Par Le Barde et Bardibulle
Le peu n’est pas l’ennemi du bon. Nous n’étions que dix, et ce ne fut que plaisir sur la portion de terrain sise ente la ligne des vingt-deux mètres et la ligne d’en-but. Un régal. Il ne s’agit pas, ici, de faire l’éloge de la dizaine. Si nous avions été vingt, nous aurions pu convoiter le même espace de part et d’autre du terrain. Et tout aurait été pour le mieux dans le meilleur des mondes.
JB nous regardait. De guerre lasse, ne pouvant plus se retenir, il rentra dans la partie. Et tout ne fut plus que grâce. Nous nous mîmes au diapason. Même Perdigue. La balle virevolterait comme une hirondelle. A défaut de ne pas faire le printemps, elle sied à merveille à l’automne. Mais le printemps était là avec les petits de Jean-Phi et du Prez, Jean-Phi qui fut, à nouveau, victime d’un pépin musculaire et rejoignit le Prez près des rambardes qui, en l’occurrence, sont de longues grilles.
Le douanier avait devancé l’appel. Et quinze jours plutôt que prévu, fut commis aux mets. Notre douanier sait passer outre les frontières du calendrier pour servir les siens.
Pour une raison étrange, Perdigue et le Prez qui se tenaient face à face, décidèrent de convertir en ch les deux s de nos mots. Cela devient : Je vais à la mèche, je te lèche le reste, etc,. Peyo était achez circonspect. Mais il entonna cependant la chanson bien connue Léchez-moi danser. Pioupiou était à court de répertoire face à tant d’ingénuité.
La choupe fit des émules. La cholitude du nombre prie dans lèche poire de la fameuche choupe en partage. Les légumes d’automne chont fait pour ressauffer le cœur des hommes. Le pain est cuit maison et les croûtons sont à l’ail. Le râle à l’ail. On joue à la maison du Chud Ouecht. Le fromage en saupoudré chera parmechan. Le gruyère chans che, ch’est comme une révolution au chingulier. Bref la choupe exploche en bousse (parce qu’elle est saude, et brûle la langue).
Le plat principal retrouva ses aises dans le sans frontières. Un mélange original d’Italie et du pays basque. « Je mets le douane dedans ! » Pourtant les couleurs sont les mêmes sur leur drapeau d’appartenance. Du vert, du blanc , du rouge et des Olives. Dudu est aux anges. Son péché mignon tient dans l’abbé. Pasta luego et sauce en délice. La rencontre du troisième type. L’olive, le chorizo, et les pâtes al denté. Pour imaginer le tout. Il suffit de fermer les yeux et de visualiser Claudia Cardinale dans ses apparitions mythiques dans « il était une fois dans l' Ouest » avec une bande originale de Luis Mariano à la place d’Ennio Morricone. La frontière de l’imaginaire comme nos papilles en prennent un coup. Gustativement nous sommes en balance. L’homme à l'harmonica avec le sombrero de notre chanteur aurait bien évité des duels. Con se le dise. L’amalgame ne peut qu’y trouver qu’un envol pimenté. En résumé, grâce au douanier j’ai compris l’importance d’avoir des montagnes comme frontières plus que des traits. « Chorizo, choooriiiiiiizoooo, sous ton soleil qui chante et rit… »
Le lancer du douanier atteignit une rare perfection. Seules les mains de Croucrou se dérobèrent à leur devoir. Le douanier n’y était pour rien. Un saint Nectaire et une Brebis des Pyrénées suivirent. La montagne est fromagère.
Enfin, un gâteau basque fourré à la confiture de cerise suivit. Il y avait bel et bien une constante basque dans ce menu si l’on excepte la soupe. Dudu rechigna un peu. Il le préfère fourré à la crème. Sans doute parce qu’il est béarnais. Car s’il avait été à la crème, il l’aurait préféré à la confiture.
Exit la belote de comptoir. Retour aux sources. Le Prez et le barde contre Poulet et Hamilton jouèrent une vraie belote. Et le Prez et son secrétaire de l’emporter après avoir subi un capot sur leur propre annonce.
Le douanier se faufila dans la nuit. Une nuit plus grise que noire. Pas de gouttes de pluie. Il allait son sourire dans la nuit grise. Croucrou se laichait carécher par la petite brise qui étreignait la ville. Mardi prochain, je m’y colle se disait-il. Et de penser à des menus fabuleux.