18 mai 2020

Archiballs en déconfinement ...Zorionak Toto / Peyo

Par Le Barde et Bardibulle


Hamilton aime les beaux jours. Les promesses du printemps sont siennes. Il ne goûte rien tant que de regarder les coquelicots qui poussent au débotté des trottoirs. Il marchait, non, il déambulait, s’arrêtant, ça et là, pour saisir la nature sauvage sur le vif. Pendant ce temps-là, Pépé happait la soupe que Maryvone avait préparée. Une verdurette d’orties et d’oseille. Il ne rejoindrait le trou qu’après ces préambules coutumiers, avec son sac de pains. Entre Hamilton et Pépé, les affinités électives sont d’essence végétale.

Arrivé à Musard, Hamilton vit Amélie en larmes. Ses poules confinées ne pondaient plus. Et une poule sans œufs n’est plus une poule. Croucrou le réconforta : « Tu devrais varier les genres et élever quelques autruches ». Cela lui mit un peu de baume au cœur. Il se planta au milieu du terrain, siffla pour rameuter ses troupes et esquissa quelques pas de danse. La partie commença.

Sergio avait encore le cœur à ses nuages, ses merveilleux nuages ; il regardait le ciel. Les rappels à l’ordre d’Amélie n’y pouvaient rien. « Alors mes couilles, tu te réveilles » le tança Seb. Et Sergio de redevenir lui-même. Ou, tout au moins, de revenir à la part de lui-même concernée.

Peyo était de bouffe avec Toto. La soirée serait basque. Il ne manquait qu’Ithurbide. Las, il se périgordise.
En entrée, ils eurent la bonne idée de nous servir des tapas, basques, cela va de soi. Nous eûmes des Indurain, des el velero, des pintxo au chorizo et sauce tomate salariale, et des tortillas de pommes de terre. Le vieux quatre faisait la moue. Il eût aimé apporter sa petite touche. Puis, il fit contre mauvaise fortune bon cœur et entonna des lied de Schubert, accompagné par le biniou de l’amiral. Coco picorait ; le lieder, c’est pas son truc. « C’est monotone ton bordel ! » pesta Pioupiou, « moi, les lied, je m’en bats les couilles ». Il faut bien battre quelque chose. Rien n’entamait la mélopée du vieux quatre. Alors Joël, d’un bref coup de trompette, interrompit le récital.


La mélodie sonnait une nostalgie. Les notes aiguës en profondeur se rapprochant des graves en longueur. Le marin connait trop l’éloignement qui n’est rien face à la distance d’un soi-même. La flûte condense l’air vers une évasion dirigée explique Prof en calculant le flux d’air en mouvement. « Voyez si je mesure la circonférence du ventre de notre enchanteur et que le rapporte au nombre de pieds sous la table, le tout divisé par la constance de D’Artagnan… », Guitou jubile… «Nous retrouvons le chiffre d’or. Pas mieux pour des oreilles philosophales. Simple car

tout est mathématique. ». Le discours sur la méthode a comme seul mérite de faire rentrer le ventre à notre binioleur (joueur de biniou). La constance du coup se planque.

« Le philosophe du trou est morfale » résume pour sa part Piou Piou qui pour lui tout est calorique. « Un mélange de Calypso et de Douro coule dans ses veines » résume Pépé à côté de l’enchanteur car tout est là !

La synchro est de mise. L’Amiral ne pouvant plus longtemps tenir son ventre, soulagea son expire par un inspire ventrale de circonstance. Le biniou se tut. La respiration ventrale se retrouve avec la dilatation abdominale houblonique en sacré geste bar d’hier ! Gwen pleure, tant de mesure de protection pour si peu de contact. Autant lire la presse ! Ce n’est pas la circonférence qui fait le mètre. Chez les papous le ventre est signe de sagesse. Et voilà les castors à pousser en exemple des respirations ventrales pour avoir le ventre qui gonfle. Titi ne pourra être sage. Malgré ses efforts, la ligne le tient et ne dépasse le poids. Peter proposa d’accélérer le processus en rouvrant la machine à pression. Gloire à Peter. Le confinement par cette marque ventrale semble être une raison valable pour niquer les bonnes résolutions d’antan pour mieux nous rapprocher par la distance qu’elle impose. Titi se proposa à la chansonnette, son « ventre-nous » version reconfinée de Chimène Badi anticipera la suite.

Les basques en tablier, dans le doute s’obstinent. La culture et là. Il ne faut pas qu’elle lâche. Le plat fut du coin. Une piperade, poulets rôtis et ses œufs aux plats. Poussou aurait fait une omelette avec tant d’œufs. Les couleurs sont le pays. Gwen pleure. Titi arrive enfin à gonfler son ventre. Narrant les témoins d'un tel rebond. Le vieux 4 chante Mondragon. Un détail pour vous mais qui veut dire beaucoup.

Brebis or not brebis. Là est la question! Le moment se veut solennel. Le lancer en duo multipliera par deux le bris. Jongles et casses feront rigolades. Peyo ne pourra rattraper les lancés de son compère et inversement. L’escalade méritera sa chanson et une prière pour notre Sainte Maria. Bilan Toto à la limite d’un stress post-traumatique, la répétition des points de suture n’est pas son truc. Il a eu chaud mais pas d’ouverture. Pépé à défaut de casque s’est enfoncé dans son béret. Le Doc rangea sa mallette. Il a la couture facile… Le terrain lui manque.

Gâteau basque et tout s’oublie. Car tout est relatif.
Toujours pas de belote. Cette fois-ci, nous jouâmes au mikado. Pioupiou avait apporté ce qu’il faut de jeux. Les fines petites baguettes de bois s’éparpillaient sur la table que nous avions desservie. Hamilton fut royal. Le mikado est un art qu’il maîtrise. Sa main fut ferme et précise. Pas celle du Poulpe. Le clavier est son affaire, pas la baguette. Le digital a ses limites. Le mikado fit des émules. L’ambiance était bon enfant. Et le vieux quatre avait repris ses lied. L’amiral avait troqué son biniou pour une flûte de bambou.

Nous sortîmes. Peyo chevaucha Cadichon jusqu’à dam et le Prez posa ses pieds délicats sur sa trottinette électrique. Le poulpe ramena Guitou dans ses beaux quartiers sur son scooter. Ils sont glamour ces deux perdreaux. De là à les comparer à Audrey Hepburn et Gregory Peck dans Vacances romaines ! Alain musardait encore sur sa bicyclette rouge. La lune était d’argent et de petites touffes d’herbes sauvages scintillaient sur le trottoir.

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