28 octobre 2010

Le cuistot de la semaine, un poireau et deux radis

Par Le Barde


Ceux qui ne savent pas ce que c’est qu’un radis l’ont enfin découvert, hier soir, au trou. Tout le monde croit connaître son radis sur le bout des doigts. Et bien tout le monde se trompe. Tout le monde sauf Alain. Lorsqu’il offre des radis à ses congénères, Alain leur offre de vrais radis. Hier soir au trou, le radis était exquis parce qu’il était vrai. De la part d’Alain, on ne peut être surpris. Alain surprend la vérité là où on ne l’attend pas, là où l’ordinaire voile nos regards. La vérité est dans l’inattendu. C’est pour cela qu’Alain il est photographe. Il ne reproduit pas bêtement ce qui est, il débusque la beauté des choses, la saisit et nous l’offre. Comme hier soir avec le radis. Saisir un radis est un acte poétique. Alain est un poète.

Un radis n’est pas un poireau. Mais un poireau peut être aussi. Le poireau vinaigrette d’Alain, il est exquis. Il le tranche en parts égales, il l’assaisonne et il le sert. Le poireau vinaigrette, c’est un don. Alain, il est généreux. Du radis au poireau vinaigrette. Et il y a joute la petite touche de charcuterie sans quoi les crudités ne sont rien. Encore que le poireau vinaigrette ne saurait relever de la crudité puisqu’il est cuit. L’opposition entre le radis et le poireau vinaigrette ne fut sans doute pas pour rien dans le livre majeur de Claude Levi-Strauss Le cru et le cuit. Enfin, pour clore cette entrée, l’historien du CABBG que fut Alain avec votre serviteur, voue au radis un culte qui dépasse les limites étroites de la botanique.

Alain lorsqu’il épice, il épice avec mesure. Alain n’est pas Alain-Charles. Lorsqu’Alain fait du porc au curry, il a le curry modeste. Et la patate douce. Tout cela fondait dans la bouche. Comme le poireau vinaigrette. Mais pas comme le radis. Dans le cuit, Alain, il excelle. Comme dans le lancer d’assiettes. Dudu y vit même un ersatz de la passe sautée d’Alain. Dudu, il est mauvaise langue. N’empêche, pas une assiette ne tomba. Alain, il vise juste. Moi, je ferai plutôt le lien avec ses talents de tireur à la pétanque. Chez Alain, le geste est fidèle à l’intention. Enfin, il y eut une salade de fruits : tranches d’oranges, lamelles de bananes et, cerise sur le gâteau, d’accortes petits raisins de Corinthe. Une fin tout en délicatesse. Comme Alain.

Savez-vous quel est le moyen de locomotion utilisé par Alain pour faire ses courses et venir cuisiner au trou ? La bicyclette ! Et pas n’importe laquelle : une splendide Peugeot au rouge un peu passé. Des Capus au 1, rue de Bègles, Alain, il fait la navette à bicyclette. Et c’est bien. Prenons tous exemple sur Alain désormais. Faisons la nique au réchauffement climatique et baladons radis, poireaux, pâtés, calendos, oranges, bananes et raisins de Corinthe à bicyclette. Alain, il met du vert dans nos vies et c’est un si bon remède contre les bleus à l’âme.

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