30 mai 2020

Archiballs en déconfinement ...Poulpoupidou

Par Le Barde et Bardibulle


Le poulpisme est notre salut. Et c’est tout naturellement, El Poulpo qui l’incarnera. Il le sait, il est prêt. Il porta ainsi ses convictions auprès de ses chers castors. Le chef coiffé d’un poulpe blanc (Eledone cirrhosa), et le postérieur prolongé par une queue plate, il arriva à Musard, d’un pas apaisé et serein.

« Il ne te manque que les palmes, mes couilles, lui délivra Pioupiou. » « Mon Poulpiou, il est temps que je te convertisse » lui répondit-il, et d’un coup de tentacule magique, il lui garnit le chef d’un octopus vulgaris.

Puis, il se planta au milieu du terrain, et délivra sa bonne parole. Il y eut le sermon dans la montagne ; il y a désormais le sermon de Musard. Nous étions tout ouïe. Amélie opinait en caquetant, Titi en émettant des trilles délicats. Croucrou gloussait. Après avoir reçu la bonne parole, nous poulpâmes autour du poulpodrome.

L’objet de tous nos désirs nous attendait. Il convenait de respecter les préliminaires. Le doc proposa à chacun de prendre la température et vérifia la propreté des mimines en prenant le poulpe de chacun. Les recommandations sont formelles sur le sujet, les castors doivent montrer queues plates blanches. Les pulsations garantissent l’effort dans la durée. Dernière friction de gel hydro-alcoolique. Tout le monde se prête au jeu. Le moment est sacré. 


C’est à ce moment-là que notre Prez arriva, tenant un sac. Rouge pour ne pas le perdre des yeux. Peyo excité ne tenait pas en place. Le Prez s’agenouilla, posa le sac suce dit au centre de l’arène. Il contempla ses castors, soupira, et demanda au doc de se rapprocher pour le seconder. Alban prit la main du Tarbais, et leva la tête au ciel. Ses jambes s’agitaient d’un mouvement sans repos. Le Doc sortit une bassine qu’il posa délicatement sur l’herbe synthétique tout en préservant la distance de protection et non de bar d’hier. Puis, il ouvrit une bouteille d’Abatilles, l’eau plate du bassin, qu’il laissa couler. Marco en position de chevalier servant ne quitta pas la scène des yeux et pria l’encantada. 


Le Prez glissa ses mains sous la cascade d’eau et demanda au Doc de s’arrêter. Le moment n’est pas dans la gaspille du sacré. Le savon pour que sa mousse avec les 7 mouvements pour ne pas oublier la moindre partie de peau. Dudu, de son côté, était loin. Il entama sa quatrième série d’étirements des ischios. Le Doc chronomètre. « Mon Prez, le temps est venu de rincer ! ». Hamilton prit le second baptême en photo. 


Le rite est long mais si important pour préserver l’intégrité du groupe. Le Doc tendit les gants au Prez pour qu’il enfile la paire sans le moindre contact défendu. Perdigue en défendu ne vit que le fruit et murmura assez fort pour que tous les spectateurs l’entendent. « Les gars, j’ai aussi des pommes ! » Le Trez trop occupé dans la feuille de vignes, cajole à l’occasion les fraises et les cerises. A défaut de boules, il est d’humeur fruitière. Le Prez rappela la troupe à la concentration par un regard de démineur en action. Le clac du gant clôtura l’asepsie. Il se pencha vers le sac. Attrapa la languette de la fermeture éclair. Et interrogea le Doc : « Est-ce qu’il faut que je change de gants à chaque geste ? », Le Doc sortit le manuel, le lut en diagonale et le jeta par un drop magistral entre les perches. « Non » Répondit-il de manière sûre pour nous convaincre de ne pas lire le manuel perché. Gwen pleurait. Le Prez tira du coup la braguette. « Magique » pour Garcimore. Une lumière jaillit des entrailles pour laisser apparaitre une simple poche plastique hermétique non recyclable contenant le Graal. « Dieu que c’est beau. » chanta Poulpe Piou. Titi s’évanouit, l’émotion est trop forte pour notre solide pinson. Si longtemps que nous ne l’avions vu. 

Le Prez patienta pour que notre demi redevienne entier et sortit enfin l’ovale. « Mes castors, voici notre aimée, notre à-muse, notre joyau, nous ne pouvons la partager ni la toucher, seul l’un d’entre nous pourra la posséder ! ». 

Le silence se fit. Gwen pleure ! Le Prez de reprendre la gorge serrée. « Je demanderai à chacun de ne pas toucher le porteur, c’est dorénavant une règle fondamentale du jeu à non-toucher. »… « Je sais mes castors, faire avec des nouvelles règles alors que les anciennes ne sont toujours pas comprises est un challenge que nous devons dépasser ! » Le tarbais le sourire triste de susurrer à son voisin: « Alban, tu penses que si on ne peut pas le toucher on peut quand même tenter la fessée… », « Chut ! », lui répondit-il sèchement, le colosse n’espérant maintenant qu’une chose d’être l’élu. Le Prez se tut de nouveau. Il prit l’enveloppe dans la poche de son short d’antan. L’enveloppe s’ouvre et un nom prend place. Ce soir c’est Gwen qui aura la balle. Gwen surpris cessa de pleurer ! Marco se releva de l’affront, digne regarda les castors « Allez les gars, de toute façon il n’aurait pas fait de passe, suivez-moi à distance raisonnable et rejoignons Dudu pour étirez nos ischios… ». Gwen se rapprocha du Prez et du Doc, prit des mains le ballon, toucha le cuir, l’embrassa, et se mit de nouveau à pleurer ! Le confinement ça marque un homme. Il s’allongea et se recroquevilla sur le ballon, pour ne laisser aucune place à des mains voleuses. L’expérience du joueur au sol est là. 


Le doc rangea son matériel et accompagna le Prez pour le plaisir compensé de s’étirer. Gwen resta seul, heureux, complet. Vivement la semaine prochaine, le jeu d’équipe actuel laisse une place à chacun dans son coin.

Le prof était de cuisine. Il avait concocté des poulpes en entrée. A la vue de ses frères octopodes grillés, le sang d’El Poulpo ne fit qu’un tour. Il gémit, pleura toutes les encres de son corps et d’un coup de tentacule métamorphosa l’outrage en sardines. Le prof voyait son univers rationnel basculait dans l’improbable. Et il se convertit. « Je bats ma coulpe. Je poulperai désormais, et je consacrerai ma vie à réparer mes outrages. » « Tu seras mon poulprof et sur toi je bâtirai mon poulpisme » lui dit El Poulpo. Et ils s’enlacèrent.



Le vieux quatre restait coi. Pas un mot ne sortit de sa bouche, avant qu’il ne s’écrie « Poulpe-moi mon Poulpo». Et il fut poulpé. Pépé ronchonnait. « Poulpe toujours » marmonnait-il. Il ne croyait pas si bien dire, son béret vira au poulpe.

Nous mangeâmes des sardines poulpissimes, marinées dans un peu d’huile d’olive et de citron. La suite fut poulpeuse à souhait. Le poulpe se nourrit surtout de crustacés. Nous eûmes donc des crabes et des homards à profusion.
Avec quelques patates. Le vieux quatre était rassuré.


Le lancer d’assiettes alla de soi. Les tentacules d’El Poulpo trouvèrent leurs cibles sans l’ombre d’un problème. Pépé n’eut pas à dresser ses quenottes, ses tentacules firent l’affaire. Les doigts des uns et des autres s’allongeaient pour recevoir l’offrande de notre nouveau messie.

Une poulpote de comptoir se dressa. El Poulpo l’emporta. A chaque mise gagnée, il nous gratifiait d’un mince jet d’encre. Seul Jacouille lui offrit un brin de résistance. Le combat de la charcutaille contre le maritime en somme. Le porc n’était pas de taille face au céphalopode.

Lorsqu’il sortit du trou, le prof jeta un œil vers le ciel. La constellation des castors avait des airs de seiche. « Même le ciel s’y met » soupira-t-il. Jean-François, lui, pensait à sa destinée poulpéienne. Il se sentait prêt. Le monde lui paraissait plus poulpeux que jamais. Son heure était venue. Enfin.

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