joie d'offrir et notre joie de recevoir. Une belote de comptoir se fait sur le comptoir avec pour mission de finir le reste des fûts de la saison, pour ne pas gâcher.

21 juin 2013

Le cuistot de la semaine, à propos de personne


Par Le Barde


Le général n'était pas là. Donc il n'y avait personne. Et personne, c'est Pioupiou. Toute présence naît d'une absence. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est Jacouille. D'ailleurs Jacouille, il n'était pas là non plus ; c'est pourquoi il était si présent. Le vide que laisse certains êtres nous permet de mesurer combien il nous manque. En sorte qu'ils sont, peut-être,  plus présents qu'absents. Perdigue aurait pu me murmurer à l’oreille : « Mon barde, ta philosophie à la mord-moi le noeud, elle me casse les couilles. » Sauf que Perdigue non plus, il n'était pas là. D'ailleurs, nous étions peu nombreux, une petite poignée tout au plus. « Une poignée d’abeilles vaut mieux qu’un sac de mouches » dit un proverbe arabe.

Heureusement il y avait Coco. Et quand Coco est parmi nous,  le trou n'est plus le même. C'est notre histoire en personne qui est là. Notre histoire s’incarne dans Coco ; Coco est notre Homère. Il était tellement ému de nous retrouver que son tabouret céda. Les quatre fers en l'air, il se redressa comme un seul homme et repris le fil de notre odyssée comme si de rien n’était. Les affres matériels ne pèsent pas sur notre Homère.  Madrid, Dublin, Paris... Pas une ville ne fut épargnée par ses souvenirs. Ils revivaient nos anciens, les Gérard, Pajus, Pozzo et j'en passe. Pépé, en aède bis, apporta sa petite note. Ainsi de ce match où il marcha sur un anglais pour l'empêcher de sauter en touche. L'anglais prit le bouillis et asséna une poire qui atteignit Gilbert. Cet enculé de Pépé s'était baissé à temps et Gilbert fila droit à l'hosto. Les absents ont toujours tort, c’est bien connu.

Jean-Phi pour meubler le vide avait appelé d’ex condisciples universitaires. Les trois gaillards, après avoir décliné leur nom et profession,  eurent droit à notre épopée. Un parcours initiatique en somme. 

Côté bouffe, Pioupiou, c’est-à-dire personne, fit dans l’estival : melon/jambon. Sauf qu’il fait froid, que la pluie ne cesse de battre le pavé, qu’il tombe des hallebardes et que Pioupiou sans grattons c’est comme la madonna sans le bambino. (La Vierge à l'Enfant ou Madone est un thème récurrent en peinture et en sculpture religieuses, renvoyant à la Nativité du Christ et à la maternité de la Vierge Marie. L'axe des regards entre la mère et son enfant est fréquemment souligné, de même que les signes symboliques des doigts et mains du bébé, également trouvés chez un ensemble de personnages sculptés ou peints dans les églises de la chrétienté. En sculpture, les « Vierge à l’Enfant » sont appelées sedes sapientiae.)

Bien sûr il y eut de la viande rouge. Un tantinet trop cuite. Mais l’on pardonne tout à personne surtout quand personne c’est Pioupiou. Et puis des petites pommes de terre rissolées. Et puis du fromage. Et pas de lancer d’assiettes puisqu’il n’y avait personne. Et personne, c’est Arnaud. Il lança les assiettes comme personne. Par fatalité, beaucoup échouèrent sur le sol, abandonnées à elles-mêmes. Et miracle, en dessert de la pana cotta au kiwi. (La pana cotta est fabriquée à partir de crème, de lait et de sucre auxquels on ajoute de la gélatine pour obtenir une consistance ferme. Son nom signifie littéralement « crème cuite ». Ce dessert est généralement servi avec un coulis de fruits rouges. L'origine exacte de la panna cotta n'est pas connue mais plusieurs théories suggèrent que la crème, très prisée en Italie du Nord, était historiquement consommée nature ou sucrée à l'aide de fruits ou de noisettes. Les recettes les plus anciennes employaient des arêtes de poisson bouillies à la place de la gélatine. Le sucre, produit d'importation coûteux, n'était alors pas accessible aux classes populaires.) C’était léger, frais. Comme Pioupiou. 

La soirée s’attarda un tantinet. Ce n’est pas parce qu’il n’y a personne qu’il ne faut pas s’attarder un peu. Dehors, le temps était frisquet et une pluie parcimonieuse irritait nos désirs d’été. N’importe, nous avions en tête les récits de notre Homère. Ivres de souvenirs, nous avons répondu à l’invitation de Morphée. (Morphée (en grec ancien Μορφεύς / Morpheús, de μορφή / morphế, « forme »), dans la mythologie grecque, est une divinité des rêves prophétiques. Il est, selon certains théologiens antiques, le fils d'Hypnos (le Sommeil) et de Nyx (la Nuit), et selon d'autres, la principale divinité des mille Oneiroi engendrés par Nyx seule. Il a pour vocation d'endormir les mortels. Il est représenté avec des ailes de papillon battant rapidement et silencieusement, qui lui permettent de voler. Pour se présenter aux mortels, il se transforme en êtres chers (d'où son nom signifiant « forme »), permettant aux mortels l'espace d'un instant de sortir des machinations des dieux.)

13 juin 2013

Le cuistot de la semaine et sa tête de cochon

Par Le Barde


La plaine des sports devient une habitude estivale. Et c'est bien. Reconnaissons que le pré y est plus tendre qu'à Musard. Pour les vieux, c'est une aubaine. D'ailleurs, il y avait Loulou et Lolo. Ce fut un toucher agréable même si la profondeur est trop souvent absente de nos courses. C'est le syndrome de l'à-plat. Chaque époque a ses antiennes. Walid était particulièrement en jambes, délesté des grammes superflus d'une année harassante. Régis brilla. Seb aussi. Don allait et venait, zébrant la plaine de ses courses vives. Titi était plus fringant que jamais après son périple new-yorkais. Une bonne partie de campagne au pays des radis et de la morue.

Au trou le vieux quatre s'était mis en quatre. Alain craignait pour son estomac et redoutait un attentat pimenté. Il n'en fut rien. Tomates mozzarrela en entrée. Parfaites. (La mozzarella, mot parfois francisé en mozzarelle, est un fromage italien. Elle peut se consommer nature, crue ou cuite, et entre dans la composition de nombreuses recettes de salades, pâtes, pizzas, etc. Il existe un très grand écart de qualité et de saveur entre la production artisanale et industrielle. La mozzarella traditionnelle n'est faite qu'avec du lait de bufflonne, tandis que les fromageries industrielles utilisent tant la production de la bufflonne que celle de la vache). Alors Alain Charles, industrielle ou artisanale ta mozzarrella ?

Ensuite, un petit cochon, un cochonnet. Perdigue s'empara illico de sa tête après que le vieux quatre lui eut administré un baiser buccal (à la tête). Il fallait faire sa part de la chair promise, tailler, et prendre ce qu'il faut de peaux dorées pour la faire craquer dans nos becs. Un délice. En accompagnement, de fermes pommes de terre dont certains houspillaient la tendresse. "Elles sont pas cuites tes patates mes couilles" ronchonna Jacouille. A tort. La tendresse est dans le ferme. Le vieux quatre n'en avait cure. Il trônait comme un pape à côté de nos doux vieux, de la fée et du petit Tcho. Il y alla même de sa salade. Une métamorphose qu'Alain appréciait à sa juste mesure.

Vint le lancer d'assiettes. Il fut fracassant. Alain-Charles fut fidèle à lui-même. On redoutait le pire, on eut le pire. Alain-Charles appartient à un temps où l'adresse n'était pas requise chez les mules, et les mains superflues. Sauf pour chacailler l'adversaire. Les pompes demeurant l'instrument privilégié de ces combats préhistoriques.

Un large brie fut. Servi. En réalité, il précéda le lancer d'oboles. Mais qu'importe. Un bon barde doit respecter les traditions. Peu importe la réalité. Le mentir-vrai est la clé de toute prose.

Trois gâteaux. Deux à la fraise. Le troisième praliné. Rien à dire. Et des fraises, des fraises à profusion, des guariguettes. (La Gariguette est une variété précoce de fraise très populaire en France. Créée dans les années 1970 par croisement entre les variétés Belrubi et Favette par des chercheurs à l’Inra d’Avignon, sa chair est parfumée, juteuse et acidulée. De couleur rouge-orangé, elle possède une forme allongée. Elle  se récolte dès le mois de mai et peut ainsi rivaliser avec les variétés plus méridionales, d’Espagne ou d'Italie). Elles connurent un franc succès. Pas une ne resta à demeure. Pas de What Else, pas de café. Mais du champagne pour achever l'anniversaire du vieux quatre célébré lors de notre radieuse victoire contre les Old Lions.

Le comptoir eut plus d'adeptes que d'ordinaire. Il faut une fin à tout. La nuit reprit ses droits. Douce et paisible.

06 juin 2013

Petit archi deviendra grand

Par Le Barde


C'était à Bègles, près de la plage, sur la plaine des sports. Il faisait beau. Les jeunes pousses de l'école d'architecture nous défiaient, auréolées de leur titre de champion de France [NDLR : Cette histoire de champions de France était uniquement destinée à gonfler le moral des troupes, ils sont juste champions universitaire du comité Côte d'Argent, excusez du peu]. Aux archis, on ne craint pas de donner une leçon au blé en herbe. Sans doute était-ce l'ambition de Cap'tain Gwen. Et nous donnâmes une leçon. Mais ne précipitons pas le cours des événements.

D'abord, il y eut un toucher. Cela devient une tradition : on se touche avant de se rentrer dedans. Une banale affaire de préliminaires qui permet aux vieux de montrer, si besoin en était, que le cuir se caresse. Les vieux, les Casanova de la gonfle, se nommaient en l'occurrence Gary Grant (Campech), Mozart (JB), Hamilton et moi-m'aime. Avec une touffe d'Amélie. Deux lignes de quinze joueurs s'efforçaient tant bien que mal de libérer l'espace propice à l'essai libérateur. Je crois qu'il y eut égalité au terme de la quinzaine de minutes consacrée aux préliminaires [NDLR : Ils ont marqué un essai de plus !]. Quand on aime, on ne compte pas. Les hostilités pouvaient vraiment commencer.


On redoutait le pire, on eut un récital. Orchestré par Amélie. Il a le sifflet juste Amélie, impartial, impérial, docte. Les Archis accueillaient le fils à Lolo qui vit des heures douces et tendres avec la divine Caro en Sardaigne. Domi était de retour,  les deux Pascal itou (A. et R.). Yannick recouvrait ses ardeurs d'antan. Thomas, Arnaud, Perdigue, Peyo, Seb, Walid étaient là.

Les jeunes couraient. Ils tombèrent sur os : Bernachatte. Il découpait, découpait. Il y a du Titi (Dussautoir) dans Bernachatte, sans conteste l'homme du match, le castor d'or. On peut sans hésiter l'affubler du sobriquet d'El Placo. Ce qui, soit dit en passant, compensait l'absence des plâtriers. Sur un terrain, nul n'est censé oublier Bernachatte.

Si ma mémoire est bonne, les jeunes architectes ouvrirent le bal. La réplique fut imminente. Des passes, des passes et encore des passes, et Perdigue fila entre les barres. Gwen pétait. Et Yannick aussi, se gaussant d'un jeune quatre bien sympathique. Il est comme ça Yannick, il chambre. Luc crochetait. La première  mi-temps fut équilibrée. Amélie veillait au grain. Tel qu'en lui-même.

La seconde mi-temps fut une merveille de jeu. Un opéra. Pas La clémence de Titus. Pas davantage la Walkyrie. Non, La Flûte enchantée avec Gwen en reine de la nuit et Seb en Pamino. Toto fila à l'anglaise, comme contre les Olds Lions, sauf que là, c'était les youngs archis. Puis Seb prit l'intervalle salvateur qui récompense les plus audacieux. Peyo par deux fois fit apprécier sa passe. Walid manqua d'aplatir d'un cheveu blanc, d'un grain de sel. Et Gwen pétait, avec Perdigue à ses trousses. On eût dit un petit poussin avec son coq de père. JP Grant apporta sa grâce naturelle au centre de la ligne de trois-quarts.

Sur la touche, JB jubilait, La Piballe se régalait, Flo regardait les nuages, les merveilleux nuages, et El Poulpo était aux anges. Les poulpes sont les anges de la mer, c'est bien connu. Certes, les youngs inscrivirent un tardif essai. La messe était dite. Une victoire de plus. Trois essais à deux.

Ces jeunes archi, c'est du tout bon. Bien des vieux pourraient s'en inspirer. Il leur reste de monter en gamme. C'est une question de temps. Encore quelques années et ils gonfleront nos rangs.

Au trou, Pioupiou fit dans la sobriété. Ce qui ne veut pas dire qu'il fit dans la dentelle. Le Général et l'Amiral attendaient leur troupe. Ithurbide aussi. Les petits jeunes vinrent en nombre et écoutèrent religieusement les mots du premier des nôtres. S'il n'y eut pas de père Abraham, il y eut la fille du bédouin. On restait dans le désert. La soirée fut bonne enfant. Le rugby est un sport de galopins. Cap'tain Gwen était heureux, la pinte bien en main. Prochain match aux trente ans des Old Lions. Seuls les préliminaires seront admis.