Par Le Barde et Bardibulle
Toujours cette douceur printanière. La sève monte, le renouveau guette. Il y avait d’ailleurs beaucoup de jeunes pousses sur le pré. Le printemps est castor. Ce n’est pas Simone qui aurait dit le contraire. Nous ne sommes jamais floués par le printemps, sauf lorsque les giboulées sont de la partie. Mais de giboulées, il n’y avait point. Et le pré s’offrait à nos courses juvéniles.
JB trottinait. Dudu avait la main heureuse ; sa passe est toujours aussi suave. Le bardibule interceptait en se jouant de la gonfle. Quel art ! Joss imposait sa puissance, Alban avait un petit, tout petit air de Codorniou. Et Perdigue allait tel un taureau furieux sur l’herbe synthétique. Notre Barde fit une apparition car sa cuisse lui rappela qu’il n’est pas Jupiter. Son jeu à une patte ne peut rivaliser avec un jeu à deux pattes. Perdigue de soupirer « Le Mille pattes, lui il ne peut pas se claquer… (un silence le temps pour compter le nombre de pieds sans hémistiches et de conclure dans une logique qui lui appartient …) Plus on a de jambes moins on a de têtes !». Heureux de cette libre association, le vendangeur continua sa gambade bien sur ses deux pattes. La nature a ses têtes. Dommage car sur son entrée, le Barde s’envolait. Questions d’anatomie et d’ailes je suppose. La plume est zélée, cela va de soi.
Jeff, tout sourire, était commis aux exigences rituelles de la chère. Elle ne serait pas triste. Son goût pour Mallarmé ne franchit pas les fourneaux. Son entrée avait des relents du Nord avec ce hareng, parsemé de carottes en rondelles, d’oignons et nappé d’une sauce à damner tous les saints. La Jacouille y ajouta sa touche de cornichon. Un hareng sans son Cucurbitaceae ne saurait être un hareng. Pépé était aux anges. Il n’aime rien tant que le Clupeidae. Bien sûr, bien sûr, il avait des pensées pour Grozan. La salade verte était de rigueur.
Du hareng a l’échine de porc, il n’y a qu’un pas. Surtout lorsque l’échine est cuite à la bière. De l’échine de porc à la bière, c’était une première. L’un des membres de la famille des solonacées, autrement dit la pomme de terre, accompagnait l’échine. Quelques carottes encore, comme un trait d’union. L’assemblée se régalait.
Le lancer fut cataclysmique. Guitou se dressa, vitupéra et tout redevint calme. Coco en cure n’eut pas à souffrir cet outrage. Jeff a une bonne nature. Comme toutes les bonnes natures, elle est parfois enflammée. Nous fûmes éblouis sur la nouvelle technique de Pépé pour réceptionner la soucoupe. La marque est déposée. L’attraper se fait entre la tête et le béret. Technique et sublime. Gloire à Pépé. Cet exercice est fait uniquement par des castors expérimentés et des cascadeurs entrainés. La direction se dégage de toutes responsabilités sur les amateurs qui chercheraient à répéter ou imiter la manœuvre. Merci de votre compréhension. Et de toutes façons, seuls Jacquouille et Pépé sont habilités et outillés par leur couvre-chef naturel !
Une tarte, une simple tarte aux pommes en conclusion. Réchauffée. Avec une pâte mince. Rien que de très ordinaire. Pas de chichis chez Jeff. Juste ce qu’il faut. Une philosophie bien plus sage que son lancer.
La belote de comptoir fut un désastre pour Dudu. Sa main ne fut jamais heureuse. Le pré n’est pas le comptoir. Le bardibule, lui, était en verve. Il nous gratifia d’une superbe super baraque. Une manière d’intercepter la chance et de la saisir. Un art.
La nuit nous reçut avec délicatesse. La nouvelle petite étoile de la constellation des castors nous couvait d’un œil tendre. Amélie avait pris des restes de pain pour ses poules et remontait la rue de Bègles le sourire aux lèvres. Hamilton et Guitou chevauchaient leur monture, l’une jaune, l’autre rouge. Et Jeff se disait que les lendemains qui chantent commencent dès aujourd’hui.
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