Par Le Barde et Bardibulle
C’était une merveilleuse journée d’automne. Elle avait commencé par un froid très pur, vif. La nuit avait été enchantée par des vols de grues. Peut-être passeraient-elles à Musard ce soir ?
Les grues ne sont pas passées, mais pour la première fois depuis belle lurette, nous étions une petite vingtaine. Sous l’œil du vieux quatre enfin revenu et de JB. Christophe, Jean-Phi et Perdigue étaient accompagnés par leur progéniture. Et le Prez des Archis de Pau goûtait les saveurs de Musard.
Nous eûmes du bon jeu. Du va et du vient, d’une aile à l’autre. Les allers retours sont faits pour créer des espaces. La transmission était de rigueur tant sur le pré que dans le générationnel. Des minis poussaient de partout. Mini Saby, mini Perdigue, mini Prez, mini Christophe (A défaut de surnom il sort son mini). Ce dernier d’ailleurs sera l’auteur de l’essai du match. Cela part de nos 22, ligne des 5 mètres en terrain renversé. Le petit bonhomme réceptionne une passe. Cale le ballon sous son coude, langage corporel pour dire qu’il ira jusqu’au bout. D’autres le traduiront dans une intention décidée de ne pas faire la passe. En tout cas le retour intérieur est le cadet de ses soucis. Ce qui trompera la défense expérimentée d’un Dudu aux abois. Trop porté par le jeu paternel qu’il en oublia le b.a.ba du cadrage sans débordement. « La prise du trou avant l'heure » aurait suggéré Piou Piou bien la tête sur les épaules. La jeunesse a des cannes et ne sait que trop que le plus rapide est une droite perpendiculaire à la ligne d’en-but en face. Point de regard sur les soutiens, même si Toto était là, sa mobylette en couverture. Le regard du jeune porteur ne quitte pas la ligne. La course est fière dans l’unique de l'instant. Le père se mit en soutien à distance. Rien ne sert de courir pour rattraper le temps. Question de souffle ou de sagesse... Perdigue se proposa dans l’ultime d’une défense en rattrape. Rien y fait malgré la pression mini-Christophe ne quitta son objectif des yeux et serra un peu plus fort la beuchique sur sa poitrine. Perdigue plongea en retard. On ne sait jamais sur un malentendu ça peut empêcher de conclure. La dernière défense garde son expérience et impressionne en vain. «La garde plonge mais ne se rend pas ! ». Le ballon fut bien aplati. Le bonhomme, la mission accomplie abandonna immédiatement sa cible pour une autre, le regard de son père. Drôle comme le spontané a du bon. Le regard partagé ne trompe pas. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut faire une pige à l’équipe de son père. Nous eûmes du père, du fils et du bel esprit.
Le Prez éternel, pas comme sa cuisse tenta la même à son aile. A l’opposé du fils qui siégeait à l’opposé. La course était droite, sans cadrage, le ballon préparé à la passe. L’expérience diversifie le sens du jeu mais ne préserve pas ses muscles dans l’accélération. La jeunesse ne peut comprendre cet aléa éphémère qui persévère du muscle en action. La claque pour le Prez qui restera du coup sur une jambe. Le Ballon lui, restera dan le jeu. Gloire au Prez.
Le saviez-vous ? Le vrai nom de Cary Grant, c’est Archiball Leach ! Tout ça pour dire que le surnom de JP n’est pas le moins du monde usurpé ! On le savait pour l’élégance ; on le sait désormais pour son ascendance castor. Mais Cary n’était pas aux fourneaux puisqu’il a déjà donné, non, c’était Jacouille. Par la force des choses. Faute de combattant. Jacouille il est toujours là ; c’est un saint. Les saints se caractérisent par leur présence. C’est un joli mot présence.
La tablée, enfin, était fournie. En sorte que Jacouille pouvait dispenser ses grâces à profusion. Quelques pâtés et des crudités en entrée. Du lourd et du léger. Une dialectique dont Jacouille a le secret. Le vieux quatre versa quelques larmes. « C’est si Bon » dit-il. Il y avait dans cette affirmation plus qu’une satisfaction culinaire ; il y avait aussi le plaisir de retrouver les siens. Guitou sécha ses larmes et de sa voix incomparable, Léo chanta C’est si bon.
Le trou a défaut de ce que l’on panse sort ses tripes. Le cuistot ne se trompe pas. Le calcul est juste. Il y en aura pour tout le monde. Les dernières statistiques ont failli mettre à mal l’excellence du traiteur. Il ne manquera de rien. Les tripes pour remettre de la patate au mot « râle ». Rien ne sert de calculer les calories. Les tripes est un plat léger. Unique pour les hédonistes. Le soupçon tient vraiment dans ce nuage de plaisirs qui l’accompagne. Plaisir des sens et d’une cuisine de tradition en partage. Le goût des autres est la base du lien. Con se le dise. Bravo cuistot pour cette madeleine en cathédrale !
Nous laissâmes à notre invité du Béarn le soin de lancer les assiettes. Ce qu’il fit avec maestria. N’était Perdigue. Il est vrai que l’assiette était à soupe. Perdigue n’aime pas les désordres. Il y avait donc du dépit dans le geste qu’il ne fit pas pour recevoir l’obole. Le fromage était coulant à souhait. Pour le plaisir de l’Amiral, sis à côté de Poulet.
La belote vit la victoire du barde, suivi par le bardibule. Les lettres étaient à l’honneur. Il n’y a pas de hasard, n’en déplaise à l’auteur du coup de dés. Et c’est Perdigue qui perdit sous l’œil désolé de son petit. Léo chantait Si on chantait.
La belle vie et la belle nuit ne font qu’une. Regis fredonnait à sa manière un air de Charles Trenet : « Régis Montan, mais oui madame » et rejoignait la dame de sa pensée. Jacouille adressait de petits clins d’œil complices au bon docteur, sis sur un nuage. Le gendarme souriait du haut de la grande ourse. C’était un jour de novembre comme on les aime.
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