Le Colbert est parti ! Incroyable ! On y croyait plus. Le truc, qui, au mieux, servait de repère pour indiquer le chemin, a enfin libéré le paysage. Il brille par son absence. La vue dégagée, magnifique, une verrue disparue du bout du nez, un herpès génital enfin soigné, un anus défait de ses hémorroïdes : le Colbert n'est plus là, vive le Colbert, vive l'Amiral !
Quel rapport avec notre Pascal aux fourneaux ? Eh ben, on se le demande ! L'homme, aux missions secrètes et impossibles, pourrait bien être derrière cette opération. En homme-scaphandre, il aurait réussi avec plus de succès que d'autres sur le Rainbow-Warrior. Ne réclame-t-il pas son bisou de remerciement sur sa photo ? ou peut-être, nous fait-il simplement remarquer qu'il s'est barbifié les rouflaquettes, son déguisement de Vidoc désormais inutile maintenant que la mission Coulez-le-Colbert est terminé ?
A vous de voir.
Hier, notre agent avait pour mission – qu'il a bien sûr acceptée – de nourrir ses camarades dont certains revenaient bredouille du pré rendu impraticable par les adorateurs de la morue. L'assemblée était alors au minimum syndical. Ce qui a permis à tous d'être attablés.
Pour faire diversion, des carottes râpées en entrée. Très malin ! Aucune empreinte décelée dans la préparation. Normal. On apprendra plus tard que le tout venait du commerce. Leurre réussi. L'opération peut aborder sereinement sa deuxième phase. Mais là, les choses se corsent. La deuxième phase a un code et ne s'y aventure pas qui veut. Le nom de code était Martine. Putain, quand on y pense, mais bien sûr ! Martine. Evident mon cher castor. Chef, y a de la semoule ! T'es sûr ? Oui chef, de la semoule. T'as bien vérifié derrière et sur les abords du plat ? Oui chef, rien d'autre que la semoule chef. Terrain sécurisé chef. On peut y aller, le poulet en sauce d'olives arrive. Vas y, je le couvre. Code ? Martine chef, toujours Martine.
Mission hautement piégée. Mettre la sauce sur la semoule sans en mettre partout et ingurgiter le tout sans en mettre sur sa chemise. Certains manquaient d'entraînement, La Fourche le premier. Quatre, cinq et puis six taches sur sa chemise. Eh ! On est pas au Laser-game, il faut viser juste les gars. Chef, oui chef. Tant pis pour les maillons faibles, on continue. On les fera évacuer plus tard.
Lancer d'assiettes. La cata. Un carnage. Tous des nuls, qu'est ce que vous branlez ? Le bilan est lourd, très lourd. Huit assiettes snipées. Apocalypse Now.
Tant pis, on lâche rien, on continue. Qui perd une bataille n'a pas perdu la guerre. Le fromage, on lui fait sa fête. Toujours codé Martine, voilà le dessert. C'est quoi ? Une crème fouettée à la fraise avec des brisures de biscottes. On exfiltre, on se pose pas de questions. Un bon soldat ne laisse pas une crème fouettée sans lui venir en aide. Et la biscotte brisée, aïe, c'est le boulot du chef ! Alors respect !
Révision des troupes : pas trop de dégâts, enfin si, la coiffure de Toto. Il paraît que la coiffeuse était sous morphine.
Débriefing : La Fourche, Lolo, Bernard P., le Tchô, Miguel et le Douanier se réunissent au QG. 14,5. Pas mal, chef. Mission accomplie. On infiltre le café Pop et on rentre à la base. Oui, chef.
Ce que Le Barde en dit :
La chambrée était mince pour cause de morue
Les traditions béglaises ont des relents de rade
Et lutinent des fêtes au poisson du genre gade
Dont le nom sert aussi aux filles de la rue
N’importe Roumegoux fit honneur à son rang
Bien loin de résigner l’office hebdomadaire
Il s’acquitta au mieux d’une charge légère
A celui qui s’emploie avec tact et talent
Nous eûmes une pensée toute de compassion
Pour Bruno Lapébie victime des outrages
De cerbères à l’affût qui en guise de gages
Vous assignent en cage pour cause d’absorption
Sur le tard Miguel nous rejoignit contrit
S’attablant au comptoir, seul et imperturbable
C’était peine de le voir et sa mine insondable
Promettait une nuit de fureur et de cris
Le seul petit bémol que je puis mettre, Pascal,
A cette soirée de juin aux accents familiaux
Va aux pauvres assiettes laissées sur le carreau
Pauvres martyres brisés par un geste bancal
Mais c’est bien peu de choses, juste une peccadille
Et je loue le bloger aux justes commentaires
Le libanais exquis à la plume tutélaire
Dont les mots garnements dansent une quadrille
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