Une belle nuit d’hiver. Un ciel pur, tacheté d’étoiles. Rien de tel pour la béchigue. C’est à peine s’il faisait froid. Nous étions une douzaine. Dont quatre soixantenaires. Perdigue ne nous rejoignit que sur le tard. Son chien avait avalé un crapaud. Jean-Phi fut ponctuel, comme d’ordinaire. Christophe itou. Dudu et Yann firent un long échauffement. Chez Dudu, l’étirement tient de la chorégraphie. Un art ! Le poulpe s’était blotti sur son aile. Et JB nous observait.
Pas de Sergio. Il se fera rare désormais. Il s’est rapproché de la ville rose. Il n’y a plus que le Tarbais, sur le pré, pour donner une touche pyrénéenne à nos ébats. C’est comme ça. Nous sommes orphelins de ses crochets.
Le Barde de son côté était en désespoir de passes et se lamentait. Quand le Barde se lamente, le castor pleure sa lune ! Les mouvements de balle nécessitent une co-errance instinctive. L’animal dans le réfléchi pose son joker. La prise d’initiative appartient à celui qui détient la béchigue. Respect à ceux qui jouent sans le ballon. Gwen si tu nous lis. Le statique brise le dynamique. Chacun garde en soi des référentiels d’action. Le sens de la réussite se perd dans le faux trou. La perception est subjective et le port de balle rétrécit le champ de vision. Qu’il est beau notre Barde les cheveux hérissés. La parabole est facile et sa râle une mélodie. Le retour intérieur alors que le Barde est à l’extérieur est un pêché mignon à ne pas confondre avec un défilé. La logique voudrait que la bonne solution du chacun soit la bonne solution pour le Barde. Il n’en est rien ! Le calvaire des désirants du beau. C’est un art qui énerve certains mais porte ses fruits si l’on s’éloigne des conventions écrites. Les règles et les automatismes visent la connaissance du jeu de l’autre. Bref, le Barde pleure le retour intérieur et se bat contre lui-même pour ne pas quitter son pré de bonne heure. Son adage pousse la jeunesse à ses ailes, et l’expérience en son centre. Le scribe reste poète et sa place navigue. Il chante son désespoir mais l’homme ne quitte son combat.
C’était au tour de la Piballe de nous livrer ses bienfaits. Tour, c’est l’anagramme de trou. Coco était là, plus vif que jamais. Et Alain Fajolles portait une barbe rebelle. S’il change de look, c’est pour le septième art : Alain s’apprête à figurer dans un film médiéval de Ridley Scott. L’Amiral papotait avec Jacouille.
La Piballe ouvrit nos tendres hostilités par une soupe de châtaignes. Une douce première. Il n’en resta pas une goutte. Une goutte de châtaigne vaut son pesant d’or. Un bon maître-queux a toujours un petit coté alchimiste. Le vieux quatre et Guitou savouraient ; ils savent ce que châtaigne veut dire. En sorte qu’il flottait comme un parfum de nostalgie auquel JB ajoutait son grain de sel.
La soupe aux marrons annonça en toute logique la purée de patate. Le cuistot travaille son biceps apparemment et a pris du bras. Il en écrase le bonhomme du tubercule pour se rapprocher du bonheur. Une pointe de beurre, du lait, quelques épices et l’homme balance la purée. La viande est rôtie à point et l’évasion en pointe d’ananas.
Le lancer d’assiettes atteignit des sommets. La Piballe est doté de mains adroites. Un léger lift, et l’ustensile atteignait sans peine son destinataire. Deux mardis sans casse ! Coco jubilait. Le barde chantonna du Alain Barrière. D’un barde l’autre. Et sur l’air d’Elle était si jolie, il forma un éphémère duo avec Coco, sous l’œil attendri de Toto. Pioupiou était plus réservé.
Orange en tranche et sa saupoudre de cannelle, frangipane à gogos feront office de nos plaisirs sucrés.
Ils étaient six pour la belote de comptoir. Les deux bardes prirent le dessus. Perdigue fut en-dessous de tout. Il y a des soirs sans. Hamilton fut à la juste hauteur. L’ombre de Sergio se profilait sur le tapis.
Le vieux quatre sortit du trou en entonnant du Schubert. Nuit d’hiver oblige. Le barde restait fidèle à Alain Barrière. Un vent léger tapinait le pavé. L’âme légère, Jacouille conversait avec les étoiles.
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