10 février 2017

LeS cuistotS de bouffe : le duo de l'oeil et de la plume

 Par Le Barde, Bardibulle et Bardatruc
 

Nous étions deux en cuisine parce qu'il n'y avait personne. Quand il n'y a personne, on peut être deux. Une manière comme une autre de faire la nique aux mathématiques. Au trou : 0=2. Ou, si vous préférez, le théorème du trou.

Nous étions donc deux, Hamilton et moi. C'est notre côté Montaigne et La Boétie, Verlaine et Rimbaud, bien décidés à ne laisser aucune place a personne. (Sur le calendrier, Stephane devait s'y coller. Mais Stephane, il s'y était déjà collé. En sorte qu'il fallait combler ce vide.) Ainsi, de bon matin, Hamilton fit ses emplettes aux Capus, lors que je faisais les miennes en fin d'après-midi dans la proche banlieue. Point de vide au trou en ce premier matin de février.

Hamilton nous gratifia d'une salade prolixe. Céleri, endives, champignons des près, et autres babioles vertes, recouvertes de petits lardons craquants à souhait. Le tout arrosé d'une vinaigrette aux relents balsamiques au grand dam de Pépé. Le trou se régala de tant de fraîcheur. La table était parfaitement garnie. Enfin presque. Il y avait une ou deux places vides, autant dire personne.

JB était là avec sa petite musique de nuit incomparable. Léo itou. Tout comme Stéphane dont la fidélité recouvrée nous comble. Et Guitou. Un jeune homme. Pépé refaisait l'histoire du rugby pour Bardatruc. Il découvrait des légendes, légendes que Le Miroir du rugby, alors, consignait dans ses pages hebdomadaires : Mias, de Gregorio, Cester... Il nous conta son match où, exclusif de son pays, il subit les foudres de ses adversaires, comme ils découvraient ses origines. Pépé, c'est un monde. Et le meilleur.

Ce mardi, au trou nous attendait le duo d'artistes : l'œil et la plume, entendez Hamilton et le Barde. Leur credo papillaire pourrait paraître "old fashion", Maïténesque à savoir simple et bon. A y goûter de plus près, leur proposition gastronomique est radicale ! Radicale comme le céleri coupé finement dans une jolie salade. Radical comme la cuisson "aldente" des "pasta". A la première bouchée, tu comprends que la cuisson des pâtes ne s'improvise pas en lisant les instructions au dos du paquet. C'est un truc qu'il faut sentir et le Barde il la sent. Garnies d'une sauce Bolognaise faite avec amour, parsemé de parmesan aux parfums balsamiques, le tout présenté avec sa feuille de basilic, il ne restait plus qu'à savourer. JB, l'espace d'un moment, les yeux dans le vide se retrouva au volant d'une superbe Alfa Roméo décapotable, rouge mais est-il besoin de le préciser, par une après-midi douce et ensoleillée de Toscane. Chaussé de ces mitaines sports en peau d'ânesse et sapé comme jamais, il descendit un rapport d'un subtil talon-pointe pour entrer avec vigueur dans une courbe qui lui faisait déjà penser à la femme qu'il allait rejoindre, sa Gina Lolobridgida, sa Sophia Loren, sa Monica Bellucci…

Putain, c'est vrai que ces ritals ont de belles actrices, les nôtres paraissent si froides, un peu à l'image du puy de dôme face à l'Etna. Avec les unes, tu sais que la grotte est déjà chaude et que la lave jaillira tel un feu d'artifice, alors qu'avec les autres, il faudra s'employer pour mettre la caverne au mieux à température ambiante et prier pour faire bouillir le geyser !

Comme de bien entendu, le lancer se fit à deux, de part et d'autre de la table. Le carrelage ne connut pas une miette. De la belle ouvrage. Hamilton avait quelque chose de Federer dans son geste, précis et relâché.

Hamilton avait glané deux fromages au Capus le matin. C'est peu dire qu'ils étaient à souhait. Chacun de joindre à un petit bout de pain l'offrande d'un crémier de premier ordre. Le Sabite délivrait ses arômes mêlés à ceux des dits fromages. Et le mélange avait de la gueule. Le parfum de nos palais en témoignait.

Avant le fromage, WikiRugbyPépé, le Barde et Hamilton se lancèrent dans leurs souvenirs mais peut-on réellement parler de souvenirs tant les noms de grands joueurs des années 60 et 70 cités semblaient frais à leurs esprits. Quel régal, pour un bitos inculte, d'assister à cet enchainement d'anecdotes telle la bechigue passant de mains en mains. J'y ai appris ce soir-là que Jean Prat avait été porté en triomphe par ses adversaires gallois à la toute fin de sa carrière internationale, et surnommé Mister Rugby par les journalistes britanniques. Imagine t'on aujourd'hui tel comportement ? Samedi dernier, les anglais auraient-ils porté Atonio pour son magnifique en avant à 3 mètres du but !

Puis vint la divine salade de fruit d'Hamilton. Le végétal c'est son dada alors quand il s'agit de faire une composition, notre homme s'exprime avec talent. Finesse dans la découpe des fruits, finesse dans les proportions oranges, pommes, poires, le tout arrosé finement de vin blanc, la messe était dite, ce repas fût excellent.

Une belote de comptoir, comme il se doit, se dressa. Julien en fit les frais et sortit en dernier. Son duel final contre le Tarbais le laissa gros Jean comme devant. Sous le regard du Prez qui s'était extrait de la meute depuis belle lurette. Ainsi qu'Hamilton, la Jacouille, Serge, Perdigue et moi-même. Toujours pas de Walid hélas. La carte est triste hélas quand Walid n'est pas là.

Le Prez proposa de faire un tournoi de belote traditionnelle un de ces mardis si, d'aventure, le temps était au gros. Tous de saluer le désir présidentiel. Et de lui donner chair le jour où.

La nuit était douce. Un peu de pluie. À peine. Quelques gouttes éparses. Une musique que l'on aime. La ville est un son. Hamilton remontait le cours de la marne vers son antre sur son vélo aux charmes désuets et superbes. Pépé refaisait ses matchs. Et Pioupiou tendait ses bras éplorés vers Morphée.

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