Palanquès, c’est d’abord un sourire malin et malicieux. Avec son air de ne pas y toucher, Bernard il touche beaucoup : clubs de golfs, raquettes de tennis, ballons de rugby… On l’aura compris, Bernard est tactile ; il a un doigté incomparable, une main sûre. Car, comme la Piballe, tout ce qu’il touche, il en fait de l’or. Un alchimiste, en somme, un Bernard l’enchanteur. Mais, ce serait aller un peu vite en besogne que de se contenter de son adresse qui fit, autrefois, tourner Guitou en bourrique sur le court et, aujourd’hui, sur le green.
Bernard, c’est un épicurien. Il aime la bonne chère, les bons vins. Depuis peu, il s’est converti au Havane, parce qu’un Havane est un don de Dieu. Sa robe, son goût, sa délicatesse sont autant de plaisirs qu’il serait sot d’ignorer. Loin de garder par devers lui ces offrandes d’un ciel étranger à Fidel, Bernard les partage sans compter. Non pas pour passer un cigare selon l’expression bêtement consacrée, mais par goût de l’autre. Que de fois l’ai-je vu me tendre un cigare de son choix pour ne pas en profiter seul. Bernard est un altruiste. Qualité rare chez les ailiers d’antan ; pas chez lui. Sait-on qu’il enfuma Séguier, l’ailier du grand Béziers, sur la pelouse de Bergerac ? Il préfigurait déjà la polyvalence chère au rugby de nos jours. Et s’il est susceptible de cadrages débordements d’école, c’est pour mieux envoyer un comparse vers la terre promise. A Rovigo, ils se rappellent encore de ce castor qui les éclaboussa de sa classe. Il est vrai que Jean-Bernard traînait dans les parages et que lorsque Jean-Bernard rôde autour de Bernard sur un terrain, le rugby tient de l’œuvre d’art.
Il faut aimer la vie écrivait Georges Perros. Pour Bernard, ce n’est pas un devoir mais une évidence. Il est l’élingue de ces palanquées de fardeaux saugrenus qu’il boute hors des vicissitudes de l’existence. Il les rassemble, les ceint d’un cordage approprié pour mieux les projeter hors de ce bas monde. Et il contemple son œuvre sur un palanquin d’osier, sa Milla près de lui. Tu ne m’en voudras pas, mon confrère en libournais, de titiller de la sorte une improbable étymologie sur laquelle je reviens dare-dare.
Il porte bien son prénom Bernard. Si vous ne trouvez pas votre route, il saura vous guider à la fumée de son cigare, au swing de son club ou d’un simple regard. Par contre, il n’a rien du pagure, ce crustacé appelé également bernard-l’ermite. Il ne se loge pas dans les coquilles abandonnées pour refaire le monde. Non, Bernard aime le grand air, le grand air est sa coquille. Il tient davantage de l’oiseau Bernard. Pas du pigeon (qu’il aime en plat) ni de la pie ou du geai, pas du macareux cornu ou de la frégate d’Andrews (encore que) mais du paradisier grand-émeraude ou paradisier apode. Je divague, Bernard est un prénom d’origine germanique, composé de bern, l’ours, et de hard, courageux. L’ours courageux, ou l’ours hard, ça lui va bien à Bernard. Sauf qu’il n’a rien d’un ours puisqu’il est un oiseau ! Je préfère les origines nées de l’imagination aux incantations du savoir.
Allez, j’arrête-là mon éloge. Je crains la jalousie plus que tout. On va dire que le barde il a un petit faible pour Bernard. Alors que j’ai un faible pour tous. Si vous prenez Jean-Bernard par exemple…
- À moi !? Il est tranquille le Barde. Il me dit, je m'occupe de Bernard et tu t'occupes du reste. Mais si tu enlèves Bernard, qu'est ce qui reste ?A musard, on était nombreux à confirmer l'adage « sur le pré, fait ce qu'il te plait ». Un peu comme un vol d'étourneaux qui envahit un champ de maïs après la moisson, ça piaillait et gazouillait par cette soirée printanière. Les fautes sont comme les pets, on ne supporte que les siens. Dans la famille Court-vite, pas de grandes envolées, Luc a posé un chapelet de crochets à faire pâlir une vache landaise. Dans le rôle du bovidé, une longue liste de noms qu'on va éviter d'étaler surtout que beaucoup cherchent aujourd'hui à oublier. Dans la famille Je-suis-pas gros-tout-juste-enveloppé, Jean-Louis était en démonstration de gala avec quelques figures imposées : prise d'intervalle et feinte de passe.
Le dernier mot revient à Guitou qui a vu dans la prestation du Toulousain un 17 et demi. Pour avoir eu les grâces contestées de Guitou, je signale les contestations des castors.
Mais il n'y a pas de quoi se chamailler longtemps, le foie gras de Bernard a fait taire tout le monde et les bouches se sont remplies de ce luxe fondant et moelleux à affoler les papilles.
Ce n'était qu'un début, car si certains ont localiser le point G chez les filles, Nanard nous a fait découvrir le point P chez les castors bâtisseurs. Bernard ne boude aucun plaisir, ce en quoi la leçon de la semaine était : Si le point G est dans la penderie, la bite n'est pas dans le garage !
La partie de plaisir continue avec une légion de poulets rôtis et leurs pommes de terre sautées. Si Bernard n'y est pour rien dans le rôtissage des poulets, et encore moins dans la sauterie des patates, il reste un découvreur de talents. Son top chef s'appelle Pedro et Pedro était parmi nous. Et que peut-on encore espérer après tant de douceurs, l'orgasme me diriez-vous. Et l'orgasme ne s'est pas fait attendre. Une douzaine de camemberts chauds défilent sur la table. Pour décrire les coulées blanches le long de nos lèvres, les mots convenables manquent tellement l'érotisme fut torride. Le cours de Bernard sur le plaisir atteint son summum. Mais avec Bernard, le plaisir n'a pas de fin, un tiramisu est venu conclure les ébats.
La semaine prochaine, un cours sur les préliminaires sera animé par Kiki.
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