22 novembre 2010

La Dulce : douce pampa argentine

Par le Barde et les photos de Lolo et JBS


Septième jour : Armistice et pampa

Le Général nous impose un salut au drapeau devant l’hôtel. Nous rendons hommage à nos poilus. Si le général avait été général lors de cette putain de guerre où le bon peuple fut massacré pour des stratégies barbares, alors ces stratégies n’auraient pas eu cours. Départ pour l’estancia la Dulce... Nous longeons d’hétéroclites paysages urbains. La pauvreté est parfois si évidente. Comme ces gamins s’inventant une cabane de fortune avec des bouts de déchets. Mais il y a toujours des espaces verts, des arbres. Longue traversée de la campagne. C’est le printemps avec ses douces sensations. Dans le bus : conflit entre partisans et opposants de la clim. Escassut : il est contre. Alain-Charles, il est pour. Le charcutier, il est dans le vrai. Mais, c’est la clim qui l’emporte. C’est tristounet cette dépendance à l’air du temps (je sais, c’est facile).
Dans le bus Walid et toto ont une longue conversation avec notre guide Christian. Ils sont magnifiques de sérieux. De nombreux castors ont la paupière lourde et s’assoupissent.


Dans la pampa

On arrive à l’estancia la Dulce et c’est tout de suite le paradis. Le chemin qui y mène est bordé d’immenses eucalyptus et de platanes. Notre hôte est français (ce n’est pas pour ça que c’est un paradis). Après une mise en bouche, nous assistons à un jeu local. Deux gauchos doivent, en arrivant au galop, saisir avec un petit bout de bois un anneau qui pend sous un portique. On se croirait dans Rio Grande de John Ford. Les gauchos debout sur leurs étriers ont de la gueule. Jacqouille apprécie. Mais le plus ému, c’est sans aucun doute, Christian Signolat. Il a la larme à l’œil Kiki. Le douanier apprécie aussi. Le douanier, c’est un taiseux, il ne fait pas de bruit, il est là (sauf quand il oublie son passeport). Mais c’est un formidable compagnon de voyage. On en parle pas beaucoup du douanier. Le douanier c’est un castor de haute tenue.


On mange bien, on mange trop. Comme d’habitude. Mais c’est bon. On entend Kiki susurrer de douces mélopées dont la chair – qui est triste hélas – est absente. Jérôme (Baudet) vient secourir Walid qui est orphelin de ses images. Walid, il va se recycler dans la psychanalyse de l’image : il ne s’occupera plus que des images des autres. Thomières raconte sa vie. C’est un bon le Tom.


Puis, les castors se mettent à jouer au football contre leurs hôtes argentins. Ils sont tignousses les argentins. La partie est heurtée, rude. Et se termine par un équitable match nul. Vincent promène le chairman dans une Ford de l’âge du chairman même si le chairman n’a pas d’âge. Comme la Ford A.


Puis piscine. Puis chants. Puis départ dans la tristesse et l’affliction. Désormais, les castors ont la pampa au cœur. Le chant des oiseaux leur trotte dans la tête. Ils sont ivres de pampa les castors. Elle est encore si préservée la pampa. Comme les Archiball.


Dernier soir à Buenos Aires

Nous nous retrouvons dans le restaurant l’Estillo par l’entremise de Pascal Apercé. Nous dînons bien et même mieux. Nous paressons au bord du fleuve. La fin se rapproche. Le castor a la paupière lourde, une douce nostalgie le saisit et il chuchote des airs de Tango dans la nuit argentine.



Huitième jour : Le départ

C’est à dix heures pétantes que le bus nous embarque vers l’aéroport. Des discours de Coco, Loulou, Christian et Arnaud ponctuent cette ultime traversée de Buenos Aires. Nous évoquons ces beaux jours et parlons de l’avenir. De la future présidence pour laquelle Arnaud se déclare après que Loulou ait tenu de si justes propos à son endroit. Mais tout ça, c’est pour l’assemblée générale.
Nous dormons beaucoup tout au long du trajet. Le lendemain matin, nous sommes à Bordeaux, le cœur gros. Mais nos tendres compagnes éclairent notre arrivée. La vie continue. Elle n’est pas si mal la vie. Surtout quand on est Archi. La Fourche nous aura concocté un bien beau voyage. Et nous aurons ainsi soldé de la plus belle manière nos quarante printemps. Une petite pensée pour ceux qui n’ont pas pu venir. Une grosse pensée même.
Allez, la vie reprend ses droits : tous à Musard et au trou le mardi, et tous aux matches. Notre odyssée doit tout, ne l’oublions jamais, à un drôle de ballon. Un club de rugby, c’est d’abord un club de rugby ! Sur ce truisme, je vous salue.


Une semaine plus tard

Une semaine est passée déjà. Il pleut. C’est l’automne du castor. Comme il est loin le printemps argentin. Par bonheur, il y le trou et Musard. La vie continue et la grappe de castors émigrée, le temps d’un voyage, dans un autre continent, poursuit sa petite vie de famille. Heureuse d’avoir retrouvé ceux qui sont restés à quai. Même si, au fond d’elle-même, brille le la lumière incandescente de l’Aconcagua, la douceur de la pampa, les désordres de Buenos Aires à qui Borges accorda les deux derniers vers d’un poème:

« Ainsi, je le sens bien, commença Buenos Aires :
Je la vois éternelle ainsi que l’eau et l’air. »

Si le castor est nomade, il sait les douceurs de son nid. La vie reprend son cours. Malgré l’inlassable rengaine de la pluie, le castor va son pas, cahin caha, heureux d’appartenir à sa tribu. Il a une pensée émue pour celui qui a dessiné, à l’arpent près, son cheminement argentin : le castor Lafourche. Le montois, il nous a concocté un voyage de rêve. En quoi, son agence porte bien son nom. Lafourche, il en voit des vertes et des pas mûres dans la vie ordinaire. Mais il sait passer outre et donner à ses semblables, ses frères, cette touche de joie qui fait chaud au cœur. Lafourche, c’est une perle. Loué soit Lafourche qui a su nous offrir un périple salvateur. Ca ne doit pas être facile de mener une colonie de castors. Lafourche, il l’a fait. Avec tact et efficace. Tout ce qu’il touche, il le transforme en or.

Oui, la vie reprend son cours. Elle est chiante parfois la vie. La vraie vie est ailleurs écrivait l’homme aux semelles de vent : Rimbaud. L’ailleurs : c’est le pays des castors. Lafourche, il a su donner raison à Rimbaud. Ce n’est pas donné à tout le monde. Tout le monde n’est pas Lafourche. Allez, que de Buenos Aires nous parvienne, la douce mélodie d’un tango qui chantera le passage des castors. L’éternité nous appartient.

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