03 novembre 2010

Mondragon, nous voilà

Par le Toulousain

Arrasate ou Mondragon ? Le chemin sera long…
Pour vous y rendre ; si c’est votre côté basque autonome qui prédomine vous composerez Arrasate sur votre GPS, en revanche si c’est votre côté socialiste utopique qui prédomine et si vous considérez que le progrès ne vaut que s’il est partagé par tous alors vous taperez Mondragon. Il suffit de découvrir l’histoire du développement économique coopératif unique de cette vallée perdue dans les contreforts pyrénéens pour s’en convaincre. JC et Gwen ne sont visiblement pas tombés d’accord, du coup, on a visité, à l’aller, tous les péages et ronds-points de la région, laborieusement guidés par un GPS de première génération, au départ, immédiatement relayé, après 50 km de confusion, par un Aï Phone de dernière génération guère plus efficace. Preuve encore que l’outil n’est rien sans la main. Pourtant ils étaient à deux sur le sujet et censés connaître l’itinéraire. Depuis qu’on en parle, enfin nous y allons, pas forcément par le chemin le plus court, mais nous y allons. Dix fois au moins, j’avais pris cette foutue liste d’appel pour savoir combien étaient prêts à se rendre chez nos amis basques. Chaque fois, j’avais repris cette liste pour annuler.
Enfin, on y arrive. La météo me rappelle que le lieu subit quand même sacrément l’influence atlantique. Le pays où l’herbe est plus verte ne déroge pas à la tradition. Étonné, les yeux écarquillés, je découvre le fameux « nouveau stade » qui dénote un tout petit peu dans cette vallée de pierres rouges. Le plastique c’est fantastique, le caoutchouc super mou, chantait Elmer food beat. À mon avis, ils ont écouté le titre en boucle avant de faire leur complexe sportif. Le gazon PVC, parsemé de petits granulats de caoutchouc imitant sans doute le terreau végétal (Non Kiki c’est pas des cachous Lajaunie). Les pistes d’athlétisme, autour, en moquette polyuréthane et les sièges multicolores en bassines recyclées… ça jette. Très synthétique comme ambiance, très Tupperware. J’enfile mon K-way et un instant je pense à Mars.
Agur Pachi ! (lui, c’est sûr, c’est pas un martien)
Ola companeros ! Cerveza ?
Le ton est donné, on est pas venu pour sucer des glaçons et mon Mappy Gwen qui continue de me dire : « Gaffe ! Le chemin sera long ». Mais nous ne sommes pas venu non plus pour conter fleurette. Comme l’avait rappelé notre petit basque, dernier entrainement à balles réelles avant notre tournée dans l’hémisphère sud. À en juger par ce que je vois sur la, heu ? nous dirons , « pélouza » , il y a tout ce qu’il faut chez nos hôtes pour s’y croire, même la langue.
Aupa Archi ! ô miracle ,16 joueurs.
Quelques heures auparavant, après un frugal repas et une dégustation de jus de raisins fermentés chez Eguizabal à Hendaye qui ne fait pas crédit, notre vénérable Loulou, dans l’une de ces dernières grandes œuvres avant sa « chute », avait défini l’équipe idéale en sortant des chiottes. Tant de grandes décisions prises sur un trône. Loulou le sait bien.
À l’avant que du lourd. Son Altesse, Garci et Lapiballe en tête de pont, ÉRIC NOTRE NOUVELLE TRES GRANDE RECRUE et Dominique la roquette en pile de pont, Gwen , Florian et JC en tirailleurs au flan. Presque 900 kg sur la balance, on frôle les stats du Top 14 et encore, Gwen et Florian sont au régime. Une charnière d’expérience Kiki et Dudu 120 ans de métier, et à l’arrière les toulousains, Arnaud Jauzion, Sébastien Michalac, Hervé Poitrenau, Peyo Clerc et ma pomme. Remplaçant : notre impact player Guitou Sowerby. Sur le banc des entraineurs, le vieux Quatre, la voix rauque et l’œil humide, aussi ému qu’à sa première plus-value immobilière, il est chez ses potes de 15 ans et il va enfin pouvoir clamer son répertoire de chansons hispaniques. Si vous saviez le bien que ça lui fait.
Triiit, (en espagnol), coup d’envoi et d’emblée, devant, ça discute sérieux. Gwen est au mieux. Il percute et transmet. Si si, vous lisez bien : « et transmet ». Ça vous change un homme la paternité. De bons lancers d’attaque sont possibles et le jeu va de droite à gauche. En face nos adversaires s’avèrent de redoutables défenseurs et plusieurs fois nous sommes rattrapés par les chaussettes quelques mètres avant la terre promise. Un premier essai des basques, sur un ballon glissant échappé, nous oblige à redoubler d’effort pour recoller au score. Grâce à une très belle percée et finition de Sébastien en solo (attention Thomas, il y a concurrent sérieux dans le zigzag débridé et en plus il a une jolie passe notre Tarbais). Quelques minutes avant la fin de la première période une série de pick-and-go nous accule dans nos 20 mètres et notre défense lâche un peu au ras. 2 à 1 à la mi-temps. Guitou et le Vieux Quatre donnent leurs consignes : « Au bout, au large, aux ailes ».
Deuxième mi-temps le ballon sort plus vite de nos rucks et les arrières perforent la défense adverse. Une passe après contact, Arnaud qui donne à Stéphane qui ressert Arnaud qui passe à Lapiballe et essai de Lapiballe. Notre temps fort continue. Ça repart très vite après une belle mêlée. Guy fraîchement entré, effectue une superbe 89 qui provoque un premier décalage. Arnaud en redoublant Seb crée la différence et m’offre la balle de notre troisième essai. Il pouvait tranquillement y aller tout seul mais il est en campagne et ne néglige aucun détail. Plus que deux minutes à jouer, nous connaissons tous, la fierté et le bel esprit de nos hôtes, il était normal de les laisser finir sur une note équitable et concédons l’essai de l’égalité. Tout à fait mérité au demeurant. JC n’a rien vu.
Petit passage à l’hôtel Mondragon (ce sera facile à retenir), très classe, puis direction la sociedad.
Grosse et bonne bouffe, on est reçu comme des princes. Pas bégueules nos potes espagnols, même pas vexés de nos nombreux désistements et trop heureux de nous voir chez eux. Ils sont extra ces gens là. Alain Charles est aux anges avec son vélo qué sé anda solo, et le Pacharan coule à flots. Discours de Présidents, rappel de 15 ans d’amitié virile, les basques offrent à Kiki et Dudu des maillots collectors, et nous on leur offre Guy. Ils n’ont pas voulu le garder… On se demande pourquoi ? Il est collector lui aussi.
Gaffe ! Le chemin sera long. Très long. Tiens je l’avais oublié celui-là.
Pacharan y vino tinto à gogo. Pas le temps de se déshydrater.
Effectivement, il fut long et sinueux. De bar en bodega, en bar et en bodega et même pas l’occasion de sortir une pièce d’un euro. Casquette plombée générale à la santé de la bande à Pachi. Selon Arnaud, seule la téquila, qui n’en n’était pas d’ailleurs, était de trop. Ah ! Oui. Il faut vous dire. Au repas il nous fut servi un plat typique et délicieux, composé de moult légumes diversement cuisinés et assemblés sans viande. Elle était à part, je vous rassure. Comme je ne me rappelais pas du nom du met, l’élégant me l’a restitué presque intact dans l’évier de notre salle de bain vers 7 heures du mat pour que je puisse faire une photo et la montrer au libanais qui sait tout. Notre blogger nous aurait trouvé le nom et un lien direct avec basquecooking.com pour pouvoir la reproduire chez nous. Hélas, la photo n’est pas très nette, je pense que les gaz acides ont endommagé la couche de la pellicule . Du coup, on ne saura pas. Ce qui est sûr c’est qu’il faut pas mettre trop de Pacharan, sinon c’est un peu fort. La mauvaise nouvelle : L’évier est bouché. La bonne : J’ai déjà un dossier sur le futur candidat aux présidentielles.
À l’aube, on retrouva les hommes épars aux quatre coins de la ville, l’œil hagard et le cheveu en bataille. Certain GPS ne fonctionnant plus, mais tous, le cœur gonflé par l’émotion des « au revoir ». On reviendra plus souvent, c’est promis, même s’il nous faut faire un long chemin.
Alors Arrasate ou Mondragon ? Il faudra vous y rendre pour le savoir.

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