10 janvier 2020

Fayou de bouffe : 50 nuances de magret

Par Le Barde et Bardibulle



C’est donc le lendemain de la fête de l’épiphanie que nous fîmes notre première apparition à Musard. Le pré était humide, le ciel sans étoiles. Nous fûmes quinze ; le hasard n’existe pas. Les soixantenaires étaient légion, en sorte que la gonfle circula à loisir. C’était bon de reprendre. Jeff était de retour après quatre mois d’absence. Il vient d’être embauché par Darfin, tout un programme. Il était en cannes, fringant. Dudu aussi. Sergio allait ses courses. Et JB nous coiffait de son regard tendre. La vraie vie en somme, l’éveil.

Nous eûmes du beau comme du moins beau sur le pré. Le beau se fit dans le jeu à l’aile où notre Sergio magnifia ses passes en mouvement avec son ailier du soir. A défaut de Crou Crou (ailier voltigeur et sa nouvelle devise scoot toujours !) nous profitâmes d’Alex jeune recrue élevé à la dacquoise. L’excellence ne peut rivaliser au sommet. Le glorieux mérite sa cuillère et sera attribué à notre Prez. La séparation des pouvoirs n’a de sens que dans un état de droit. Le pré en état de droit on connait mieux… Les juges ont la conscience du Prez pour eux. Gloire au Prez ! Qu’il est beau notre Prez, bien de retour sur le pré. Il nous gratifia d’une course transversale dont seuls les vrais amateurs en tireront la substance de sa présidence. La hauteur n’excelle que lorsque la course s’allonge. Pour sûr le castor en chef a retrouvé ses deux genoux. A défaut d’entendre les lamentations de Dudu sur ce qu’il pense de la passe sautée et des courses de travers. La course du Prez était belle. L’angle de la course situé entre une perpendiculaire imaginaire et les parallèles proposait dans l’insouciance du moment le fameux flanc du coureur qui s’ignore à l’adversaire. Le respect est là ! « Fidèles castors à défaut de panache blanc, suivez ma course de travers ! » s’exclamait-il dans sa lancée et de murmurer dans l’imperceptible « Putain que c’est bon deux genoux tout neuf ! J’ai mes deux genoux qui marchent! ».

Dudu se branle des articulations, les siennes sont hors d’âge. Comme toutes courses de travers, la conclusion ne se fit pas dans l’axe de l’aplati. Nous partîmes en laissant la lumière. La nuit perd du terrain. Flo nous attendait au trou avec son papa. Une coutume.
Flo entamait l’année. Rien de tel que des huîtres pour se faire, des huîtres mêlées du Bassin et de Marenne. Il y a là comme un message. Le mélange est le propre de l’homme, et son salut. Bien sûr, il y avait des saucisses. Toujours pas de Pépé. Le bout de table était garni par le père et le fils, le Prez et le barde. Tous tivoliens. En sorte qu’un parfum d’anciens élèves flottait sur le bout de table.

Flo est un amoureux du bon. Sa stature en impose et rappelle l’animal. Le vol en espadrille est le dada de tous colverts. Joel aurait sorti sa trompette sur le coup et fait pleurer une dacquoise. Con se le dise ! Le canard chalossais chante son Eddy. « Il y a toujours un coin coin qui nous rappelle… ». Les amateurs de la bête assument leur origine non contrôlée Sud-Ouest. L’Epicure de rappel ça a vraiment du bon ! Dudu lui n’a comme cuisson que l’olive. Pour la tablée cela navigue entre le bleu pour les stagiaires et à poings fermés uniquement pour la forme. Le vieux 4 a sorti son dictionnaire swahili pour parler zoulou à défaut de connaitre son bled par cœur. En revanche pas d’économie pour chanter zoulou ses patates sans frontières. Le dialecte en perd son nord mais nous tenons Le Cap. C’est notre polyglotte qui garde la patate tant bien.

Flo voulait un lancer d’assiettes pur et sans failles. Le pari était de taille. Trente récipiendaires ! Et bien, il y parvint. La seule assiette qui joncha le sol eut le bon goût de ne pas s’émietter. Flo avait trouvé le la. Du lacté en trois saveurs, et une fève pour couronner le tout. Bilan, Fayou a tué le concours de bouffe dès le premier tour. Postulants à la cuillère cette année 2020 la barre est dans l’excellence.

Une vaste belote se déploya autour du tapis. Gwen en était. Elle fut enjouée. Le barde commença la saison en dernier de la classe. Et finit la partie seul contre lui-même. Comme la nuit était douce. La Jacouille fredonnait Love me tender. Hamilton sifflotait First song. Et pour une raison obscure, Jeff chantonnait Nous sommes deux sœurs jumelles. Bordeaux n’est pas Rochefort. Fayou regagnait ses pénates plus épanoui que jamais, la besogne faite et bien faite. A la semaine prochaine !

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