Par Mozart
Le message véhiculé via le tocsin numérique sonné par Patrick D s’est propagé parmi la horde des castors. Pour cause de maintenance, le terrain de Victor Louis ne pourra accueillir ses hôtes du mardi soir. Sous réserve de trouver rapidement, c'est-à-dire instantanément, une solution de remplacement il n’y aura pas d’entraînement ce mardi. Donc pas d’entraînement. La nouvelle est fâcheuse. A la veille du départ pour sa tournée en Sicile, la célèbre équipe de Rugby, Archiball Bordeaux ne va pas pouvoir effectuer les ultimes et millimétriques réglages nécessaires à la dernière mise au point des phases de jeu élaborées avec assiduité et minutie depuis le début de la saison. Les « responsables terrain » se sont consultés et ont convenu que compte tenu du niveau technique exceptionnel de leurs joueurs et du sérieux avec lequel ils se sont préparés tant sur le plan collectif qu’individuel, un simple warm up avant le match devrait faire l’affaire. Ouf !
Maintenance ? Maintenance de quoi me direz vous. Notre terrain est une véritable merveille. Les trombes d’eau que le ciel a déversé tout l’hiver sur lui et nos pauvres têtes n’ont pas réussi à former la moindre flaque à sa surface d’un vert immaculé. Chacune de nos foulées a été accueillie par une épaisseur de pelouse à rendre jaloux les jardiniers de Buckingham Palace.
Justement, c’est pour ça qu’on a un super terrain. C’est parce que NOS jardiniers à NOUS ne sont pas des blaireaux, ils savent quel est le meilleur moment pour faire ce qu’il faut. Ca s’appelle de la bonne gestion, de l’anticipation. Pour que ça continue à aller bien, il faut faire les choses nécessaires quand tout va bien, même si ça gêne, même si les décérébrés à grande gueule ne comprennent pas. Ne pas attendre que les problèmes vous tombent sur le nez pour agir, voilà la clé. Ca me fait penser à un truc. Je ne sais pas vous, mais moi j’enverrais bien les mecs à large front faire un stage de jardinier à leur sortie de l’ENA. Nos jardiniers ayant refusé le pont d’or proposé par ceux de a perfide Albion, ces derniers on fini par goudronner devant Buckingham Palace, ne gardant que la partie engazonnée au delà du Victoria Mémorial qui lui fait face, et nous, on a notre super terrain de Victor Louis.
Bref tout le monde s’est rendu directement au Club. Enfin, tout le monde sauf Dudu, qui n’a pas encore totalement appréhendé le tocsin sous sa forme numérique et qui s’est pointé au terrain avant de rallier le Trou.
Au 1 rue de Bègles, Régis est aux fourneaux depuis pas mal de temps quand arrivent les premiers castors. Des effluves délicats et exotiquement épicés montent doucement l’escalier et viennent accueillir les arrivants en leur harponnant doucement les narines. Ces senteurs envoûtantes les attirent vers les profondeurs de notre antre aussi sûrement que le chant des sirènes vers les récifs du détroit de Messine. Serai-t-ce une mise en garde prémonitoire à la veille de notre voyage à proximité du dit détroit, le docteur Ulysse préconise d’ajouter dans la trousse d’urgence, des boules Quies et quelques mètres de corde pour parer à toute éventualité. Les membres de la troupe arrivent en ordre clairsemé. Le contexte particulier de cette semaine d’avant voyage et sans pré, divise par deux l’affluence habituelle, dommage ! A noter par bonheur les présences de notre Chairman toujours prêt à mener la chorale et d’Alain F. de Kouroucoucou.
Régis, c’est son premier tour de bouffe aux Archi et il nous a concocté un menu en forme de carte de visite et de carte au trésor. Suivant l’itinérance d’un papa militaire, il a ramené de son enfance au Maroc quelques recettes qui font notre bonheur.
Dès l’apéro, les olives à l’ail, au citron ou aux épices agrémentent les sempiternelles mais toujours appréciées cacahuètes qui accompagnent fidèlement la pression servie par nos barmans de choc.
Quelques minutes après l’heure règlementaire claironnée par la douce voix de Pépé, nous passons à table en nous regroupant coté Muppet Show. Pour entamer la partie solide, une harira vient emplir généreusement nos assiettes. L’harira est la soupe traditionnelle Marocaine. C’est elle qui rompt le jeune durant le ramadan. Celle de ce soir à base de lentilles, pois chiches, oignons, œuf est à la fois délicatement et fermement relevée par un dosage subtil de coulis de tomate, persil, coriandre, safran. Une pincée de sel supplémentaire lui donne l’équilibre parfait, celui qui vous stimule les papilles à la dégustation mais vous les rend en parfait état de marche pour savourer la suite. Profitant de l’absence de ceux qui ont eu bien tort de ne pas être là, les volontaires pour une deuxième tournée n’ont aucun scrupule à se resservir.
Ce soir pas de bêlements du troupeau affamé car suit dans un parfait timing, le tagine de poulet au citron confit. Agrémenté d’oignons, coriandre, safran et gingembre, il nous est aussi servi avec générosité et accompagné de riz. Un véritable régal qui stimule la bonne humeur et les chants montent sous la houlette de Coco en chef de cœur. Walid égrène les noms de ceux dont l’anniversaire proche, passé ou futur appelle à ouvrir le Champagne. Cette litanie déclenche autant « d’happy birthday to you » qui eux mêmes provoquent l’ire de Pépé qui ne supporte pas ces dérives Anglicisantes.
Epoustouflés par la performance culinaire de Régis, d’aucuns cherchent chez lui le coté féminin qui expliquerait la chose. Mais devant la difficulté de cette analyse, les arguments manquent. L’évocation par Perdigue d’une ancienne conquête d’origine Portugaise qui sur le plan pileux pouvait, peut-être, soutenir la comparaison fait long feu et le débat sur la théorie du genre retombe comme un soufflet mal cuit.
Le lancer d’assiette sur fond sonore de piste aux étoiles s’effectue sans incident notoire si ce n’est un refus de réception caractérisé de Bernatchat. Le bon fromage au lait sollicité en chanson arrive avec le Munster, pas celui d’Irlande, celui de Moselle en référence à la petite enfance de Régis né à Sarrebourg.
Enfin, le Pastis des Landes avec sa crème Anglaise, les Landes où Régis a passé son adolescence avant de venir à Bordeaux pour ses études, clôturent ce menu hétérogène et néanmoins délicieux. Comme toujours, les menu concoctés a tour de rôle par chacun d’entre nous racontent une histoire sur leurs auteurs.
El Poulpo dont c’est l’anniversaire fait péter le champagne. Les conversations roulent autour et par-dessus le comptoir refaisant le monde un peu mieux que ce qu’il n’est. Apres le café pour les plus raisonnables et un verre supplémentaire pour les autres, le noyau dur se dissout peu à peu et chacun remonte doucement à la surface pour y retrouver la vie ordinaire.
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